Archives mensuelles : août 2023

Chronologie des Religions I et II (ebook et tirage broché)

La synthèse des premiers travaux du blog (jusqu’à Jean Calvin) a fait l’objet d’un ouvrage en deux volumes publié en auto-édition chez Amazon.

Il reprend succinctement les travaux d’Anatoly Fomenko, mais corrige sensiblement les datations les plus anciennes (11ème-15ème siècles) pour les transposer aux 16ème et 17ème siècles. La réflexion est axée sur l’Europe, et complète les travaux plus ancrés sur la Russie de Fomenko. L’axe de la religion comme fil rouge de l’Histoire, que Fomenko traite seulement en surface pour s’en tenir à une distance prudente, est ici largement développé.

Lien : https://www.amazon.fr/s?k=didier+lacapelle&crid=3T9ZEXWQ2U964

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Jean Calvin = Saint-Jean l’Evangéliste ?

Nous avons montré que l’auteur de l’Apocalypse de Jean est très probablement Jean Pic de la Mirandole (1563-1594), qui aura été antidaté d’un siècle. L’Evangile de Jean est écrit dans un style différent et véhicule une doctrine différente. Beaucoup de clercs portent le prénom de Jean, mais nous n’avions pas identifié clairement l’évangéliste. Un passage en Suisse francophone nous donne une piste.

Comme Pic de la Mirandole, Jean Calvin (1609-1664) a été antidaté d’un siècle . Il apparaît sur la scène après le sac de Rome par Charles-Quint (1625) aka la destruction de Jérusalem de 70. Il serait le fondateur réel des Jésuites, caché par Ignace de Loyola, et l’auteur de l’Evangile de Jean, que le prologue kabbalistique relie aux jésuites. Les ruines des catacombes romaines montrent que les chrétiens de Rome du premier siècle (le 17ème) suivaient les principes de l’Evangile de Jean.

Les récits des débuts de l’Eglise prétendent que l’apôtre Jean a eu deux disciples importants : Ignace d’Antioche et Polycarpe de Smyrne, lui-même père spirituel d’Irénée de Lyon. Mais Ignace et Irénée relèvent de deux traditions différentes. Irénée rejette les Evangiles et n’admet que l’Apocalypse. Il représente le courant des quartodécimains. Il correspond à Giordano Bruno (1548-1600), qui ne cite également que l’Apocalypse. Il est un disciple de Jean Pic de la Mirandole. Ignace d’Antioche est crédité d’avoir compilé les Evangiles. Il correspond à Ignace de Loyola (1491-1556 1591-1656 ?), fondateur des Jésuites. Les Jésuites sont versés en kabbale, doctrine qui apparaît dans le prologue de l’Evangile de Jean. Ils ont en réalité deux doctrines, une pour l’élite et l’autre pour la masse, où on impose une croyance littérale aux évangiles, comme dans la doctrine d’Ignace d’Antioche. Ignace de Loyola aurait reçu l’enseignement en kabbale du « rabbin » Jean Alemanno (du Léman ?), qui serait Jean Calvin.

Bien que supposément augustinien, Calvin ne cite jamais Augustin. Mort l’année de clôture du concile de Trente, sa biographie ne fait aucune référence au célèbre concile, ni les textes du concile à Calvin. Il pratique l’Inquisition, dont l’abbé Martin nous apprend qu’elle est une innovation du concile de Trente. Aucun texte de l’époque ne fait référence à une contre-réforme, mais on parle de réforme catholique. Après le sac de Rome de 1526 (1625), les Jésuites sont fondés en 1534 (1634) et artisans principaux de la contre-réforme au service de Charles-Quint. Genève adopte la réforme « protestante » en 1536 (1636).

L’étude du Nouveau Testament par Calvin est publiée en 1555 (1666 ?), inclut les Actes des Apôtres mais PAS l’Apocalypse. De l’Ancien Testament, il ne commente qu’une partie du livre d’Ezechiel (1557 ou 1667). Ezechiel serait Alexis de Russie (1645-1676), et n’a probablement pas encore fini son règne.

Les vitraux du 19ème siècle dans la cathédrale protestante Saint-Pierre de Genève représentent les symboles du pape (la tiare et les clés), ainsi que l’aigle impérial à deux têtes. On trouve également partout le symbole IHS typique des Jésuites. Genève apparaît donc encore comme un bastion catholique romain au 19ème siècle.

Le concile Vatican I en 1869-1870 serait à l’origine du schisme – tardif – de la Suisse calviniste. Ce concile met fin aux églises nationales et notamment au gallicanisme en France. La majorité de l’Eglise de France a adhéré au concile. Seule une minorité restée fidèle au gallicanisme a formé l’Eglise vieille catholique. L’Eglise suisse francophone aura au contraire choisi de conserver son indépendance. C’est à ce moment qu’elle prend le nom de protestante ou « calviniste ».

Cathédrale de Genève

Relief extérieur de la cathédrale Saint-Pierre. Depuis Calvin, celle-ci serait devenue une cathédrale réformée. La symbolique y est entièrement catholique romaine. Ici le chapeau de cardinal avec des armoiries, sans doute celles de Genève.

Le symbole jésuite IHS (ou sigma)

Porte supposé du 15ème siècle. La date permet d’expliquer les chapeaux de cardinaux, catholiques romains.

Monument élevé à la mémoire du Général Agrippa d’Aubigné, mort à Genève en 1630.

L’auteur Jean-Antoine Gautier fournit une traduction de cette épitaphe dans son ouvrage Histoire de Genève des origines à l’année 1691. T. 7. De l’année 1609 à l’année 1671 :

« Au nom de Dieu très bon, très grand. Voici, mes enfants, le souhait que je puis faire pour que vous jouissiez aussi du repos que dans une vie agitée et malgré les vents contraires, je vous ai acquis par la seule protection de Dieu et par les moyens légitimes. Si vous servez Dieu, si vous imitez votre père, que ce bonheur soit votre partage. Si non que le contraire arrive. Voilà ce que votre père, deux fois père, par qui et non de qui il vous a été donné de vivre et de bien vivre a écrit à l’honneur de ses héritiers s’ils l’imitent, à leur honte s’ils dégénèrent. Théodore Agrippa d’Aubigné,
octogénaire, mort le 29 avril 1630 » 

Source : https://www.geneve.ch/fr/themes/culture/bibliotheques/interroge/reponses/est-la-signification-des-differentes-plaques-commemoratives-accrochees-sur-les-murs-interieur-de-la-cathedrale-saint-pierre-geneve

Agrippa d’Aubigné est appelé Theodorus Agrippa Albineus. S’agit-il d’ « Hérode » Agrippa, roi de Juda mentionné par Flavius Josèphe ? Nous l’avions déjà identifié au roi de France Henri IV, autre général calviniste. Henri IV aurait été assassiné en 1610 par un nommé Ravaillac. Agrippa d’Aubigné meurt âgé en 1630. Albineus peut être rapporté au dernier roi albain avant la fondation de Rome par « Romulus » (l’Empire romain, en 1630). Les ouvrages d’Agrippa d’Aubigné comme poète sont publiés très tardivement, et possiblement apocryphes.

Hérode Agrippa est le dernier roi de Juda avant la transformation de la Judée en province romaine. L’interprétation classique est que la Judée cesse alors d’être un état client de Rome pour devenir une partie de l’Empire. Au contraire, l’accession au statut de province romaine aura donné à la France rang de nation impériale de plein droit, à la manière d’un beylik ottoman, à distinguer d’une nation sous dominion. Le premier roi de France indépendant aurait été Louis XIII (1630-1643).

Auditoire de Calvin ou Chapelle John Knox, presbytérien écossais supposé « calviniste ». Symbole IHS

Eglise luthérienne de Genève, symbole du chi-rho et alpha et oméga (tiré de l’Evangile de Jean. Jésus se présente comme l’alpha et l’oméga).

Paroisse catholique-chrétienne Saint-Gervais de Genève, non loin de la cathédrale Saint-Pierre. Catholique-chrétienne se dit en français église vieille catholique. Les églises vieilles catholiques sont des églises nationales.

Le schisme vieux catholique du 19ème siècle a sans doute séparé des schismatiques durs – calvinistes – et des schismatiques mous – les vieux catholiques – qui conservent l’essentiel des principes du catholicisme romain. Les aspects très progressistes de l’Eglise vieille catholique rappellent les Jésuites. L’histoire de l’Eglise Saint-Germain est pourtant liée à la réforme. Le réformateur Guillaume Farel y prêche en 1535 (1635). Comment l’Eglise catholique-chrétienne a-t-elle pu s’y installer ?

Inscription commémorative de la Réforme (1558 1668)

Rédigée par Froment, elle fut fixée sur la façade de l’Hôtel de Ville.

Source : https://www.geneve.ch/fr/themes/culture/bibliotheques/interroge/reponses/est-la-signification-des-differentes-plaques-commemoratives-accrochees-sur-les-murs-interieur-de-la-cathedrale-saint-pierre-geneve :

« Cette plaque en latin est décrite dans l’ouvrage Genève, insolite et secrète par Christian Vellas, dans le chapitre intitulé L’Inscription contre « L’Antéchrist Romain » .

Traduction : « La tyrannie de l’antéchrist romain ayant été terrassée en l’an 1535 [1636] et ses superstitions abolies, l’inviolable religion du Christ fut ici rétablie dans sa pureté et l’église, par un bienfait exceptionnel de Dieu, replacée dans un ordre meilleur. Dans le même temps, la ville elle-même, une fois ses ennemis battus et chassés, ayant recouvré sa liberté, non sans miracle insigne, le conseil et le peuple genevois ont décidé que cette inscription soit gravée et érigée en ce lieu, pour que ce souvenir se perpétue et témoigne aux yeux de leurs descendants de leur gratitude envers Dieu. »
Voltaire, dans son Essai sur les mœurs, en résuma une partie ainsi : « En mémoire de la grâce que Dieu nous a faite d’avoir secoué le joug de l’antéchrist, aboli la superstition, et recouvré notre liberté. »
Dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, on trouve ces lignes dans l’article « Genève » (1757), signées par d’Alembert : « On voit encore entre les deux portes de l’hôtel de ville de Genève, une inscription latine en mémoire de l’abolition de la religion catholique. Le pape y est appelé l’antéchrist; cette expression que le fanatisme de la liberté et de la nouveauté s’est permise dans un siècle encore à demi-barbare nous paraît peu digne aujourd’hui d’une ville aussi philosophe. Nous osons l’inviter à substituer à ce monument injurieux et grossier, une inscription plus vraie, plus noble, et plus simple. Pour les catholiques, le pape est le chef de la véritable église, pour les protestants sages et modérés, c’est un souverain qu’ils respectent comme prince sans lui obéir : mais dans un siècle tel que le nôtre il n’est plus l’antéchrist pour personne. »
Quand Genève s’apprêta, en 1814, à entrer dans la Confédération suisse – qui comprenait des cantons catholiques – une telle inscription ne pouvait demeurer au fronton d’un bâtiment officiel. On l’enleva et on la remplaça par une plaque de bronze (…) aux mêmes dimensions, portant les noms des vingt-deux citoyens ayant formé le gouvernement provisoire et proclamé le retour de la République de Genève à l’indépendance le 31 décembre 1813.
L’inscription fut transportée dans la sacristie de Saint-Pierre, puis fut scellée dans la cathédrale, où elle se trouve encore. »

Contrairement aux mots de d’Alembert, « L’antéchrist romain » désigne ici le Temple de Moïse, vaincu à Genève en 1636.

Stèle du 31 décembre 1913, commémorant le 31 décembre 1813 pour « l’Eglise nationale de Genève ».

Légende : « La République quoique éteinte a continué de vivre dans l’Eglise. 

Le premier Syndic aux délégués de la compagnie des pasteurs, 3 janvier 1814.
En commémoration au XXXI décembre MDCCCXIII. L’Eglise nationale protestante de Genève.
XXXI décembre MCMXIII. »

L’histoire relie cet épisode au retour de la République de Genève et son intégration à la Confédération helvétique après son annexion par l’Empire napoléonien. Genève pouvait-elle être à la fois un canton et une République indépendante ?

On peut lire le contraire : la République française s’est éteinte le 31 décembre 1813 avec l’Empire napoléonien. En France, 1814 est l’année de la Première Restauration de la monarchie. L’Eglise nationale de Genève soutenait peut-être les républicains français, à la manière des jansénistes en France.

La Chapelle des Macchabées attenante à la cathédrale Saint-Pierre. Le décor est ouvertement présenté comme daté du 19ème siècle. Il est entièrement impérial et papiste.

Chapelle des Macchabées, aigle à deux têtes impérial et IHS

Chapelle des Macchabées, aigle à deux têtes impérial et clés croisées papales

Chapelle des Macchabées, vitraux du 19ème siècle représentant un aigle à deux têtes impérial et les armoiries papales.

Le schisme calviniste est donc postérieur (Vatican I 1870).

Musée archéologique de la Cathédrale de Genève

Sous la cathédrale, on trouve trois autres cathédrales, toutes construites à des époques différentes : une cathédrale nord, une cathédrale sud – déjà construites vers 400 – et une cathédrale orientale du 8ème siècle, réunies plus tard dans une cathédrale unique nommée « cathédrale de l’an mil ». Cette cathédrale aurait été détruite au moment de la construction de la cathédrale actuelle vers le 13ème siècle. Les niveaux multiples identifiés par les archéologues sont donc censés s’étaler sur plus de mille ans. Vraisemblablement la cathédrale de l’an mil, templière, est construite dans sa totalité sur quelques décennies au 16ème siècle. La cathédrale actuelle, catholique romaine, date de la réforme, vers 1640 au plus tôt.

Stèle trouvée dans les niveaux de fouilles. La date mentionnée est 1607. La cathédrale actuelle est donc plus tardive.

Il n’a pas été trouvé de traduction.

Une tombe monumentale a été découverte. D’après le niveau de fouilles, elle daterait du premier siècle, d’où son identification à un chef allobroge. Elle se trouve pile en dessous du choeur de la cathédrale Saint-Pierre. Possiblement la tombe est celle d’un Pierre. Peut-être Pierre Favre (1606-1646), cofondateur des Jésuites.

Sceau de plomb du pape Grégoire XI (1370-1394).

Les dates sont celles du musée. Ce pape est censé être mort en 1378. Après lui vient le schisme d’occident. A Rome, Urbain VI devient pape (1378-1389), puis Boniface IX (1389-1404). Des antipapes sont élus à Avignon : Clément VII (1378-1394) et Benoît XIII (1394-1409). Benoît XIII meurt en 1423 après la fin du schisme d’occident et l’élection de Martin V comme pape unique en 1417.

Dans les ruines de l’ancienne cathédrale de Genève, on trouve les sceaux des antipapes Clément VII et Benoît XIII, pas ceux des papes romains. Ces sceaux portent les numéros de ces papes, et sont sans doute falsifiés. A l’époque de leur réalisation, on cherche à relier Genève et Avignon.

Sceau de plomb du pape Clément VII (1378-1394)

Sceau de plomb du pape Benoît XIII (1394-1409)

Il s’agirait de Grégoire XV (1621-1623) le pape romain réformateur (et non Grégoire VII ou Grégoire XIII). Clément VII est le pape « romain » (1523-1534 redaté 1623-1634), la victime du sac de Rome (1625). Urbain VIII (1623-1644) aura été le pape des croisades de Charles-Quint et l’artisan du sac de Rome (1625).

Fribourg

On nous rapporte que Fribourg a été fondée en 1157 sous le patronage de Saint-Nicolas de Myre (270-343), qui a participé en 325 au concile de Nicée. Il s’agit du célèbre Saint-Nicolas, fêté le 6 décembre et préfigurateur du père Noël. Ici la représentation de Nicolas de Myre en tenue rouge. Anciennement il était fêté le premier samedi de décembre. Les saints ne sont pas fêtés en relation avec le jour du mois avant le calendrier julien (vers 1630 avec l’Empire).

La livrée rouge désigne un rang de cardinal. Avant « Paul II », elle n’aurait même été portée que par les papes.

La cathédrale catholique Saint-Nicolas de Fribourg de 1182 est également dédiée à Nicolas de Myre. Ses reliques sont arrivées à Bari en 1087. Une partie d’entre elles aurait été rapportée de Rome à l’abbaye d’Hauterive en 1405 (1605), transférée à Fribourg en 1506 (1606). L’église devient collégiale en 1512 (1612). Le reliquaire est réalisé en 1514 (1614) et le socle en 1758.

L’église contient trois reliquaires en métal toutes représentant une main. Le premier est donc dédié à Nicolas de Myre, et daté de 1514. Le deuxième reliquaire est dédié à Nicolas de Flüe (1417-1487), qui rallie les cantons de Fribourg et Soleure à la confédération helvétique, et daté de 1734. Le troisième est dédié Pierre Canisius (1521-1597), jésuite, et artisan de la réforme catholique. En 1580, Canisius aurait fondé le collège Saint-Michel à Fribourg.

Il est très improbable que l’un des reliquaires date de 1514 et un autre de 1734. Tous doivent avoir été réalisés vers 1730. L’association d’un saint du 4ème siècle, d’un fondateur de la Suisse du 15ème siècle et d’un jésuite du 16ème siècle a peu de sens.

Il existe un Nicolas de Lyre (1270-1349), auteur français, qui sert de source au concile de Bâle (1431-1448) pour… le concile de Nicée. Nicolas de Flüe serait un alter ego, antidaté (1517-1587). Le concile de Nicée aura eu lieu vers 1580 (cf Bible d’Ostrog). Pierre Canisius (1521-1597) est un possible contemporain, mais il est trop tôt pour un jésuite.

Gruyères

La petite ville de Gruyères en fait des tonnes sur ses origines médiévales. Il semble que désormais tout ce qui a été construit avant le 20ème siècle peut être qualifié de médiéval. La plupart des textes explicatifs mentionnent un bâtiment du 14ème siècle, refait au 16ème puis refait à nouveau au 18ème ou 19ème siècle. Comprendre : c’est un bâtiment du 18ème siècle, et rien d’autre.

Le corps de garde « médiéval » est de 1782.

La maison est de 1330, mais aussi de 1410-1415, et finalement la charpente – toute la maison – est de 1803.

Maison de 1334, reconstruite en 1510, mais la charpente est de 1701.

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La Falsification de l’Histoire allemande, de Wilhelm Kammeier

Traduction en français aux éditions Didi 18 d’un classique du récentisme de 1940. Wilhelm Kammeier est mort de faim en 1959 en Allemagne de l’est suite à des persécutions. Ses conclusions s’accordent avec les nôtres : il y a eu une falsification générale de l’Histoire à partir du début du 16ème siècle initiée par Rome.

Nous voulons être plus précis. Si la falsification commence au 16ème siècle, c’est parce que l’Eglise catholique romaine prend forme au 16ème siècle.
Au 16ème siècle, ce sont les Jésuites qui dirigent la manœuvre de falsifications. Celles-ci portent sur les textes religieux, et la géographie. Pour la géographie, des noms commencent à être déplacés sur la carte, et les anciens noms avant la création de l’Empire sont remplacés par leurs équivalents modernes. Dans le récit, il est maintenant prétendu que ces noms pré-romains sont précisément les noms de l’époque romaine. Ainsi Hispalis devient Séville vers 1530 et Lutèce Paris. Les anciens noms des tribus sont encore maintenus un certain temps, et la Gaule n’est pas encore la France.

Kammeier montre que dans les chroniques médiévales – qu’il démontre ainsi la falsifiées -, on trouve souvent deux fois le même récit à des endroits différents, mais avec des détails différents et contradictoires. Mais ce procédé est clairement utilisé dans l’Ancien Testament. Le Talmud, le Zohar ou le Coran affirment d’ailleurs que la Torah est falsifiée, pas qu’elle n’existe pas sous une autre forme. Ces falsifications sont précoces car la Bible apparaît sous sa forme plus ou moins actuelle dès 1517 à travers la Complutense.

Il montre aussi que dans la transmission littéraire des chroniques et des annales, il y a toujours deux récits contradictoires. On observe ce fait avec les deux ouvrages de Flavius Josèphe, Guerre des Juifs et Antiquités des Juifs, qui se contredisent. Origène produit des passages prétendument tirés de Josèphe qui ne s’y trouvent plus. La version que nous possédons date du 17ème siècle.

Kammeier prétend prouver que les vraies archives allemandes commencent en 1493 : c’est précisément la date de fondation du Reichstag qui est le Sénat romain. Les termes allemands sont trompeurs. L’Empire romain est clairement indiqué au sud et à l’ouest de l’Europe sur les cartes. Les territoires rhénans et la Bavière sont concernés, mais pas les territoires de l’est nommés Magna Germania. De même la loi salique s’applique à l’Empire du sud, notamment la France, et pas à l’Allemagne. Le jésuite Guillaume Postel ne publie un ouvrage pour la défendre qu’autour de 1530.

Kammeier montre qu’avant le droit catholique du 16ème siècle, il n’existe de droit écrit nulle part. Mais ce doit catholique est identique au droit romain de l’antiquité. S’il existait un droit écrit antérieur, il peut s’agit des Lois du Deutéronome et du Lévitique. La mention d’anciens capitulaires francs (perdus !) et d’un droit carolingien également perdu est un reflet du droit romain de l’Empire de l’ouest et du sud du 16ème siècle.

Kammeier emporté contre la description sauvage des Germains faite dans la Guerre des Gaules de Jules César, et Germania de Tacite veut nous convaincre qu’il s’agit de faux. Guerre des Gaules de Jules César est publié en 1526 par Giovanni Giocondo. César va adopter la religion des druides gaulois qui est celle de Yahvé/Jupiter et devenir le grand-prêtre ou flamine du culte.  C’est ainsi que se forme l’Ordre du Temple médiéval, les légions qui vont diriger l’Europe. L’histoire liée aux croisades et à la protection des pèlerins est copiée sur celle des Hospitaliers.

Tacite lui aurait écrit vers 1535. Kammeier dénonce des « éditions allemandes » tardives et falsifiées. Mais ces éditions concernent les territoires rhénans qui étaient en possession de l’Empire du sud. La période 1525 à 1555 raconte une histoire similaire de combats des Romains contre les Germains. Charles-Quint est alors en guerre contre les « princes protestants » d’Allemagne. Charlemagne au 9ème siècle est en guerre contre les Saxons « païens ». Héraclius empereur de Byzance vers 600 est en guerre contre les « Sassanides » qu’on suppose de religion zoroastrienne. Précisément la religion de Jules César. Charles-Quint aurait donc une religion un peu différente.

Le zoroastrisme est la religion du Temple de Jérusalem. Ivan IV à la même époque du 16ème siècle est en conflit avec les Chevaliers teutoniques pendant la Guerre de Livonie. Son général lui écrit que les Chevaliers sont l’élite d’Israël.

Quant au fait que Hérodote écrit la même chose des Scythes que ce que Jules César dit des Suèves ou Tacite des Germains, cela ne signale pas nécessairement une falsification, mais qu’un même peuple est appelé de différents noms (Germain et Scythe), ou que certains faits attribués aux Suèves par César peuvent être accordés aux Germains dans leur ensemble mais qu’il ne les a pas connus. Les autres peuples mentionnés par Hérodote au-dessus des Scythes sont les Massagètes, les Issedones et les Hyperboréens. Les Massagètes peuvent être les Samogètes (ou Baltes), les Issedones les Danois et les Hyperboréens les Scandinaves. Ces peuples sont représentés sur les cartes du 16 ou 17ème siècles en Russie, mais les cartographes occidentaux peuvent avoir mal compris Hérodote.

Dans la cité germanique, le prêtre est supérieur au chef militaire et dirige la justice. Kammeier accuse aussitôt l’Eglise d’avoir voulu falsifier en faveur des prêtres. Mais il s’agit d’une tradition d’Israël, dirigée pendant 400 ans par des Juges avant Saul et David. Tacite mentionne comme Dieu principal des Germains Mercure. Kammeier dit qu’il s’agit d’un dieu romain et qu’on a là une falsification. Habituellement, on associe Wotan à Mercure, qui donnent le même jour de la semaine (Wednesday, Mercredi). Mais Mercure est aussi Hermès, qui est une forme de Moïse.

Widukind rédige l’Histoire des Saxons soi disant vers 960. Il s’agit là typiquement d’une des Chroniques médiévales que Kammeier démontre comme falsifiées au 16ème siècle et après. Dans l’Histoire allemande, les Saxons sont certes des adversaires des Carolingiens. Mais à la fin du règne des Carolingiens, ils fondent à leur tour un empire : le Saint-Empire germanique. En 911 avec les Ottonides selon l’histoire officielle. Sur les cartes, un Empire d’Allemagne apparaît en 1648 après la Guerre de Trente ans. Après les « Carolingiens » qui succèdent à Charles-Quint (1530-1556) donc.

Widukind attribue à Otton Ier le roi Saxon d’avoir été désigné empereur par acclamation de l’armée. Kammeier fait remarquer que ce fait est aussi attribué aux rois Carolingiens. Mais il ne dit pas que les récits latins prétendent que les anciens empereurs romains étaient également désignés par les Légions par acclamation. Depuis 1493 et la vraie fondation de l’Empire, l’Empereur est en réalité élu par le Sénat. L’imperator n’est désigné par l’armée que dans les régimes dirigés par l’Ordre du Temple : avant 1493 à Rome, et ensuite seulement en Germanie.

Kammeier s’appuie sur des faux célèbres reconnus de tous pour suggérer que toute la littérature a pu être falsifiée de même. Justement, le fait que même l’Eglise les présente comme des faux suggère leur possible authenticité. Il s’agit de la Donation de Constantin, du Livre des Conciles d’Isidore, et des Capitulaires francs.

La France après le Concile de Trente (1545-1563) s’appuie sur des traditions héritées de Charlemagne pour défendre son église nationale. Telle était donc sa position en tant que roi des Gaulois. Mais Charlemagne va devenir empereur des Romains. Constantin/Soliman relocalise sa capitale à Constantinople. Le concile de Nicée a lieu vers 1520 et la tendance sera alors à la centralisation. La Donation de Constantin donne les territoires de Rome au pape Sylvestre et à l’église de Rome le pouvoir sur les églises chrétiennes. Rome est ici sans doute Constantinople et Sylvestre un pape grec (inconnu à cette époque en occident donc). Clément V qui amène les registres de Rome à Avignon est Clément VII qui en 1523 amène les registres de Paris à Constantinople. Ce Clément est aussi identique au premier pape Clément, auteur de l’épître Clément et contemporain de Paul. Clément écrit que Paul s’est rendu en extrême occident (auprès du roi d’Espagne) pour obtenir son soutien. Il s’agit sans doute de Paul III (1534-1549).

Le Livre des Conciles d’Isidore est amené au concile de Bâle en 1437 (1537) par les Grecs pour soutenir la position de l’Eglise grecque. Le nom du métropolite grec n’est pas précisé. Il est possible qu’il s’agisse alors de Paul III (Saint-Paul), transformé en pape romain, interlocuteur du pape occidental Eugène. Les Etats de l’Eglise sont mentionnés sur les cartes d’Italie à partir de 1550, à l’époque du pape Jules III, qui serait donc le premier pape occidental. Le concile de Ferrare-Florence-Rome n’a pas permis de réunification des églises grecque et latine.

Les capitulaires de Pépin, Charlemagne et Louis le Pieux prétendent que le synode ne peut pas se tenir sans l’autorisation du pape, ni ses décisions s’appliquer sans confirmation par le pape. Ces débats agitaient l’Eglise de France encore en 1570. Il peut s’agir de faux d’origine jésuite, mais la mention de « Pépin » au lieu de Philippe le Beau suggère plutôt une falsification du 17ème siècle, après fabrication du passé médiéval.

Après la falsification de la Bible et de la géographie par les Jésuites, l’école de Joseph Juste Scaliger commence à falsifier la chronologie, et à inventer le passé médiéval dans la seconde moitié du 16ème siècle. A cette époque, les Jésuites sont tombés en disgrâce.

Les rois Valois sont transformés en leur double fantôme : les Mérovingiens, qui fonctionnaient avec une Eglise nationale dirigée par le roi. Les Bourbons qui sont les héritiers de Charles-Quint sont transformés en Carolingiens. Par désir de confusion, on attache le nom de Francs aux Mérovingiens. Mais la Gaule ne devient la France sur les cartes qu’avec l’avènement des Bourbons.

Charlemagne étant Charles-Quint. Vita Karoli d’Eginhard n’a pas pu être écrit avant la seconde moitié du 16ème siècle. Les documents de Grégoire VII se servent d’Eginhard comme précédent pour justifier la déchéance de l’empereur germanique Henri IV au 12ème siècle.

En réalité, Grégoire « sept » est Grégoire XIII vers 1580. Et Henri IV est Henri IV de France. Les châteaux Saxons au sommet des montagnes sont les châteaux des Cathares inféodés à la Navarre d’Henri IV. L’histoire de l’Allemagne au 11ème siècle est ainsi copiée sur l’Histoire de France au 16ème siècle.

Annius de Viterbe fait publier en 1498 (1598) une compilation appelée Antiquités contenant censément les ouvrages de Bérose, Manéthon et Caton. Cette mention est curieuse dans la mesure où les seules textes connus de Manéthon sont les passages cités par Julius Africanus, Eusèbe de Césarée et Georges le Syncelle. Scaliger va aussitôt utiliser le texte de Manéthon pour faire la datation de l’Egypte. La version qu’il possédait était possiblement celle d’Annius. Annius était maire du palais du pape Alexandre VI. Ce titre n’est donc pas attribué à la dynastie carolingienne, mais à des ecclésiastiques.

Jean Trithème (1462-1518) publie une Histoire des Francs attribuée à Hunibald, qui lui permet de relier les Francs aux Troyens.  Trithémius est antidaté d’un siècle (1562-1618)

Les archives du Vatican ouvrent en 1612 et créent de faux documents pour toute la période 1198-1612. La présence de l’année de l’incarnation et de l’indiction sont un signal que ces documents sont faux. L’ère de l’incarnation est inventée par Denys en occident au 16ème siècle. L’indiction ne semble pas utilisée sur de véritables documents.

La congrégation des Bénédictins de Saint-Maur naît en 1618, mais commence son activité de faussaires en 1632. Après le retour des Jésuites au sein de l’Eglise, le Jésuite Paperbroch fixe dans la seconde moitié du 17ème siècle les règles d’examen critique et dénonce une falsification systématique des documents les plus anciens par les Bénédictins. Cette falsification est en réalité très récente, mais les Bénédictins ont aussi réussi à inventer l’ancienneté de leur ordre.

Le récit de la Guerre de Trente ans (1618-1648) est donné par Tito Livio Burattini (1617-1681). Burattini est aussitôt transformé en l’ancien Tite-Live, qui évoque le soulèvement des Juifs contre Rome. Ces « Juifs » ou « Chrétiens » sont les Zélotes de Flavius Josèphe et des Evangiles, proches de l’islam et pas des rabbins ou des catholiques. Ils correspondent aux Hassidim de Galilée (ou Hussards) alliés de Juda Maccabée au 2ème siècle av JC. L’éditrice française va même jusqu’à rapprocher l’ancien allemand de l’hébreu.

Le faussaire Eike von Repgau écrit « Le miroir de Saxe » en 1215 comme une compilation écrite du droit coutumier. L’ouvrage est postérieur à 1648 car il mentionne le collège des princes électeurs, nouveauté en Allemagne basée sur le modèle de l’Empire romain originel au sud. Les archives allemandes antérieures auront été détruites en 1648.

Voilà pour un débroussaillage du contexte. Mais le propos de Kammeier ne va pas jusqu’à de telles conclusions. Il se contente de dénoncer une falsification de l’Histoire allemande à partir du 16ème siècle, ce qui est au moins correct.

Voici les arguments présentés par Kammeier :

Les sources sont documentaires (chartes, actes légaux dus au haut clergé, aux empereurs et aux rois), ou littéraires (chroniques, annales).

En ce qui concerne les documents, le Jésuite Paperbroch fixe dans la seconde moitié du 17ème siècle les règles d’examen critique et dénonce une falsification systématique des documents les plus anciens par les Bénédictins. Mabillon pour les Bénédictins réplique par le premier ouvrage de critique des documents. Germon et ses jésuites germonistes prétendent à  nouveau que les documents sont faux et la méthode Mabillon sans valeur.

Jean Hardouin, le père du récentisme publie en 1693 son ouvrage de numismatique. Il s’attaque non pas aux documents médiévaux mais aux auteurs grecs et latins, dénonce les Pères de l’Eglise et les décrets des premiers conciles comme faux. Il en accuse une entreprise menée par les Bénédictins entre 1350 et 1480. Il doit se dédire en 1708 sur pression de ses supérieurs. Kammeier – comme moi – pense que Hardouin est très péremptoire mais ne démontre rien, ce qui suggère qu’il en savait plus que ce qu’il a dit. Entre 1750-1756 la congrégation des Bénédictins de Saint Maur avec Toustain et Tassin publie un nouveau traité de diplomatique en 6 volumes, pour appuyer les travaux de Mabillon.

Kammeier dénonce l’Eglise catholique en bloc, sans s’appesantir sur ce conflit entre Bénédictins et Jésuites. Il n’y a à mon avis pas de Bénédictins au 14ème siècle. Ceux-ci apparaissent comme l’Ordre « réformé » (c’est-à-dire catholique, ce qui est une preuve que la Réforme est catholique) des Bénédictins de Saint-Maur au 17ème siècle. Au 16ème siècle, ce sont les Jésuites qui dirigent la manœuvre notamment au concile de Trente et se rendent responsables de falsifications. Il serait surprenant que Hardouin se laisse abuser et croie réellement à une antique existence des Bénédictins. Leur conflit pourrait être une simple apparence pour brouiller les pistes, et ainsi valider les falsifications antérieures des Jésuites.

En 1814 PJF Müller écrit « Mon point de vue sur l’Histoire » où il expose qu’un Empire européen germanique dirigeait l’Europe depuis Rome, mais que des renégats – l’Eglise – y ont pris le pouvoir et détruit la totalité des vrais documents. Il en veut pour preuve l’existence de faux reconnus, de contradictions dans les sources et d’invraisemblances dans la transmission de ces documents. Kammeier dit que Müller extrapole dans ses conclusions sans démontrer avec une méthode éprouvée, mais qu’il a raison sur les faits qu’il expose. Kammeier extrapole aussi quelque peu : il dénonce à juste titre l’Eglise catholique romaine pour les falsifications, mais donne à sa diatribe une conclusion en filigrane : il y aurait un complot contre la véritable histoire de l’Allemagne et une atteinte à sa grandeur, et il ne nous en dit pas plus. Les éditeurs français et allemand suggèrent que c’est l’Eglise catholique et derrière, l’influence juive, qui efface un empire allemand païen !

Mais Kammeier n’en précise pas la mécanique. Comment une institution de religieux aurait-elle pu s’imposer militairement contre un Empire ? Le récit de la guerre permanente que se faisaient le pape et l’empereur a une apparence artificielle. Contre quel genre de pape l’empereur se battait-il ? La Curie était romaine, et l’Empire aussi était dit romain ! Et si la Curie falsifiait, pourquoi accorder un Empire aux allemands ?

Les cartes ne mentionnent pas d’Empire d’Allemagne avant 1648, et jamais de Saint-Empire germanique. Avant cela c’est Magna Germania. Dans les récits du 15ème et 16ème siècle, on nomme des princes de Luxembourg ou de Hongrie empereurs, mais jamais un prince allemand. Le seul Empire romain sur les cartes du 17ème siècle correspond à l’Empire romain antique et n’inclut pas l’Allemagne.

Le 16ème siècle correspondrait aux débuts de l’Eglise. En ce cas, qu’est-ce qui vient avant ? Contre quels « princes protestants » Charles-Quint se bat-il ?

La biographie de Luther par Jules Michelet est présentée comme une « libre traduction » de son autobiographie. Comme le dit Marion Sigaut, Luther ne fait pas de l’Histoire. Luther tombe de cheval sur la route d’Erfurt comme Paul sur le chemin de Damas, renonce aux mortifications comme Ignace de Loyola, affiche sur la porte de son église à Wittenberg 95 thèses critiques envers l’institution romaine. Ces 95 thèses copient les 101 propositions des jansénistes du livre de Quesnel au début du 18ème siècle. Luther est bien entendu augustinien comme Janssen.

Dans Vom Schem Hamphoras, le vrai Johann Martin Luther II (1663-1756), théologien à Erfurt, s’étonne que les bibliothèques des monastères allemands contiennent surtout des ouvrages juifs, que le noms des villages et des habitants de l’Allemagne trahissent une présence juive bien plus importante que ce qui était admis à l’époque.

Le récit de la Guerre de Trente ans (1618-1648) est totalement perdu selon Mme Devon, puisque seul un compte-rendu falsifié nous est parvenu. Il nous reste sans doute le Tite-Live, lorsqu’il évoque le soulèvement des Juifs contre Rome. Il s’agit de Tito Livio Burattini. Les falsificateurs avaient bien travaillé depuis. Kammeier suppose que Rome a détruit les archives allemandes. Oui mais en 1648 !

On prétend que les Traités de Westphalie (1648) donnaient aux princes électeurs de l’Empire le droit de choisir leur religion parmi le catholicisme, le luthéranisme, ou le calvinisme, soit trois versions similaires de l’augustinisme. Mais il n’y a bien entendu pas de luthériens en 1648. D’ailleurs, ce même choix était également offert en 1555 à l’occasion de la paix d’Augsbourg. Il n’y a pas de princes électeurs en Allemagne avant 1648. Ce mode de désignation correspond à l’Empire du sud, à travers le vote des grands d’Europe. François Ier en 1520 et Henri VIII se seraient présentés à l’élection de l’empereur remportée par Charles-Quint.

Tite-Live appelle les rebelles Juifs, mais il ne s’agit pas des rabbins pharisiens. Flavius Josèphe précise bien que les Pharisiens sont du côté de Rome. Il s’agit de ceux que Josèphe nomme les Zélotes. Josèphe les transforme en ennemis du Temple, mais c’est improbable. On a ici les Hassidim de Galilée alliés de Juda Maccabée, autrement dit les Hussards.

On trouve sur les documents falsifiés l’année de l’incarnation, l’anni imperii/regni, l’indiction ou numéro de l’année selon un cycle de quinze ans, l’année d’airain avec le mois et le jour.

L’année de l’incarnation n’a pas pu être introduite avant Denys le Petit. Nous avons montré que Denys vit au 15ème ou 16ème siècle. Kammeier dit que l’indiction n’est présente que dans les faux documents, ce avec quoi nous sommes d’accord. Il ne semble pas que les participants au concile de Bâle (1431-1438) mentionnent l’indiction. Cela suffirait pour nous pour abandonner toute prétention d’authenticité à ces documents, mais il n’en a pas été ainsi.

On a certes identifié une production de faux dans tous les monastères ou paroisses. La profession s’accorde parfois sur 50 pour cent de faux documents, à comparer à un « noyau dur de faits indubitables ». Cette prémisse d’un « noyau dur » de faits dont on ne peut douter vise à préserver le squelette de l’histoire, tout en excluant la moitié des documents qui devraient la confirmer.

Mais le choix des documents qui seraient authentiques se fait de façon arbitraire, et les chercheurs parviennent à des résultats constamment contradictoires.

Theodor von Sickel propose de commencer par identifier les différents scribes d’une chancellerie par leur écriture et leur style littéraire. Il considère que si un auteur est identifié dans des documents s’adressant à des destinataires sans rapport entre eux, alors il n’est pas un faussaire. Kammeier constate que peu après, les chercheurs ont identifié des opérations de falsification régionales (Reichenau, Turin, Cisterciens), où le cas était observé de faussaires ayant justement écrit des documents en faveur de bénéficiaires différents.

Les chercheurs considèrent que les faux sont presque toujours motivés par des raisons pratiques comme le fait d’obtenir des privilèges indus par la production d’un document signé de l’évêque ou du pape.

Il n’aurait d’ailleurs pas été possible de s’appuyer sur ces documents à l’époque d’où ils sont censés provenir, les possessions étant bien établies. Mais il n’aurait pas non plus été possible de les produire des décennies plus tard si le véritable propriétaire avait été en possession du vrai document contenant les privilèges. Il s’en serait suivi des procès avec un risque élevé pour les faussaires.

S’ils avaient été découverts, ils auraient été détruits au lieu de quoi les documents contradictoires se retrouvent dans les mêmes registres sans aucun souci d’authenticité.

De plus ces faux contiennent des lacunes, des contradictions dans les dates par rapport aux supposés vrais documents, et n’auraient justement pas manqué d’être découverts. Bref, ils sont beaucoup trop mal faits pour provenir d’un faussaire sérieux. Sickel dit que ces faussaires devaient être constamment des idiots.

Le fait est que même les documents jugés authentiques contredisent les sources littéraires, produisent des indications de date contradictoires. Parfois l’une des dates confirme les dates mentionnées dans les chroniques, mais pas toujours la même. Presque toujours le jour ou le lieu ne correspondent pas aux données des annales. La méthode proposée ne donne rien : il est toujours impossible de déterminer quels sont les documents authentiques.

Julius Ficker prend le parti inverse de juger authentique la grande masse des documents. Ce faisant, Ficker absolvait les faussaires de l’accusation d’être idiots, pour en accuser des scribes honnêtes. Les imprécisions de la datation s’expliqueraient par la fait que les chancelleries utilisaient une « datation non uniforme » : parfois les scribes auraient écrit la date de la signature de l’acte, parfois celle de sa consignation dans le registre. Mais c’est un peu plus complexe : parfois la date correspond à la signature, le lieu à sa consignation, ou alors c’est l’inverse.

Ficker a aussi montré qu’il y avait presque toujours deux exemplaires d’un même document. Le second imite l’écriture du premier document (et pourquoi ?) mais avec des différences notables dans certaines lettres et parties, des erreurs systématiques comme un changement de date. L’original contient en général un espace vierge pour la date ou le lieu ou les deux, voire le nom des bénéficiaires.

Lorenz montre que personne n’est d’accord sur le document à désigner comme authentique et celui à désigner comme faux. Kammeier lui donne ce point, mais lui reproche de ne pas avoir identifié l’erreur de la méthode.

Kammeier conclut que cela montre que les deux documents sont faux. Les lacunes permettaient d’accorder plus tard les documents entre eux s’il advenait qu’on les complète. Il n’était pas possible de falsifier à grande échelle de façon cohérente. Il était plus simple de créer des documents contradictoires. Quand il n’y a rien de solide, on ne questionne rien. (J’ajouterai que c’est la méthode de communication qui a prévalu dans le contexte Covid.) On déplace des événements ou des personnages dans le temps. On en invente beaucoup. Pour éviter les questions, on ferme les archives au public !

Il n’y a donc pas 50 pour cent de faux, mais 100 pour cent. Ces faux ne sont pas des faux pratiques, d’intérêt local, mais le résultat d’une opération de falsification à grande échelle.

Les registres de la chancellerie concordent avec les originaux et contiennent en général les mêmes lacunes. Le fait qu’ils s’arrêtent au 15ème siècle suggère que la falsification commence immédiatement après. Les registres ne trient pas entre les documents authentiques et leurs copies falsifiées puisqu’on y retrouve deux fois la même lettre dans une version différente, ou à une date différente.

La falsification ne pouvait pas être le fait d’un seul notaire pour le texte et la signature. Le chancelier apposait son sceau. Les autres notaires auraient décelé une supercherie, et l’entourage du pape ou de l’empereur aussi. Il fallait que tous fussent impliqués.

Dans un même document (ceux de Charlemagne notamment), le monogramme, le signe de reconnaissance, le chrisme de la chancellerie, le sceau de l’empereur ne se correspondent pas entre eux. Pour les documents papaux, la devise ne correspond pas à la rota, ni la rota à la bulle de plomb (sceau papal). Un certain Peitz explique que les anciens documents en papyrus se détérioraient et qu’on faisait des copies en parchemin. Mais cela n’explique pas que le nom sur les parchemins est presque toujours gommé et réécrit. On explique ces palimpsestes par le coût de fabrication du parchemin qui  justifierait un réemploi. Mais cela n’explique pas que ce procédé de réécriture est systématique pour des documents qui auraient du être archivés,  et le maintien d’erreurs systématiques de dates et de contenus.

Le monogramme et la rota sont plus faciles à imiter qu’une vraie signature. On prétendait donc que les rois ne pouvaient pas signer car ils ne savaient pas lire et écrire. Mais les sources sont contradictoires à ce sujet. Les Mérovingiens auraient su lire et écrire. Selon Eginhard, Charlemagne savait le latin, la rhétorique ou l’astronomie mais ne savait pas écrire. Mais la Vita Adalhard dit qu’Adalhard le lui avait appris dans sa jeunesse. Eginhard dit que Charlemagne poussait ses enfants à étudier, mais Louis le Pieux se serait vanter de ne savoir ni lire ni écrire. Les « je soussigné » sont écrits de la même main que le reste du document, y compris la signature, et même pour le chancelier, qui doit tout de même savoir écrire.

La chancellerie romaine tenait des registres qui consignaient des copies des documents originaux. Les copies des registres reprennent les défauts des documents originaux : le nom de la personne ne correspond pas à la date car le sujet est censé être mort, la date et le nom manquent ou sont ajoutés ensuite. Et les registres ne trient pas entre les documents authentiques et leurs copies falsifiées puisqu’on y retrouve deux fois la même lettre dans une version différente, ou à une date différente.

Les registres contredisent parfois le document original. Et les copies des registres contredisent les registres originaux (Grégoire VII). Kammeier accuse la « double comptabilité », qui se signale par d’innombrables erreurs, lacunes, ajouts, omissions de mots de lignes ou de noms. Beaucoup d’événements importants, comme 50 lettres de Grégoire VII, ne sont pas consignés. Il n’y a souvent pas de dates. On dit que la Curie oubliait de consigner certains éléments ce qui expliquait les dates fausses, alors que c’était bien le rôle des registres. Les monastères allemands et français ne négligeaient pas ces événements s’étant déroulés à Rome, mais se contredisent sur les dates.

Les catalogues des papes se contredisent entre eux, et leurs versions se contredisent également. Ils citent des papes aujourd’hui considérés comme inventés.

Ainsi comme les monastères et les paroisses, la Curie romaine falsifiait ses registres. Ceci est la preuve de la main de l’Eglise romaine dans la falsification.

Dans une vidéo associée, les éditions Didi18 disent que Rome a toutes ses archives depuis 1198, mais que les documents antérieurs auraient été perdus suite aux célèbres troubles du 13ème siècle à Rome. Néanmoins les archives de Rome sont pillées en 1404, des documents des archives vendues en 1406. La création des archives centrales date cependant de 1612 (Fomenko fournit d’autres chiffres). Après que Napoléon les a emportées à Paris, un tiers avaient été perdues à leur retour à Rome.

Et comment les événements de 1404, 1406 et liés à Napoléon peuvent-ils avoir existé puisque les registres sont toujours complets depuis 1198 ? On retiendra plus simplement que les archives ouvrent en 1612 et créent de faux documents pour toute la période 1198-1612.

Il est dit qu’en 1314 Clément V emmène les registres de Rome à Avignon et les archives à Assise. Il faut y voir Clément VII qui en 1527 amène les registres de Constantinople à Rome.

Kammeier prétend que les chancelleries des rois et des empereurs n’ont pas de registres. Kammeier dit qu’il aurait été difficile pour la Curie de falsifier un registre impérial, et que les vrais registres et vrais documents ont certainement été détruits.

Les annales impériales falsifiées par Rome montrent des empereurs allemands passant leur vie à cheval. Même malades et en plein hiver, ils font des centaines de kilomètres par jour. Ils sont accompagnés d’un gouvernement curieusement composé d’ecclésiastiques et notamment d’une chancellerie mobile. Ceci est déjà difficile à croire. Néanmoins, les documents impériaux sont encore plus étranges. On trouve plusieurs documents signés du même jour mais à des endroits différents. L’itinéraire suivi dans les chroniques est aussi parfaitement incompatible avec les lieux mentionnés dans les documents. Là aussi on peut avoir recours au principe de la « datation non uniforme ».

Néanmoins il est faux de prétendre que l’absence de registres impériaux est faite pour « humilier les allemands ». Si c’était pour cela, on n’aurait pas attribué aux allemands la direction d’un « Saint-Empire » chrétien. C’est le souvenir du Saint-Empire qui rend Kammeier fier, mais il ne peut pas s’en prévaloir pour le glorieux passé de l’Allemagne, et rejeter tout ce qui ne lui convient pas dans ses chroniques.

Un certain Kern dit qu’au Moyen-Age le droit allemand n’est pas non plus écrit, et tombe en quelque sorte sous le sens comme étant issu de Dieu. Le Saint-Empire n’a pas de loi écrite ! Cela serait là aussi la volonté de la Curie d’humilier les allemands en effaçant les lois de l’Empire. Pourtant, il est fait mention des capitulaires francs (perdus !), d’un droit écrit carolingien, de loi des Alamans, de celle des Frisons, des Lombards, des Ostrogoths, des Wisigoths, du code bourguignon. Au 11ème siècle, tout cela disparaît et la loi n’est plus écrite.

Les archives carolingiennes n’apparaissent semble-t-il pas avant 1422, mais ce que relève Kammeier n’est pas si vrai. Il dit lui-même que Rome prétend avoir des lois depuis le 5ème siècle, mais ne peut produire des registres de façon continue que depuis 1198. Et même le premier recueil officiel de décrets pontificaux est daté de 1230 et Grégoire IX. L’Italie a des lois séculières au 12ème siècle, la France en 1207. Si l’Allemagne ne produit pas de lois avant le 14ème siècle, le « faussaire » Eike von Repgau écrit « Le miroir de Saxe » en 1215 comme une compilation écrite du droit coutumier mis par écrit, parce que la jeune génération ne le connaît pas. L’accusation de Kammeier de léser l’Allemagne au profit d’une antériorité du droit ecclésiastique tombe d’elle-même. En revanche, on peut reconnaître que 1215 est trop tôt pour mentionner le collège des princes électeurs. Ce système est celui de l’Empire romain du sud en 1510. Il n’est pas adapté en Allemagne avant 1648 et la fin de la Guerre de Trente ans.

Avant 1493, les archives allemandes ne contiennent pas de dates et seulement l’initiale pour les noms. Cette date de 1493 n’est pas anodine : c’est la date de fondation du Reichstag qui est le Sénat romain, et donc la date de fondation de l’Empire ! Bien que présenté comme un Parlement allemand, l’Empire romain est l’Empire du sud et non Magna Germania.

La loi salique s’applique également à l’Empire du sud et pas à l’Allemagne. Kammeier dit qu’il n’existe pas de copie de la loi salique avant Charlemagne (sauf une). Les annales de Charlemagne pour l’année 802 disent qu’il a diffusé le droit écrit mais il ne publie toujours PAS la loi salique (qui date de Clovis). Le fait est qu’elle est bien publiée, mais sous Charles-Quint. Le jésuite Guillaume Postel ne publie un ouvrage pour la défendre qu’autour de 1530.

Le fait que toutes les copies de la loi salique divergent est une action de falsification tardive pour antidater une loi qui existait réellement (et s’est réellement appliquée en France sous les Bourbons).

Kammeier dit que la Curie romaine a préféré non pas inventer un droit médiéval, mais simplement antidater le droit catholique. D’abord en datant des sources juridiques canoniques au 9ème siècle. Ensuite en faisant des faux impériaux à partir de 1200 qui suggèrent que les Impériaux l’utilisaient.

Il n’y a pas de volonté d’humilier l’Allemagne. Avant le droit catholique du 16ème siècle, il n’existe de droit écrit nulle part. Il est identique au droit romain de l’antiquité. S’il existe un droit écrit en Allemagne, il peut s’agit des Lois du Deutéronome et du Lévitique.

Concernant la transmission littéraire des chroniques et annales, beaucoup de faux sont également admis. Il y en a même plus à la Renaissance, ce qui pour Kammeier signe l’époque de la falsification. Probablement, il y a aussi un effet civilisationnel : il y a plus de documents produits à mesure que le temps avance. Peut-être les faussaires auront voulu remplacer les documents dans le volume attendu.

Kammeier dit qu’il doit beaucoup à la critique des sources, qui détermine ce qui est issu de l’auteur, et ce qu’il emprunte à d’autres auteurs. Certes, mais il suggère que toutes les similarités impliquent des faux (comme pour Germania de Tacite ou Guerre des Gaules de Jules César). Mais la critique des sources ne tire pas en général de telles conclusions.

Tous les ouvrages historiques existent en plusieurs versions qui diffèrent en contenu en volume, dans l’ordre des passages et la langue. Comme pour les documents, les copistes ont omis, ou modifié des passages, et même ajouté des erreurs ! Kammeier montre que dans le récit de la transmission, l’original a toujours disparu, de même que les copies originales qui seraient les modèles des versions existantes. Il suggère que ces textes n’ont jamais existé et que les versions existantes résultent de l’imagination des présumés copistes.

Tous les bâtiments ont brûlé au moins une fois, mais toutes les annales sont présentes, à l’exception des originaux. Le fait de trouver la même « erreur » dans des copies présumées non liées l’une à l’autre permet d’accréditer l’idée d’un original pré-existant qui aurait contenu cette erreur aussi. Sans oublier l’état de conservation exceptionnel de documents pourtant très anciens.

Il y a toujours deux récits contradictoires, ce que Kammeier nomme la « double comptabilité ». J’ajoute qu’on observe ce fait avec les deux ouvrages de Flavius Josèphe qui se contredisent en permanence. Dans un même ouvrage, on trouve souvent deux fois le même récit à des endroits différents, mais avec des détails différents. Les Annales de Fulda qui présentent la transmission de l’Empire carolingien après Charlemagne raconte deux fois l’histoire dont une fois au mauvais endroit.

Ce procédé est bien identifié dans l’Ancien Testament. Ceci suggère que les ouvrages de Josèphe et l’Ancien Testament sont l’objet de la même entreprise de falsification opérée par l’Eglise catholique. Le Talmud, le Zohar et le Coran prétendent d’ailleurs que la Torah est falsifiée. Origène produit des passages prétendument tirés de Josèphe qui ne s’y trouvent plus.

Selon Kammeier il s’agirait de faux intégraux également. Néanmoins, la mention d’une falsification dans le Talmud, le Zohar ou le Coran suggère qu’ils pensent à une version originale et authentique.

Kammeier prétend que le Germania de Tacite et la Guerre des Gaules de Jules César sont des faux qui font passer les Germains pour des barbares vêtus de peaux de bête (Germania). Le fait est que les Tartares au 19ème siècle portent des peaux de bête dans des pays comme la Finlande. Kammeier fait valoir qu’à l’âge du bronze les allemands connaissaient la roue que les Romains ne possédaient pas. Mais l’âge du bronze est une fiction d’archéologue et ce genre de comparaison n’a pas de valeur pour un récentiste.

L’auteur prétend que les informations de César sur la religion des Germains est fausse. Mais s’il se fonde pour dire cela sur la mythologie allemande du 19ème siècle fondée par Jacob Grimm et les amis de Richard Wagner, on ne peut pas être surpris du remplacement de Mercure et Triston par Wotan et la Lorelei. Mercure ou Hermès est une des formes de Moïse. 

L’éditeur allemand cite en note – également traduite – un auteur juif qui décrit le christianisme comme un prolongement du judaïsme destiné à anéantir la vigueur païenne européenne. Le milieu païen fantasme cette ancienne culture inventée au 19ème siècle, qui aurait été supplantée par les « religions du désert » selon l’expression d’Alain de Benoist. Cette hypothèse est reprise par certains auteurs juifs flattés.

Ce qui est attesté du paganisme – qui est juste une expression méprisante désignant la religion des paysans – se retrouve dans le judaïsme, puisque Jovis ou Jupiter est identique à Yahvé. Les prêtres de Yahvé sont originellement les druides gaulois, avant que leur fonction ne soit reprise par l’Ordre du Temple. Ainsi on trouve l’explication au double héritage du christianisme, qui reprend en grande part des traditions et des textes supposés être juifs, et des éléments jugés d’origine païenne comme la fête de Noël ou les œufs de Pâques.

Kammeier veut voir dans le fait que dans la cité allemande, le prêtre est supérieur au chef militaire et dirige la justice, une preuve de la falsification de la Curie romaine. Le fait est que dans la Bible, Israël est dirigée pendant 400 ans par des Juges avant l’apparition des rois d’Israël que sont Saul (Jules César), David, et Salomon (Charlemagne).

Un certain Frahm remarque que Tacite emprunte au sujet des Germains ce que Posidonios dit des Scythes et des Celtes. Mais les Grecs ne mentionnent pas les Germains, et les Romains ne mentionnent pas les Scythes. Tacite emprunterait à Hérodote, Strabon, Mela, Posidonios, Jules César, Livius, Salluste. Son style est très proche de Salluste. On cite aussi un ouvrage de Pline l’ancien sur les Guerres de Germanie  (perdu !).

Kammeier en déduit que Tacite n’a que des sources littéraires alors qu’il aurait dû se renseigner auprès des Germains vivant à Rome ou des Romains qui étaient allé en Allemagne. Mais Tacite n’est pas un nom et signifie probablement « anonyme », et s’il écrit comme Salluste, c’est qu’il est sans doute Salluste. La biographie d’un « Tacite » est entièrement fictive.

Kammeier accuse le fait que le mode de répartition par l’héritage des terres des Germains chez Tacite est le même que celui que Jules César attribue aux Suèves. Ailleurs il dénonce le fait qu’Hérodote, César et Tacite utilisent la même phrase pour décrire trois peuples différents. Veut-il ici encore parler des Scythes, des Germains et des Suèves ? Les Suèves sont après tout bien des Germains, et César ne connaissait de l’Allemagne que les rives du Rhin. On a donc probablement le même peuple sous un nom différent.

Kammeier ajoute qu’aucun auteur antique ne mentionne Germania de Tacite. L’ouvrage réapparaît tardivement en 1455 dans un monastère, et on en fait aussitôt des copies modernes, pour perdre aussitôt l’original. Néanmoins c’est ainsi que la totalité des documents de l’antiquité ont réapparu à la Renaissance, et le récit classique pour les reculer dans le temps. C’est donc le récit de la découverte fortuite du manuscrit dans une bibliothèque où il prenait la poussière qui est falsifié. Sur le fait qu’aucun document antique ne le cite, Salluste est sans doute un auteur tardif, plutôt de 1535 que de 1455. Or de 1525 à 1555, Charles-Quint est bel et bien en guerre contre les « princes protestants » d’Allemagne. Il s’agit de Charlemagne en lutte contre les Saxons. Ce sont précisément les chroniques « falsifiées » de Charlemagne qui disent que les Saxons étaient des païens. Tout un courant de nationalistes britanniques affirme que les Saxons sont le peuple d’Israël. Dans la version byzantine, Heraclius est en guerre contre les « Sassanides » de religion zoroastrienne. Pas de mystérieuse influence du petit peuple juif du Moyen-Orient venant anéantir une glorieuse civilisation païenne.

Le fait que Tacite se contredit beaucoup est en revanche le signe d’une édition continue du texte par la suite. Ainsi nous avons bien un faux, à partir d’un document d’origine sans doute en partie authentique.

On prétend que l’humaniste Eneo Silvio Piccolomini, devenu pape sous le nom de Pie II, joua un rôle important dans la diffusion de l’œuvre. Piccolomini aurait travaillé à la chancellerie de Frédéric III, où il falsifiait « pour l’effet littéraire » selon Brandi. Imprimée pour la première fois à Bologne en 1472, Germania connaît six éditions en Allemagne entre 1473 et 1509.

Chose étonnante : en 1457, Pie II a publié un ouvrage également nommé Germania sur l’Histoire du Saint-Empire (cf wiki). Probablement cet ouvrage est introuvable ! Tacite signifiant anonyme on aura gommé le nom de l’auteur. Peut-être écrivait-il aussi sous le pseudonyme de Salluste.

Guerre des Gaules de Jules César est publié en 1526 par Giovanni Giocondo (modèle pour la biographie de Léonard de Vinci). Il est fait mention du fait que le passage de Jules César sur les druides est similaire à un passage chez Strabon et un autre chez Diodore de Sicile. On ne sait pas s’il s’agit d’une formulation. Mais s’ils disent la même chose, on ne pourra pas les accuser de se contredire. La géographie de Strabon est plus rudimentaire que celle de Ptolémée, donc l’auteur peut être antérieur à Jules César, mais Diodore de Sicile donne l’impression d’être un auteur tardif (17ème voire 18ème siècle).

On ne peut de même pas reprocher à César de s’inspirer de Posidonios quand il décrit les Celtes sans le contredire. Kammeier a trop fondé ses démonstrations sur les contradictions pour se scandaliser des affirmations corroborées.

Plus essentielle est sa remarque sur le fait que César, bien qu’ayant vécu sur le Rhin se trompe sur la géographie du Rhin supérieur et de l’Helvétie, qu’il aurait empruntée à Artémidore. Là encore, la biographie de Jules César est fictive. Si on se réfère à celle du pape Jules II, ce dernier est bien légat (du pape !) en Gaule et mène des opérations militaires, mais ne se rend pas en Allemagne.

Kammeier cite des faux universels reconnus pour montrer que des faux universels existent bien et qu’ils ont été rédigés dans l’intérêt de l’Eglise romaine. Ces faux sont : les Capitulaires bénédictins, la Donation de Constantin, le Livre des Conciles d’Isidore de Séville. Le fait qu’ils soient universellement considérés comme des faux, y compris par l’Eglise qui avait tout intérêt à décréter valides les décrets des conciles comme la Donation de Constantin, est bien de nature à éveiller les soupçons.

Le texte désigné comme les capitulaires bénédictins est un recueil plus vaste, dont les capitulaires de Pépin, Charlemagne et Louis le Pieux ne constituent qu’une petite partie. Ces capitulaires prétendent que la loi de l’Eglise prime sur la loi séculière, que les causes majeures sont de la compétence exclusive de Rome, que le séculier n’a pas à se mêler de la justice des clercs, et que le synode ne peut pas se tenir sans l’autorisation du pape, ni ses décisions s’appliquer sans confirmation par le pape. Les capitulaires sont bien sûr des faux. Ces débats agitaient l’Eglise de France encore en 1570 APRES le concile de Trente. Les français s’en tenaient pour la tradition aux pratiques des églises nationales héritées justement de Charlemagne. Il faut donc que les capitulaires bénédictins aient été publiés fort tard. La congrégation de Saint-Maur au 17ème siècle en est sans doute à l’origine.

La Donation de Constantin des territoires de Rome au pape Sylvestre donne à l’église de Rome le pouvoir sur les églises chrétiennes. Reconnue comme un faux, elle aurait été rédigée au 8ème siècle à Saint-Denis, ou à Rome sous les papes Paul II ou Hadrien Ier, pour des raisons de style littéraire.

Mais Kammeier oublie ici sa méthode. Alors qu’il prouve que produire des faux en termes de privilèges et de possession des terres ne permet pas de se les voir attribuer face à de vrais documents et une tradition ininterrompue, il ne remarque pas que la Donation de Constantin a des conséquences pratiques. Il n’était pas possible pour un clergé sans armes de s’emparer des Etats de l’Eglise si au moins un de ces donations n’avait pas été authentique. Jamais l’Empire ne se serait laissé dépouiller ainsi. Or les Etats de l’Eglise existent bien ! On prétend qu’ils apparaissent au 8ème siècle, bien après Constantin (4ème siècle). En réalité les cartes ne les mentionnent pas avant 1550.

Ainsi un document authentique a été déclaré faux par consensus. Mais cette affirmation n’a elle aussi eu aucune conséquence pratique, puisque la papauté a conservé ces territoires.

Une autre donation est venue se substituer à la Donation de Constantin, puisque la Donation de Pépin le Bref donne à nouveau les territoires de Rome à l’Eglise. Des auteurs du 12ème siècle comme Otto de Freising, puis du 15ème siècle comme Lorenzo Valla, Nicolas de Cues, Reginald Peacock la dénoncent comme une autre falsification. Tous étonnamment sont encore des partisans de l’Eglise de Rome. Quel intérêt des Romains auraient-ils eu à dénoncer les Donations qui favorisaient leur camp ? Les auteurs du 12ème sont certainement également du 15ème ou 16ème siècle. Freising a lui-même été accusé d’être un faussaire de chroniques. Ceci est une des « astuces de faussaire » que Kammeier mentionne, mais il n’avait pas pensé à celle-là.

Par ailleurs, Kammeier se plaint au long cours du fait que les papes ont toujours le beau rôle dans les chroniques par rapport à l’empereur. Comme on l’a dit, si la Curie avait seulement voulu humilier l’Allemagne, elle n’en aurait pas fait un Saint-Empire. Mais ici aussi, c’est l’empereur Constantin qui valide la légitimité du pape et non le contraire. Il en est de même pour les chroniques des rois mérovingiens, dont on dit qu’ils choisissaient les évêques.

Un tel document est en réalité dangereux pour des papes qui se prétendent au-dessus de l’empereur, comme Grégoire VII. Ainsi au début des falsifications, c’est bien l’empire qui est au-dessus du pape. Au 16ème siècle les Jésuites écrivent des utopies en faveur d’une « église universelle au service d’un empire universelle ». C’est donc pour eux l’empire qui dirige et l’Eglise qui le sert. Paul II et Hadrien Ier seraient Paul III (1534-1546) et Adrien VI (1522-1523).

Je suggère que Constantin est en réalité Charlemagne, et qu’il relocalise sa capitale à Constantinople (comme « Soliman »). L’église de Rome est ici Constantinople et Sylvestre un pape grec.  Le concile de Nicée a lieu vers 1520 en Grèce. Quand il était roi des Gaulois, Charles validait des églises locales. En tant qu’empereur il préférait centraliser. Adrien VI, Clément VII et Paul III sont sans doute des papes byzantins. Clément VII est le premier pape Clément et Paul son contemporain Saint-Paul. Dans les épîtres de Paul, Rome apparaît parmi des églises grecques et est donc logiquement Constantinople. La Curie n’arriverait en Italie que sous Paul III. Clément nomme Martial évêque à Limoges, et Denys à Paris : ceci n’a pas lieu au premier siècle mais en 1530.

On traite du Livre des Conciles d’Isidore comme un faux. En 856 le pape Nicolas le connaît, ce qui fait qu’on identifie le faux du 9ème siècle, sous le nom de Fausses Décrétales. Il n’y a en réalité pas de pape Nicolas au 9ème siècle, au mieux au 16ème siècle.

Ces décrétales reprendraient les données des capitulaires bénédictins, la Donation de Constantin et les décrets des conciles des trois premiers siècles.  Pseudo-Isidore aurait écrit « le pape n’est plus le sujet du roi, il n’est plus seulement à la tête de l’Eglise, mais à la tête du monde entier. ». A sa décharge Kammeier fait remarquer que la Donation de Constantin ne se trouve pas seulement chez Isidore. Et nous avons vu qu’il n’y a pas de raison de la considérer comme un faux.

Le Livre des Conciles avait été amenée au concile de Bâle en 1437, et j’ai suggéré que c’était les Grecs qui avaient amené les documents des conciles s’étant déroulés chez eux. Les conciles étudiés à Bâle étaient ceux de Césarée (effacé avec les Fausses Décrétales), Nicée et Chalcédoine. En termes de conciles « des trois premiers siècles » falsifiés, il n’y a donc que Césarée. Etant donné que les participants au concile de Bâle se réfèrent constamment à celui de Nicée comme étant le premier, il est clair que Césarée s’est en réalité déroulé après. Aucun concile des « trois premiers siècles » n’est donc mentionné dans le Livre des Canons d’Isidore. Isidore dit peut-être que le pape est supérieur au roi, mais sûrement pas à l’empereur, puisqu’il y en a un à Constantinople à cette époque, et qu’il présidait aux trois conciles cités.

Quant au fait que la Donation de Constantin octroie la primauté du pape sur l’Eglise, c’est précisément ce qui était en jeu à Bâle et la délégation grecque a effectivement choisi de suivre un concile séparé avec le pape plutôt que de suivre l’Eglise collégiale de Bâle. Et c’est bien cette centralisation qu’avalise le Concile de Trente. Jamais un simple faux n’aurait emporté l’adhésion sans l’autorité réelle de l’empereur.

C’est certainement le Livre des Canons d’Isidore qui influence la rédaction des capitulaires bénédictins et non le contraire. Il n’y a pas de Bénédictins à cette époque, et un tel faux aurait été découvert.

Beaucoup d’humanistes ont été accusés d’être des faussaires au 15ème et 16ème siècle. On a déjà cité le pape Piccolomini, mais il y a également Nicolas de Cues, Poggio Bracciolini, dont les biographies prétendent qu’ils retrouvaient des documents de l’antiquité dans les bibliothèques poussiéreuses des monastères. On a aussi Annius de Viterbe qui fait publier en 1498 une compilation appelée Antiquités contenant censément les ouvrages de Bérose, Manéthon, Caton, Fabius Préthor.

Or cet ouvrage ne doit pas être disponible, puisqu’on prétend que Manéthon n’est plus connu qu’à travers les extraits mentionnés par Georges les Syncelle, Eusèbe de Césarée ou Julius Africanus. Là, oui, on peut suggérer une falsification, car toutes ces versions se contredisent.

Annius était maire du palais du pape Alexandre VI. Ce titre a été attribué à Charles Martel à la fin de la dynastie mérovingienne (780). On peut donc en déduire que l’ancien pouvoir dit « mérovingien » est caché par les papes qui précèdent l’avènement de Charles-Quint, codé en Charlemagne.

Jean Trithème (1462-1518) était déjà dénoncé en son temps comme un falsificateur. Il publie notamment une Histoire des Francs attribuée à Hunibald, un supposé contemporain de Clovis, qui lui permet de relier les Francs aux Troyens. Néanmoins, sur les cartes, les Francs n’apparaissent pas avant la fin du 16ème siècle. Je suggère donc que Trithémius est antidaté d’un siècle. Trithémius est censé avoir donné l’ouvrage à Maximilien Ier. Il s’agit sans doute de Maximilien III (1568-1618) archiduc d’Autriche. Kammeier fait remarquer que ces faux du 16ème siècle sont de même facture que les faux bien plus anciens.  Kammeier dit que ces faux littéraires reconnus sont presque toujours du 16ème siècle au plus tôt, à quelques exceptions antidatées.

La Chronique de Fredegar, basée sur celle de Grégoire de Tours, permet d’inventer l’ancienneté des Francs, et leur christianisme. Elle complète utilement celle d’Hunibald, et doit être de la même époque.

Les Annales impériales carolingiennes (741-829) n’existent que sous la forme de copies, avec des erreurs de dates. L’éditeur allemand écrit qu’elles ont été écrites tardivement au monastère de Lasch.

Les manuscrits de Vita Karoli d’Eginhard sont classés en trois catégories  A, B et C, selon leur dépendance à trois modèles de première génération. L’original et les trois copies de première génération ont évidemment disparus. Les modèles A, B et C se complètent ou se contredisent. Eginhard est censé être un témoin oculaire, mais il dit que plus personne de vivant ne pourrait donner de détails sur la jeunesse de Charlemagne. L’histoire officielle s’appuie plutôt sur les Annales de Carloman et le quatrième continuateur de Fredégaire, notamment le partage du royaume de Pépin entre Charles et Carloman. Aussi on prétend qu’Eginhard, qui donne une autre version de cet épisode, commettait beaucoup d’erreurs. Il se trompe sur le nom des épouses et des enfants de Charlemagne ainsi que sur leur nombre, confond les papes. Il dit à un endroit que Pépin est choisi par Zacharie, ailleurs par le pape Etienne suite à la destitution d’Hildéric. Les documents de Grégoire VII se servent d’Eginhard comme précédent pour justifier la déchéance d’Henri IV, mais mentionne lui aussi Zacharie et Etienne sans choisir. Charlemagne étant un pastiche de Charles-Quint. Vita Karoli n’a pas pu être écrit avant la seconde moitié du 16ème siècle.

Widukind de Corvey rédige en 960 l’Histoire des Saxons. Il commence avec les Carolingiens, mais il est dit qu’il les confond souvent entre eux. Il est dit que chez les Carolingiens l’armée victorieuse désigne l’empereur par acclamation. Mais Widukind attribue ce fait non aux Carolingiens mais à Otton Ier le roi Saxon. Or d’autres sources prétendent qu’Otton a été couronné en Italie par le pape. Widukind prétend que c’est seulement après Otton que le pape participe à la désignation de l’empereur.

Pour une fois qu’un auteur ne crédite pas le pape de faire l’empereur, Kammeier l’accuse de falsification. Il aurait pu noter que l’acclamation de l’empereur par l’armée est une pratique de l’ancien Empire romain. Otto Ier le Saxon et Charlemagne le Carolingien sont identiques à Auguste l’empereur romain. La falsification de Widukind se situe dans le fait que depuis 1493 et la fondation de l’Empire, l’Empereur est élu par le Sénat et non pas acclamé par l’armée. Il transforme en roi des Saxons celui qui est l’adversaire historique des Saxons, à savoir Charlemagne.

L’humiliation de l’empereur Henri IV à Canossa est liée au faux récit du moine Lambert, qui imite lui aussi le style de Salluste et Livius, et une lettre du pape Grégoire VII dont Kammeier montre que les registres sont falsifiés.

Il est dit qu’Henri IV opprimait les Saxons. Saxons et Souabes firent la paix avec Henri IV mais lui intimèrent de se rendre en Italie demander le pardon du pape. Henri IV aurait construit des châteaux au sommet de toutes les collines de Saxe. Kammeier fait remarquer qu’on disait la même chose d’Henri Ier. J’ajouterais que le Grégoire « sept » qui se sert d’Eginhard – auteur de la seconde moitié du 16ème siècle – est sans doute Grégoire XIII vers 1580. Les deux sont connus pour leur « réforme grégorienne », et ont été en conflit avec un souverain nommé Henri IV. Henri IV de France va lui aussi s’incliner à travers sa conversion au catholicisme en 1594 et se rendre en Italie recevoir le pardon de Clément VIII.

Les châteaux en haut des éminences sont le fait bien connu des Cathares dans le sud ouest de la France, c’est-à-dire la Navarre ou le pays d’Henri IV. C’est son prédécesseur Henri III qui était haï de la population et dont on dit qu’il était chassé de partout après avoir persécuté les catholiques. L’histoire de l’Allemagne au 11ème siècle est ainsi copiée sur l’Histoire de France au 16ème siècle.

Kammeier s’indigne de la légende de la « minuscule carolingienne ». Il n’y a pas vraiment de mystère. Avant la Renaissance, les textes en latin sont en majuscules et « antiques ». L’apparition de la minuscule correspond au 16ème siècle. Tout document antérieur contenant des caractères minuscules est falsifié. Kammeier fait d’ailleurs remarquer que l’utilisation des runes par les allemands est trop tardive si les allemands savaient parler latin au Haut Moyen-Age.

Kammeier prétend que les documents falsifiés font référence aux baillis qui n’existent plus au 16ème siècle. Il n’est pas du tout impossible que ce titre ait été en vigueur au 16ème siècle, la véritable époque de Charlemagne.

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Chronology 7 Anatoly Fomenko

Celui-ci, c’est le dernier de la série originale en anglais. La série reprend le contenu de multiples livres déjà parus en russe en supprimant les doublons (certaines annexes de ce volume ont cependant déjà été présentées dans des volumes précédents). Il y a une série remaniée de 11 livres en russe, mais qui n’a pas été traduite.

Certains chapitres ici sont fort intéressants. Le Livre de Daniel est rapproché du métropolite de Russie Daniel au 16ème siècle. Le labyrinthe égyptien d’Hérodote est identifié au Moscou intramuros sur deux niveaux, bâti à partir de 1560.

Le chapitre sur la datation du concile de Nicée est en revanche illisible pour quiconque n’a pas de très bonnes bases en calendriers. Il est visible que Fomenko n’avait pas de conclusion ferme à soutenir, et soutient successivement plusieurs lignes de raisonnement sans cohérence d’ensemble. Il lui manque visiblement des éléments dont je dispose.

Palea

Fomenko cite la Palea, ouvrage reprenant l’Ancien Testament, mais dont la rédaction est statistiquement indépendante (il le prouve ailleurs). Palea date le « 7ème concile œcuménique » de 1296 ans après la Nativité et 6296 ans depuis la création du monde.

Cette datation est en cohérence avec la datation de Jean Malalas (491-578). Celui-ci dit que Jésus est né en 752 AU la 42ème année d’Auguste, l’année 6000 depuis Adam.

Ce compte « depuis la création du monde » ne correspond pas à l’ ère byzantine « depuis la création du monde » – où l’année 1492 correspond à l’année 7000 – dont Fomenko prétend partout qu’il s’agit d’une façon très ancienne d’écrire les dates. Malgré cette affirmation récurrente, les documents qu’il produit la produisent rarement et tardivement. Fomenko dit que Palea est en circulation encore au 17ème siècle. Il est peu probable que cette date de 7000 ait engendré « la peur de l’an mil » en 1492 comme il le pense si au 17ème siècle l’ère byzantine n’était toujours pas utilisée.

Le 7ème et dernier concile œcuménique est le Second concile de Nicée et aujourd’hui il est daté de 787. Néanmoins Fomenko prétend qu’il est aussi attribué à l’empereur Basile le Macédonien en 877. Ce concile est curieusement appelé « Premier et Second concile œcuménique » – évoquant en clin d’oeil un doublon – et aborde comme le premier concile de Nicée la question de la date de Pâques ! Le doublon a déjà été créé à l’époque de la rédaction de Palea, mais il a été redaté ensuite 500 ans plus tôt, en 325. Basile, qui veut simplement dire « roi » est ainsi un reflet de  Constantin. Fomenko finit par suggérer que le concile orthodoxe de 1343 – qui évoque encore la date de Pâques – pourrait être identique aux conciles de Nicée de 787 et de 325. Mais il a passé l’essentiel du chapitre à défendre un Nicée au 8ème ou du 9ème siècle. Comme il date par ailleurs la naissance de Jésus de 1185, le concile de Nicée serait antérieur à Jésus ! S’il avait retenu la date de 1296 proposée par Palea, la question ne se poserait pas.

Palea dit que « la 18ème année de Tibère notre Seigneur Jésus-Christ souffrit pour le salut de l’humanité » et fixe la mort de Jésus le vendredi 30 mars 5530 à 18h, en précisant qu’il s’agit de l’été ( ?). Le découpage des saisons en deux saisons est anciennement utilisé en Angleterre – midsummer et midwinter correspondraient aux solstices – et l’équinoxe de printemps devient alors le début de l’été. Il ne semblait pas que la Russie ait eu cette tradition. Palea précise indiction 3, cercle au soleil 7, la lune 14ème ou Pâque juive. Les trois chiffres utilisés plus tardivement dans la Grande indiction remplacent la lune 14ème par le cercle à la Lune (nombre d’or en occident) qui est un nombre lunaire différent.

Fomenko accuse l’auteur d’avoir mal compris le principe de la Grande indiction. D’ailleurs selon les tables, la lune 14ème est un lundi et non un vendredi. Et les trois chiffres ne correspondent pas à l’année 5530. Mais cette incongruence de l’indiction et de la date complète est tout aussi systématique avec la Grande indiction traditionnelle, avec le cycle à la Lune à la place de la Lune 14ème. La mort de Jésus survient donc ici la Lune 14ème, qui est la Pâque juive. Fixer la mort de Jésus – sans mentionner la résurrection – le jour de la Pâque juive relève de la tradition des quartodécimains. Palea est donc un ouvrage quartodécimain. Et il sera démontré que les orthodoxes russes ont autrefois été des quartodécimains.

L’Eglise orthodoxe évoque un désaccord lors du concile de Nicée entre la tradition de Syrie et la tradition d’Alexandrie – celle qui s’impose – concernant la date de Pâques. En année 5 et 16, le cycle de 19 ans des Syriens fait tomber Pâques le 19 mars et le 18 mars. Les alexandrins choisissent la pleine lune qui suit, car Pâques doit être après le 21 mars. Ainsi donc les Syriens ne respectent pas les principes de Nicée ! Et l’identification de la Syrie à la Russie est une constante chez Fomenko. En occident, il est affirmé que les Chrétiens de Jean en Asie fêtaient Pâques en même temps que les Juifs, sans faire mention des Syriens et des Alexandrins. Les Chrétiens de Jean sont donc des Quartodécimains. Vraisemblablement, ils sont identiques aux Syriens, également dénoncés par le concile de Nicée. Les Russes sont donc ces « Chrétiens d’Asie » ou Chrétiens de Jean quartodécimains. Les orthodoxes sont connus pour être proches de l’Evangile de Jean, peut-être un tsar Ivan opposé à Constantin.

Fomenko fait grand cas de la Bible d’Ostrog, publiée en 1581 en slavon d’Eglise, qu’il croit être la première Bible au monde, sans doute la véritable Septante. Il identifie Ptolémée Philadelphe, le roi grec d’Egypte responsable de la Septante, au tsar Ivan le Terrible, avec de bons arguments. Il signale que la Bible est dédicacée au prince Constantin d’Ostrog dit Vasily et s’oppose à la « fausse foi d’Arius ». Mais il manque complètement la référence au concile de Nicée, organisé par Constantin contre Arius. Nous avons donc ici une Bible de Nicée en 1581, pour un concile censé dater de 325.

Fomenko montre qu’Ostrog n’est pas une principauté mineure mais que le grand prince d’Ostrog est le grand-duc de Moscovie et empereur de Russie, à l’époque – 1581 – Ivan le Terrible. Le sceau d’Ivan le terrible le désigne comme prince de Perm, qui définirait les terres d’occident de la Pologne à la Hollande et dont la capitale serait Vienne. L’ouvrage de l’ambassadeur anglais à la cour du Terrible présente comme les « 17 provinces unies » la totalité des territoires entre la Pologne et la Hollande comme une possession d’Ivan. Ainsi on comprend que la Guerre de 1580 des Provinces des Pays-Bas est de dimension bien plus importante que le petit territoire du Benelux. C’est toute l’Europe du nord qui entre en sécession. Fomenko a aussi identifié la Guerre de Livonie de 1554 à une guerre contre l’Europe, et les guerres de Charles-Quint contre les princes allemands entre 1525 et 1555 comme un reflet. Il met en avant la table où la distance entre Moscou et Istanbul est identique à la distance entre Moscou et Perm. C’est le cas de la ville de Vienne où Soliman (Charlemagne) prend la ville en 1529. C’est bien ce qu’on attend d’un empereur romain tel que Constantin. La Bible d’Ostrog de 1581 est donc d’un ouvrage « nicéen ».

La réforme grégorienne de 1582 en France a fait l’objet d’ouvrages de sensibilisation à l’époque. Ils démontrent clairement qu’à l’époque les français fêtent la Pâque chrétienne le 15 mars, et sont enjoints de ne plus fêter Pâques avec les Juifs. Les français sont donc également des quartodécimains.

Au passage, Fomenko dit qu’à l’origine les débuts de mois devaient correspondre aux nouvelles lunes, comme en France donc. Le mot mesyah en russe désigne à la fois la lune et le mois. C’est le cas dans la plupart des langues. En russe, mesyah se rapporte au messiah (messie en anglais, ce que Fomenko ne note pas) comme « mois » en français à Moïse. A la nouvelle lune, la lune apparaît comme un arc de cercle. Il observe même que dans les bibles russes les personnages sont presque toujours représentés coiffés du croissant ottoman, mais il ne relie ici pas à la lune. La Bible d’Ostrog présente le Moïse descendu du Sinaï comme « radiant », ou auréolé de gloire dans les versions occidentales. Mais la Geneva de 1599, ou la Skariya en slavon de 1519 disent que Moïse est « cornu ». Dans son amour pour la Bible d’Ostrog, Fomenko annonce la Skariya antidatée – ce qui est probable, bien que moins que ce qu’il annonce – mais prétend avec la plupart des spécialistes que les cornes sont une erreur de traduction. Vraisemblablement les francophones et les Russes conservent la version originale des cornes, que les Alexandrins éditent. 

La tradition chrétienne d’Alexandrie utilisait un cycle de 8 ans pour calculer la première pleine lune de printemps, avant l’introduction du cycle de 19 ans. La séquence est identique chez les anciens Grecs qui passent du cycle de 8 ans au cycle de Méton en 432 avant JC. « Alexandrie » est probablement la ville appelée Constantinople sur les cartes occidentales, et désigne les « Byzantins ». Constantin n’a pas encore rebaptisé la ville de son nom, peut-être parce qu’il n’y réside pas encore.

Sans doute le concile de Nicée de 1580 suit encore un calendrier lunisolaire de type juif, sans quoi les injonctions à ne pas fêter Pâques avec les Juifs n’auraient pas de raison d’être. Chez les Français, Pâques est bien fixée le 15 mars, à la Pâque juive. Mais chez les Russes – du moins dans l’exemple donné, peut-être plus tardif – Pâques n’est qu’occasionnellement fêtée le 18 ou le 19 mars, et le reste du temps elle survient le 21 mars ou plus tard. Il y a donc une évolution calendaire postérieure.

Ce sont donc les Russes (syriaques) qui ont une pratique quartodécimaine, et les alexandrins (byzantins) qui suivent la tradition dominicale. C’est important dans la mesure où Fomenko identifie la Russie à Israël et ce qu’il nomme les « Ottomans » à Juda. Mais les vrais ottomans sont plus tardifs (17ème siècle). Ici « Juda » suit la tradition de l’Eglise grecque « d’Alexandrie ». Selon Fomenko l’arrivée des Romanov sur le trône occupé par l’ancienne dynastie impériale consacre la victoire des « judaïsants » (qu’il assimile aux protestants allemands) sur l’orthodoxie. Mais ce sont les « judaïsants » que nous appelons aujourd’hui orthodoxes. L’orthodoxie sous Ivan le Terrible correspond aux quartodécimains, probablement ceux qu’on nomme aujourd’hui les « vieux croyants ».

Fomenko pense que le cycle de Méton de 19 ans a été introduit à Nicée. C’est aussi ce qui est affirmé dans les sources présentées au concile de Bâle en 1437 (1657 ?). Le décret de Nicée et la tradition de Nicée disent que la date d’équinoxe a alors été fixée au 21 mars, et la Pâques chrétienne le dimanche. La tradition chrétienne fixe également l’introduction du calendrier julien à Nicée, alors que les historiens l’attribuent à Jules César. On retrouve déjà cette confusion entre Nicée et Jules César dans les sources du concile de Bâle. Mais elle concerne l’introduction du cycle de 19 ans seul ! Ainsi le calendrier « julien » originel est le calendrier de Méton ou le calendrier lunisolaire juif.

Le seul ouvrage contemporain (1583) qui prétend que la réforme grégorienne vise à corriger une dérive de 10 jours de l’équinoxe de printemps à cause d’une année julienne trop longue est le livre de Joseph Scaliger. Vraisemblablement cette date – bien que non remise en cause par Fomenko – est trop précoce. La bulle Inter Gravissimas de Grégoire XIII censée préparer la réforme grégorienne évoque aussi ces 10 jours de dérive de l’équinoxe accumulés depuis le concile de Nicée. Il doit s’agir de Grégoire « XV » (1621-1623), la véritable époque de la chronologie de Scaliger. Sous Grégoire XV, la Bohême et la Moravie hussite retournent à la foi catholique. Mais ce conflit datait du concile de Bâle et les Hussites avaient été condamnés en 1438 ! Non seulement Grégoire XV serait reflété par Grégoire XIII mais aussi Grégoire XII (1325-1417). A l’époque ce pape romain était opposé à deux « antipapes » l’un à Pise, l’autre à Avignon.

Grégoire XV est connu pour avoir « achevé » les réformes du déjà ancien Concile de Trente en créant la congrégation pour la propagation de la Foi. Mais il s’agit du nom autrefois donné à l’Inquisition ! Tous les travaux sur la réception du concile de Trente montrent que l’Inquisition est vécue comme une innovation. La date traditionnelle de Trente (1545-1563) invalidait déjà l’idée d’une Inquisition au 13ème siècle, seule l’Inquisition « espagnole » semblant datée dans le bon siècle. Apparemment, l’Inquisition et ce qui est attribué au concile de Trente seraient à resituer vers 1620-1630. L’Eglise de Rome est aux deux époques en guerre contre les protestants allemands et français selon les mêmes modalités. La Paix d’Augsbourg en 1555 et les Traités de Westphalie en 1648 débouchent sur une victoire des catholiques romains, et des modalités identiques proposées aux princes allemands protestants : le choix donné aux princes de se prononcer individuellement pour le calvinisme, le luthéranisme et le catholicisme romain dans leur territoire respectif. Même ces attendus sont faux : Luther (Johannes Martin Luther) est plus tardif (1653-1756). Et les trois confessions sont similaires en 1648 puisque Calvin et Luther se réclament de Saint-Augustin, et qu’en 1648 l’Eglise romaine est tombée sous la coupe des jansénistes tout aussi augustiniens. Il n’existe pratiquement pas de sources historiques pour documenter le conflit entre les armées de Charles-Quint et la Ligue allemande de Smarkalde (1525-1555), ni son original la Guerre de Trente ans (1618-1648).

Fomenko répète à l’envi qu’il n’existe aucune trace des décrets originaux de Nicée. Selon lui, seule la tradition attribue à Nicée la fixation de l’équinoxe le 21 mars. Les Actes de Nicée des Coptes traduits par Revillon, le Syntagma de Gélase au 5ème siècle sont considérés comme des faux, et on se demande bien pourquoi. A l’inverse, les auteurs crédibles seraient Athanase d’Alexandrie, Socrate ( !), Eusèbe de Césarée, Théodoret et Tyrannius Rufus. A l’exception d’Eusèbe de Césarée, Fomenko ne cite aucune source mentionnée par Olivier de Solan quand il mentionne les sources utilisées pour le concile de Nicée au concile de Bâle de 1431 (1655 ?). Le concile de Bâle a également produit le Canon de Gratien et le Livre des Conciles d’Isidore de Séville. Le Livre des Conciles contient les décrets des premiers conciles. L’ensemble des spécialistes et l’Eglise elle-même affirment que le Livre des Conciles est un faux au point qu’il est connu sous le nom de Fausses Décrétales. Mais ces décrets sont conformes à la tradition suivie tant par l’Eglise que par les historiens. Et rien dans le Livre des Conciles ne vient contredire les autres sources des computistes du concile de Bâle. Eusèbe de Césarée a de curieux points communs avec le pape Innocent X (1644-1655)

Roger Bacon, supposé vivre au 13ème siècle, et d’autres auteurs précisent que c’est Denys le Petit qui a créé les nouveaux mois de 30 et 31 jours, supposément au 6ème siècle. Fomenko pense que Denys le Petit est en réalité le jésuite Denis Pétau (1583-1652), autre responsable avec Joseph Scaliger de la chronologie longue falsifiée. Mais il ignore son rôle dans la création du calendrier julien que nous connaissons.

Denys le Petit introduit également l’ère de l’incarnation ou anno domini. La datation anno domini n’est pas attestée avant 1431 en occident dans les documents de la chancellerie papale. Ainsi – et c’était notre hypothèse – le calendrier de Denys est introduit peu de temps avant le concile de Bâle. En effet, les participants de Bâle font déjà état d’une dérive de dix jours dans le calendrier depuis le lointain concile de Nicée. Ils semblent ignorer que Roger Bacon attribue bien ce calendrier à Denys. Comme ils semblent ne pas tenir compte des écrits des anciens auteurs, qui disent tous que le 21 mars est une date fixée par tradition et pas astronomiquement. Cela est probablement dû au travail antérieur de Joseph Scaliger.

Gémisthe Pléthon, invité au concile de Bâle avec une délégation grecque à partir de 1435 (1655 ?) se plaint que la Grèce a alors remplacé le calendrier de Méton par un mauvais calendrier de 360 jours plus 5 jours épagomènes. Il n’est pas fait mention du calendrier julien. Le calendrier de 365 jours est le calendrier égyptien de l’antiquité que présente Hérodote ! Ainsi le concile de Nicée devait suivre un calendrier de type hébraïque. Il semble que par la suite les Romains, les Grecs, les Egyptiens et les Juifs aient tous adopté ce calendrier bien que les noms de leurs mois soient différents. Mais ensuite l’occident a adopté le calendrier julien (de Denys), alors que les Grecs et les Egyptiens (Russes) adoptaient dans le même temps un calendrier de 365 jours.

Fomenko part comme tout le monde du principe que le 21 mars est une véritable date d’équinoxe à Nicée. Comme il est très malin, il conclut presque que cela ne peut pas être le cas et qu’il doit s’agir d’une date imposée, mais ne poursuit pas dans cette voie. Mais il n’a pas étudié les anciens auteurs occidentaux que cite Olivier de Solan, comme Augustin ou Bède le Vénérable. Ces auteurs disent bien que le 21 mars est d’une part une date d’équinoxe, d’autre part une date biblique et imposée par la tradition. Fomenko s’appuie à la place sur un auteur grec nommé Matthieu Vlastar qui écrit supposément au 14ème siècle, mais visiblement bien plus tardif.

Selon Fomenko, qui se trompe, le seul document du concile de Nicée est la Lettre de Constantin aux évêques absents. La lettre précise seulement que le concile a proscrit de célébrer la Pâque en même temps que les Juifs.

Vlastar dit qu’il existe quatre principes pour fixer la date de Pâques :

  • Les deux premiers et plus importants sont de – 1 – ne pas célébrer avec les Juifs 2 – célébrer après l’équinoxe.
  • Depuis deux éléments ont été ajoutés : 3 – fêter Pâque après la pleine lune qui suit l’équinoxe 4 – fêter Pâques un dimanche

Le décret de Nicée suit ces 4 principes. La règle plus ancienne correspond à la lettre de Constantin, qui précède sans doute les décisions du concile. Par définition, les « Juifs » célèbrent la Pâque juive après l’équinoxe. Il ne reste donc plus comme règle que de fêter Pâque après l’équinoxe, mais un autre jour que les Juifs, sans plus de précision.

Vlastar dit que la « Pâque légale » a lieu entre le 21 mars et le 18 avril à la Lune 14ème. Comme pour les Juifs la Pâque légale est la pleine lune qui suit l’équinoxe, mais désormais l’équinoxe est fixée le 21 mars. La véritable Pâque a été fixée le dimanche qui suit à Nicée. Vlastar ajoute que du fait du décalage de deux jours du cycle à la lune avec la pleine lune vraie, Pâques n’est pas toujours fêtée le premier dimanche qui suit la pleine lune, mais le second.

Le décret de Nicée dit bien que la Pâque ne peut avoir lieu avant le 21 mars, même si la notion d’équinoxe n’apparaît pas (ce qui travaille Fomenko). Mais le 21 mars apparaît bien en revanche dans les commentaires faits par les Pères de l’Eglise ou Bède le Vénérable comme une date d’équinoxe traditionnelle.  
Le Livre des Conciles contient également le décret du concile de Césarée, très ancien concile, supposé du 4ème siècle, qui reprend les règles de Nicée, et ajoute que la Pâque chrétienne doit survenir pendant la semaine azyme des Juifs, c’est-à-dire le dimanche qui se trouve dans la période de 7 jours qui suit la Pâque juive, et non après.

Les règles du décret de Césarée sont donc

1 – de ne plus fêter Pâque la lune 14ème (avec les Juifs) mais

  • Le dimanche entre la lune 14ème exclue et la lune 21ème pendant la semaine azyme des Juifs.
  • Après l’équinoxe de printemps

2 – fêter  Pâques entre le 11 des calendes d’avril exclu et le 7 des calendes de mai. (mars dure alors 30 jours et avril 29 jours). Soit entre le 21 mars exclu et le 23 avril.

Le 23 avril tient sans doute compte du fait qu’on cherche le dimanche et non la pleine lune. Mais il n’est absolument pas question d’attendre le second dimanche.  L’Eglise orthodoxe à l’époque de Vlastar, constatant que le cycle à la lune a 2 jours d’avance, choisit de privilégier dans certains cas la véritable pleine lune à la pleine lune du cycle.

Matthieu Vlastar

Matthieu Vlastar est censé être un dirigeant de l’église de Thessalonique, auteur en 1333 du Syntagma Canonum (au 6ème siècle Gélase écrit aussi un Syntagma), Vlastar écrit « nos pères ont composé cette Paschalia, qui ne contredit pas les règles de Nicée ». Fomenko ne dit pas que la Paschalia dont parle Vlastar est la même que celle qu’il présente, tirée d’un ouvrage de 1652, mais il le suggère.

Vlastar dit que les Nicéens calculèrent un cycle de 19 ans de l’année 6233 à l’année 6251 après la création du monde. Ils trouvèrent la 1ère PL après l’équinoxe. Il ajoute : d’après la Paschalia, l’équinoxe était alors le 21 mars.

Rappelons que Palea prétend que le « 7ème concile œcuménique » date de 6296 après la création du monde (et de 1296 AD). On voit donc que le premier et le second concile de Nicée sont fixés à la même date. Il est très possible que Palea date le 1er concile et non le 7ème, peut-être un 1 a été pris pour un 7.

Tant les quartodécimains que les nicéens s’accordent sur un premier allongement de la chronologie. Palea propose un concile en 1296 après la Nativité. Vlastar semble le fixer au 8ème ou au 10ème siècle. Jean Malalas qui partage ce compte ajoute que Jésus est né en 752 AUC. Ainsi il a déjà créé les limites de l’ « ancienne Rome » avant Jésus-Christ.

Vlastar suit apparemment la même ère depuis la création du monde que les quartodécimains. Il ne s’agit toujours pas de « l’ère de Byzance » si ancienne pour Fomenko. Il n’évoque pas la Résurrection mais l’année de la Mort du Sauveur. Il parle de Pâques légale pour parler de la pleine lune qui suit le 21 mars. C’est-à-dire qu’il reconnaît le dimanche comme jour de Pâques, mais considère toujours une sorte de priorité attachée à la Pâque juive, mais il la fixe APRES l’équinoxe légal du 21 mars, et non la pleine lune qui suit l’équinoxe véritable. Il est dit que les Syriens (Russes) fixaient la Pâques avant le 21 mars en années 5 et 16 du cycle de 19 ans, où Pâques tombait le 19 et le 18 mars. Les « alexandrins » – qui suivent la règle de Nicée – choisissent la pleine lune qui suit, car Pâque doit être après le 21 mars.

Vlastar est en désaccord avec les Syriens/quartodécimains. Il dit lui-même qu’il veut faire respecter la règle de Nicée, mais le décret de Nicée n’autorise PAS de suivre le second dimanche qui suit la pleine lune qui suit l’équinoxe. Il s’agit toujours du premier dimanche. Il semble que Vlastar veut suivre les règles de Nicée, mais n’a pas le même calendrier.

Vlastar explique que la pleine lune selon le cycle de 19 ans a deux jours d’avance sur la pleine lune vraie. Ceci peut arriver si comme les Grecs on a remplacé la nouvelle lune par la lune noire pour fixer le début du mois. Il est alors tentant d’anticiper aussi la Pleine Lune du cycle. Vlastar dit qu’en ce cas, Pâques n’est pas toujours fêtée le premier dimanche qui suit la pleine lune, mais le second. Cependant, le cycle de 19 ans n’est pas trop court mais trop long. Il devrait être en retard et non en avance sur la pleine lune. Sans doute faut-il lire que le cycle de 19 ans est deux jours « en avant » de la pleine lune.

Avec ces deux jours d’avance, Vlastar calcule, à raison d’un jour de dérive en 304 ans, que le concile de Nicée a dû avoir lieu en 743. Un jour tous les 304 ans est le rythme effectif de dérive du cycle de 19 ans par rapport à la pleine lune vraie.

En occident, on a constaté 3 à 4 jours de retard de la pleine lune du cycle de 19 ans sur la pleine lune vraie, parce les Latins ont remplacé le premier quartier par la Lune noire proposée par les Grecs. Ainsi ils ont daté le concile de Nicée en 325.

La commission du calendrier dit aussi que le concile de Nicée avait calculé un cycle de 19 ans. Elle suppose également que l’équinoxe était alors le 21 mars, mais beaucoup d’anciens auteurs cités par Olivier de Solan (que Fomenko comme Vlastar ignorent) disent que le 21 mars était une date biblique et non pas astronomique.

Comme les Occidentaux au concile de Bâle (1431-1438, à redater au 17ème siècle), Vlastar croit que l’équinoxe vrai était le 21 mars à Nicée. Vlastar prétend que l’équinoxe est fixée le 18 mars en 1348, le 19 mars en 1048, le 20 mars en 748, la date du concile de Nicée. C’est à peu près congruent avec la date obtenue par la dérive de la pleine lune, bien que Nicée ait en réalité retenu le 21 mars. Mais il utilise une dérive de 1 jour tous les 300 ans qui est toujours celle de la nouvelle lune, pas celle de l’équinoxe.

Le calcul de Vlastar n’a pas de sens. Fomenko le reprend quand même et suppose qu’en fixant Nicée en 743, Vlastar antidate le concile de Nicée. Ainsi il serait antérieur à Scaliger qui va augmenter le décalage de la chronologie dans le temps en le fixant en 325. Mais Scaliger utilise surtout des calculs qui à défaut d’être fondés, sont un peu plus justes.

Fomenko fait remarquer qu’en 1348 (julien !) l’équinoxe n’était pas le 18 mais le 12 mars. Il pense que Nicée comme Vlastar ont dû être imprécis dans la mesure de l’équinoxe, qui n’est pas facile. Néanmoins, Vlastar a laissé une table des équinoxes depuis Adam, également fausse. Selon Pléthon qui était présent au concile de Bâle après celui de Nicée, les Grecs suivaient depuis quelque temps le calendrier de 365 jours des Egyptiens. Tous les quatre ans, l’équinoxe se déplace d’un jour en avant.  Il suffit de 24 ans pour que l’équinoxe se retrouve le 18 mars au lieu du 12.

Vlastar suit la même tradition que Denys le Petit selon laquelle Jésus est mort en 5539. Elle suit l’Evangile de Jean selon lequel cette année-là la Pâque juive était le samedi 24 mars et la résurrection le dimanche 25 mars. Vlastar écrit « comme le disent les évangélistes » (comprendre Jean). Chrysostome, Théophylacte et la Komchaia disent aussi que la Pâque juive était un samedi. Les orthodoxes considèrent que le dernier repas n’est pas pascal et en conséquence utilisent du pain non azyme pour l’Eucharistie. Ceci est contraire à la tradition romaine d’occident où la Pâque juive est un jeudi, le jour du Dernier repas.

Vlastar ne parle que de l’année de la mort de Jésus, pas qu’il avait alors 31 ans et n’utilise pas l’anno domini. Denys le Petit précise que Jésus est né en 5508 et mort en 5539, donc à l’âge de 31 ans, et crée l’anno domini. Fomenko en déduit que c’est Denys le Petit (6ème  siècle) qui s’inspire de Vlastar (14ème siècle) et qu’il vit après lui. Mais en ce cas, Vlastar ne peut pas parler de la même Paschalia qui utilise la Grande indiction de 532 ans, puisque c’est Denys qui l’introduit.

Ses tables fictives des équinoxes passés disent que l’équinoxe était le soir du 25 mars du temps de Nabuchodonosor, l’après-midi du 24 mars de Philippe Arifeus (de Macédoine), à minuit le 25 mars à la mort du Christ, le 21 mars du temps où les Pères composèrent la Paschalia. Il obtient les dates de 747 av JC pour Nabuchodonosor, 4ème siècle avant JC pour Philippe, 0 (la MORT du Christ) et …748 pour Nicée. En fixant la Passion en 5539 (31) Vlastar contredit sa propre table. Ceci montre qu’il a du mal à dater l’anno domini de la naissance du Christ, comme le font les occidentaux.

Ces dates ne sont pas très éloignées des dates attribuées aujourd’hui pour Nabuchodonosor et Philippe de Macédoine. Vlastar aura contribué à fixer l’époque de Babylone et de la Macédoine dans la chronologie étendue. Mais ces caractères surgissent à la fin du 16ème siècle dans l’histoire revisitée par Fomenko lui-même, comme des alter ego de Vassili ou d’Ivan le Terrible. En aucun cas, Vlastar n’a pu vivre au 14ème siècle.

Fomenko pense sans trembler que la tradition orthodoxe dit la vérité. Si l’année de la mort du Christ, la Pâque juive était le samedi 24 mars julien, on élargit aux 23, 24 et 25 mars pour tenir compte du fait que le jour peut commencer à minuit, midi ou 18h selon le calendrier choisi. Les solutions sont 126, 221, 316, 563 et 1095. La seule date à valider les 4 conditions de Nicée est 1095. Il n’y en aurait eu aucune si la solution proposée avait été fantaisiste.

Il y a des soucis de dates. La Pâque juive 31 est le mardi 27 mars, pas le samedi 24 mars. La Pâque juive de 563 est le dimanche 25 mars. Le jour de la crucifixion mentionne une éclipse solaire. Mais on était proche de la pleine lune, et les éclipses surviennent à la nouvelle lune. Fomenko a relevé ces objections mais maintient ses conclusions.

Cette date de 1095 correspond pour lui au début des Croisades en 1096, juste après la mort de Jésus donc. Le conte russe de la Passion du Sauveur contient une Lettre de Pilate à Tibère. Il y est dit que dès la mort du Christ, César (Tibère ?) capture Jérusalem en représailles. Les chroniques utilisent 1054 en année 1 (la naissance de Jésus), et que des événements astronomiques correspondent aux années 1054 et 1086. La date de 1095 aurait été rétrocalculée à partir des données de Matthieu Vlastar. 1095 (1085) correspond à la mort du pape Grégoire Hildebrandt mais il ne s’agit que d’un reflet du véritable Christ, qui est pour Fomenko  l’empereur Andronicus de Byzance mort en 1185. On ajoutera que le parallélisme le plus fort concernant le Christ concerne Jules César et pas Andronicus. 1185 a toutes les chances d’être tout aussi fictif que 1095.

Le Chronographe luthérien de 1680 dit qu’il existe plus de 40 opinions sur la date de la Nativité et de la Résurrection. Fomenko pense qu’en retirant les 532 ans de la Grande indiction entre la naissance du Christ et l’invention de la Grande indiction par Denys, en réalité Denis Pétau (mort en 1652),  Jésus serait né au 12ème siècle.  Au 19ème siècle, on prétend plutôt qu’il est ressuscité le 5 avril 33 à 33 ans. Au 21ème siècle, l’Eglise romaine est plutôt de l’opinion qu’il est né quelque années BC et mort le 9 avril 30.

Paschalia

Au 17ème siècle on trouve un calendrier liturgique orthodoxe fixant la date de Pâques appelé Paschalia dans les livres d’Eglise d’orient. Celui-ci concilie le calendrier solaire avec le cycle lunaire de 19 ans. Paschalia affirme traduire les principes retenus au concile de Nicée. Ce calendrier est nécessairement postérieur à Palea et pas aussi ancien qu’il le pense. Mais comme il croit toujours que le concile de Nicée est ancien, qu’il a introduit le calendrier julien tel que nous le connaissons (il introduit le calendrier de Méton), et que Paschalia applique les décisions de Nicée dans ce calendrier, il en déduit que 1 – le calendrier julien est très ancien 2 – Paschalia est ancien 3 – l’ère byzantine qui dérive des données de Paschalia est ancienne, bien qu’il prétende vouloir raccourcir la chronologie.

Pour Fomenko, Paschalia, les données de l’Almageste, le cycle de Méton, tout converge pour dater Nicée au 10ème siècle. Il suppose que les deux tables de 19 ans dans la Paschalia – la nouvelle lune vraie et la nouvelle lune selon le cycle – devaient coïncider à l’époque de l’introduction du cycle de 19 ans, et trouve une date commune en 877. Il trouve confirmation de son hypothèse, car 877 est aussi le début d’une Grande indiction ! Ceci est encore plus confirmé par le fait que les tables des phases de la lune commencent en 900 AD. Paschalia doit donc avoir été rédigée à cette époque et donc le concile de Nicée peut avoir été un peu plus tardif.

En réalité, Paschalia est publié pour appliquer les principes de Nicée dans le nouveau calendrier de Denys le Petit dit aujourd’hui « julien ». Fomenko utilise un ouvrage de 1652. Il s’ensuit que l’Eglise russe n’applique pas alors le calendrier grec de 365 jours dont se plaignait Gémisthe Pléthon.

Fomenko dit qu’au 6ème siècle il y avait deux ères depuis la création du monde, commençant le 1er mars 5508 et le 1er septembre 5509 avant Jésus-Christ. Ailleurs il dit que le 1er mars, début de l’année à Byzance et en Russie est passé au 1er septembre seulement en 1343. Fomenko note que 1343 est peu après la mort de Ivan Kalita (1340) et suggère que cette « réforme » correspond à la fin de l’Empire tartare (douteux). Mais les données wiki en français donnent la date de 1492 pour l’adoption du 1er septembre. Dans la Paschalia, les cycles commencent soit le 1er mars soit le 1er septembre (mais julien). Mais il s’agit des deux calendriers juifs, qui commencent également le 1er mars et le 1er septembre. Les Russes et les Grecs les utilisaient aussi du temps où ils suivaient le calendrier de Méton. En passant au calendrier julien, ils conservèrent les deux débuts de l’année.

Par la suite Fomenko nous informe que le début du cycle de la lune aurait été fixé au 1er janvier. Ca n’a aucun sens dans le calendrier julien dont les débuts de mois ne correspondent pas aux nouvelles lunes. Fomenko prétend qu’il s’agit de respecter la mémoire du cycle originel de Méton qui commençait à un solstice. Mais il s’agit du solstice d’été et en réalité… le 27 juin. Il s’agissait probablement de fixer le début de l’année le 1er janvier, sans référence à la Lune, afin de s’aligner sur l’occident. Cet événement a lieu en 1700 sous Pierre le Grand.

Paschalia précise les Fêtes orthodoxes. Il y a Pâques, la Nativité le 25 décembre, l’Annonciation le 7 avril (et non le 25 mars), les fêtes des saints Georges, Jean l’Evangéliste, Pierre et Paul, Eudocie, Alexius de Rome et les quarante Martyrs de Sébaste. Fomenko s’étonne de l’absence de fêtes chrétiennes plus traditionnelles et de la présence de fêtes curieuses présentées comme majeures. Il pense qu’il s’agit d’anciennes fêtes datant de l’époque du concile de Nicée. Et ainsi entreprend de dater Nicée avec Paschalia !

Mais Alexius de Rome est sans doute Alexei Romanov, Eudocie est le prénom de sa mère. En 1652 ces fêtes sont récentes, puisqu’Alexei est empereur depuis 1645. Les Quarante Martyrs de Sébaste font sans doute référence aux Martyrs des Maccabées présentés dans le 3ème et le 4ème Livres des Maccabées. Ces livres, non canoniques pour les Juifs et les Catholiques, le sont pour les Orthodoxes. Nous avons identifié les Maccabées ou Hasmonéens aux Khans de Crimée au 17ème siècle, et aux Ottomans, auxquels l’Eglise russe s’identifie donc. La ville de Sébastopol est aujourd’hui en Crimée, bien que les deux noms se trouvaient sur les cartes d’époque en Petite Tartarie.

Paschalia donne le cycle à la lune (nombre de 1 à 19), le cycle au soleil (nombre de 1 à 28). Ensemble ces deux nombres permettent de déterminer une seule année à l’intérieur d’une Grande indiction de 532 ans. Paschalia donne un troisième chiffre qui est l’indiction (nombre de 1 à 15). Ensemble le cycle à la lune, le cycle au soleil et l’indiction déterminent un grand cycle de 7930 ans, qu’on pourrait également nommer « Grande indiction » (mais à 3 nombres). La multiplication des trois chiffres détermine la date en ère byzantine ou ère d’Adam, dont le compte commence à la création du monde. Cette ère byzantine n’est pas encore terminée, et ainsi une seule combinaison de ces trois chiffres permet d’identifier une année de façon précise. On peut donc choisir de donner les trois chiffres, ou de donner la date complète.

Fomenko pense que la datation par indiction est une ancienne méthode de datation en vigueur jusqu’au 16ème siècle. Il prétend qu’elle était utilisée à « Byzance ». Les documents de chancellerie de Kammeier montrent qu’elle était aussi utilisée dans le Saint-Empire et au Vatican à cette époque et même avant cela.

Une erreur sur un seul chiffre rend la datation impossible car les dates ne sont pas sériées, (une erreur d’indiction de 1 recule ou avance de 532 ans la date concernée, etc.). Fomenko pense que c’est pour cela que l’ère byzantine a été créée, afin de recréer un sentiment de continuité chronologique. Fomenko prétend qu’en occident l’ère byzantine remplace le chiffre d’indiction, ne laissant que les cycles à la lune et au soleil de 19 et 28 ans. C’est faux. L’occident connaît le chiffre d’indiction (de 1 à 15). Avec les deux autres nombres 19 et 28, on y utilise le cycle de 532 ans (19X28), associé à l’année de l’incarnation (anno domini). Elle laisse de côté le nombre d’indiction et n’introduit donc PAS l’ère byzantine.

Olivier de Solan attribue de façon certaine la Grande indiction à Denys le Petit en l’an 532, en même temps que l’anno domini, et non au concile de Nicée. Fomenko attribue la Grande indiction au concile de Nicée, mais il a manqué cette information. Les débuts de la Grande indiction en occident sont ainsi l’ère chrétienne en 1 et la même année 532 où écrit Denys. En soi il est très improbable que la durée de l’indiction corresponde exactement à la distance entre la Nativité et la rédaction de Denys. Mais les Grandes indictions en occident ne commencent pas les mêmes années qu’en orient. Fomenko dit que les Grandes indictions (de 532 ans) débutent en 315, 877 et 1409. Si Denys le Petit est bien Denis Pétau au 17ème siècle, l’indiction précède de très peu le document Paschalia, et n’a aucun caractère d’ancienneté.

Kammeier a montré que sur la quasi-totalité des documents la Grande indiction contient une ou plusieurs erreurs par rapport à l’année de l’incarnation utilisée en occident. Par ailleurs, le fait de constater dans les documents papaux ou du Saint-Empire un chiffre d’indiction est une anomalie puisque la datation anno domini qui y figure aussi n’utilise que les cycles 19 et 28 de la lune et du soleil. Pour le dire autrement, l’utilisation de la Grande indiction 1 – est une mauvaise méthode de datation 2 – signale en général un faux document ou une datation fantaisiste. Il en est de même pour Fomenko qui constate toujours des erreurs. Malgré cela il tente quand même d’utiliser ces informations pour proposer ses dates. 

La première grande indiction de 532 ans est supposée utilisée en occident pour déterminer l’anno domini, et l’ère byzantine de 7980 ans en orient. Mais en réalité la méthode de calcul du cycle de Paschalia porte également sur une Grande indiction de 532 ans et ne fait toujours pas référence à l’ère byzantine. Le dessin d’illustration présente les deux cycles au soleil et à la lune sur deux mains gauche et droite placées côte à côte paumes ouvertes. Seuls quatre doigts contiennent des « phalanges ». La main gauche ou main Damascène a 7 phalanges à chacun des quatre doigts soit les 28 cellules du cycle au soleil. Chaque phalange contient le nombre de 1 à 28 dans le cycle, et la lettre dominicale de l’année. Fomenko prétend que les 7 lettres dominicales correspondent au 7 premiers jours de mars. Il s’agit apparemment de déterminer quel jour parmi ceux-là tombera un dimanche. La lettre se renouvelle à l’identique de façon certaine au cours du cycle de 28 ans.

La main droite ou main juive contient 19 cellules numérotées de 1 à 19, et contenant aussi la date de la Pâque « juive » mais APRES le 21 mars. Il est donc suggéré que les Juifs fêtent Pâques à la pleine lune qui suit l’équinoxe, mais que cet équinoxe est fixé au 21 mars. Mais ce n’est pas le cas ! Le 21 mars est une exigence du calendrier chrétien. Dans toute sa démonstration Fomenko attribue d’ailleurs aux Juifs l’utilisation du calendrier julien, et considère que la Pâque juive est la pleine lune qui suit le 21 mars. Il s’agit en réalité de la même « Pâque légale », dont parle Matthieu Vlastar.

La main Damascène ferait référence au père de l’Eglise Jean Damascène qui vit au 7ème siècle. Ceci prouverait que la date de 325 pour Nicée est trop ancienne, ou que Paschalia est plus ancienne que le concile de Nicée, puisqu’il le fixe entre le 8ème et le 11ème siècle. Ailleurs il prétend que Damascène signifie « de Moscou », et à la réflexion cela a du sens. La main Damascène n’a sans doute aucun rapport avec l’auteur byzantin, qui vient simplement de la même ville.

Fomenko remarque qu’aux 17ème et 18ème siècles, la datation par année de règne est parfois utilisée avec l’ère byzantine ou l’ère de l’incarnation. Cela veut dire qu’on commence déjà à ignorer les trois chiffres de l’indiction, du cycle au soleil et du cycle à la lune.

Paschalia contient en PLUS du cycle à la lune de 19 ans une table astronomique des nouvelles lunes et pleines lunes sur 19 ans sur un cycle de 532 ans. Ces tables observationnelles sont plus précises que le cycle à la lune et donnent même l’heure des phases. Elles sont ainsi modifiées tous les 19 ans, alors que le cycle de 19 ans se répète de cycle en cycle. Ceci montre que les auteurs de Paschalia pensaient que leur cycle manquait de précision, bien que ce cycle soit utilisé pour fixer Pâques.

Cette disposition est en accord avec Matthieu Vlastar qui proposait également une seconde table des phases de la lune basées sur l’observation, les cycles n’étant pas fiables. Pour plus de sûreté, Fomenko utilise sa propre méthode de calcul pour faire une table des équinoxes et des phases de la lune.

Paschalia contient aussi l’épacte, la base, la clé et la clé limite.

La base est l’âge de la lune en début de mois. La base est introduite par le fait qu’un calendrier solaire se superpose au calendrier lunaire dans le calendrier julien. Ce n’était pas nécessaire dans un calendrier lunisolaire.

En occident, l’épacte désigne le jour lunaire le 22ème jour du mois de mars solaire. L’équinoxe étant fixé le 21 mars, l’épacte permet de déterminer le nombre de jours à ajouter après le 22 mars pour trouver la Pleine lune, de 0 à 28 sans doute, et ensuite Pâques.

L’épacte dans Paschalia est la date solaire correspondant au 21ème jour du cycle lunaire. Il s’agit donc du 21 mars équinoxe légale, mais dans un calendrier lunisolaire tel qu’il était suivi à Nicée.  

Fomenko suggère à la place qu’il s’agit d’une survivance d’une ancienne pratique. Le 14 mars qui était la pleine lune dans le calendrier juif serait devenu le jour de l’équinoxe dans le calendrier julien. Mais on aura considéré que la semaine azyme faisait partie intégrante de Pâques, aussi on aura préféré fixer l’équinoxe au 21 mars.

Oui, on a préféré fixé l’équinoxe au 21 mars mais pour des raisons liées à la Genèse comme l’expliquent les Pères de l’Eglise, et sans rapport avec le cycle de la Lune. Néanmoins si le calendrier était alors lunisolaire et non julien, le 21 mars était alors aussi la lune 21ème. Aucun auteur ne prétend que les sept jours azymes font partie intégrante de la Pâque juive, ni même les tables de Pâques du calendrier Paschalia.  Les mots du décret de Césarée et tous les auteurs qui y font référence disent que la Pâque chrétienne doit tomber PENDANT la semaine azyme, et non après.

Fomenko fait remarquer que le cycle à la lune oriental est décalé de trois unités par rapport au nombre d’or utilisé en occident, qui illustre aussi le cycle de 19 ans des phases lunaires. Quand le cercle à la lune (lune noire) est de 4, le nombre d’or est de 1. Pour moi, cela s’explique par le fait que l’occident a maintenu le début du cycle au premier quartier au concile de Bâle (comme les documents d’Olivier de Solan en témoignent), cependant que l’orient choisissait la lune noire 3 jours avant. Klimishin que cite Fomenko observe bien un passage du premier quartier à la lune noire au « Moyen-Age » mais pense que le décalage n’est que de 1 jour. Fomenko s’interroge sur la bulle Inter gravissimas de Grégoire XIII en 1582 qui introduit le calendrier grégorien. Grégoire prétend que le nombre d’or a dérivé de 4 unités, alors que Fomenko n’en admet qu’une à trois si le concile de Nicée devait dater du 8ème ou du 11ème siècle. Il s’agit de Grégoire XV (1621-1623). Celui-ci a oublié que le cycle commence au premier quartier. Il est influencé par les auteurs grecs et leur cycle commençant à la lune noire, car il leur fait crédit de mieux savoir ce qui s’est passé chez eux à Nicée. Il suppose donc que le cycle a quatre unités de retard au lieu d’une seule, voire aucune.

Entre le concile de Nicée et le concile de Bâle, les documents des anciens conciles n’étaient plus disponibles en occident, comme en témoignent les rapports de Bâle. Du temps d’Ivan le Terrible (1533-1584) de nombreux phénomènes impliquant des comètes étaient signalés. Possiblement un cataclysme s’était produit, et dans la première partie du 17ème siècle on commençait juste à s’en remettre.

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Chronology 7.2 Anatoly Fomenko

Fomenko a nommé ce volume « Héritage du Grand Empire en Eurasie et en Amérique ».

Les principes de base sont :

  • La Bible et autres documents religieux contiennent les éléments de la véritable histoire, bien que largement remaniés et pas dans le bon ordre.
  • Le récit biblique n’est pas indépendant des mythes des différentes cultures. L

Il présente les sujets par grandes thématiques, ce qui produit souvent des incohérences d’ensemble. La présence de croissants et de turbans le conduit à appeler « Ottoman » le Grand Empire dont il postule l’existence. Une première conquête du monde serait survenue au 14ème siècle impliquant la Horde d’or de Genghis-Khan. Puis des velléités d’indépendance de l’Europe et la peste en Europe auraient poussé les Ottomans, héritiers de la première Horde à conquérir l’Europe une seconde fois. En 1453, Mehmet II – également Nabuchodonosor – conquiert Constantinople (Jérusalem) puis les Ottomans s’avancent en Europe jusqu’à l’océan. De là, ils auraient conquis l’Amérique à partir de 1492 avec Christophe Colomb, alter ego de Noé.

Les documents que produit Fomenko montrent que la captivité de Babylone décrite dans le Livre de Daniel se rapporte au métropolite Daniel sous le tsar Vassili III (1522-1539). Et La captivité d’Egypte est identique à cette captivité de Babylone. La conquête de la Terre promise après la captivité d’Egypte est le fait de Noé et non de Moïse. Fomenko exploite peu cette chronologie remaniée. Il aurait pu observer que la conquête de la Terre promise survient dès lors APRES la captivité de Babylone.  Or s’il date les épisodes concernant Daniel du milieu du 16ème siècle, on peut envisager que la conquête de l’Amérique concerne la fin du 16ème siècle et non celle du 15ème.

Fomenko montre que les douze tribus d’Israël traversent l’Atlantique. Colomb n’était pas espagnol, mais travaillait pour le Grand Empire tartare. Il montre des traces de langue anglaise dans les livres mayas. Aussi 1492 se transformerait en 1592, à l’époque de la première colonie anglaise des Etats-Unis à Jamestown.

Ce qu’on appelle l’Empire des Turcs n’est pas présent sur les cartes avant 1650. Les Turcs modernes considèrent Genghis-Khan comme un des premiers souverains ottomans. Il est identique à Orhan le second sultan ottoman, et à Jean Hyrcan le roi hasmonéen. Il est très représenté au 17ème siècle. Fomenko a donc inversé l’ordre dans le temps entre Nabuchodonosor et Genghis-Khan, et exagéré la dimension des conquêtes de ce dernier. Fomenko génère également beaucoup de confusion entre les notions d’Assyrie, Israël ou Juda, puisque in fine pour lui tout le monde est « russe ». Il faudra pourtant identifier des camps pour expliquer les guerres.

Jésus

Plusieurs dates et plusieurs lieux sont évoqués autour de Jérusalem. La vie de Jésus aurait précédé les événements de l’Ancien Testament de plusieurs siècles, puisqu’il s’agirait de l’empereur Andronicus (1152-1185), crucifié à Beykoz face à Istanbul. Le lieu appelé la tombe de Yusha est le lieu de la crucifixion et pas une véritable tombe. L’historien turc Djellal Assad dit que les byzantins l’appellent aussi le lit d’Hercule ou encore le tombeau d’Achille tué par Polydeuktès. A noter que Polydeuktès est Pollux et son jumeau Castor pourrait être Christ, mais Fomenko propose Pilate. Arthur Drews a montré les similitudes dans l’imagerie entre Jésus et Hercule. Les Argonautes se seraient ravitaillés au village de Beykoz en contrebas, et un roi Amik y aurait été assassiné. Le livre relatant le Pèlerinage de l’Higoumène Daniel (et d’autres sources) sur le lieu de la mort du Christ et l’Eglise du Saint-Sépulcre (détruite depuis) contiendrait des éléments topographiques reliés à Beykoz.

Mais trois siècles après, en 1453, le sultan ottoman Mehmet II prend la ville d’Istanbul/Jérusalem. Or Mehmet II est assimilé au personnage de Josué. Ainsi un Jésus et un Josué auraient été localisés à Istanbul à trois siècles de distance. D’ailleurs, Fomenko hésite quant à la prise de Jérusalem : s’agit-il de la prise d’Istanbul en 1453 par Mehmet II ou de celle de Kazan en 1552 par Ivan le Terrrible ? Il estime que Novgorod correspond à la région de Yaroslav (dont il ne fait curieusement pas Jérusalem). Possiblement Yaroslav porte alors aussi le nom de Kazan, ou alors Kazan porte le nom de Yaroslav. Puis Néhémie aurait rebâti une Jérusalem à Moscou (le Kremlin) en 1567.

Un plan de 1626 à Florence reprend le plan de l’Eglise du Saint-Sépulcre. Un récit dit qu’un russe en 1653-1655, a mesuré l’église du St Sépulcre à Jérusalem. Le patriarche Nikon l’aurait faite reproduire à Istra à partir de 1656 comme la cathédrale de la Résurrection, en renommant les lieux à l’identique de la Jérusalem originelle. Un concile russe de 1666-1667 a condamné Nikon et la nouvelle Jérusalem, visible sur les cartes, est devenu un simple monastère. Fomenko nous assure que les plans trouvés à Florence reprennent le plan de l’église détruite à Beykoz au-dessus du lieu de la crucifixion, et pas l’Eglise du Saint-Sépulcre moderne en Palestine.

Andronicus est certainement un reflet de Jésus comme les autres et la date 1152-1185 obtenue par rétrocalcul à partir des traditions chrétiennes. La tradition musulmane confond Jésus et Josué certainement à raison. L’association d’Hercule et Jésus se retrouve aussi chez Fomenko, puisqu’il observe un parallélisme entre Josué et Charlemagne, comme avec Mehmet II ! (Hercule = Charles). L’empereur Heraclius – et non Andronicus – de Byzance est également représenté comme Jésus portant sa croix. Charlemagne devient par translittération Soliman le Magnifique (1520-1566) et nous retrouvons l’époque de la prise de Kazan.

La tombe de Yusha est donc possiblement celle de Soliman le Magnifique, auquel l’higoumène Daniel aura rendu hommage. Le palais de Soliman à Topkapi héberge le tombeau… d’Alexandre le Grand.

Chronique bulgare

Fomenko retient la publication dans les années 1990 d’une ancienne chronique de 1680, redécouverte au Kazakhstan vers 1930, « L’Histoire de Djadfar » ou Chronique des Bulgares raconte la conquête du monde par les Ghazans Bolgars (Fomenko dit au 14ème siècle, mais c’est trop tôt). Le livre initialement écrit en arabe bulgare aurait été sauvé grâce à sa traduction en russe. Des destructions systématiques des anciennes langues avaient cours sous Staline. Et la moitié encore fut confisquée vers 1980. Fomenko rappelle qu’au 16ème siècle le cyrillique était différent de celui du 17ème siècle. Au 18ème siècle le glagolitique a disparu à son tour. Il n’est pas surprenant qu’on ait fait disparaître l’arabe bulgare.

L’Etat des Bulgares s’étendait du Danube au Ienissei. Il est dit que les troupes bulgares ont conquis la France, la Hongrie, la Prusse et l’Egypte. Le roi bulgare Aybat Attila dirigeait depuis le centre de l’Allemagne. Parmi les Bulgares, les Angles et une partie des Saxons vont sur Karasadun, qu’ils renomment Angleterre. J’ajoute que le nom de France correspond sur certaines cartes orientales plutôt à l’Autriche. Mauro Orbini dit que les Slaves ont conquis la Sarmatie européenne, une partie de la Sarmatie asiatique et nomme la plupart des pays d’Europe.

Ils avaient des colonies à Paris, à Rome, en Islande, en Scandinavie, en Egypte, en Inde et en Amérique. Il s’agit donc des Tartares, mais aussi des Vikings dans le nord, des Hyksos en Egypte. Il est même écrit que les Mayas, Aztèques et Incas descendent des Bulgares. Du groupe principal étaient les Massagètes (mentionnés par le « très ancien » Hérodote), et les Coushiens (Scythes) que les Bulgares appellent Sak, et dont le symbole est la swastika. D’autres groupes étaient les Sindhis qui conquirent l’Inde, et l’Etat de Samar qui est l’esprit, représenté en grand taureau (aka Mithra).

La Chronique bulgare écrit « Les Doriens ont fait une guerre pendant dix ans avant d’abattre la ville bulgare d’Atrash ». Il s’agit ici de la Guerre de Troie, et les invasions des Doriens vers 800 av JC sont ici confondues avec la guerre des Achéens contre Troie (12ème s av JC). Une partie des Atrashiens fuirent alors dans les Apennins fonder le royaume d’Idel (Italie), dont les villes de Venise et Rome. Ceci est conforme à la légende de la fondation de Rome.

La Guerre de Troie comme les invasions doriennes sont la Guerre des Khans de Crimée contre Moscou à partir de 1560. La carte de 1566 de Caspar Vopel place la Ruthenia (les Khans de Crimée) en bas et la Sarmatia (Moscovie) en haut. Les Achéens sont représentés sur les cartes de l’époque de la Chronique (1680) comme des habitants de Petite Tartarie (Crimée à l’époque). Si Jésus/Soliman est également connu comme « Achille » comme semble le suggérer la légende de Beykoz, alors Jésus/Soliman est un Khan de Crimée.

Les Moscovites ou « Troyens » partent alors s’installer en Europe. Sur les cartes, les premières représentations de l’Etrurie datent de cette époque (1560), comme les premières mentions des Etats de l’Eglise associés à Rome.

Fomenko produit également neuf listes dites « nominalia » des Khans bulgares. On a daté ces khans de 145 à 766. Fomenko pense qu’il s’agit des khans de la Horde jusqu’au 18ème siècle. Les noms sont différents sur les neuf listes. Cela suggère qu’elles ne sont pas très crédibles. Les Nominalia sont en général rédigées en « vieux russe », différent du slavon d’Eglise et du russe moderne. Avant la réforme de la langue au 19ème siècle, le bulgare était identique au vieux russe.

La Chronique hellénique et romaine enchaîne le texte du Second Livre des Rois et les Nominalia des rois bulgares. Fomenko en déduit que les rois d’Israël et Juda sont des Khans bulgares. Mais contrairement à la chronique bulgare qui est d’origine russe, il semble qu’on parle ici des Bulgares d’Europe que les européens appellent Turcs ou Ottomans. Leur premier roi est Illiric fils de Mosoch. J’ajoute qu’Alaric est le premier barbare mentionné pour avoir attaqué Rome.

La Chronique hellénique et romaine dit que les cinq premiers khans vivaient de l’autre côté du Danube (Roumanie, Crimée) et avaient le crâne rasé. C’est aussi le cas des pharaons et des guerriers cosaques. Ils comptent en années chinoises (amenées en Chine par les Cosaques). Les ottomans sont censés avoir gouverné la Bulgarie entre 1396 et 1878. 1396 est une date floue :  les Ottomans sont censés ne s’emparer de Constantinopl qu’en 1453. De plus, il est prétendu que de 1396 à 1700, la période est obscure, car les Ottomans auraient interdit les livres. C’est la même histoire qu’en Russie, où le joug mongol aurait imposé la destruction de documents. Fomenko pense que la période 1280-1700 est la véritable époque des Khans bulgares ou Ottomans, et déplacés dans le premier millénaire. Il est vrai que mentionner des Khans bulgares au premier millénaire est problématique : la Grèce et la Bulgarie appartiennent alors à l’Empire byzantin.

Mais Les cartes mentionnent l’Empire de Grèce jusqu’en 1650, et après seulement apparaît l’Empire des Turcs. En 1650, la Turquie est située seulement en Europe, et au-dessus du cours du Danube (cartes de Pierre du Val).

J’ai déjà évoqué l’existence du Khanat de Samar qui dominait l’Asie à l’époque des Seldjoukides (11ème-13ème siècle, avant l’arrivée des Ottomans). Wiki attribue au Khanat de Samar l’Iran actuel et l’Asie centrale ex-soviétique. Mais la Chronique bulgare dit que l’Etat de Samar s’étendait sur les Balkans, l’Asie mineure, l’Egypte, le Liban, la Syrie, la Palestine, l’Irak et le Caucase. Plus tard, ils perdirent l’Egypte. C’est le même territoire que celui des Seldjoukides, mais les Bulgares sont leurs successeurs Ottomans à partir de 1650.

Les cinq premiers khans de Bulgarie sont donc des Russes, qui se nomment eux-mêmes Bulgares. Les suivants sont appelés Turcs par les européens.

Les cinq premiers ottomans ou hasmonéens sont Matthias, Juda Maccabée, Jonathan, Simon et Jean Hyrcan et sont bien « de l’autre côté du Danube ». Le récit des Livres des Maccabées dit que Simon a obtenu des Grecs la royauté sur leurs terres d’origine. Possiblement il s’agit de la Russie. Jean Hyrcan a conquis Edom (l’Empire de Grèce dit byzantin), et la Transjordanie (l’Allemagne à l’ouest de l’Oder ou de la Vistule. Une carte ancienne d’Hécatée de Milet identifie l’Eridan à la Vistule. Les invasions slaves du 6ème siècle copient les invasions ottomanes.

Le conquérant de la Grèce en 1650 est Genghis-Khan : les Turcs actuels le reconnaissent comme un père fondateur et non comme un lointain mongol. Il est l’ottoman Orhan. Il est aussi l’hasmonéen Jean Hyrcan.

Sur les cartes au 18ème siècle, on distingue désormais les Bulgares de la Volga, par opposition aux Bulgares de Thrace, mais sur des terres appartenant aux Turcs. Les Turcs de Bulgarie sont musulmans mais ils sont ethniquement slaves, comme les habitants d’Istanbul, et comme les Grecs. Les débats pour savoir si la Macédoine est slave ou grecque sont sans objet. Il y a aussi des Musulmans présumés slaves comme en Bosnie et en Russie. Pour Fomenko, l’islam moderne n’aurait débuté qu’en 1826 avec le massacre des janissaires.

Skariya

La Sarajevo Haggadah du 15ème siècle n’est pas encore un Ancien Testament complet. Les Hébreux sont représentés sous la bannière catalane.

Fomenko est très attaché à la Bible d’Ostrog datée de 1581 en slavon d’Eglise. Il pense qu’il s’agit de la première Bible, la Septante. Sur la couverture, la Bible est dédicacée à Constantin Vasily, prince d’Ostrog, gouverneur de Kiyv, marshal de Volynie, et dénonce la « fausse foi d’Arius ». Bref, il s’agit d’une Bible issue du concile de Nicée, présumé daté de 325, ce que Fomenko ne relève pas.

Ostrog étant mentionné avant Kiyv doit avoir été un titre plus important. Fomenko identifie par Perm toute l’Europe du nord. Sur les armes des tsars de Russie, le sceau de Perm est un ours et un  livre saint (la Bible). Sur le sceau du 18ème siècle, il s’agit d’un ours et d’un évangile. Constantin est donc une sorte d’empereur d’occident.

Fomenko accorde le sceau de l’authenticité, qu’il dénie par exemple à la Bible Skariya de 1519. Fomenko pense que les fils de Javan sont bien les Crétois et les Rhodiens décrits dans la Bible d’Ostrog, et nom les obscurs Kittim et Dodanim de la version synodale. Pour ma part, il est clair que les Kittim dans les textes de Qumran sont les Romains d’occident. Les Dodanim seraient les Romains d’orient ou Dardaniens. Les Dardaniens sont mentionnés comme un peuple de Grèce continentale sur de nombreuses cartes du 17ème siècle et non à côté de Troie. La Bible d’Ostrog, bien qu’écrite en slave,  est une Bible grecque et occidentale. Fomenko la présente comme la Bible des Moscovites ou judaïsants, par opposition aux « orthodoxes » de Novgorod. Mais Juda est le nom donné à l’Europe du sud, notamment Rome.

La Bible de Skariya serait à dater au plus tôt de 1670 car le Premier Livre des Rois évoque Rezon comme un ennemi de Salomon. Or Rezon serait le rebelle Stepan Razine, adversaire des armées du tsar. Une autre preuve serait le fait que la Skariya date anno domini et pas en ère byzantine. Ce Rezon me parle peu, et l’ancienneté de l’ère byzantine est un fantasme de Fomenko.

Dans la Skariya, Moïse est cornu comme sur les statues de Michel-Ange. Selon Fomenko il s’agit d’une erreur de traduction, qui n’a pu survenir que tardivement. Dans la Bible d’Ostrog de 1581, Moïse est radiant. Je pense le contraire : dans la première version Moïse porte des cornes et est représenté par un taureau (c’est le culte de Mithra). Ces cornes sont encore présentes dans la Geneva de 1599.

La préface de la Skariya mentionne des livres qui pourtant ne s’y trouvent pas : les Livres d’Ezra et Néhémie, et ceux des Maccabées. Les Livres des prophètes ne s’y trouvent pas non plus à l’exception du Livre de Daniel et des Lamentations de Jérémie. Vraisemblablement les Livres d’Ezra, Néhémie et des Maccabées ne sont pas encore totalement écrits. Néhémie bâtit le Kremlin vers 1567 pour Fomenko, et Jean Hyrcan dans le Premier Livre des Maccabées, le dernier roi mentionné, surgit vers 1650. Ezra, Néhémie, Maccabées sont présents dans la Bible orthodoxe, bien que « juifs ». La Bible hébraïque n’a pas les Maccabées, et Néhémie n’est pas du tout apprécié dans le Talmud. Ce sont donc des livres « ottomans » intégrés à la Bible orthodoxe. L’orthodoxie de l’époque est donc fortement imprégnée de judaïsme oriental.

Fomenko montre des dessins où deux armées de Suzdal et Novgorod se font face. L’icône Notre-Dame du Signe – également représentée sur des pièces d’or – représente la ville de Novgorod (Moscou, Egypte) par opposition à Suzdal. Les Lamentations de Jérémie voient Jérémie dire aux Juifs d’Egypte que tous leurs malheurs viennent du fait qu’ils adorent la Reine du Ciel. Suzdal représente donc la faction de Jérusalem. Il existe un Yeremei à la cour du Terrible qui vient justement d’un pays de Juda : l’anglais Jérôme Horsey.

Au 16ème siècle, Dürer représente Troie (comme Novgorod) avec le symbole du lion à deux pattes, symbole également pour de nombreux pays d’Europe apparemment dépendants de Moscou. Yaroslav a lui pour symbole un ours à deux pattes. Il s’ensuit que Troie est Moscou. A la fin du 17ème siècle, les Achéens sont placés sur la carte à la place qu’occupent les Khans de Crimée. La guerre de Troie correspond donc à la Guerre des Khans de Crimée contre les Moscovites au début du 17ème siècle. Il est admis que les Khans de Crimée ont pris plusieurs fois Moscou, mais l’histoire russe suggère qu’ils sont aussitôt repartis sans laisser de traces. Novgorod et Suzdal n’ont donc pas les identités proposées par Fomenko.

Conquête d’Israël

En 1500, l’Europe se nomme Israël, et est habitée par des Hébreux ou Grecs. Elle est dirigée par des Juges dans la Bible. Le premier roi d’Israël nomme Saul. Il s’agit apparemment d’un conquérant venu de Russie : Jules César, Nabopolassar premier roi de Babylone, Teglath-Phalasar premier roi d’Assyrie. Jules César partage des points communs avec Ivan III de Russie (1462-1505). Ce dernier est également un czar, bien qu’on prétende qu’il était empereur, et que le titre de czar n’a été porté qu’à partir d’Ivan le Terrible. C’est probablement le contraire : Ivan le Terrible sera le premier empereur, c’est-à-dire Auguste. On prétend également que Pierre le Grand était le premier à porter le titre d’empereur. Vraisemblablement il s’agit du retour du titre ancien de czar. Jules César a conquis la Judée pour en faire une province romaine, et a également conquis la Gaule. Il s’agit apparemment du même pays. Les druides selon Jules César sont les prêtres de Jupiter (Yahvé). Il impose le culte de Yahvé à l’empire.

Nabuchodonosor (Alexandre) et Salmanazar (Charlemagne-tsar), sont gouverneurs en occident du roi de Babylone Nabopolassar ou de celui d’Assyrie Tiglath-Phalazar. Nabuchodonosor déporte les habitants de Jérusalem (Juda) à Babylone (Moscou), puis devient roi de Babylone. Salmanazar déporte les habitants de Samarie et des 10 tribus d’Israël (Israël) dans les villes des Mèdes (en Russie) et dans les îles du nord (l’Amérique). Charlemagne fait la guerre aux Saxons « païens ». Charles-Quint (1525-1555) fait la guerre aux princes protestants allemands.

Nabuchodonosor devient roi de Babylone, Salmanazar roi d’Assyrie. Charles-Quint est le premier empereur du Saint-Empire. Ivan IV le Terrible est le premier empereur de toutes les Russies. Auguste est le premier empereur de Rome. Il est également le roi Salomon et Soliman le Magnifique (1520-1566). Il règne désormais sur la Russie et l’Europe. Charlemagne serait identique à Josué. Il est cruel avec les Saxons comme Josué avec les Canaanites (le peuple du Khan ?). Il a adopté la cavalerie, que les légions romaines n’avaient pas.

La Vita Karoli d’Eginhard ne peut pas apparaître selon lui avant le 17ème siècle. Il présente Aachen comme une capitale occidentale, la véritable capitale étant à Istanbul. Mon opinion est différente. Pour respecter l’histoire de Salmanazar, Charlemagne n’est que gouverneur d’occident pour le tsar de Russie. Son « frère » Carloman serait Haroun-al-Rashid (russe), et donc le grand roi qui précède Charlemagne. Fomenko tente un parallèle (raté) avec Genghis-Khan et Batu Khan. Charlemagne s’empare du trône d’orient et déplace sa capitale à Istanbul sous le nom de Soliman. Fomenko prétend que la cathédrale d’Aix la Chapelle copie les plans de Hagia Sophia, mais c’est sans doute le contraire. Otton III et Frédéric Barberousse sont des alter ego. Charlemagne serait enterré à Ravenne sous le nom de Théodoric le Goth. C’est très improbable si sa tombe est à Istanbul. Fomenko manque complètement son identité avec Charles « Quint », qui est trop tardif pour ses hypothèses.

Des autres chapitres, il apparaît que la Guerre de Troie, la prise de pouvoir des Doriens/Achéens est la prise de pouvoir de Charlemagne (Jésus, Achille, Alaric, Soliman) le souverain d’occident en 1530 sur la dynastie israélite à Constantinople. Ces Israélites viennent alors s’installer en Italie.

En Moscovie/Babylone, Alexandre ou Nabuchodonosor, un grec, remplace également la dynastie judéenne ou égyptienne des pharaons. Les Ottomans sont alors sous le joug grec en Russie, jusqu’en 1660 et la défaite d’Antiochos Epiphane.

Livre de Daniel

Après la destruction de Jérusalem, Nabuchodonosor amène les objets du Temple à Shinear (Russie, Moscou) et déporte les habitants de Jérusalem à Babylone. Il leur est appris la langue chaldéenne (DL : le français ?) et le livre sacré des Chaldéens (DL : le Nouveau Testament ?).

Nabuchodonosor va nommer quatre Juifs, Daniel et trois autres jeunes, administrateurs de la province de Babylone. Il y avait une idole en or à Babylone, que les Juifs refusaient d’adorer. Pour ce refus, les trois jeunes furent jetés dans la fournaise. Mais elle les laissa indemnes et blessa les prêtres chaldéens présents. Entre la fin du 16ème siècle et le 19ème siècle, les églises orthodoxes représentaient devant l’autel pour le 27 décembre non pas les scènes de crèches pour la Nativité, mais une pièce de théâtre représentant deux adultes représentant les prêtres chaldéens et trois adolescents interprétant les 3 jeunes juifs jetés dans la fournaise.

Ailleurs, Fomenko dit que l’iconostase de la cathédrale de Novgorod avec Dieu assis sur son trône est entièrement recouvert d’or. Fomenko l’a identifié à la statue de Zeus à Olympie (Zeus=Dieu). Mais il ne la rapproche pas de « l’idole en or » de Nabuchodonosor. Ainsi Dieu/Zeus est le nom de la divinité moscovite. Il s’agit d’un dieu babylonien et donc grec. Moscou est donc une capitale grecque. Novgorod n’est pas l’ancienne capitale, mais la nouvelle ville : Moscou.

Nabuchodonosor voyant cela choisit le dieu des Juifs, donc Yahvé ou Jupiter. Il devint un fou de Dieu, vivant en clochard avant de retrouver sa tête et le trône. Cette histoire de folie passagère et de retour sur le trône a également été racontée au sujet de Ivan le Terrible. Toutefois le récit de Daniel s’interrompt aussitôt et le roi est désormais Balthazar. Ceci suggère que l’histoire de la Russie a été éditée en même temps que le Livre de Daniel au 17ème siècle.

Balthazar organise un banquet mais un prodige survint : une main écrit des lettres sur le mur. En 1680 dans le livre d’astronomie de Stanislas Lubienicki, une comète est représentée comme une main tenant une plume. Cette analogie est donc courante au 17ème siècle. Daniel est le seul à interpréter la prophétie. Il lui dit qu’il va mourir à cause de ses péchés, et que son royaume sera divisé entre les Mèdes et les Perses. Balthazar meurt assassiné dans la nuit. Ce banquet est peut-être identique au banquet d’Alexandre pour Néarque, car il meurt aussi peu après.

La mort d’Ivan IV en 1584 est précédée selon la Chronique royale et le Chronique de Nikon d’une comète, représentée par une crois et une étoile à queue. Comme Balthazar a montré à ses invités les trésors de Jérusalem, Ivan le Terrible a montré les joyaux du trésor deux jours avant sa mort à ses invités (Jérôme Horsey, Boris Godounov entre autres). Fomenko précise que certains d’entre eux auraient été achetés à David Hover d’Augsbourg.
Les tsars qui précèdent Ivan le Terrible ont aussi des éléments en commun avec lui, des reflets. La mort de Vassili III en 1533 est prédite par une comète dans les Chroniques russes (mais pas les annales de Vassili). La mort d’Ivan Ivanovitch en 1572 correspond à la supernova de Tycho Brahé, plus brillante que Vénus et visible 17 mois.

Il n’est donc pas possible que des représentations du Livre de Daniel précèdent la fin du 16ème siècle. Les tableaux du Tintoret (1518-1594) faisant référence au Livre de Daniel sont plus tardifs. La chronique florentine du 15ème siècle n’apparaît qu’en 1840.

Le roi Darius veut organiser le royaume en 120 satrapies et 3 dirigeants en-dessous de lui, dont Daniel. Les satrapes refusent et accusent Daniel de ne pas suivre la religion des Perses. Darius fait jeter Daniel aux lions mais celui-ci en sort indemne. Darius ordonne alors qu’on adore le dieu de Daniel. Les chapitres 7 à 12 sont écrits dans le style de l’Apocalypse, que Fomenko identifie à la conquête ottomane. George Hamartolos dit qu’ «  après Balthazar régna Darius le Mède, également appelé Astyage ou Artaxerxès  qui régna 17 ans. Sa femme était Esther. » Le livre de Néhémie dit que Jérusalem (le Kremlin) fut construit sous Artaxerxès. A noter que les livres d’Esther et de Daniel ne se mentionnent pas l’un l’autre. Astyage est bien un roi mède, normalement distinct des rois perses que sont Artaxerxès et Darius.

L’identité du royaume est confuse. Nabuchodonosor est nommé roi de Babylone ou roi d’Assyrie. Daniel annonce le déclin des Perses à Darius, et lui dit que son empire sera morcelé et donné à d’autres. Il annonce une guerre entre rois du nord et du sud (Moscovites et Khans de Crimée ?). Mais Daniel a aussi annoncé la division du royaume des Perses à Balthazar, or Balthazar est censé être babylonien, et Darius mède.

Les chapitres 13 et 14 sont présents dans la Bible orthodoxe mais pas dans la Bible hébraïque. Dans le chapitre 13, Susanna la femme de Joachim, l’homme le plus honoré des Juifs est accusée d’adultère par deux juges qui s’étaient introduits dans son espace privé. J’ajoute que Joachim est le roi de Juda emmené captif par Nabuchodonosor. Il va de soi qu’il était le plus riche et le plus honoré des Juifs. Un procès a lieu, Daniel confond les mensonges des accusés et ils sont exécutés. On a ici un parallèle avec le récit d’Ivan III, Ivan Ivanovitch et Elena de Valaquie, les deux premiers luttant l’un contre l’autre dans la chambre d’Elena.

Fomenko rapproche aussi Susanna d’Anastasia une des épouses d’Ivan le Terrible. Comme le roi anglais Henri VIII, Ivan IV avait de nombreuses épouses. On peut aussi y voir le procès en adultère fait à Anne Boleyn (Elena ?). Dans la version anglaise, Anne n’est pas absoute mais exécutée.

Le Chapître 14 présente le nouveau roi Cyrus. Cyrus demande à Daniel pourquoi ce dernier n’adore pas Bel. Daniel lui prouve que Bel n’est qu’une simple idole. Cyrus remet alors les prêtres de Bel entre les mains de Daniel, qui les fait exécuter, détruit l’effigie de Bel et le Temple avec lui. Ensuite, il fait de même avec un grand dragon très révéré. Il donne à manger au dragon qui gonfle et explose. Les Babyloniens sont outrés de la mort des prêtres, de la destruction des divinités et du Temple. Ils demandent que Daniel soit jeté aux lions, mais celui-ci en sort indemne. Cyrus jette alors les accusateurs aux lions. Ce récit copie celui donné au sujet de Darius.

Esther et Mardochée représenteraient plutôt la faction de Bel, le vizir « perse » Haman est sans doute Néhémie. Ceci explique que Daniel et Esther ne se mentionnent pas l’un l’autre. Mardochée se rapporte au dieu Marduk, représenté par un dragon à deux cornes. Esther est la reine du ciel « Ishtar ». Or Jérémie reproche aux Juifs d’Egypte d’avoir adoré la reine du ciel, ce qui est la cause de tous leurs malheurs.

Daniel dit qu’avant la venue de l’oint et la restauration du Temple, il y aura 7 7 et 62 7. Mais dans le Livre d’Isaïe, l’oint est clairement un roi d’Assyrie nommé également Cyrus ! Ainsi Néhémie construit le Kremlin pour Artaxerxès. Puis Isaïe annonce la messianité de Cyrus.

Il n’est pas clair que Nabuchodonosor, Balthazar, Darius et Cyrus soient réellement quatre rois différents. Fomenko veut y voir les quatre rois qui forment selon lui la biographie d’Ivan le Terrible. Mais on retrouve plutôt les doublons qu’on retrouve dans les vies d’Ivan III, Vassili III et Ivan le Terrible.

J’ajoute que les quatre rois de Daniel correspondent aux quatre rois du jeu de 52 cartes. Nabuchodonosor est Alexandre. Lui a conquis l’Egypte et s’est converti au culte de Jupiter (Yahvé), falsifié en « Zeus Amon ». Il est considéré comme très aimé des Juifs. Balthazar correspond à Jules César. Jules César a également une histoire de comète prédisant sa mort. Darius correspondrait à David. Dans la Bible, David réforme le Temple pour intégrer la lignée d’Eleazar (Jules César, son prédécesseur). Cyrus correspondrait à Charles.

L’opposition entre Daniel et les prêtres chaldéens correspond à l’opposition entre judaïsants et orthodoxes sous Ivan III. Mais le métropolite de Moscou Daniel (1522-1539) officie sous Vassili III.

Ivan III règne de 1462 à 1505. En 1480 Zosime de Simonov, un judaïsant, est nommé métropolite (de Moscou ?). En 1490, Gennady de Novgorod organise un concile concurrent mais n’arrive à faire condamner que neuf personnes. Grâce au soutien du tsar, ils ne sont condamnés qu’au confinement et à la pénitence en monastère. En 1499, Ivan III s’éloigne d’Elena de Valaquie et se rapproche à nouveau de Sophie, de l’héritier Vassili et de la faction orthodoxe de Gennady de Novgorod et Joseph de Volotsk. Il va se repentir. Un repentir similaire est exprimé dans une lettre du tsar plus tardif Ivan le Terrible. Mais cette contrition exprime une volonté de revenir au judaïsme ! La Chronique de Nikon prétend qu’en 1504 les judaïsants sont condamnés définitivement.

Sous Vassili III (1505-1533) un Daniel succède à Joseph de Volotsk comme métropolite de Moscou. L’historien Flavius Josèphe décrit le prophète Daniel comme jeune, beau et de très bonne santé, petit et rougeaud. Sigismond Herberstein fait à peu près la même description physique de l’higoumène Daniel mais le considère comme obséquieux, jouisseur et peu fiable. Kartashov dit que grâce à Daniel Vassili III a pu divorcer de Solomonia en 1525, pour se remarier en 1526 à Elena Glinskaya, de famille allemande et hérétique. La même histoire à la même époque est racontée au sujet du roi d’Angleterre Henri VIII, qui veut divorcer de Catherine d’Aragon pour sa maîtresse Anne Boleyn (Elena ?). Dans la version anglaise, Clément VII refuse le divorce. Supposément le divorce a toujours été interdit dans le catholicisme. Pourtant Louis XII avait demandé le divorce au pape, et l’avait obtenu avant. Quoi qu’il en soit, les largesses de Daniel passent très mal à la cour de Russie.

Balthazar vêtit Daniel de pourpre avec une chaîne en or (la tenue du pape en occident, et pas encore celle des cardinaux). Il dirigeait alors la province de Babylone. Ceci correspond à la position de l’autre Daniel sous Vassili, qui est métropolite de Moscou (1522-1539). En 1533 Vassili nomme Daniel à la tête de la Douma par testament. Il est suggéré qu’en 1538 à la mort d’Elena, Daniel soutint Ivan Belsky contre Vassily Chouisky. Mais Chouisky l’emporta. Son décès rapide fit que son frère Ivan le remplaça. Ce Ivan poussa Daniel à l’exil. L’Encyclopédie chrétienne dit de l’ancien Daniel « sauvé de la mort, Daniel passa le reste de sa vie en contemplation ». Fomenko suggère que le métropolite Daniel était hérétique, mais qu’on a attribué ce fait à Zosime, également décrit comme ivrogne. Il est prétendu que Daniel était opposé au divorce, à l’astrologie et aux fausses dénonciations, tout ce qu’il avait pourtant abondamment pratiqué. On lui attribue, plus que tout autre métropolite, de nombreux sermons et épîtres, sans doute écrits par d’autres. Fomenko dit qu’il y a eu un blanchiment posthume par les Romanov. Le Livre de Daniel, les épîtres et les sermons datent sans doute du 17ème siècle.

Sous Ivan IV, le métropolite Philippe Kolyshev dans les lignes d Kurbsky fait également des miracles. Il est laissé indemne par un ours laissé dans sa cellule, comme Daniel par les lions.

Problème : il existe bien un tsar nommé Vassily Chouisky, mais PAS en 1538, car Ivan le Terrible a le pouvoir depuis 1533. Vassily Chouisky est tsar entre 1606 et 1610, peu avant l’avènement des Romanov. Qui plus est là où le métropolite Daniel est exilé, le prophète Daniel conseille encore deux rois. Darius va placer ensuite Daniel au-dessus de tout le royaume. Il devient donc métropolite de Moscou et de toutes les Russies.

Fomenko pense que l’arrivée des Romanov sur le trône permet d’intégrer le Livre de Daniel à la Bible, grâce à la victoire finale des judaïsants. C’est assez douteux. Les Livres des Maccabées sont AUSSI dans la Bible orthodoxe. Mais ils dénoncent le prêtre Alcime (Mikhail Romanov) comme impie et favorable aux innovations grecques. Beaucoup d’éléments de la tradition chrétienne reprennent des éléments supposés juifs mais que les Juifs ne retiennent pas. Les Martyrs des Maccabées influencent les martyrs chrétiens, qui n’existent pas à Rome. Les troubles attribués aux Juifs de Rome chez les auteurs latins sont également attribués aux Chrestiens.  Bien que le Livre de Daniel soit inclus dans la Bible orthodoxe, le métropolite Daniel n’est pas apprécié de l’église orthodoxe moderne.

Fomenko pense qu’Apocalypse décrit la conquête ottomane et Daniel la division de l’empire. Probablement il s’agit dans les deux cas de la guerre que se mène les deux factions religieuses. Apocalypse dit que la Bête mélangeait les attributs du léopard, d’un ours et d’un lion. Un dragon donnait l’autorité à la Bête et portait 10 cornes avec une couronne et 7 têtes.  Possiblement il s’agit d’une description de l’Empire et de ses emblèmes, le lion étant Juda, l’ours Israël, le dragon le dieu Marduk, les 10 cornes les tribus d’israël.

Kremlin

Selon les historiens, la construction du Kremlin date de 1367 et la bataille de Kulikovo est datée de 1380, très loin de Moscou.

Stellentsky attribue le Kremlin à Aristote Fioravanti, Solari et Aleviz, présentés comme des architectes italiens, entre 1488 et 1516. Son nom figure sur des pièces de monnaie russes, mais ses œuvres seraient introuvables en Italie. Fioravanti bâtit la cathédrale de l’Assomption à Moscou.

Le Chronographe luthérien de 1680 dit que Fioravanti était petit, bossu et bègue (Fomenko écrit tongue-tied, qui est une affection congénitale, mais il est difficile de savoir ce que signifie le chronographe). Par respect pour lui, ses disciples étaient également bègues. Fomenko suggère qu’il s’agit du philosophe grec Aristote, et donc Alexandre son disciple aurait du être bègue. Il n’y a pas trace de cela, mais son alter ego biblique Moïse l’était.

Fomenko redate le Kremlin à 1567 (bâti ici par Kuzma Minin, le Néhémie de la Bible) et resitue la bataille de Kulikovo dans la région de Moscou. Curieusement, il lui est nécessaire de conserver la date de 1380 pour cette bataille, parce qu’il a identifié Dimitri Donskoi à Tokhtamysh-Khan, et relié Tokhtamyh à Tamerlan. Or il n’admet pas de trop lourds déplacements chronologiques pour les dynasties de la Horde. Mais un Tokhtamysh a été général dans l’armée d’Ivan le Terrible vers 1560 comme le signalent Norris et Sunderland dans « Russia People of Empire ». Plus généralement, le Tokhtamysh-Khan de la Horde d’or du 14ème siècle a un doublon – Tokhtamysh Girai – parmi les Khans de Crimée entre 1600 et 1620.

Le Kremlin est aussi le labyrinthe d’Egypte d’Hérodote et Strabon. Hérodote dit qu’après le règne du prêtre de Vulcain, les Egyptiens ont retrouvé leur liberté et nommé 12 rois. Ils construisirent le labyrinthe pour assurer la concorde entre eux. Le lac Moeris (Moeridos) qui se trouve en-dessous serait la Smorodina, ancien nom de la rivière Moskva. Des tombeaux des rois et des crocodiles sacrés se trouvent dans les salles en dessous. Fomenko prétend qu’ici le texte est édité à la fin du 18ème siècle, car les tombeaux des tsars et des crocodiles sacrés se trouvent dans l’Egypte africaine. Il dit aussi qu’il peut s’agir d’une mauvaise traduction du slave korka-telo qui signifie cendre de corps. Mais en cas il ne peut pas s’agir de momification. Wallafrid Strabon est un auteur allemand du 9ème siècle, copie de l’ancien géographe Strabon, mais son époque est certainement le 16ème siècle. Il s’emploie à corriger Hérodote. Il dit que le roi qui a construit le labyrinthe se nomme Irmandes. Chaque nome d’Egypte y a un Temple à colonnes où il peut réaliser ses sacrifices. Le crocodile qu’il mentionne est nourri avec du miel. Fomenko suggère qu’il s’agit d’un ours, typique de la Russie. Strabon aurait aussi été édité au 18ème siècle pour changer le sens du texte. En 1765 les cartes françaises mentionnent deux labyrinthes en Egypte dans la région du Fayoum. C’est à partir de cette époque que les Egyptiens auraient commencé à momifier des crocodiles pour respecter leurs « anciennes traditions ».

Les Grecs appellent apparemment la Russie du nom d’Egypte. Les latins ont renommé Egypte le pays africain dans un souci de falsification. Les cartes nombreuses d’Europe de l’ouest au 17ème siècle n’ont pas d’équivalent dans le monde grec ou russe, aussi il est impossible de les comparer. Il est clair que les 12 rois sont les tribus d’Israël sorties d’Egypte.

Fomenko pense que la fin du règne du « prêtre de Vulcain » correspond à la prise de pouvoir des Romanov (1613). C’est un peu tardif. Les 12 rois correspondent aux 12 tribus d’Israël qui échappent à Pharaon lors de l’Exode de Moïse. Il n’y a ici pas de fuite mais un nouveau pouvoir. Dans la version d’Alexandre et Darius, qui remplacent Moïse et Pharaon, Alexandre prend également le pouvoir en Perse. La création du « labyrinthe » ou Kremlin ressemble beaucoup à la création du Reichstag, soi-disant en Allemagne, en 1493 (1593).

Bruegel

Peter Bruegel représente la Tour de Babel dans une grande ville en 1563. Il est dit que venus de l’est, les premiers hommes après le déluge s’installèrent sur une plaine à Shinear (Russie) et bâtirent une grande tour. Alerté, Dieu confondit les langues et amena la dispersion des peuples. La dispersion est relative à la conquête du monde. La confusion des langues a lieu plus tard, après éclatement de l’Empire. On aurait alors inventé le grec, le latin, et commencé à rédiger la Bible.

Un tel mouvement vers l’ouest est identifié sous Ivan le Terrible qui fixe sa cour à Moscou et bâtit la Tour d’Ivan. Hérodote dit qu’à Babylone il y a huit tours empilées l’une sur l’autre, ce qui correspond bien aux étages de la tour d’Ivan. Il dit qu’on n’y trouve pas d’images, conformément aux traditions juives. La taille des fortifications de Babylone correspond à l’addition des trois murs d’enceinte de Moscou. Il dit que les rites funéraires des Babyloniens correspondent à ceux des Egyptiens. Il dit qu’on enterre les morts dans le miel. Une coutume russe est de verser du miel sur les morts. Le distinguo que fait Hérodote entre Egypte et Babylone correspond à l’ancienne Yaroslav et Moscou.

Ivan IV serait donc aussi le Nemrod biblique. L’ordonnance de Villers-Coterêts qui fait du français la langue du royaume de France date de 1539, après le début du règne d’Ivan IV. C’est possiblement un peu antidaté.

George Hamartolos dit qu’avant Babel tout le monde parlait hébreu. Il dit qu’Origène appelle l’hébreu syriaque car les terres des Hébreux étaient autrefois appelées Syrie. Après avoir suggéré le slavon, Fomenko se prononce maintenant pour l’arabe bulgare ou vieux russe.

L’histoire grecque de Thésée et du Minotaure est représentée à Pompéi. La ville a disparu en 1631 selon la stèle de Torre del Greco. Ce récit est donc présent non seulement en Grèce mais en Italie. Les peintures du 15ème siècle représentant cet épisode sont datées de façon trop ancienne. L’histoire décrit la libération de l’Europe du joug des Russes.

Les deux labyrinthes sont identiques pour Fomenko. J’ajoute que Les Taures sont un des noms des Khans de Crimée. Le tribut en jeunes athéniens laissé à Minos représente le tribut demandé par la Horde. Pasiphaé a couché avec le Taureau de Crète pour enfanter le Minotaure nommé Asterion. Ariane la fille de Minos va aider Thésée à vaincre le Minotaure et libérer les jeunes athéniens. Pasiphaé serait la reine Sophie Paléologue, que le tsar Ivan III (Minos ?) a délaissée pour Elena de Valaquie (Esther). Le nom de Esther se retrouve dans les noms d’Asterion et Ariane ou Adrianna.

J’ajoute que Minos de Crète est aussi Ménès le premier roi d’Egypte. Mais Minos fait peu penser à Ivan III. On pense plutôt à Simon le premier roi Hasmonéen ou Osman le premier roi ottoman, que je situe autour de 1630 environ. Le Taureau de Crète est Simon lui-même (les Taures sont les Tartares de Crimée) et le Minotaure est donc Genghis-Khan.

Récapitulatif

L’histoire russe et l’histoire biblique ayant été très déformées, la trame historique proposée reste sous réserves. De 1510 à 1525, le prince bulgare Jules César (Tiglath-Phalasar), est désigné comme roi d’Israël (Saul), de la Russie aux Pays-Bas. Il conquiert ensuite l’Europe du sud ou Judée, désignée province romaine, qui sera plus tard l’Empire romain, avec les armées lévites ou de l’Ordre du Temple. Il conquiert notamment la Gaule, et emprunte la religion de Yahvé aux druides. Il règne ensuite à Constantinople.

De 1520 à 1566, le gouverneur grec/édomite de Judée Archélaos ou Charlemagne, Salmanazar, Nabopolassar Soliman, Salomon, Achille/ Alaric/Heraclius dirige l’Europe du sud depuis Aix la Chapelle.  Sa divinité est Dieu.

Charlemagne attaque l’Allemagne et la Russie (Samarie ou Israël). Il prend la ville de Troie (Jérusalem, Istanbul) au terme d’une guerre de dix ans, vers 1552, avec les Gaulois, Achéens ou Doriens. Il devient empereur unique ou Auguste pour la Russie et l’Europe, et se fixe à Constantinople. Il fait déporter les habitants de Samarie (Saxons) à Moscou et en Angleterre. Un groupe troyen arrive en Italie.

Fomenko nous raconte l’Histoire de la Chapelle palatine. Il ne nie pas l’existence de fresques baroques ajoutées en 1720-1730. Mais il a des éléments pour dire qu’en 1869-1873 la couche baroque a simplement été retirée pour retrouver la mosaïque originale. Mais il produit un tableau de 1699 de Ciampini où la fresque représente l’Apocalypse ! Le wiki français reconnaît désormais que les mosaïques actuelles sont de Jean-Baptiste Béthune et datent de 1879 à 1881. Sans mentionner les fresques baroques intermédiaires. Il y a 7 ans, on prétendait encore que ces mosaïques dataient du 9ème siècle !

Charles nomme Nabuchodonosor ou Alexandre, gouverneur de Moscou/Babylone. Nabuchodonosor va emmener les élites de Jérusalem à Babylone (Moscou), et notamment le roi Eliakim (Mikhail ?). Ils apprennent la langue chaldéenne (le français) et le Nouveau Testament.

Il est dit qu’il nomme Sedecias gouverneur de Jérusalem. Sedecias est considéré comme peu sûr, aveuglé, torturé et exécuté. Sedecias est reflété dans l’empereur russe Vassili II l’Aveugle, et en partie le roi de France Henri II, le « dernier roi chevalier » , tué par un coup de lance dans l’œil lors d’une joûte. Sedecias pourrait aussi être Jacques le Juste du Nouveau Testament, exécuté aussi par Rome, ou encore le grand-prêtre de Jérusalem Jacques, exécuté selon Flavius Josèphe, ou encore Jacques de Molay, brûlé sur le bûcher de l’île de la Cité en 1314. En ce cas Jérusalem est Paris, et non Kazan prise en 1552.

L’Europe du sud est devenu l’ « Empire romain ». En 1493 (1553), elle s’est dotée d’un pouvoir civil avec le Reichstag (Sénat de Rome). Le Sénat fait face à la révolte des equites, les anciens représentants impériaux que sont l’Ordre du Temple. Les tribus d’Israël sont entrées en conflit avec les Lévites. Maximilien, puis Charles-Quint sont désignés « rois de Rome » par le Sénat. Maximilien est l’ancien Lysimaque, Charles l’ancien Seleucos.

Dans le récit de Flavius Josèphe, les rois Hérodiens de Juda semblent aussi se superposer à l’histoire de France, et non à celle de la Russie., rois de Judée, s’opposent aux grands-prêtres du Temple. Mais le choix du roi de Judée doit être validé par César selon Flavius Josèphe. Hérode le Grand et Archélaos sont Henri II et Charles IX. Dans le récit contemporain, Charles IX est simplement le fils d’Henri II et ne rencontre pas de difficulté pour être reconnu roi. Chauve sur les représentations, il est donc « Charles le Chauve », un des héritiers de Charlemagne, et non le fils d’Henri II. Les ouvrages de la fin du 16ème siècle mentionnent pourtant que Charles IX a eu besoin de faire le siège de Paris. En 1567 eut lieu la bataille de Saint-Denis.

Mais le récit fait par Josèphe de l’accession au trône d’Archélaos, où il lutte contre les prétentions d’Antipater, se superpose à la lutte de Charles-Quint contre Ferdinand II pour le trône d’Espagne, puis le Saint-Empire. Il est possible que ce soit Charles IX (1560-1574) qui dispute le trône d’empire à Ferdinand.

Constantinople, l’Asie mineure, le sud de la Russie vont hériter du nom de Judée. La famille émergente, les Hasmonéens/Ottomans seront sous le joug  des Grecs « séleucides » qui dirigent à Moscou. Nabuchodonosor nomme un juif, Daniel, comme métropolite de Moscou. Comme Jules César autrefois en Gaule, Alexandre se convertir au culte de Jupiter. Il est Nemrod qui fixe sa cour à Moscou et bâtit la tour de Babel. Hérodote dit qu’à Babylone on ne trouve pas d’images. Son précepteur Aristote (Fioravanti) ou Gennade de Novgorod construit les premiers murs de Moscou.

De 1567 à 1584, le tsar de Russie est Balthazar ou Constantin Vassili. Il a pour métropolite de Moscou Daniel, qui l’autorise à divorcer de Solomonia pour se marier avec Elena Glinskaya, de famille allemande et chrétienne. Daniel, bien que juif, le laisse adopter les coutumes occidentales. En 1581, il fait publier la Bible d’Ostrog inspirée du récent concile de Nicée. Hérodote dit qu’après le règne du « prêtre de Vulcain », les Egyptiens ont retrouvé leur liberté et nommé 12 rois.

De 1584 à 1597, Darius le Mède (Arius, Artaxerxès, Astyage), règne à Moscou.La foi d’Arius le rapproche des anciennes coutumes chaldéennes, celles des « Chrétiens de Jean ». Haman/Néhémie/Irmandes bâtit le Kremlin en 1593, appelé Reichstag en Europe.Mais Darius a la foi hésitante et se rapproche d’Esther et Mardochée, la reine du ciel et le dragon. En 1589, la France publie l’ordonnance de Villers-Côterêts qui fait du français la langue officielle.

Apocalypse dit que la Bête mélangeait les attributs du léopard, d’un ours et d’un lion. Un dragon donnait l’autorité à la Bête et portait 10 cornes avec une couronne et 7 têtes.  Possiblement il s’agit d’une description de l’Empire et de ses emblèmes, le lion étant Juda, l’ours Israël, le dragon le dieu Marduk, les 10 cornes les tribus d’israël.

De 1597 à 1606  Cyrus ou Juda Maccabée détruit Bel et le dragon. Ishtar et Marduk sont donc vaincus. Ce Cyrus libère le peuple d’Israël, et est faussement rebaptisé « Moïse » ou « Alexandre ». Isaïe annonce la messianité de Cyrus. Rebaptisé faussement « Alexandre ». C’est à partir de son règne que la conquête de la Terre promise va commencer.

De 1606 à 1610 le tsar est Vassily Chouisky. La bataille de Kulikovo est le siège de Moscou par le Khan de Crimée Tokhtamysh Girai, Dimitri Donskoy ou Demetrius Nicator. En 1613, il nomme le grand-prêtre aaronide Michel patriarche d’Istanbulgouverneur de Moscou.

En 1630, Sophie Paléologue, fille du dernier empereur grec épouse Simon le sultan orttoman et donne naissance à son fils Genghis-Khan (le Minotaure)

Perm

Fomenko présente le journal de l’ambassadeur d’Angleterre à la cour d’Ivan le Terrible, Jérôme Horsey. Horsey présente une locution « comme ils disent dans leur langue » et il s’ensuit une mention en « cyrillique ». La mention en question est une locution certes russe, mais exprimée en anglais. Fomenko en déduit que toute la chronique a été rédigée en lettres slaves et en langue anglaise. Elle aurait été entièrement réécrite à partir de la fin du 17ème siècle, mais la mention a échappé à la vigilance du correcteur. Horsey dit que la langue slave est parlée de la Pologne aux Indes.

Jérôme Horsey , dont le père est un Wiliam, est appelé Yeremay Ulianov. Ceci montre d’une part que les prénoms anglais et russes ont une correspondance. Fomenko ne le note pas, mais le nom de famille est directement en lien avec le prénom du père. Ce principe est général dans le nord de l’Europe (Israël), où fleurissent les Jackson et Johnson. En Russie ou en Islande, l’élément féminin est distingué avec Ulianova ou autres Hindriksdottir. Par la suite les Russes vont séparer le nom de famille, invariable mais conjugué au masculin et au féminin. Mais ils conservent une référence au prénom du père (Ekaterina Petrovna Masterkova par exemple). Ces éléments ont disparu en Angleterre où les noms de familles masculins se sont uniformisés (Catherine Johnson par exemple). Ils tendent aussi à disparaître en Russie. La femme de Fomenko est Tatiana Fomenko. Les filles Jepkosgei au Kenya disparaissent au profit d’un simple « Kosgei ».

Après la création de l’alphabet slave supposément au 9ème siècle, il n’y a plus de création d’alphabets avant le 19ème siècle. La seule exception est l’alphabet permien de Stéphane de Perm. Fomenko pense qu’il s’agit de l’alphabet latin, dans sa première version en lettres gothiques, dans la seconde moitié du 16ème siècle. L’alphabet de Perm a en effet 26 lettres comme l’alphabet latin.

Le slavon d’Eglise aurait été inventé par Cyrille pour traduire le grec en slave, en ajoutant des caractères pour exprimer des phonèmes russes inexistants en grec. Aux 14 lettres grecques, un Denys ajoute 6 doubles lettres (diphtongues ?) pour exprimer la langue russe, 5, puis 3 lettres sont encore ajoutées, Cyrille compile un alphabet de 38 lettres, chacune désignée par un mot. Le 1er ABC cyrillique est publié en 1578 par Ivan Fedorov.

L’alphabet de Perm emprunte aussi 14 lettres grecques, et le reste « à la langue de Perm ». Stéphane aurait traduit en permien les livres grecs et slaves. Mais depuis tous les livres en permien ont été détruits ! Il est mentionné 17 peuples de Perm, dont les Syriens (russes) et 40 villes fortifiées. Cela n’a rien à voir avec la Perm des cartes, située en Sibérie, et totalement sous-développée. Les 17 peuples de Perm correspondent visiblement aux 17 Provinces-Unies des « Pays-Bas ». Le tableau du Serment de St Stéphane au Livre a été appelé Serment de Saint-Stéphane à Jérusalem. La notion de Jérusalem aurait été effacée en Russie à cause des turbans et des croissants « ottomans ». Stéphane  est sans doute reflété par Stéphane Batory, simple voivode de Transsylvanie (1530-1534). S’il est Stéphane de Perm, il est sans doute un gouverneur d’occident pour le compte de l’Empire.

Stéphane Batory  s’oppose à la prise de pouvoir de l’empereur Ferdinand II sur la Hongrie. La Hongrie est sans doute le territoire des Huns de l’antiquité, qui recouvre exactement la Russie et les 17 provinces, s’arrêtant aux frontières françaises. Saint Stéphane (ou Etienne) est présenté comme le premier martyr du christianisme au 1er siècle.

Guerre de sécession

Horsey dit que la Russie a pour colonies des pays « adjacents », mais cite toute l’Europe du nord (Scandinavie, pays baltes, Pologne, Allemagne, jusqu’aux Pays-Bas), qu’il présente comme les 17 Provinces-Unies. Mais ce qu’on nomme la « Guerre de quatre-vingt ans » (1568-1648) ou révolte des Pays-Bas considère les dix-sept provinces comme celles des Pays-Bas espagnols ! Les possessions espagnoles en Europe cacheraient celles de la Russie. La Guerre de quatre-vingt ans se termine curieusement en même temps que la « Guerre de Trente ans » (1618-1648) menée par le « Saint-Empire romain germanique » contre les protestants allemands. Après la prise de Kazan, Ivan le Terrible a aussi mené la Guerre de Livonie (1558-1583). Fomenko suggère que la Guerre de Livonie ne se limite pas aux pays baltes, mais concerne toute l’Europe, en rébellion pour obtenir son indépendance. (Pour ma part, je me limite à l’Europe du Nord). La Guerre de Trente ans a été rétroprojetée en 1525-1555 sous la forme de la Guerre de Charles-Quint contre les villes protestantes allemandes. Les conclusions du Traité d’Augsbourg en 1555 entre l’empereur suivant Ferdinand et la Ligue de Smarkalde sont identiques à celles des Traités de Westphalie en 1648 : les princes pourront choisir leur religion entre catholicisme, calvinisme et luthéranisme. Luther n’est en réalité pas encore né, et les trois religions suivent les principes de Saint-Augustin, ce qui rend le choix finalement limité. On peut considérer qu’en 1648, l’Allemagne a obtenu son indépendance, et a choisi le jansénisme.

Les 7 merveilles du monde

Un intéressant petit chapître tente de déterminer quelles étaient réellement les 7 merveilles du monde. Il en existe plusieurs catalogues, et les merveilles mentionnées ne sont pas toujours les mêmes. Les pyramides d’Egypte sont un invariant, et leur identité de Gizeh n’est pas disputée. La statue de Zeus à Olympie serait l’iconostase (zaveza) de la cathédrale de Novgorod, en bois doré avec Dieu assis sur son trône au sommet. Le Temple d’Artemis à Ephèse est présenté comme Hagia Sophia à Istanbul. Le tombeau de Mausole et Artemisia roi et reine de Carie à Halicarnasse serait la châsse des rois mages à Cologne. Mausole est pour moi Soliman le Magnifique. C’est lui qui bâtit Hagia Sophia en hommage à son épouse Artemisia. Dans l’histoire russe, il est dit que l’épouse de Vassili III se nommait Solomonia, et qu’elle fut rebaptisée Sophie après le divorce prononcé par Daniel.

Malgré les textes de Philon de Byzance et Pline, Fomenko identifie le colosse de Rhodes à la cloche de la Rada. Le phare d’Alexandrie est identifié à la tour d’Ivan le Terrible au Kremlin. Cette identité est douteuse. A la fin du 17ème siècle, un français a dessiné la mosquée de Pharos comme étant le phare d’Alexandrie. Mais il est possible qu’il se soit trouvé à Istanbul.

Géographie de Ptolémée

La Géographie de Ptolémée est une première tentative de falsification de l’Histoire. Les premières éditions de Ptolémée au 15ème siècle sont fictives. La première édition avec cartes date selon lui de 1527. Il ne connaît pas le doublon médiéval Claudio Tolomei (1492-1556). Ce dernier prétendait être de la famille des Ptolémée d’Egypte. Son descendant le cardinal Giovanni Batista Tolomei voit son nom latin orthographié Ptolomeaus). Si Ptolémée, auteur de la Septante (Ostrog), est Ivan le Terrible il s’agit de son contemporain.

L’édition de 1540 de Sebastian Munster est présentée comme la plus complète. Elle contient 27 cartes de Ptolémée et 21 de Munster, de facture identique. Fomenko date plutôt la version de Munster de 1590. Elle redistribue déjà les noms sur les cartes, et tente de diaboliser les Russes. Comme dans la Chronique de Matthieu Paris (1200-1259) qui souligne leur soif de sang, les Cosaques sont dessinés en Cyclopes et en Anthropophages.

Le partage du monde

Fomenko suggère que le partage du monde par le pape entre la Castille et le Portugal par le traité de Tordesillas, concerne en réalité la Russie (Castille) et l’Empire ottoman (Portugal), également identifiés comme Israel et Juda. Si Castille et Portugal sont en effet Israel et Juda, Israël désigne la Russie et toute l’Europe du nord jusqu’aux Pays-Bas. Juda désigne alors les « Byzantins » (en fait les Grecs) et tout le sud de l’Europe, Espagne et Gaule comprise. Il s’agit de l’Empire romain antique, représenté sur les cartes au 17ème siècle.

La bulle papale de Nicolas V en 1452-1455 offre d’abord l’Afrique au Portugal (l’Empire romain). La proximité de 1453 (prise de Constantinople) fait que Fomenko pense que le Portugal est l’Empire ottoman. L’Afrique du nord est en effet romaine sur les cartes, mais pas avant 1580. La prise de Tunis (Carthage) par Charles-Quint en 1535 est encore bien antidatée de 50 ans. D’autres traités suivent en 1481, 1493.

Le traité de Tordesillas en 1494 (1620 ?) sous Alexandre VI partage le monde entre la Castille et le Portugal, c’est-à-dire Israël au nord (anglais, allemands), et Juda au sud (l’Empire romain). Colomb aurait proposé ses services au roi du Portugal avant que le roi de Castille (anglais ?) ne finance son expédition.

En 1529 (1655 ?) un nouveau traité est supposé signé à Saragosse. A cette époque, les ennemis allemands du pape ont été vaincus. Probablement les Etats naissants prennent alors chacun leur part : France,  Espagne, Portugal, Angleterre.

Christophe Colomb

Un long chapitre présente l’identité du patriarche Noé et de Christophe Colomb. Fomenko ajoute le parallélisme avec le troyen Enée et le patriarche Josué « Jésus Navin ». Le bateau d’Enée a été conservé longtemps à Rome à l’Arsenal, selon Procope de Césarée au 6ème siècle. Gregorovius au 19ème siècle dit que Procope affirme que le bateau semblait neuf. Fomenko pense qu’il a pu l’observer au 17ème siècle et qu’il s’agissait de la Santa Maria. J’ajouterai qu’il y a une Tour de l’Arsenal au Kremlin, qui est la tour « Maria » Sobakina, épouse du Terrible. A Edmonton il y a une reproduction de la Santa Maria selon les « documents » et celle-ci fait figurer l’aigle à deux têtes et le lion sur les voiles. S’il s’agit des documents espagnols, ils sont falsifiés, et je m’étonne de cette hypothèse. J’ajouterai qu’on a coutume aujourd’hui de représenter les bateaux de Colomb avec une croix dite templière de couleur rouge. Aussi on a prétendu qu’il emmenait avec lui des Templiers.

On ne trouve pas de trace de Christophe Colomb avant 1486 et sa rencontre avec Ferdinand et Isabelle les souverains catholiques (DL : David et Bethsabée ?). Les fameux journaux de Colomb sont présentés comme des copies de 1680 (comprendre comme toujours dans ces cas-là : des faux). Il est cité quelques fois par Bartholomé de las Casas (1530). Il y a une première biographie écrite par son fils Fernando.

L’année 1492 correspond à l’expulsion des « Ottomans » d’Espagne, en même temps que des Juifs d’Espagne, exactement un jour avant le départ de Colomb. Etonnamment Charles-Quint eut encore à faire avec un Royaume musulman de Grenade vers 1530. Les Morisques n’arrivent d’ailleurs au Maroc qu’en 1609.

Fomenko suit la Bible de Mormon, et prétend qu’il n’y a pas eu d’expulsion, mais qu’il s’agissait d’un ordre de conquête, financé d’ailleurs par des marannes (des convertis, pas des juifs cachés). Aucune référence supposée historique ne mentionne la volonté de trouver un passage plus rapide pour les Indes, tel qu’on nous présente les raisons du voyage aujourd’hui. On parle de découvrir de nouvelles terres dont il serait nommé vice-roi. Or en 1492 le globe de Benhaim, et la mappemonde de Finé vers 1530, ne contiennent pas l’Amérique. Il est dit que Colomb était parti avec des cartes de l’Amérique, mais elles devaient être très peu précises et rares. Il amène aussi avec lui des lettres des souverains d’Espagne au Grand Khan. Les représentations lui attribuent une chalma ou chapeau tartare.

Fomenko pense que l’expédition est menée par la Horde et non par l’Espagne, et que leurs descendants sont les Indiens. On peut ajouter que leur langue est parfois comprise par des immigrants gallois, irlandais, japonais. Il s’agit de langues qui précèdent l’imposition des langues nationales en Angleterre et dans le reste de l’Europe de l’ouest romane. Surtout il s’agit de langues plutôt parlées dans le nord de l’Europe. Il est douteux que la toute première vague d’immigrants, même menée par Colomb, ait parlé espagnol.

Fomenko prétend qu’en 1492, on attendait la fin du monde du fait que l’année en ère byzantine était l’année 7000. L’époque popularisait les représentations macabres, liées aux pestes par exemple. (DL : possiblement ces représentations datent du 18ème siècle). L’historien Joseph Grünbeck de l’empereur Frédéric III (1452-1493) disait que la fin du monde était proche. Que Noé/Colomb soit associé à la fin d’un monde et un déluge n’a rien de surprenant. Néanmoins, cette ère byzantine semble vraiment très tardive, probablement postérieure à 1700, et non ancienne comme le suppose Fomenko.

Le Livre de Mormon publié par Joseph Smith publié en 1830 ressemble aux récits de l’Ancien Testament, sans en dépendre textuellement. Il contient les prophètes d’Israël et le Nouveau Testament. Pour ce qui est de la Torah et des livres historiques de l’Ancien Testament (Rois, etc.), la présentation est différente. L’histoire des rois de Juda s’arrête bien avec le dernier gouverneur Sedecias, et enchaîne sur la captivité à Babylone (Moscou), pour seulement certains d’entre eux. Une autre partie des Jérusalémites se rend en Terre promise avec Nephi (Noé, Phinée ?). Cela ressemble à la capture de Samarie par Salmanazar, qui déporte 10 tribus dans les villes des Mèdes (Russes), et dans les îles du Nord (l’Amérique). Il est dit qu’en Terre promise, les Gentils sont définitivement séparés de la famille de Nephi. Les Gentils sont souvent un nom utilisé alternativement à celui de Grecs. Cela veut ici sans doute dire que la famille de Nephi ne reverra plus les Européens.

Ainsi l’épisode de Noé est déplacé après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, et il lui est attribué la conquête réalisée par Moïse. Après les livres des Prophètes, il est mentionné la sortie d’Egypte. Ainsi les deux captivités d’Egypte et de Babylone n’en font qu’une. La Terre promise est décrite de la même façon que l’Amérique : une terre au nord, une terre au sud pour chasser et non coloniser, et un isthme au milieu. Ce sont les migrants qui sont nommés Israël et non la Terre promise. C’est le cas au Moyen-Age où Israël désigne l’Ecumène en Europe. On pourrait ajouter qu’Amalek dans la Bible représente les Américains ou Amérindiens.

Les Livres de Nephi font le récit de la conquête de territoires vierges, avant d’arriver aux rivages de l’océan. Il y a des points communs avec Noé. Dieu aide Nephi à construire une arche. Mais il n’y a pas de déluge. Le déluge serait une version tardive, créée par les Jésuites. Ils diffuseront ce motif en créant les cultures du monde entier. La vieille Europe est considérée comme noyée (on ne la voit plus), comme l’Atlantide dans les récits de Platon.

Comme Colomb, Nephi met fin à une mutinerie grâce à une tempête. Il est alors délesté de ses liens pour sauver la situation. On parle d’un conflit entre Nephi et « ceux d’Ismaël » (Michel Romanov ?). Il est mentionné des arcs de fer (arbalètes), une boule pour s’orienter avec des inscriptions qui changeaient parfois (les globes de navigation dont le premier, celui de Martin Behaim, date de…1492, mais ne représente PAS l’Amérique.), et un compas. L’arbalète se retrouve dans les illustrations de certaines Bibles. Beaucoup de tableaux placent la Bible à la Renaissance.

Dans le Livre d’Alma il est dit que Corianthon (Christophe ?), le fils d’Alma, a quitté la prêtrise pour obéir à la reine (Isabelle ?).

La Bible de Mormon contient aussi le Livre d’Ether, autre version de la traversée de l’Atlantique, où Nephi est remplacé par la famille de Jared. Jared et son frère viennent de la Grande Tour détruite à l’époque où Dieu confondit les langues et dispersa les peuples. Mais Dieu ne confondit pas la langue de Jared. Ils ont quitté Babylone, erré dans le désert pendant longtemps, sont arrivés à l’océan, sont resté quatre ans dans des tentes. Dieu les avertit alors des déluges à venir et leur fait construire des barges. Avec les barges ils se rendent en Terre promise. Ils accostèrent en Terre promise, la peuplèrent d’abord au nord, puis au sud. Jared eut quatre fils puis apparut le roi Noé.

Jared, comme Néphi et Noé, emmène des animaux. Sur les dessins, Colomb fait aussi monter des animaux. La voile a le symbole du lion à deux pattes. Cela montrerait qu’il travaille pour l’Europe du nord (Israël) (le symbole de la ville de Vladimir pour Fomenko). Comme Colomb, Jared bénéficie de vents favorables, ce qui est inhabituel dans ce sens de navigation.

Jared et son frère sont une copie d’ Aaron et Moïse pour l’errance dans le désert et la Terre promise, mais la captivité d’Egypte a été remplacée par celle de Babylone. Il est dit qu’ensuite une partie des Jarédites fut détruite (les Indiens ?).

La Bible de Mormon, comme la Bible, est une compilation de sources différentes. Dans certains livres, Noé est juste, dans d’autres il est inique.

Le Livre d’Ether décrit le continent avec deux parties nord et sud et un isthme au milieu, souvent mentionné dans la Bible de Mormon. Il est dit que la partie sud fut laissée à l’état sauvage pour la chasse. Les Livres de Mormon et d’Ether parlent d’une grande ville non loin de la frontière. Il doit s’agit de Mexico, nommée d’après Moscou pour Fomenko. Mexico est représentée sur une carte mentionnant des capitales à des distances précises de Moscou, sur quelques cercles centrés sur Moscou. Leur localisation ne serait donc pas arbitraire.

Cosmas Indiscopleutès dit que Noé a traversé l’océan pour rejoindre une nouvelle Terre. Il dit aussi que Noé était aussi appelé Xisouthros. C’est ce nom qu’utilise l’historien babylonien Bérose pour raconter l’histoire du déluge. Les Sumériens parlent de Ziusudra. J’ajoute que les textes védiques mentionnent le déluge de « Satyaurata ». Les tablettes assyriennes parlent du mythe d’Atrahasis et Ea, celles de Babylone avec l’épopée de Gilgamesh parle d’Utna-Pishtim. (Ces langages n’étant supposément plus parlés, la prononciation des mots assyriens ou sumériens devrait être fantaisiste. Curieusement elle ne l’est pas.) Dans la plupart de ces noms on retrouve le prénom « Christophe ». Fomenko dit qu’on écrivait sur des tablettes d’argile jusqu’au 18ème siècle en Mésopotamie, le papier n’étant utilisé qu’à partir du 19ème siècle. Dans certaines versions juives, Noé voyage avec le géant Og de Bashan (lié aux épisodes de la conquête de la Terre promise, par Josué, dans la Bible) sur le toit de l’arche. Les Grecs parlent du déluge d’Ogygès, et Jules l’Africain lie Ogygès à l’époque de Moïse (comme Og).

La Bible dit que l’arche de Noé s’est échouée sur la montagne d’Ararat. Les tablettes assyriennes mentionnent un royaume d’Urartu, censé être l’Arménie du Caucase. Nicolas de Damas, ami d’Archélaos et d’Auguste (la même personne) dit qu’il y a au-dessus de Minyas en Arménie une grande montagne appelée Baris où beaucoup se sont réfugiés lors du déluge. Un homme avec une arche ont posé le pied au sommet. On y a longtemps vu les restes de bois du navire. Fomenko suggère que les montagnes sont en réalité des villes, à cause d’une mauvaise traduction. J’ajouterai que le terme de cité désigne plus sûrement un Etat qu’une simple ville. Mais par conséquent, Nicolas ment.

Il n’échappe pas que l’animal que Noé envoie visiter la Terre après le déluge est une colombe. La question que pose Fomenko est de savoir s’il s’agit d’un hommage à Colomb, ou si la colombe du récit a permis de créer le personnage de Christophe Colomb sur le modèle du véritable Noé. J’ajoute que les Russes possèdent la légende des trois bateaux de Berik, et qu’il en existe une traduction en latin (et même en français) de la fin du 15ème siècle des voyages d’Albéricus.

Les voiles et les cartes géographiques représentent le lion à 2 pattes et l’aigle à deux têtes. Fomenko dit que les deux désignent l’Empire de la Horde. Néanmoins il semble que le lion désigne le plus souvent le nord de l’Europe et la Russie de Novgorod. On retrouve le lion (de Juda ?) encore tardivement sur les cartes de provinces rebelles comme l’Angleterre, les Pays-Bas, ou encore la Hongrie. L’aigle à deux têtes désigne plutôt l’Empire d’occident et d’Orient APRES la prise de pouvoir de Soliman.

Popol Vuh

Le Popol Vuh aurait été écrit entre 1554 et 1558 par le peuple maya des Quichés du Guatemala, qui auraient vécu entre le 11ème et le 16ème siècle. Diego de Landa aurait fait des autodafés de rouleaux quichés en 1562, avant de subitement se raviser, et de traduire tout ce qu’il trouvait, reformulant la culture maya dans sa propre version. Le dominicain Francesco Ximenez en aurait fait une version bilingue quiché/espagnol en caractères latins et en deux colonnes à la fin du 17ème siècle, selon le modèle de la Bible d’Alcala. Ximenez prétend avoir trouvé en 1696 à Chichen Itza des livres en caractères proches de l’hébreu ou du chinois. Une version en espagnol est publiée par Scheizer en publiée en 1857.

La génétique prétend que les Amérindiens sont venus d’Asie, peut-être par le détroit de Béring, ou par bateau. J’ajoute qu’à la fin du 17ème siècle, les habitants de l’Amérique du nord sont appelés tartares par les cartographes occidentaux. Ils sont représentés comme des Indiens mats de peau. Moctezuma, l’adversaire aztèque de Hernan Cortès, est même nommé le Khan Tartare sur des représentations… du 17ème siècle et non du début du 16ème siècle. Fomenko dit qu’il faut distinguer les Amérindiens des Mexicas, Mayas et Incas, qui sont eux venus d’Europe à partir du 16ème siècle.

Fomenko pense que la langue est européenne puisqu’il lit People Book (Livre de l’Humanité), même s’il ne précise pas que la langue est l’anglais, mais une sorte de slavon ou d’hébreu. Ainsi le Popol Vuh n’est pas précolombien. Les Mayas, Aztèques et Incas descendent de la colonisation originelle par la « Horde ». Ce sont ces colons qui ont laissé les pyramides aux 16ème et 17ème siècles. Le Popol Vuh relate la Création et le Déluge de la même façon que la Bible, ce qui correspond au récit de la conquête de Colomb. Il mentionne même la Chrétienté !

Le manuscrit Caxquichel en quiché dit qu’après de longs voyages et conquêtes, ils arrivèrent à la mer et traversèrent. Le texte mentionne des Olimans (Allemands). Ils se languissent de leurs frères Mexicains laissés au nord (Moscovites, à l’est ?). Les auteurs disent êtres venus de Teozacuan et Meahauh (Kazan et Moscou ?). Le manuscrit Solola dit que leurs ancêtres viennent de Tulan.

Les journaux de Colomb en espagnol sont des faux, le récit de Cortès et Pizarro également. Bartolomé de las Casas, Diego de Landa n’arrivent sans doute en Méso-Amérique qu’à partir du 18ème siècle, en même temps que les Anglais, Français et Hollandais au nord.

Huracan est le dieu créateur des Caribs (brave en quiché, et en russe). Trois divinités « Caculha » Huracan, Chipi et Raxa forment ensemble le cœur du ciel. Ces dieux ont créé le peuple de bois qui ont peuplé la Terre. Un quatrième dieu nommé Tucumbalam (Colomb) vint. Mais les hommes de bois n’avaient ni âme ni but et leurs dieux les détruisirent par un déluge. Les quatre dieux descendirent tuer les hommes de bois. Ainsi la Horde a exterminé les Amérindiens. Ce blâme a été porté depuis sur les Espagnols, en réalité venus plus tard. Mais paradoxalement, la colonisation espagnole n’a pas exterminé la culture amérindienne, au contraire de ce qui s’est passé aux Etats-Unis ou au Canada.

Le monde a été repeuplé par Xpiacoc et Xmucané ou Chiracan Xmucané. Les premiers hommes furent Balam Quitzé, Balam Acab (Colomb), Mahuculah, Iqui-Balam (encore Colomb). Ils sont venus avec beaucoup de prêtres et de sacrificateurs. Il y avait treize tribus principales venues de l’est (les tribus d’Israël), et encore beaucoup d’autres, des noirs, des blancs, de conditions et de langues différentes. Nous sommes arrivés à Tulan en grand nombre et notre langue était la même.

Les lieux nommés Xbalanqué ou Xibalba (Babylone) sont lointains et présentés comme des lieux où vivent à présent des fantômes. Les habitants de Xibalba sont les Ah-Tucur (Turcs). Des envoyés quichés partirent à l’est pour rendre compte au Seigneur Naxcit. Ce dernier leur accorde les insignes de Apop (le pape) et de la royauté (Pizarro et Cortès deviennent vice rois).

Dans d’autres récits, Naxcit est nommé Kuculcan, Koukoulian Gurkhan, ou encore Quetzalcoatl (chez les Mexicas). Quetzalcoatl est le premier roi et dieu « toltèque » (turc ?) Il vit à l’est d’où il dirige le monde entier. La délégation met plus d’un an à rejoindre Quetzalcoatl. Les Toltèques sont venus avec Mixcoatl (id).

Ximenez prend la généalogie des rois quichés sans durées de règne, leur attribue 40 ans de règne et fait remonter la dynastie à 1054. Les Quichés virent une nouvelle étoile le matin plus brillante que l’autre. Les 4 premiers hommes offrirent trois cadeaux et firent brûler 3 encens face à l’est. Le soleil se leva alors comme un homme et ils ne l’avaient jamais vu ainsi. Il y a ainsi une référence à la Nativité, aux Rois Mages. Dans l’orthodoxie, Jésus est clairement associé au soleil. Dans l’Evangile de Jean, Jésus est le Fils de l’Homme, et dans le Popol Vuh le soleil est associé à un homme.

Dans la Bible la référence à un nouveau ciel est présente après l’épisode du déluge.  Il est possible qu’après un épisode météorologique, ou la chute d’une comète au 16ème siècle le soleil soit apparu pour la première fois tel qu’il nous apparaît, comme la disparition d’une couverture nuageuse permanente.

Après, il y eut 40 ans d’errance avant d’arriver à Chichen Itza. Ils traversèrent la mer à sec sur des pierres alignées. Dans la Bible cet épisode est attribué à Moïse, qui traverse d’abord et erre dans le désert ensuite.

Les dirigeants mayas pour Diego de Landa et Diaz del Castillo s’appellent les Caciques, les Cosaques pour Fomenko. Pour Castillo leur cri de guerre est Alala (Allah ou Hourra chez les Cosaques). Les Aztèques attribuent Teotihuacan à des Géants dont les ancêtres venaient du nord est. Ils disent que les pyramides sont construites sur des tombes. Les statues mayas aussi sont sculptées avec un chalma.

Las Casas identifie clairement les Mayas aux 10 tribus perdues d’Israël. Au 19ème siècle, cette opinion était également commune. Les Mormons le pensent. Dans un manuscrit de 1554 il serait dit que les trois tribus quichés descendent des « 10 tribus » que Salmanazar a envoyées.

Quetzalcoatl est représenté avec une croix et sa doctrine est chrétienne. Les Mayas représentent des scènes de crucifixion avec le croissant ottoman. Pierre Martyr évêque du Chiapas dit que les Indiens du Yucatan adorent la croix, et que le Chiapas connaît le mythe de l’Incarnation du Fils de Dieu (Bacab) et une Trinité. J’avais pour ma part fait remarquer que l’association de Jésus à des pratiques chamaniques, où l’esprit du champignon se nomme Jesucristo n’était sans doute pas l’objet d’un syncrétisme, étant donné que l’Europe aussi connaît cette association de Jésus au champignon. Ce point est documenté par Rutajit ou Jan Irvin dans leurs ouvrages respectifs.

Le Mahabarata et le Ramayana en sanskrit correspondraient à 90% à la langue des Mayas.  Il y a aussi des similitudes avec l’Egypte, avec laquelle les Mayas partagent pyramides, momies et hiéroglyphes. Au 17ème siècle, Joannes de Louet les désigne comme des Scythes.

Plutarque écrit que l’amiral Néarque venait de la Grande Mer (DL : au 17ème siècle, les océans sont désignés comme mers, le terme océan correspond à des zones maritimes plus restreintes) et a alors rejoint Alexandre sur l’Euphrate. Alexandre lui fit une somptueuse réception où Néarque raconta ses voyages. Peu après Alexandre mourut. DL : il est possible qu’Alexandre soit le Naxcit des Mayas auquel les Quichés envoient une délégation pour rendre compte. A la mort d’Alexandre, l’amiral Néarque (Noé + arche) a disparu avec ses bateaux. Un certain Gladwin dit qu’il s’est alors rendu en Amérique définitivement.

Les fresques de Pompéi sont connues pour représenter des éléments issus d’Amérique comme l’ananas. Dans notre reconstruction, l’éruption du Vésuve qui détruisit Pompéi et Herculanum est celle de 1631, comme en témoigne la stèle de Torre del Greco. Dans l’autre sens, des pièces romaines du 4ème siècle ont été découvertes au Venezuela. En réalité ces monnaies devaient avoir cour au 17ème siècle.

La seconde colonisation a en effet lieu aux 17ème et 18ème siècles par les pays européens dont l’Espagne. La Horde n’a pas pu être vaincue parce que les Incas avaient peur des chevaux et des mousquets des maigres troupes espagnoles comme il est affirmé. C’est la véritable époque de Las Casas et al. Malgré les affirmations d’autodafés portées contre Diego Landa et les autres espagnols, Fomenko prétend que le blâme est tombé sur les espagnols parce qu’ils étaient loyaux à la Horde. Philippe II et le duc d’Albe ont ainsi été accusés de cruauté.

Incas

L’Empire inca sous sa dernière forme, la seule véritablement authentique selon la suggestion même des historiens aurait existé de 1450 à 1533. Je souligne que c’est la dernière année de règne du tsar Vassili III, avant la prise de pouvoir d’Ivan le Terrible. On prétend que c’est Barthélémy (le navigateur Partholon des Bretons) qui convertit les Incas au christianisme. Fomenko y voit la figure du civilisateur Viracocha. Il s’agit sans doute aussi du roi d’Egypte (Russie) nommé Ptolémée. En 1560 la croix sacrée des Incas a été placée par les Espagnols dans la cathédrale de Cuzco. Ils ont une Résurrection. Leur principale fête de Citua a lieu à la lune du premier septembre après l’équinoxe de printemps (c’est l’hémisphère sud) après un jeûne. Il y a donc une forte similitude avec Pâques. Mais il s’agit ici plus ou moins d’une Pâques juive. Dans un calendrier lunisolaire, le 1er septembre est une nouvelle lune et pas une pleine lune. Il est possible qu’à une époque le choix se soit porté sur la nouvelle lune. Les Juifs ont deux calendriers, commençant l’un au 1er mars, l’autre au 1er septembre. Possiblement, il se serait agi de respecter l’équinoxe de printemps dans deux endroits du monde qui étaient sous leur domination : l’hémisphère nord et l’hémisphère sud.

Les Olmèques sont connus pour leurs têtes géantes de basalte dans le Yucatan. Pour Fomenko il s’agit simplement de béton. Ces têtes ont été décrites par Pouchkine au 19ème siècle. Possiblement ce sont des faux.

Amérique du nord

Les totems à têtes empilées des Indiens des Etats-Unis et du Canada se retrouvent sur les idoles du Dniestr. Les tumulus sont attribués aux Toltèques par les archéologues. Graham Hancock leur a datés d’avant 10 800 av JC. Fomenko dit que les derniers ont été bâtis au 18ème siècle, avant leur découverte au 19ème siècle, une fois le génocide des Indiens accompli. On y trouve des croix, des croissants et des swastikas. Les pow wow des Indiens sont identiques aux cercles cosaques. Les habitats sédentaires troglodytes se retrouvent aussi en Russie, en Inde et en Egypte. Ils peuvent dater entre le 16ème et le 17ème siècle. Par la suite, la précision des statues mayas et aztèques montre bien qu’ils maîtrisaient désormais le coulage du béton. Même le Popol Vuh mentionne le fait qu’ils avaient appris comment le fabriquer. Les premiers archéologues au 18ème siècle (et début 19ème siècle) ont reproduit les œuvres d’art et les glyphes des Mayas. Leurs dessins sont considérés comme fantaisistes car ils illustrent des scènes de la mythologie grecque, et même des éléphants d’Asie. Les originaux sont évidemment devenus introuvables.

Au 18ème siècle, les légendes des Amérindiens disent : « quand le Grand roi s’éveillera, ils se souviendra de nous et nous libérera de nos oppresseurs ». Depuis la prise de pouvoir d’une dynastie allemande sous les Romanov, les Amérindiens avaient été coupés du centre de l’Empire. La défaite de Pougachev en 1775 sonnait le glas des espoirs des Tartares. En 1774, on avait décrété la liberté de commerce aux Etats-Unis, en 1776 l’indépendance des Etats-Unis (officiellement vis-à-vis de l’Angleterre, bien que le pouvoir de la City au contraire se renforçait en Amérique) était décrétée, en 1778 on décrétait un nouveau commerce transatlantique.

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Kabbale et Gnose

Le culte de Mithra était le culte à Mystères de l’Ordre du Temple. Les mithraea étaient répartis sur les différents lieux de séjour des légions. Philon d’Alexandrie au 1er siècle mentionne l’existence d’une école juive des Mystères spécifique à Alexandrie. Certains exégètes envisagent un courant de Gnostiques juifs ayant vécu au 1er siècle en Egypte, qui auraient influencé les Marcionites (2ème siècle) et les Gnostiques chrétiens (3ème siècle). Aucun texte et aucun auteur gnostique juif ne nous sont connus, ni même de culte à Mystères juif spécifique à l’Egypte. Ces mystères juifs sont simplement la kabbale, et il ne s’agit pas d’un enseignement gnostique. Au contraire , la kabbale est une pensée émanatiste, opposée au gnosticisme. Le gnosticisme pose pour principe que le monde matériel est une création d’un démiurge mauvais, différent du véritable Dieu qui est non agissant. Dans l’émanatisme, le monde existant est le résultat de manifestations successives de la divinité dans des sphères de plus en plus matérielles. Aujourd’hui, l’émanatisme est considéré comme un courant mystique minoritaire des grandes religions monothéistes : kabbale dans le judaïsme, soufisme dans l’islam, néoplatonisme dans le christianisme. Ces mystiques feraient face à un courant majoritaire aristotélicien. Ce n’est pas possible : le sens supposément caché d’un texte doit s’y trouver dès l’origine. On ne peut pas tordre les textes pour leur faire dire ce que l’on souhaite.

Philon écrivait que la Torah devait être interprétée comme une allégorie. Philon ne se présente pas comme essénien, mais il dit que les Esséniens interprétaient comme lui les écritures. Il en dit beaucoup de bien, ce qui suggère que Philon lui-même est essénien. Aussi les « Mystères juifs » sont Esséniens. La Torah est une création essénienne, que les autres sectes juives ne connaissent pas. Les Esséniens ne sont pas mentionnés dans les Evangiles, parce qu’ils représentent alors la faction de Jésus, qui est la faction du Temple, envers lequel Jésus est engagé. Par la suite, le courant essénien disparaît complètement de l’Histoire. Ils se sont christianisés sous le nom de Jésuites, qui sont des kabbalistes chrétiens comme Ignace de Loyola ou Guillaume Postel. Il n’y a pas eu d’enseignement de la kabbale juive aux chrétiens. La kabbale est devenue naturellement chrétienne quand les Esséniens sont devenus chrétiens. Ainsi la Torah et la Kabbale sont issus du courant judéo-chrétien, et pas du courant Pharisien qui donne naissance au rabbinat. Bien que le courant soit intégré à l’Eglise romaine, les Jésuites feront l’objet de soupçons parce qu’issus du Temple. Au 19ème siècle un rabbin converti au christianisme, le chevalier Drach, montre qu’il existe une « vraie kabbale », la plus ancienne, en parfait accord avec le christianisme. Même les Pères de l’Eglise en disaient du Bien. Le Zohar écrit que la Foi est un don du Saint-Esprit, un principe partagé par Saint-Paul, l’islam et les luthériens. Seuls les catholiques ont insisté sur les œuvres.

David Mathisen fait une interprétation allégorique fouillée de la Bible hébraïque, à la fois astronomique et reflet du voyage de l’âme, dans Star Myths of the World vol 3. Dans le Livre de l’Exode le peuple d’Israël traverse la Mer rouge. Ceci pour lui désigne le passage des âmes à l’incarnation. La kabbale va cependant au-delà des allégories, usant de méthodes de codage littéraire et numérique révélant un texte ou un sens caché.

La Torah contient aussi les prescriptions de la Loi juive : 613 commandements dont beaucoup ont trait au respect d’une hygiène stricte. Le principe du péché originel organise le système bancaire, la dette et l’économie. Le bouc émissaire de Yom Kippour prenait chaque année sur lui le péché originel. Les autres péchés étaient transformés en dettes monétaires. Si le débiteur venait à faire défaut, il servait comme esclave dans la famille du prêteur à Babylone comme à Rome. Tous les cinquante ans, l’année du Jubilé, toutes les dettes étaient annulées et les esclaves retournaient dans leur famille. Ainsi la Torah est à l’origine du droit romain.

Philon ne décrit pas la kabbale, mais évoque une littérature apocalyptique. Il présente les anges et les multiples ciels et enfers de la littérature juive du Jugement dernier (Daniel, Enoch) comme des allégories, accessibles par une vision. Les multiples ciels et enfers sont issus du culte de Mithra. L’angélologie est partagée par la Kabbale et par les Gnostiques, y compris Paul. Metatron, l’ange le plus important de la kabbale, est aussi présent dans certains manuscrits gnostiques trouvés à Nag Hammadi. Ces éléments sont également présents chez Dante. Dante partage avec les Jésuites le fait d’avoir été adulé en Italie, avant soudainement d’être considéré comme hérétique. La condamnation pour hérésie des Jésuites a lieu autour de 1600. Dante est donc un auteur du 17ème siècle, comme l’ont proposé plusieurs auteurs récentistes.

Pour les soufis et les kabbalistes juifs, l’imagination active permet d’accéder à Dieu. On retrouve la recherche de visions dans la Divine Comédie de Dante au 14ème siècle (17ème) en Italie et dans les exercices spirituels des Jésuites (16ème siècle), chez les Rose-Croix au 17ème siècle. Même le chamanisme dans ce qu’on nomme la religion naturelle soutient la Quête de visions.

Les anciens Grecs auraient été les premiers à proposer une pensée émanatiste à travers Platon, au 5ème  siècle avant JC, qui fonde une académie à Athènes. Plotin va faire revivre la pensée de Platon, et fonde aussi une académie à Athènes au 6ème siècle, que l’empereur byzantin Justinien fait fermer en 529.  Les sephiroth de la kabbale sont identiques aux émanations néoplatoniciennes, et tous les principaux livres de la Kabbale jusqu’au Zohar sont néoplatoniciens. Les trois points de la Kabbale, repris dans la signature des maçons, sont un symbole de la trinité platonicienne. Le féminin pluriel Aleim (et non Elohim selon Godfrey Higgins) se réfère à la trinité dans l’unicité de Yahvé, et à la nature androgyne de l’être suprême et de sa création Adam Qadmon. Cette trinité juive est présente dans les trois premiers sephiroth de la cabbale, et se retrouve dans la trinité catholique romaine, qui a été théorisée par les Jésuites.

La doctrine de Philon est émanatiste, mais il ne mentionne pas le nom de Kabbale. Le premier texte de Kabbale serait le Sepher Yetzirah (Livre de la Création) du 3ème siècle, qui présente l’homme comme un microcosme. Chaque action a une signification spirituelle. Méditer sur les nombres et la géométrie permet de comprendre le plan de Dieu. Selon d’autres opinions, la kabbale juive serait apparue en Catalogne française et espagnole et en Provence vers le 11ème siècle, soit mille ans après Philon. La kabbale, la langue et l’alphabet hébraïque viennent d’Europe. Selon le récentiste anglais Edwin Johnson, les premiers kabbalistes authentiques dateraient en réalité du 15ème siècle. La publication des œuvres de Philon attendra le 16ème siècle.

La première phrase de la Genèse « Bereshit bara Elohim » est traduite par « au commencement Elohim crée », un sujet pluriel avec un verbe conjugué au singulier. Il existe une règle de conjugaison en grec ancien, où le sujet pluriel de genre neutre se conjugue toujours avec un verbe au singulier. La phrase donnée en exemple aux collégiens est « Ta zoa trekei » : les animaux marche… Peut-être l’hébreu avait la même règle que le grec, mais malgré tout Elohim est un pluriel. La Septante traduit Bereshit par « au commencement », mais le Targum de Jérusalem et Maïmonide lisent « Be Rashit » et traduisent par « principe de la sagesse ». « Sepher Bereshit » – le titre du Livre de la Genèse en hébreu – signifie donc « Le Livre de la Sagesse ».

Il existe des correspondances entre l’hébreu de l’Ancien Testament et le grec du Nouveau Testament :  « Aleph Tau » devient « je suis l’alpha et l’omega » dans l’Evangile de Jean, lettres que l’on retrouve dans l’iconographie des Jésuites. Le nom des lettres et leur ordre en grec et en hébreu présente des similitudes : alpha, bêta, gamme, delta en grec ; aleph beith, gemmel, daleth en hébreu. En grec comme en hébreu, les lettres correspondent à des nombres, et le système numérique suivi est le système décimal. Les linguistes pensent que le grec comme l’hébreu dériveraient de l’écriture phénicienne. Cadmus le phénicien est celui qui dans la tradition donne aux Grecs leur alphabet.

L’hébreu s’écrit à l’origine sans espaces ni ponctuation, mais les premiers exemplaires des Evangiles en grec sont également sans espaces ni ponctuation, qui sont ajoutés ensuite. On prétend qu’il s’agit d’économiser l’espace. Mais une langue écrite doit permettre de délimiter les mots, les phrases et les parties de phrase. Ce sont les documents religieux – en hébreu et en grec – qui ne le font pas. Au chapitre des différences, l’hébreu s’écrit de droite à gauche. Le grec s’écrit de gauche à droite, ou de droite à gauche ou en boustrophédon (une ligne de droite à gauche, une ligne de gauche à droite…).

L’hébreu ancien ne connaîtrait que la conjugaison au présent. Toutefois, cette particularité sert surtout à appeler prophétie des textes qui n’en sont pas. Il n’existerait pas de verbe « être » ni de verbe « avoir », mais il faut sans doute comprendre qu’il n’existe pas de temps composés.

On prétend que les voyelles n’existent pas en hébreu, alors qu’elles sont présentes dans l’alphabet.  Des « Massorètes » médiévaux – Musri est l’Egypte en égyptien – auraient ajouté des ponctuations à l’Ancien Testament en hébreu pour vocaliser les voyelles. En ignorant les voyelles hébraïques existantes ? Ceci est une confusion avec la langue koufique des arabes.

Les kabbalistes croient au Sheol, les limbes hébraïques où les âmes attendent le Jugement dernier. Mais la kabbale valide aussi la croyance en la réincarnation. La croyance au jugement dernier est commune également dans le christianisme, et le Père de l’Eglise Origène croyait à la réincarnation. Chez Homère, et non chez tous les auteurs grecs, les Enfers où règnent Minos, Rhadamanthe et Eaque sont similaires au Sheol. Rhadamanthe a un autre point commun avec le judaïsme : il est l’inventeur de la loi du talion. Le Credo catholique tiré de 1 Corinthiens prétend que Jésus-Christ a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux Enfers. On croit donc originellement aussi aux Enfers chez les Catholiques.

Le plus célèbre écrit de la kabbale, le Zohar ou Livre des Splendeurs, est écrit par Moïse de Leon, un rabbin espagnol, vers 1280. Une légende lui donnait une plus grande antiquité. Il n’est cependant publié sous forme imprimée, en hébreu, qu’en 1558 et 1559 à Crémone et Mantoue (Madrid). Il existerait une version originale en araméen, l’hébreu étant une traduction. L’auteur réel est probablement le rabbin kabbaliste espagnol de « Safed » Moïse Cordovero (1522-1570). Cette publication fera polémique : selon certains, le contenu du Zohar aurait dû rester secret et désormais tout le monde pouvait le lire, à la condition de savoir l’hébreu. Alexandre le Grand aurait dit à Aristote : « Maintenant que vous avez mis à la portée de tout le monde les enseignements que vous m’avez donnés, en quoi serais-je supérieur aux autres ? [Aristote répond]: Sachez que mes leçons acroamatiques publiées peuvent se considérer comme n’étant pas publiées ; car ceux-là seuls les comprendront qui les auront entendues expliquer. »

Pour son préfacier, le Zohar accélère la rédemption et la venue du Messie.  Au 17ème siècle, le Zohar devient un livre sacré pour les communautés juives. Charles Mopsik dit qu’à l’époque les juifs étaient « persécutés », notamment s’ils avaient des relations sexuelles avec des non-juifs. L’Eglise leur menait la vie dure car les Dominicains venaient le samedi imposer leur prêche obligatoire dans les synagogues. Ceci est absurde : ces « Dominicains » sont des prêtres du Temple venant prêcher aux chevaliers de l’Ordre. Ces derniers suivent les principes de caste propres aux Lévites. Jésus n’a même pas encore été proposé comme messie.

Les Kabbalistes vont en Terre sainte, et seraient à l’origine du mouvement sioniste et du retour du messianisme. Vers 1530, les messies Salomon Molko et David Reubeni démarchent les souverains d’Europe occidentale pour mener une croisade et reprendre la Palestine. Ce sont là des anachronismes. Les messies précédents étaient encore Jésus et Vespasien au 1er siècle. Et les Juifs avaient quitté la Palestine en 132 après la défaite de Simon Bar Kokhba. Le roi David et le roi Salomon, à partir de 1580, ont demandé l’aide des Juifs d’occident pour lutter contre l’Empire grec et le catholicisme. Ceci explique les récits embrouillés de certains historiens constatant la fraternisation entre les armées turques et occidentales. Il n’y a pas de mystérieux courant souterrain unissant les Ottomans et les Chevaliers du Temple, mais une cause commune. La Terre sainte n’est alors pas la Palestine, mais Constantinople. Le kabbaliste Nahmanide qui se rend au 13ème siècle en Palestine est Nahman de Bratslav, qui vit à la fin du 18ème siècle.

Le Talmud annonce également des temps messianiques et un retour en Terre sainte, mais interdit de les faire advenir par anticipation. Dans l’allégorie, il s’agit du retour au Royaume de Dieu, après la mort de l’individu et de l’humanité. Il contient le principe moniste, la référence au temps cyclique et aux émanations. Ces aspects sont également présents dans le zoroastrisme, le chiisme ismaélien et duodécimain. On trouve aussi beaucoup de signes d’intertextualité entre le Talmud et les textes catholiques, et de nombreux éléments du Talmud sont cités dans le Coran. Le Talmud est donc la tradition orale des trois religions monothéistes. Le retour d’un messie à la fin des temps est bien entendu présent dans le christianisme et l’islam à travers Issa et Jésus. A l’origine, ce messie est Moïse ou Mithra. Mithra est le Mahdi des Chiites, le Maitreya des Bouddhistes, qui reviennent tous les deux à la fin des temps. Pour les Chiites, le Mahdi n’a pas de nom. C’est donc bien une incarnation de Moïse qui est attendue, mais son nom terrestre n’est pas encore connu. Les prophètes juifs annoncent aussi un tel messie, mais ils attendent plutôt Elie que Moïse.

Au 17ème siècle, la République de Cromwell s’alliera avec Menasche Ben Israel, rabbin kabbaliste et chef de la communauté juive d’Amsterdam. Les puritains anglais sont des héritiers des kabbalistes jésuites. Ils attendent le retour imminent du messie. Le millénarisme messianique et la peur de l’an mil n’est peut-être pas lié à l’année 1000 en chronologie chrétienne, mais en chronologie juive, pour lesquels l’an 7000 depuis la création du monde doit avoir lieu au 17ème siècle.

Les sources disparaissent quelque peu jusqu’en 1660 et l’avènement de l’hérésie sabatéenne en Europe de l’est. Les sources rassemblées par Gershom Scholem dans Sabbatai Tsevi – Le Messie Mystique montrent une population désespérée par une catastrophe, où ils ont semble-t-il tout perdu, et une haine sourde contre les Chrétiens et les Turcs. Les commentateurs soulignent la foi qui devait être la leur pour avoir gardé intacte leur indignation pour la destruction du Temple mille cinq cent ans plus tôt. C’est le Déluge de 1655 qui a conduit à la destruction totale de la République des Deux nations par les Cosaques d’Ukraine qui agite les rabbins polonais. Les Cosaques auraient été opprimés par le joug imposé par le roi de Pologne. Ils auraient demandé le soutien du tsar Alexis de Russie, et sous la direction de l’ataman Bogdan Khmelnitski auraient ravagé le pays, massacrant juifs, catholiques et unitariens sans distinction. Fomenko croit que les Cosaques sont l’armée régulière de Russie, mais il a fallu un traité de Pereslav en 1654 pour sceller l’accord entre Alexis et les Cosaques.

Scholem croit que les Juifs orthodoxes sont une minorité en Pologne au sein d’une population majoritairement catholique romaine, et que les Sabbatéens sont une minorité hérétique dans la minorité. Mais les historiens mentionnent un christianisme unitarien très important en Pologne à cette époque.

Les Sabbatéens sont trinitaires, conformément aux principes trinitaires de la kabbale. Leur référence en kabbale Isaac Louria est le fondateur des Jésuites Ignace de Loyola. Ils possèdent des livres saints nommés Toledoth Yeshu, c’est-à-dire des Evangiles. Luther, auteur du 18ème siècle, les présentera comme des blasphèmes. On retrouve donc les Esséniens en France et en Pologne.

Les unitariens sont les Hassidiques. L’Histoire prétend que les Hassidim sont une communauté religieuse créée vers 1770 par le Baal Shem Tov, Israel ben Eliezer. Mais il y avait des Hassidim au 17ème siècle, des soldats, dits autrement les Hussards de Pologne. Les Hussards en Pologne sont l’équivalent des Cosaques en Ukraine. Fomenko prétend que les Hussards de Hongrie à l’époque de Matthias Corvin étaient également appelés les Zélotes. Dans 1 Maccabées, Mattathias et Juda Maccabée s’appuient dans leur lutte contre le joug des rois grecs de Syrie sur les Hassidim de Galilée. On trouve des unitariens aussi en Espagne. Juda Maccabée écrit aux Spartiates (Sepharades) en les présentant comme les frères des Juifs. Flavius Josèphe dans les passages relatifs aux rois Hérodiens désigne Juda comme un Zélote, mais dans les passages sur les Hasmonéens, il est défini comme un Pharisien. Il était important pour Josèphe, lui-même pharisien, de bien distinguer entre les Pharisiens pro-romains et les rebelles Zélotes.

Les Pharisiens et les Esséniens ne se mélangent définitivement que dans le mouvement syncrétique des Lumières juives ou Haskala à la fin du 18ème siècle. Moses Mendelsohn essaie avec difficulté de concilier la pensée rationaliste et la Kabbale. Salomon Maimon et Nahman de Brastlav sont repoussés aux 12ème et 13ème siècles comme Maimonide et Nahmanide. Maimonide argumente contre la Kabbale et pour les idées d’Aristote, cependant que Nahmanide lui répond en défendant la Kabbale. La majorité des Esséniens refusera ce syncrétisme et se convertira en masse avec leur leader Jacob Leibowitz dit Jakob Frank vers 1775 au catholicisme romain. La majorité catholique de Pologne vient de ces frankistes, ainsi que leur hostilité traditionnelle envers les Russes et les Juifs.

Gershom Scholem n’accordait aucune valeur intellectuelle à la Kabbale et ne s’y intéressait que comme l’héritage culturel de son peuple. Il se méfiait des prétentions de Eliade et Jung à faire de la mythologie comparée, entachant la singularité du judaïsme. Il nous présente la kabbale lourianique du 17ème siècle dans un état de corruption très avancé. Beaucoup de rabbins s’en désintéressent. La littérature alchimique des 17ème et 18ème siècles partage avec la kabbale de Louria un goût pour la complexité gratuite. L’alchimiste français Fulcanelli ne se prive pas non plus de les critiquer.

Selon Joscelyn Godwin, les Sabéens de Harran traduisent du grec en arabe au 6ème siècle les textes spirituels et scientifiques, et permettent au monde islamique de s’acclimater à la pensée grecque, et ainsi de sauver la pensée de Platon et l’alchimie, qui auraient sans cela été perdues après 529 et la fermeture de l’académie d’Athènes par Justinien. L’islam soufi reconnaît les sages grecs, les prophètes juifs et Jésus comme prophète. Hermès y est Idris et Agathodaimon est Seth. Mais Agathodaimon est déjà Seth chez l’auteur chaldéen Bérose au 4ème siècle. Les œuvres littéraires soufies datent plutôt du 12ème siècle, avec quelques rares textes datés du 9ème au 11ème siècle. Les ouvrages des anciens grecs seraient revenus en occident au 15ème siècle en Italie par les arabes. Curieusement, ils ne transmettent pas leur propre littérature en arabe. Ce sont d’ailleurs les Byzantins – alimentés par les arabes bien entendu – qui les amènent en Italie lors du concile de Ferrare en 1438. L’auteur chrétien platonicien Gemisthe Pléthon va alors fonder une nouvelle académie néoplatonicienne à Florence, et faire redécouvrir Platon aux chrétiens d’occident qui l’avaient oublié depuis la fermeture de l’académie de Plotin en 529. Pléthon est Platon. Salomon Ibn Gabirol, Saadya Gaon, Judah Halevy sont tous kabbalistes et « néoplatoniciens ». Les kabbalistes juifs ne mentionnent pas Platon car ils lui sont antérieurs.

Pléthon amène en Italie les textes attribués à Orphée, Dionysos, Zoroastre, Pythagore, ainsi que la République et les Lois de Platon. Lui-même est auteur d’ouvrages nommés La République et les Lois. A part Platon, Joscelyn Godwin date ces textes du 1er au 3ème siècle AD. Les enseignements de ces textes sont peu ou prou les mêmes. Orphée bougeait les pierres avec sa lyre. Dans les versions tardives du mythe, Orphée est un dieu mourant comme Jésus, avec lequel il est parfois confondu. Un récit du 2ème siècle voit Jésus descendre aux Enfers délivrer l’âme des patriarches. La descente de Jésus aux Enfers est mentionnée dans le credo de Constantinople, que les fidèles récitent à la messe, mais pas dans les Evangiles. La figurine votive nommée Orpheos Bakkikos représente Orphée crucifié sous la forme d’un âne. Les Gnostiques osiriens font de Seth la part animale et Osiris la part divine en l’homme. L’animal représentant Seth est censé être un chacal ou un lièvre mais on peut y voir un âne. Chez Jean de la Fontaine, Ali Boron est un âne, cependant qu’Aldébaran représente la constellation du Taureau chez les arabes. Il semble que là où le culte de Mithra privilégie le Taureau, celui d’Osiris privilégie l’âne. Dans Contre-Apion, Flavius Josèphe se scandalise qu’Apion affirme que les Juifs adorent une tête d’âne. Le Talmud accuse pourtant les Chrétiens et non les Juifs d’adorer une tête d’âne. Possiblement Apion appelle Juifs les Orphites ou Séthiens d’Egypte, que le Talmud appelle Chrétiens.

Les Mystères orphiques s’intéressent à l’amour et à l’art. Pythagore y ajoute la science. Comme Pythagore, Platon prône la hiérarchie spirituelle et temporelle. Contrairement à Platon et Pythagore, les Mystères d’Eleusis à Demeter ou la Vierge sont accessibles même aux femmes et aux esclaves. Godwin rapproche la procession à Eleusis de l’hajj des Musulmans.

Les Oracles chaldéens de Zoroastre sont considérés comme un Genèse iranienne. Mais au 18ème siècle les Oracles chaldéens – Celtes – sont considérés comme romains et produits au 2ème siècle par la famille des Juliani, dont le fils prodiguait des oracles lorsqu’il était en transe. Le néoplatonicien Proclus en témoignerait. Bien entendu les Juliani sont les empereurs juliens, Zoroastre Jules César. Les Oracles chaldéens correspondent peut-être à la Sudas, la Genèse étrusque. Le premier commentaire des Oracles par Psellus date du 11ème siècle, non pas à Rome mais à Byzance. Leur réapparition se fait avec Pléthon au 15ème siècle, et leur version définitive par Francesco Patrizi de 1593. Il faut considérer Patrizi comme l’auteur en 1593.

Il existe trois Denys ou Dyonisos.  Dans les Actes des Apôtres, Paul convertit un Denys, traditionnellement le premier évêque d’Athènes. Au 9ème siècle, Hilduin de Saint-Denis prétend que le premier évêque d’Athènes et le premier évêque de Paris, également nommé Denys, et martyrisé au 3ème siècle, ne font qu’un.

Côme de Medicis fonda une nouvelle académie dans sa villa de Careggi de Florence dirigée par Marsile Ficin. Ficin introduit la magie arabe et les principes de correspondance. Les académiciens de Florence ajoutèrent au corpus de Pléthon le Corpus Hermeticum, dont ils avaient trouvé en Macédoine un exemplaire daté du 1er au 3ème siècle AD. Ficin en fit la traduction en latin. Dans le Corpus hermeticum, Ficin distingue Zoroastre le Perse, Hermès l’égyptien, Orphée le Thrace, Pythagore, et les alter ego Platon et Plotin ! Visiblement, Ficin n’a rien traduit. Il a composé le Corpus hermeticum à partir des textes amenés par Pléthon en Italie.

Le faux auteur du Corpus hermeticum est Hermès Trismégiste. Bien que Hermès soit un dieu grec assimilé à Mercure, le messager des dieux, il est ici présenté comme un égyptien. Comme il est pourvoyeur de sagesse, il est souvent assimilé au dieu Thôt. La légende dit que le Corpus hermeticum est arrivé en Italie en 1460, et que Marsile Ficin l’a traduit en 1463. Hermès étant un dieu grec, on suppose qu’il est traduit du grec. Hermès est la version grecque de Mithra ou Moïse. Le caducée d’Hermès correspond au bâton de Moïse et à son serpent de bronze. Mais le Corpus hermeticum est un autre livre de Moïse. Il n’est pas la Torah. On retrouve en Hermès Trismégiste – trois fois grand – le principe de la Trinité.

Zoroastre est lui un avatar de Jules César ou Jésus. Comme les Oracles chaldéens ou le bouddhisme tibétain, l’hermétisme permet à l’initié de réaliser son corps radiant dans cette vie, pour ne pas se réincarner, et s’il le fait, qu’il s’agisse toujours d’un choix.

Les cardinaux catholiques à la cour des Médicis ne font publier que des livres d’alchimie ou d’hermétisme, et jamais de textes chrétiens. Hermès est aussi supposé un maître de l’alchimie. Hermétisme et alchimie vont donc de pair, et sont associés à l’Egypte. Pourtant, si les textes du Livre des Morts peuvent évoquer l’hermétisme, il ne semble pas exister de sources en Egypte sur l’alchimie. L’alchimie est développée par des auteurs français ou italiens aux 15ème et 16ème siècles. On trouve aussi des symboles alchimiques sur les anciennes cathédrales, et pas toujours de symboles chrétiens.

Le Corpus hermeticum égyptien évoque l’ascension des sept sphères planétaires après la mort. Elles seraient également présentes dans le Livre des Morts égyptien. Les sept sphères sont une donnée astronomique autant qu’ésotérique, puisqu’elles sont décrites par l’astronome égyptien Claude Ptolémée au 2ème siècle. Dans la théurgie de Mithra à Rome, l’initié réalise l’ascension des sept sphères. Mithra est identique à Hermès. Le soufi du 12ème siècle Surahwardi évoque lui aussi l’ascension des sphères par… Zoroastre. Il cite l’Avesta et le Bundahism, les livres zoroastriens. Surahwardi citerait aussi Hermès et Platon. Les messies ici sont Mithra et Zoroastre, plutôt que Hermès et Osiris, mais il s’agit du même culte maçon. Dans le Corpus hermeticum, le soleil est le plus grand de tous les dieux. Dans le culte primitif de Mithra, Mithra la Lune était au-dessus de Helios. L’Eglise zoroastrienne inverse le rapport.

La Divine Comédie de Dante du 14ème siècle évoque aussi l’ascension à travers 7 ciels. Ce texte occidental introduit Mahomet. Certains auteurs récentistes placent Dante au 16ème siècle (17ème ) car les auteurs antérieurs ne le mentionnent jamais. Godwin dit que la confrérie des fedeli d’amore à laquelle appartenait Dante est proche des troubadours cathares chantant l’amour courtois, disparus de l’histoire « un siècle plus tôt ». Dans tous ces courants, la couleur verte a une grande importance. Chez Dante, Béatrice est la Sophia, habillée de vert et ayant les yeux verts. Le vert est la couleur d’Osiris, qui réapparaît comme Al-Khidr dans l’islam. Le vert deviendra même la couleur de l’islam,

Godwin assure que l’hermétisme est à l’origine de la franc-maçonnerie, ce qui est vrai. Elias Ashmole fut le premier maçon non opératif à être initié en 1646. La franc-maçonnerie opérative serait issue des rituels d’initiation du compagnonnage des artisans dans les différents corps de métier. C’est absurde : la maçonnerie opérative est l’alchimie, à travers la fabrication de la pierre philosophale.

Des citations d’Origène et Clément d’Alexandrie, pourtant Pères de l’Eglise, ainsi que de nombreux évêques de l’Eglise primitive montrent qu’ils partagent des points de vue avec les hérétiques. Origène croyait à la transmigration des âmes. Ce panthéisme chrétien est conforme à la pensée platonicienne, où tout ce qui existe est une émanation à un degré ou un autre de la divinité. Cette pensée se retrouve dans l’arbre de la Kabbale et la doctrine du logos de l’Evangile de Jean. Dans la Genèse, Dieu est lui-même créateur. Dans l’Evangile de Jean, le logos Jésus est la première émanation de Dieu et crée pour lui.

Un auteur chrétien néoplatonicien nommé Denys l’Aéropagite, écrit au 5ème ou 6ème siècle, à peu près à l’époque de l’académie de Plotin. Mais ses textes n’apparaissent en occident qu’au 9ème siècle, quand John Scot Erigène (le véritable Origène) en fait la traduction. On prétend que ce Denys serait le Denys converti par Paul. On ne distinguera les trois Denys qu’à compter du 16ème siècle. L’école de la cathédrale de Chartres du 12ème siècle aurait enseigné la pensée de Platon et des néoplatoniciens, supposées hérétiques depuis toujours, et leur rejet réaffirmé au 13ème siècle dans la scholastique de Thomas d’Aquin. Les cathédrales seraient construites selon le plan de la kabbale. Au 14ème siècle, l’abbé mystique rhénan Maître Eckhart, est présenté comme l’héritier de Denys et Erigène, un demi-millénaire plus tard. Eckhart fut excommunié non pas pour ses idées, mais pour divulgation des secrets de l’Eglise. Comme Cordovero avait dévoilé la Kabbale. L’Eglise a longtemps été panthéiste. L’ouvrage d’Elisabeth de Polier sur la religion des Hindous publié vers 1800 montre que l’auteure est imprégnée de la pensée de Leibniz, et que le panthéisme n’est pas contraire aux enseignements de l’Eglise. Ce point de vue n’a sans doute évolué qu’à partir du concile Vatican de 1869-1870.. C’est avec Vatican I que Dieu est désormais séparé de sa création. Les auteurs préfèrent gloser sur un courant ésotérique souterrain qui aurait couru de façon discrète pendant des milliers d’années sans que la masse des fidèles en aient connaissance. Ainsi fait Joscelyn Godwin dans The Divine Thread.

La pensée d’Aristote fera beaucoup de mal à l’émanatisme platonicien. Elle transforme les pensées musulmane, juive et chrétienne sans distinction. Maïmonide est souvent présenté comme un kabbaliste. Il la connaît. Mais il n’en est pas un partisan. Il soutient Aristote contre la Torah s’il le faut, et s’oppose aux livres prophétiques et à l’idée de la venue d’un messie. Réaliste en politique, il rejette aussi l’enseignement de l’Histoire comme contraire aux bons principes de gouvernement. Parmi les arabo-persans, Avicenne est un émanatiste. Averroes est aristotélicien. La dispute entre Maimonide et Nahmanide a son pendant musulman, avec la dispute entre Averroes et Ibn al Arabi, le soufi, qui l’invite à Grenade. En pure perte, puisqu’ils n’arrivent pas à s’entendre. L’empereur byzantin Justinien qui fait fermer l’académie de Plotin en 529 a pour alter ego le sultan turc Mehmet II (1444-1481). Ce dernier nomme un patriarche de Constantinople nommé Scholarios, qui est un reflet d’Aristote. Mehmet II est le second Mahomet, et un reflet du sultan Soliman le Magnifique (1520-1566, 1620-1666), peut-être l’auteur du Coran.

Les Esséniens sont donc responsables de la Torah et de son codage par la Kabbale. Ils valorisent toujours le sacrifice mais Flavius Josèphe dit qu’ils sont interdits d’accès au Temple. Selon la version d’Origène, Jacques, le chef de l’Eglise chrétienne de Jérusalem, était pourtant le sacrificateur du Temple. Josèphe parle donc d’un temps où l’Eglise catholique a déjà écarté les Templiers. En effet, Jacques est remplacé par le sadducéen Anne vers 1590, sans doute le grand-maître de France Anne de Montmorency. Les courants gnostiques et kabbalistes influencent respectivement la pensée de Marc et celle de Jean. Chacun adapte donc un courant de pensée du judaïsme à Jésus.

La doctrine du logos

L’Evangile de Jean présente la doctrine de la kabbale par à travers celle du logos. Cette doctrine distingue le Créateur et le Créé et n’est donc pas associationiste. C’est le Verbe de Dieu qui se fait chair, et non pas Dieu. La version orientale est le soufisme. Les noms de Dieu y sont les manifestations matérielles de sa réalité immatérielle.

Les Evangiles prétendent que le péché originel a été définitivement enlevé du monde par Jésus, et mettent fin à la notion de sacrifice. L’Evangile essénien est celui de Jean. Les auteurs suggèrent une erreur de traduction du grec au latin dans les Evangiles, le grec « kremo » voulant dire « en croix », devenant le latin « cremo » qui signifie « immolé ». La version latine se retrouve dans l’Agneau de Dieu de Jean. L’immolation de l’agneau est le symbole de la Pâque juive et du sacrifice juif. Il y a toujours une référence au sacrifice animal chez Jean. Le sacrifice de l’Agneau est même conservé dans l’islam, non plus le jour de la Pâque, mais le jour de l’Aïd. La version en grec est soutenue par Paul et Marc avec la théologie de la croix. La crucifixion est un symbole très répandu dans les Mystères païens.

Freke et Gandy prétendent que le Canon chrétien a été expurgé des allégories, mais cela contredit toute leur démonstration. Ils citent un auteur qui affirme qu’il y a trois évangiles de Marc. Le premier est celui que nous connaissons, destiné au premier degré d’initiation, pour ceux qui ont été baptisés par l’eau. Un second évangile de Marc écrit est destiné à ceux qui ont été baptisé par l’air. Un troisième évangile uniquement transmis par oral s’adresse à ceux qui ont passé le baptême du feu. Les expressions baptême de l’air et baptême du feu existent toujours en français, probablement comme souvenir de cette époque où ces baptêmes étaient promus au sein de l’Eglise. Ils ont été adoptés pour désigner les aviateurs et les pompiers débutants.

Les trois baptêmes sont bien présents dans les Evangiles. Le baptême de l’eau est le premier épisode de l’Evangile de Marc, où Jésus est baptisé dans les eaux du Jourdain par Jean- Baptiste. Le baptême de l’air peut être rattaché au moment où Jésus souffle sur les apôtres au Chapitre 20 de l’Evangile de Jean. Le baptême du feu serait la descente de l’Esprit saint en langues de feu sur les disciples, à l’origine de la fête de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres. Chez Paul, il y a résurrection de Jésus au ciel. Or les épisodes postérieurs à la mort de Jésus, la Résurrection et la descente de l’Esprit-Saint, ne font pas partie des évangiles originels de Jean et Marc. Les trois évangiles de Marc auront été remplacés par cette finale.

Les fidèles ayant atteint chacune de ces initiations sont appelés hyliques, psychiques et pneumatiques. L’eau étant un symbole de l’incarnation, le baptême de l’eau peut représenter simplement l’incarnation. En effet, dans l’Eglise catholique romaine, il est admis que tout être humain est par nature un fidèle et peut être baptisé. Le baptême est un sacrement automatique dû à la naissance, et n’est relié à aucune initiation.

Les Evangiles canoniques seraient destinés à la masse des fidèles, bien que présentant de façon ostensible des références aux initiations supérieures. Les nombreux évangiles non canoniques dits apocryphes, pourraient être des travaux d’étudiants de niveau psychique. Souvent ils n’évoquent que la période de la vie de Jésus postérieure à la résurrection, qui correspond à la phase psychique. Au plus haut degré d’initiation, les mystères ne se communiquent que de bouche à oreille, ainsi que les Evangiles de Marc et Jean le disent.

On retrouve ce schéma dans les écoles druidiques, avec les trois degrés d’initiation que sont les vates, les bardes et les druides. On n’a jamais retrouvé d’écrits de vates et il est reconnu que les druides n’écrivaient rien. En revanche, il semble attesté que les bardes étaient tenus de  produire un travail écrit pour démontrer leur bonne réception de l’enseignement. D’autres systèmes de Mystères à trois degrés sont organisés autour des corporations de métiers, qui octroient les grades d’apprenti, compagnon et maître. Ils sont certainement inspirés de l’Eglise primitive.

Le catholicisme conserve l’initiation par le baptême. Mais le credo affirme qu’il n’y a qu’un seul baptême. Le même mot « mass » désigne en anglais à la fois l’assemblée des fidèles et la cérémonie à laquelle ils assistent. Les paraboles sont destinées aux fidèles ordinaires. Car Marc, tout en affirmant que les paraboles ne sont pas destinées à être comprises du commun, en explique aussitôt le sens.

Les anciens baptêmes de l’air et du feu sont devenus le sacrement de l’ordination des prêtres. Mais le séminaire des prêtres est une forme d’initiation. Les Evangiles de Marc et de Jean en portent la trace, puisque Jésus y est dit enseigner en secret à certains de ses disciples.

L’Eglise de Rome présente les Evangiles comme des témoignages historiques. On veut cacher l’existence d’une doctrine différente pour les prêtres. Cette occultation est spécifique au catholicisme romain, particulièrement depuis Vatican I (1870). L’islam ou le judaïsme ne cachent rien puisque le Soufisme et la Kabbale y sont bien connus. Mais les défenseurs des doctrines ésotériques sont maintenant persécutés, y compris par des prêtres chiites qui devraient avoir reçu ces initiations. Dans le zoroastrisme le soufisme était un rouage essentiel de l’enseignement.

Les religions de masse comme le catholicisme romain ou l’islam ont pour principal objectif le maintien de l’ordre social. Elles y parviennent par la création d’une culture et de rites à observer par la communauté, et l’imposition de la morale civile par la religion. Il est plus difficile de transgresser la loi quand on prétend qu’elle est issue d’un décret divin. Ceux qui ne respectent pas les commandements sont châtiés, dans ce monde ou dans l’au-delà. Ceux qui les respectent sont récompensés. La spiritualité est réduite à l’obéissance à la loi religieuse et à l’exécution correcte des rites, dans l’espoir d’une récompense. Ces religions pour s’imposer doivent le faire dans la violence. Leurs textes sacrés ne le nient même pas.

Les Jésuites ont écrit des utopies pour faire de l’Eglise catholique « une Eglise universelle pour un empire universel » sur le modèle d’Isaïe, toujours en lien avec l’Ancienne alliance mosaïque. Ils préconisent une lecture morale et littéraliste des textes pour la masse des croyants et cachent les dimensions ésotériques. Ils rejettent la doctrine du péché originel, affirment le libre arbitre. Ils conservent le sacrifice de l’agneau, comme dans l’islam, et le symbole du croissant. Ils exigent que le peuple ait la Foi et se montrent intolérants envers l’hérésie.

Dans la religion ésotérique, le sujet ne vise pas le bien, mais la connaissance. Il veut comprendre les lois de la matière pour s’en libérer. Cet enseignement sépare la morale de la divinité, et représente donc un danger pour la société. Il est donc limité à un petit nombre. Schématiquement, une des voies de la connaissance est ascétique et liée à l’esprit, l’autre sensuelle et liée à la matière. Chez Paul, les tentations et souffrances de la chair ne sont plus les conséquences du péché originel, mais permettent à l’esprit d’accélérer son apprentissage. Certains groupes ont considéré qu’il n’était pas interdit d’y succomber. Satan représentant la matière. Ce choix de la matière en conscience, par un sujet initié, est le satanisme. Ces deux aspects sont présents tous les deux dans le lamaïsme tibétain. La voie matérielle est le tantra main gauche. La lumière est associée en maçonnerie à la matière et non à l’esprit. Le maçon de rang élevé est ainsi libéré de la culpabilité mais non de la matière et du désir.

Freke et Gandy appellent l’interprétation allégorique de la Bible du nom de gnosticisme. Or toute interprétation d’un sens caché n’est pas gnostique. Les Epîtres de Paul et l’Evangile de Marc sont des textes gnostiques. Les autres Evangiles, et notamment Jean, ainsi que l’Ancien Testament, sont émanatistes et platoniciens. Pour les Gnostiques, le monde matériel est la création d’un démiurge malfaisant. Certains éléments de langage gnostiques sont compatibles avec l’émanatisme, comme l’existence d’archontes malfaisants. Mais dans les doctrines émanatistes, c’est le logos ou Verbe de Dieu qui est créateur. Cela reviendrait à dire que le Jésus de l’Evangile de Jean est le démiurge. Le Jésuite Molina défendait le principe du libre arbitre, et fut condamné pour cela par le pape Clément VIII. Les Cathares – gnostiques – n’admettent pas de notion de choix. La vie humaine suit un destin écrit à l’avance.

Le gnosticisme

Pendant tout le 18ème siècle, le seul texte connu issu des communautés gnostiques aurait été la Pistis Sophia. Cinq textes ont été « découverts » au 19ème siècle. Le vingtième siècle a vu la découverte des textes manichéens, et en 1945 les Evangiles gnostiques des grottes de Nag Hammadi. Les Gnostiques jugent la création comme mauvaise et veulent s’en libérer. Ils possèdent des Evangiles complémentaires de celui de Marc dans lesquels le créateur du monde matériel n’est pas le dieu suprême mais un démiurge malfaisant, lui-même  créé par Dieu, nommé parfois Ialdabaoth, et qui se prend lui-même pour Dieu. On retrouve cette pensée dans le bouddhisme : l’adepte veut se libérer du cycle du samsara des réincarnations et entrer dans le nirvana. Dans les récits sanskrits, Birmah le dieu créateur est décrit avec de nombreux défauts humains. Il est inférieur à Shiva et Vichnou et aucun culte ne lui est rendu. Les Cathares ne possédaient pas apparemment les Evangiles gnostiques, mais ils se représentent la création comme mauvaise. Les Cathares – comme les Jésuites – auraient possédé les rites alumbrados d’extinction des Lumières, qui se retrouveront chez les Sabbatéens de Pologne au 17ème siècle. Mais les Jésuites contrairement aux Cathares sont émanatistes.

Dans l’Epître aux Corinthiens, Paul parle de « princes de ce monde » et d’êtres démoniaques associés aux planètes qui gouverneraient la vie des hommes sur Terre. Dans le texte grec, les princes de ce monde sont nommés « archontes » comme dans les Evangiles gnostiques. Ces archontes sont des influences archétypalesqui nous poussent à entretenir des comportements impersonnels mais qui se retrouvent dans l’histoire de nombreux individus. Ils comprennent la part animale de l’individu que sont ses désirs et bas instincts mais ont une acception plus générale. Les dix rois d’Atlantide chez Platon sont appelés des archontes. Le récit de Critias et Timée font ainsi d’Atlantide le royaume de Satan. Poséidon y a le trident du diable. La victoire des anciens Athéniens et le déluge qui fait disparaître Atlantide ont une dimension de Mystères. Mais Platon est un auteur émanatiste.

Paul est gnostique dans la mesure où sur la fin il rejette le dieu de l’Ancien Testament. Il estime que la nouvelle alliance abolit l’alliance mosaïque, et introduit le symbole de la croix. Dans l’épître aux Philippiens, le schéma de la vie de Jésus est réduit à sa plus simple expression : Jésus est au ciel, il descend dans la matière, souffre une mort ignoble et monte au ciel pour une renaissance. Le Fils de l’Homme ressuscite ainsi aux cieux, et non sur Terre. On y retrouve la notion de paradis des zoroastriens.

Marc le suit en écrivant des Juifs « vous avez pour père le diable ». Les Gnostiques d’Alexandrie rejettent l’Ancien Testament et suivent Marc. Ceux-ci deviendront l’Eglise copte, attaché spécialement à Saint-Marc. Les Cathares suivent cet avis et rejettent l’Ancien Testament. Le culte d’Osiris en Egypte, bien que fondé en complément de la lignée de Mithra par David, tend à faire disparaître également le culte d’Amon, peut-être sous l’influence des Gnostiques. Toutefois, le Gnosticisme repose sur une interprétation maximaliste des textes de Paul et Marc. L’Osirisme ou la religion des Cathares deviennent des cultes dédiés à la vie après la mort, où le monde matériel est mauvais, et la vie sur Terre une pénitence. Tacite a présenté comme une vile superstition ce que nous pensons être la rumeur que César était un dieu. Il est même douteux comme Suétone le prétend que les empereurs romains aient voulu être divinisés après lui. Mais c’est une idée qui avait fait son chemin. C’est l’interprétation particulière des Cathares ou Chrestiens, ainsi que des Egyptiens, qu’il reviendrait juger les vivants et les morts à la fin des temps, cette espérance de la mort, qui a été combattue. Elle le fut en supprimant systématiquement le culte Cathare en Europe, et le culte d’Osiris en Egypte.

La forme classique du mazdéisme affirme l’affrontement de deux principes créateurs, un bon et un mauvais.On retrouve ce schéma dans le manichéisme, et le taoïsme. Le mazdéisme moderne prétend qu’à certaines époques Ahura Mazda était le créateur, mais à d’autres, Angra Mainyu avait seul le pouvoir de création. Cela ressemble à un syncrétisme tardif. Mais il existe une version gnostique dans la Bundahisn, où Ahriman, le principe mauvais, est le seul créateur.

Freke et Gandy proposent un ordre de composition des textes du Nouveau Testament, qui est l’ordre le plus largement accepté. Les lettres dites « authentiques » de Paul sont les premières,  puis viennent successivement Marc, Matthieu et Luc, les Actes des Apôtres, écrits selon l’opinion la plus répandue par Luc, l’Evangile de Jean, et enfin les autres épîtres de Paul. Ceci prouverait que l’Eglise ésotérique apparaît avant l’Eglise littéraliste. Mais les épîtres de Paul ne sont pas plus ésotériques que les autres textes. Les épîtres viennent effectivement en premier, sans doute celles de Jude et Jacques les premières, pour la seule raison que les Evangiles n’y sont pas mentionnés.

Paul réussit à imposer son point de vue à l’empereur Constantin, qui s’impose au Concile de Nicée (1581). Paul s’est détaché de l’Ordre du Temple et rejette désormais l’ancienne alliance mosaïque. Clément VIII (1592-1605) a expulsé les Juifs mais aussi excommunié les Jésuites. Dans ces deux mouvements, on trouve l’éviction de l’Ordre du Temple. C’est par Constantin et Paul que s’impose la croix de Saint-André en X. Un courant jésuite rendu compatible avec l’Eglise réintègre ses rangs. Ce mouvement peut être vu comme identique au remplacement de l’Ordre du Temple par celui des Hospitaliers de Saint-Jean. Ce dernier n’a plus l’autonomie du Temple et n’est qu’une émanation de l’Eglise romaine. Les Luthériens ou Jansénistes au 17ème siècle reprennent certains principes des premiers Jésuites et rejettent la pratique de l’Eglise romaine du salut par les œuvres, estimant comme Paul que le salut s’obtient par la Foi. D’autres courants issus du Temple essénien se développent au 17ème siècle comme les Rose-Croix, estimant que l’Eglise catholique a trahi et qu’elle doit d’abord être abattue avant de refonder un nouvel universalisme.

C’est l’Eglise catholique, sous Clément VIII ou même après lui, qui demande à Erasme de compiler le Nouveau Testament. Ce dernier contient l’Evangile des Gnostiques, Marc, celui des Jésuites, Jean, ou encore celui de Luc, à savoir Sénèque, éminence grise de l’empereur Néron. L’Ancien Testament est réécrit pour permettre une lecture intertextuelle avec les Evangiles. Pour Freke et Gandy, la Septante en grec est mieux adaptée à la lecture intertextuelle avec les Evangiles. Ainsi la Septante ne peut dater de 270 av JC et les Evangiles du premier siècle. L’intertextualité n’est possible que lorsque la composition est simultanée. La Septante originelle est sans doute la Bible de Constantin de 1581.

Dans l’islam comme le catholicisme romain, la recherche d’une religion universelle favorise la volonté de syncrétisme au détriment de la clarté de la doctrine. Les deux cosmologies, gnostique et émanatiste, tendent à disparaître au profit d’une simple exigence de foi, qui n’est pas éloignée des enseignements de masse des Jésuites.

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