Histoire ecclésiastique

Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée, écrite au 4ème siècle, donne le récit des premiers temps de l’Eglise après les événements couverts par les Actes des Apôtres, entre 33 année de la mort du Christ et 325, celle du concile de Nicée. L’édition en français que nous étudions est celle du Cerf, traduction de Gustave Bardy revue par Louis Neyrand. L’édition originale aurait été écrite en grec. Néanmoins, on trouve en ligne des images de la version syriaque, détenue par la Bibliothèque nationale russe, mais pas de version grecque.

La version en latin est supposée être une traduction de Jérôme de Stridon. La version de Jérôme présentée sur gallica semble être de Prosper d’Aquitaine, et présente une date de 1483. « Hieronymus » dans ce document – et non Jérôme ou Djerasmus – désignerait Eusèbe lui-même. La plupart du temps les traductions françaises sont faites à partir d’une version latine de Rufin d’Aquilée que les éditeurs ne mentionnent pas. Eusèbe aurait été « complété » par d’autres auteurs comme Socrate (l’autre), Sozomène, Théodoret ou l’abbé Fleury, dont les ouvrages paraissent tous … à la fin du 17ème siècle.

Dans un cadre récentiste, cette Histoire ecclésiastique est trop longue et donc est a priori suspecte de falsification. Il n’est guère logique non plus qu’un culte persécuté bénéficie de conversions en masse. Les foules auraient été convaincues par le « témoignage » (le mot pour tortures) des martyrs et n’auraient souhaité qu’une chose : pouvoir eux aussi être torturés et tués au bénéfice de la foi chrétienne. Leur exemple aurait été si fructueux que l’empereur Constantin finit par s’y rallier. Avec le sens de la litote qui sied à des exégètes eux-mêmes chrétiens, les notes de bas de page créditent Eusèbe d’une vision téléologique de l’Histoire : il ne doute pas une seconde que l’Eglise finisse par s’imposer au monde. Ceci serait d’autant plus méritoire qu’il aurait écrit les sept premiers livres sans savoir que Constantin se convertirait et déclarerait le catholicisme religion de l’Empire. Complotistes, ils envisagent que les commentaires triomphalistes et la prétention à donner un sens à l’Histoire dans les sept premiers livres – censés écrits avant la conversion de Constantin – seraient des interpolations tardives. Ce biais est cependant bien trop systématique pour qu’Eusèbe n’ai pas eu cette finalité en tête dès le début de sa rédaction.

Voici notre point de vue. Selon des auteurs latins, Rome persécutait les « Chrestiani » sous Néron. L’Eglise de Rome au 13ème siècle (17ème siècle) persécutait les Cathares, qui se nommaient eux-mêmes… Chrestians. L’histoire a retenu leur mort sur les bûchers s’ils n’abjuraient pas leur foi, tout comme les Chrétiens d’Eusèbe. Eusèbe cite également des bûchers, mais aussi les bêtes sauvages et les décapitations pour ceux qui étaient citoyens romains. Il en va de même à l’époque médiévale où les nobles sont décapités et non pendus. Fomenko cite aussi l’existence d’une école de gladiateurs au 14ème siècle en Italie. La religion cathare ne s’est pas épanouie, mais a disparu suite aux persécutions dont elle a fait l’objet.

Nous avons identifié comme un possible « Eusèbe Pamphilj  » évêque de Césarée le pape Jean-Baptiste Pamphilj dit Innocent X (1644-1655), grand-maître de l’Ordre de Saint-Eusèbe. Ce dernier avait pour général des armées du pape Godefroi de la Tour d’Auvergne, duc de Bouillon. Il s’agit d’un alter ego évident du roi de Jérusalem Godefroi de Bouillon (11ème siècle), chef de la première croisade. Ce Godefroi du 17ème siècle était allé combattre dans la région de Toulouse. On pense à la croisade contre le Cathares (13ème siècle) menée par Innocent III (1198-1216).

Seuls les vainqueurs écrivent l’Histoire. Eusèbe a simplement inversé le rapport historique : après avoir éliminé dans le sang les églises concurrentes, l’Eglise de Rome prétend être celle qui a souffert de persécutions, et présente toutes les interprétations différentes comme des « hérésies » bien entendu tardives, et venues corrompre la foi authentique originelle. Comme le faux livre d’Irénée « Contre les hérésies », Histoire ecclésiastique est un long récit de la lutte séculaire contre des hérésies nombreuses et un pouvoir romain hostile.

Eusèbe présente une succession d’empereurs chrétiens, puis persécuteurs des Chrétiens, qui n’a pas de sens. Il cherche à imposer une chronologie longue, en plaçant les empereurs les uns après les autres, alors qu’il y a deux empereurs, un chrétien et l’autre non. Le récit de cet affrontement est également répliqué plusieurs fois, sous des noms différents. La liste des empereurs doublonne également celle des évêques. L’évêque de Rome est l’empereur de Constantinople. L’évêque de Jérusalem (Rome) est l’empereur d’occident. L’évêque d’Alexandrie (Moscou) est le tsar de Moscovie. Des hérésies identiques surgissent sous des noms différents à un ou deux siècles d’intervalle.

L’Histoire d’Eusèbe est écrite du point de vue des Grecs. Il s’excuse de mal connaître le latin et mentionne peu d’événements pour l’occident. Eusèbe cite à peu près tous les auteurs chrétiens écrivant en grec et le fait en citant in extenso. En revanche il ne connaît des auteurs latins que l’ouvrage Apologétique de Tertullien, parce qu’il a été connu en grec. Il nomme Cyprien et Novatien mais ne les a pas lus. Il ne fait aucune mention de ses contemporains Minucius Felix, Arnobe et Lactance. Concernant les guerres de Constantin, Lactance est plus précis qu’Eusèbe. Eusèbe connaît les martyrs de Lyon en 177 parce qu’une lettre aurait été écrite en grec à l’attention des églises d’orient. A noter que les bas-reliefs des arènes de Lyon montrent clairement des soldats en cotte-de-maille. La catéchèse la présente en général Blandine comme une jeune fille, mais Eusèbe la présente plutôt comme une mère symbolique des autres martyrs. Bien que distincts en théorie de cinq-cents ans, l’apologie des martyrs de la chrétienté est très proche de l’apologie des martyrs aux livres II et IV des Maccabées, où une mère subit également le martyre avec ses fils. Basile de Césarée et Grégoire de Nysse mentionnent aussi les quarante martyrs de Sébaste, plus tardifs. Ils disent que les corps étaient découpés en morceaux et jetés à la mer. Selon Eusèbe, les persécutions contre l’Eglise étaient bien moindres en occident.

Le récit d’Eusèbe est « bouclé ». A la fin de son récit surgit l’empereur d’occident Constance (Chlore), un empereur chrétien irréprochable, dont Eusèbe prétend qu’il fut le premier à être élevé au rang de dieu. Et cet être divin, Eusèbe n’en dit rien d’autre, ne dit rien de sa vie, à part le fait qu’il fut le père de Constantin. Or Eusèbe n’objecte pas, et porte au crédit de Constance son élévation au rang de dieu, alors qu’il insiste en permanence sur le fait que seul Jésus est Dieu. Eusèbe a en réalité cité plusieurs empereurs qui furent divinisés avant Constance. Jules César fut divinisé, bien qu’Eusèbe n’en dise rien. A sa suite Caligula et Domitien furent également divinisés, et Eusèbe en a parlé avant d’en arriver à Constance. Fomenko dans ses séries statistiques a montré que Chlore est un alter ego de Jules César, et Constantin un alter ego d’Auguste. Ainsi trois empires romains successifs se superposeraient.

Certaines sources contredisent formellement ce que dit Eusèbe. Freke et Gandy mentionnent des sources où Irénée est quartodécimain, rejette les Evangiles au profit de l’Apocalypse, ou qui montrent un Origène platonicien et croyant à la réincarnation. Rien de cela chez Eusèbe, où Irénée et Origène sont absolument orthodoxes. Les quartodécimains sont issus des églises d’Asie et dirigés par Polycrate à l’époque du pape Victor. Irénée ne fait que parler pour qu’on les laisse suivre le rite qui leur convient. Or nous avons montré que la France avant la réforme grégorienne de 1582 suit le rite quartodécimain, et qu’Irénée est l’hérétique Giordano Bruno (1548-1600). Cet Irénée auteur d’un livre Contre les Hérésies est-il bien le même Irénée qui fut évêque de Lyon ? Ou un auteur anonyme a-t-il écrit sous son nom et falsifié sa biographie ?

Russel Gmirkin pour l’école de Copenhague écrit que les lois de la Torah s’inspiraient des constitutions des cités grecques, en particulier Athènes et la Magnésie fictive de Platon. Pour Eusèbe, ce sont les Juifs – bien que maudits – qui viennent avant les Grecs et la Torah influence leurs lois et leurs philosophes. La plupart des auteurs grecs ne nomment pas les Juifs, mais les Chaldéens (Celtes) comme les ayant précédés. Ce sont les mêmes.

Doctrine

Les notes de l’ouvrage français cachent un aspect essentiel : l’orthodoxie d’Eusèbe est fort éloignée du catholicisme romain contemporain. Tout d’abord, Eusèbe dénonce des hérésies sur des points de doctrine écartés depuis longtemps du débat. Les fidèles contemporains sont en majorité hérétiques au regard des exigences d’Eusèbe, et ne s’en rendent pas compte.

Il existe deux traditions d’interprétation de la Torah. Flavius Josèphe prétend dans Antiquités qu’il s’agit de l’histoire des Juifs, puisqu’il la paraphrase. Philon d’Alexandrie en revanche prétend qu’elle a une signification cachée, avec une gradation dans les enseignements. L’Eglise moderne se range derrière Josèphe, bien que le mot « Juifs » ne figure pas dans la Torah. Eusèbe lui adopte lui clairement la position de Philon. Il est même clairement indiqué que l’interprétation historique est celle des Juifs, l’interprétation par la Kabbale celle des Chrétiens. Eusèbe valide la doctrine kabbalistique du Verbe de Dieu, comme l’Evangile de Jean ou le Pasteur d’Hermas. Qui plus est, ce Verbe de Dieu est préexistant à son incarnation, et croire le contraire est hérétique. L’Eglise des chrétiens précède l’histoire du monde. L’Eglise d’Eusèbe en conséquence est a-historique et n’évolue pas. Elle est parfaite dès son commencement et tout changement est le fait de déviation hérétique. Bien qu’il valide l’interprétation allégorique de la Torah de Philon d’Alexandrie, Eusèbe utilise l’interprétation historique de Josèphe de l’ensemble de l’Ancien Testament comme l’histoire des Juifs. Ceci permet de faire des textes christianisants des prophéties. Eusèbe insiste aussi sur la signification cachée – que lui-même prétend ne pas avoir saisie – de l’Apocalypse.

Page 542 dans son apologie pour Paulin évêque de Tyr, Eusèbe décrit des degrés d’appartenance à l’Eglise. La multitude reste dans l’enceinte extérieure, certains lisent les quatre évangiles et correspondent à l’atrium. On distingue encore les catéchumènes, puis les baptisés, qui peuvent recevoir les doctrines mystiques de l’Eglise. Eusèbe ne nie donc pas l’existence de Mystères chrétiens. Le baptême nécessite une solide préparation, et on ne baptise pas les enfants. Il n’est pas même permis d’entrer dans le bâtiment sans avoir reçu le baptême. Ceci correspond aux descriptions données de l’Eglise médiévale : seuls les initiés pouvaient entrer dans les églises et la mort était un châtiment pour les autres. Le temple de Tyr qui vient d’être bâti a trois portes d’un seul côté, dont celle du milieu est plus large et plus haute. Le bâtiment est très élevé et percé d’ouvertures laissant entrer la lumière au-dessus du niveau des portes. Il s’agit apparemment d’une église gothique.

Avant Histoire ecclésiastique, Eusèbe avait préparé le terrain avec une chronique depuis Abraham jusqu’au 3ème siècle, à la foi religieuse et profane, qui aurait été traduite en latin et augmentée par Jérôme. Elle contient l’histoire des Juifs selon Josèphe, et reprend des éléments de la chronique d’Africanus. Eusèbe en reprend les principes dans le livre I. L’important pour lui est de démontrer la préexistence de l’Eglise et du Verbe Jésus dans l’Ancien Testament.

Abraham est le père d’une nation grande et innombrable : les Chrétiens. Le texte de Genèse montre qu’il était justifié par la foi avant sa circoncision. On retrouve en Genèse les deux « theos » de l’Evangile de Jean, l’un représentant le Verbe, l’autre le Dieu immatériel. C’est le Seigneur qui détruit Sodome et Gomorrhe pour le Seigneur, selon la citation d’Eusèbe. Jacob a combattu avec Dieu, mais il ne pouvait s’agir que du Fils. C’est Jésus qui apparaît à Moïse dans le buisson ardent (Fomenko a montré une telle iconographie). Il a même renommé son successeur Ausé du nom de Jésus fils de Navé (Josué). Dans le Lévitique il est écrit, « pour glorifier le grand-prêtre de Dieu, il l’appela Christ ». Le Livre de Josué présente le Christ comme le général de l’armée du seigneur (archistratège), puissance et Sagesse du Père, qui se présente à Jericho armé d’un glaive. Le Livre des Proverbes exprimerait non la parole de Salomon mais celle de Jésus : « Je suis la Sagesse qui fait du Conseil ma demeure. Avant les siècles, il m’a établi ». Isaïe écrit « un peuple est né d’un seul coup ». Jérémie écrit « le Christ Seigneur a été pris dans leurs complots ». Daniel écrit « avec les nuées du ciel vint comme un Fils d’Homme. Il s’avança jusqu’à l’Ancien des Jours et fut porté en face de lui. A lui furent donnés les commandements et l’honneur et le règne et tous les peuples, tribus et langues le servirent. »

Michée « prédit » les conditions de la naissance de Jésus. On peut ajouter que le Talmud donnant les caractéristiques du messie des Juifs décrit le Jésus des Evangiles (né d’une Vierge, etc.). Le Livre des Psaumes contient : « les rois de la Terre se sont levés et les chefs se sont unis ensemble contre le Seigneur et contre son Christ ». Ou encore « Le Seigneur m’a dit : tu es mon fils, je t’ai engendré aujourd’hui, demande-moi et je te donnerai les nations pour ton héritage et pour ton bien les nations de la Terre ». « Le Seigneur a dit à mon Seigneur, assieds-toi à ma droite. Tu es prêtre pour l’éternité selon l’Ordre de Melchisédek ». Eusèbe montre que – comme Jésus – Melchisédek n’était pas de lignée de prêtres et n’avait pas été oint. Si les Psaumes sont de David, alors David est un auteur chrétien.

On peut ajouter que si le trône du Père est la constellation de Cassiopée, le Christ est représenté à sa droite par la constellation de Persée. Or Persée est couramment assimilé aux représentations du dieu Mithra. Logiquement il représente également Jésus dans le credo de Nicée. Ce n’est pas le cas dans l’Apocalypse, qui représente une forme de religion unitarienne, où c’est Jésus qui est lui-même sur le trône en Cassiopée.

Daniel prédit le nombre de semaines (42) jusqu’au moment où l’onction disparaîtra parmi les Juifs. Eusèbe affirme qu’il s’agit de la fin du sacerdoce d’Hyrcan, après lequel Hérode, Archélaos et les gouverneurs romains ne nommeront plus que des grands-prêtres sans tenir compte de la lignée légitime des Juifs. Les grands-prêtres étaient nommés à vie du temps des prêtres juifs, avant qu’Hérode le Grand ne démette les grands-prêtres après environ un an de service au Temple. On peut remarquer que c’est également le cas dans le Temple de David mentionné en 1 Chroniques, ce qui suggère que David vient après Hérode.

Ainsi les anciens patriarches étaient déjà chrétiens, et les prophètes prophétisaient la venue du Christ. Les anciens rois – et même un prophète comme Elisée – étaient oints et préfiguraient le Christ. Et les évêques aujourd’hui le représentent encore. Le Dieu d’Eusèbe punit et récompense comme celui de l’Ancien Testament, ce qui n’est pas étonnant : d’une part il valide les points de vue kabbalistes de Philon et Jean, d’autre part il soutient une théologie du martyre.

Les exemples de l’Ancien Testament donnés par Eusèbe sont convaincants : les textes mentionnés font référence à Jésus-Christ et au christianisme. Eusèbe les fait passer pour des prophéties, mais ce sont très probablement des textes chrétiens contemporains de Jésus ou postérieurs. L’hébreu n’a pas de conjugaison au futur : il suffit de le traduire au futur pour faire de ces textes des prophéties. On a souvent dit du Livre d’Isaïe qu’il était un cinquième évangile tant il semblait préfigurer ceux-ci. Or Paul cite en permanence Isaïe et pas les quatre évangiles canoniques : si Isaïe est un évangile, il s’agit du premier. Certains textes de l’Ancien Testament – la Torah par exemple – sont antérieurs au Nouveau Testament, d’autres semblent postérieurs. Alternativement, on peut aussi considérer qu’il s’agit d’un autre christianisme.

Philon dans la Vie contemplative mentionne les Thérapeutes d’Egypte. Eusèbe croit qu’il s’agit d’une communauté chrétienne. Philon écrit que dans chaque maison, on trouvait un oratoire. Tout le jour les Thérapeutes lisent l’Ecriture et l’interprètent en allégories. Ils composent de nouveaux cantiques sous des mètres et des mélodies variés. Ils suivent de longs jeunes variables. Personne ne mange ni ne boit avant le coucher du soleil. On y trouve de vieilles femmes qui sont vierges, mais de leur libre choix contrairement aux Grecs. Eusèbe dit « ces usages sont les nôtres », les veillées, les ascèses, les psalmodies. L’assemblée ne reprend que les dernières paroles du prêtre. Nous couchons sur des nattes, ne mangeons pas de viande et ne buvons pas de vin, que de l’eau du pain du sel et de l’hysope. Philon dit que les Thérapeutes sont partout surtout en Egypte, et du côté d’Alexandrie « au-delà du lac Mareotis ». Si ce lac est le Méotide ou mer d’Azov, cette Egypte est le pays des Tartares de la mer Noire à la Caspienne. Eusèbe et Jérôme prétendent que Philon a rencontré Pierre à Rome.

Eusèbe ne dit jamais que l’Eglise de Rome est la plus importante. Toutes les églises locales ont des évêques, et il ne nomme pas un pape. Il n’évoque pas de grand concile général, mais des conciles régionaux. Dans le récit d’Eusèbe, le concile de Césarée rassemble les évêques d’Asie autour de l’évêque Théophile de Césarée en 190, pendant que d’autres conciles régionaux se tiennent sur les mêmes thématiques du moment. L’évêque de Rome Victor tient le concile à Rome. Au concile de Bâle en 1437 était apparu le décret du seul concile de Césarée. Olivier de Solan a interprété ce concile comme un unique concile, organisé par le pape Victor. Le rejet absurde du Livre des Conciles d’Isidore lui fait prétendre que le concile de Césarée n’a finalement pas existé. C’est Constantin, lors du conflit entre donatistes et orthodoxes, qui tranche en faveur de la doctrine suivie par l’église de Rome. Aurélien qui choisit l’évêque d’Antioche Domnus plutôt que Paul de Samosate, parce que Domnus suit la doctrine de Rome. Mais c’est un arbitrage impérial, pas de l’Eglise de Rome.

Les notes précisent que HE témoigne de la pensée « subordinationniste » d’Eusèbe dans laquelle le Fils est inférieur au Père – bien qu’ayant sa propre divinité – et le Saint-Esprit encore placé en dessous, et qui aurait préfiguré l’arianisme. Les Ariens seraient allés plus loin en niant la divinité de Jésus.  Cette doctrine subordinationiste aurait disparu vers 381 au concile de Constantinople. C’est pourtant à peu près ce qui m’a été enseigné en catéchèse et je doute de cette disparition si précoce.

Irénée dans Contre les Hérésies prétend que les Chrétiens ressuscitent des morts, chassent les démons, ont le don de prophétie, imposent les mains, parlent dans toutes les langues, et ceci gratuitement, ce dont les Gnostiques sont incapables. Citant Apocalypse, Apollonius dit que Jean à Ephèse ressuscita un mort, et qu’on n’a jamais vu un Montaniste en faire autant. Ainsi accuser les Gnostiques d’être des magiciens est typiquement une inversion accusatoire : c’est l’Eglise catholique qui pratique la magie et pas qu’un peu. Les enseignements des Gnostiques dans leurs propres textes ne relèvent pas de la sorcellerie dont Irénée et à sa suite Eusèbe et d’autres comme Hippolyte ou Epiphane de Salamine les accusent.

Le prêtre de Rome Novatien estimait que les apostats étaient impardonnables et fut désavoué par les conciles. Eusèbe prétend qu’il n’aurait d’ailleurs pas dû recevoir le sacerdoce car il n’était pas baptisé régulièrement : il avait reçu le baptême par infusion (sic) mais pas le Saint-Chrême ou sceau de l’évêque. Une note dit que le baptême par immersion concerne les malades. Mais il semble plutôt qu’il s’agit du baptême à la façon de Jean-Baptiste et des anabaptistes d’Allemagne (16ème siècle). Eusèbe se positionne donc en faveur de la pratique romaine.

Canon

Le Canon admis par Eusèbe est à peu près celui de l’Eglise catholique romaine. Le Canon aurait été finalisé par Athanase quelques décennies après lui. Athanase est le Jésuite Athanasius Kircher (1602-1680).

Eusèbe valide l’Ancien Testament, mais donne plusieurs Canons : celui de Josèphe, celui d’Erdogae, celui d’Origène. Il écrit que Nabuchodonosor avait détruit – en 586 av JC selon l’histoire moderne – les Ecritures, que Esdras, prêtre de la tribu de Lévi sous Artaxerxès (5ème siècle av JC), avait tout rétabli de mémoire ( !). Au 3ème siècle av JC, le roi d’Egypte Ptolémée fils de Lagos avait demandé la rédaction d’une version en grec, la Septante. Ceci est encore le récit accepté aujourd’hui.

Josèphe affirme dans Contre-Apion que la Torah est de Moïse (5 livres pour 3000 ans), que les 13 livres des prophètes vont de Moïse à Artaxerxès et les 4 livres restants sont des hymnes ou des guides de conduite, pour un total de 22 livres. En réalité, la Torah est la doctrine que Josué amène à Sichem, le livre saint de Josias, bref le livre de Jésus. Josèphe écrit que la suite de l’histoire – après Artaxerxès – est connue, mais les livres peu dignes de confiance, notamment dans l’ordre des prophètes. Josèphe peut ainsi raconter sa propre version. Josèphe accuse ainsi Juste de Tibériade de mentir sur le déroulement de la guerre juive de 66 à 70 et de mettre sa propre réputation en péril. Il se défend en disant que Titus lui-même a ordonné de publier ses ouvrages et que 62 lettres d’Agrippa témoignent que Josèphe a dit la vérité. Entre le temps d’Artaxerxès et l’époque des rois Hérodiens de Juda, il place un récit des souverains Hasmonéens de Juda. Nous avons montré que cette succession n’est pas correcte : les premiers rois Hérodiens et Hasmonéens (Ottomans) sont contemporains, et le pays des Ottomans est celui d’Israël non celui de Juda. De plus le récit des Hasmonéens se termine au 18ème siècle, et a donc été édité longtemps après la mort de Josèphe.

Josèphe compte treize livres pour autant de prophètes, alors qu’il y en a 17, et il n’est pas précisé de quels livres il s’agit. Les quatre livres d’hymnes sont peut-être l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, le Livre des Proverbes et les Psaumes, mais Eusèbe décrit plus ou moins ces livres comme chrétiens.

Eusèbe écrit qu’Origène au 3ème siècle aurait acheté des Bibles hébraïques traduites en grec. Eusèbe cite des traductions en grec des Bibles hébraïques par Théodotion (1), Aquila (2), Symmaque (3), et deux traductions issues de Nicopolis, soit cinq traductions. Une note dit qu’il s’agit d’auteurs juifs ayant « révisé » la Septante. Symmaque était un disciple de Matthieu, qui suivait la loi juive et était ébionite car il croyait que Jésus était fils de Joseph. (Matthieu est par certains aspects un évangile ébionite). Dans Hexaples, Origène cite sept traductions dont une trouvée dans une jarre à Jéricho. Dans la première colonne, il donne le texte hébreu, dans la seconde le même texte hébreu en caractères grecs, et dans les quatre colonnes suivantes des « traductions en grec ». Ce procédé est très similaire aux Bibles polyglottes dont la première est publiée en 1517 (1617), à savoir la Bible d’Alcala.

Ambroise aurait poussé Origène à commenter les Ecritures : il le fera pour chaque livre du canon. Dans son commentaire du premier Psaume, Origène citerait encore 22 livres canon dans la tradition hébraïque : la Torah (5), Josué, Juges, Ruth, 1 Rois 2 Rois, Samuel, 1 et 2 Paralipomènes (Chroniques), 1 et 2 Esdras, Lamentations, Lettre de Jérémie, Maccabées. On compte ici 18 livres. Les quatre livres d’ « hymnes » que mentionne Josèphe sont peut-être à ajouter. Treize livres apparaissent ici après la Torah. S’agit-il des « treize livres » prophétiques mentionnés par Josèphe ?

Les vrais livres des prophètes sont au nombre de 17 : 5 grands prophètes et 12 petits. Or ici nous n’avons que quatre livres et seulement deux prophètes : Esdras et Jérémie dont le livre est divisé en deux. Les prophètes chrétiens (Isaïe, Ezechiel…) et le Livre de Job sont absents, ainsi que les livres « chrétiens » cités par Eusèbe : les Psaumes de David, les Proverbes et Sagesse de Salomon, ainsi que l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques. On y trouve en revanche les Livres des Maccabées, qui sont au nombre de 4. Ceci est surprenant car aujourd’hui les Livres des Maccabées ne font PAS partie du Canon hébraïque, mais ils sont admis dans le Canon catholique (2 livres) et le Canon orthodoxe (4 livres).

Erdogae dans sa lettre à Onésime dit être allé en orient où il apprend « avec exactitude » les livres de l’Ancien Testament : les cinq livres de Moïse, Jésus Navé (Josué), Juges, Ruth, Reignes (4), Paralipomènes (2) (en occident il s’agit des deux Livres des Rois séparés de ceux de Samuel et des Chroniques), Psaumes de David, Proverbes et Sagesse de Salomon, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques, Job, 5 grands prophètes, 12 petits prophètes en un seul livre, qui font encore 22 livres. Pourquoi cet Erdogae et cet Onésime, qui vivent sous Marc-Aurèle, ne connaissent pas le contenu de l’Ancien Testament donné par Flavius Josèphe ? Pourquoi doivent-ils se rendre en orient pour les connaître ? Le canon d’Erdogae est le canon catholique à l’exception du Livre d’Esther et deux des Livres des Maccabées qui sont absents. En théorie ce Canon catholique est validé au concile de Trente en 1546 (1646).

Pour les écrits postulant au Nouveau Testament, Eusèbe distingue entre les écrits contestés (admis dans certaines églises), apocryphes (non hérétiques mais non reçus) et hérétiques. Il conteste néanmoins certains textes aujourd’hui présents dans le Canon. Les deuxième et troisièmes épîtres de Jean, et la seconde épître de Pierre seraient un reflet de leur pensée, mais ne seraient pas de leur main. Il n’admet pas les épîtres de Jacques et Jude comme authentiques, sans clarté sur ses raisons. Eusèbe reconnaît néanmoins que Jacques, Jude, 2 Pierre, 2 et 3 Jean sont admis par la majorité. Cela veut dire qu’Eusèbe se positionne par rapport à un Canon déjà formé. Irénée avant lui mentionne la première épître de Jean, les écrits de Justin, Ignace, la Sagesse de Salomon et ses visions, mais aussi le controversé Pasteur d’Hermas. Pour Origène également, 2 Jean, 3 Jean et 2 Pierre sont controversées.

Les questions qui intéressent Eusèbe sont celles qui occupent encore les exégètes contemporains : quelles sont les relations entre les quatre évangiles ou plutôt leur ordre, qui est l’auteur de l’épître aux Hébreux, et qui est celui de l’Apocalypse. Concernant les Evangiles, l’Eglise contemporaine suit ce que dit Eusèbe, qui reprend principalement les idées de Clément d’Alexandrie, ainsi qu’Irénée, qui reprenait en partie des affirmations de Papias.

Matthieu est le premier évangile et écrit pour les Juifs. Marc couche sur papier ensuite les enseignements de Pierre pour l’Eglise de Rome (c’est aussi l’avis de Papias). Luc écrit pour corriger les autres et rédige les Actes des Apôtres avec ce qu’il connaît de lui-même. Paul écrivant « mon évangile » aurait en tête l’évangile de Luc, qui vécut longtemps avec lui à Antioche. Enfin Jean aurait écrit un évangile plus spirituel qu’historique, tout en incluant les passages de la vie de Jésus qui précèdent l’arrestation de Jean-Baptiste. Matthieu, Marc et Luc commencent en effet leur récit par l’exil de Jésus en Galilée. Clément d’Alexandrie cite d’abord Matthieu et Luc, puis Marc après le passage de Pierre à Rome, et enfin Jean composa un évangile spirituel.

L’exégèse moderne invalide en partie ces affirmations. Eusèbe défend une interprétation allégorique de l’Ancien Testament et du Livre de l’Apocalypse, mais se tait sur les allégories présentes dans les Evangiles. David Mathisen après d’autres montre que les évangiles n’ont pas de caractère historique, et mettent en scène notamment des constellations. Marc ne reprend pas la pensée de Pierre, mais la doctrine de Paul dans ses épîtres tardives, où il rejette la Loi juive. Actes évoque un Jean nommé Marc, serviteur de Paul et Barnabé. Paul et ses compagnons gagnèrent Pergé en Pamphylie sauf ce « Jean » qui regagna Jérusalem. Il est possible qu’au début de l’Eglise, l’évangile dit de Marc se soit appelé évangile de Jean et inversement. 1 Pierre contient « la communauté des élus qui est à Babylone vous salue, ainsi que Marc mon fils. » Et Papias dit que Marc accompagna Pierre à Rome. L’évangéliste Marc a fondé également l’Eglise d’Alexandrie, est révéré aujourd’hui par les Coptes et à Venise. Bref, il est partout.

Les adeptes de Marc n’admettent pas la Torah. Matthieu aura été écrit après Marc : il reprend 90 pour cent de l’Evangile de Marc, mais réintroduit l’exigence de suivre la loi juive, comme une réponse à Marc. En termes de doctrine, ces évangiles se contredisent donc, ce qu’Eusèbe ne dit pas.

Concernant l’épître aux Hébreux, Eusèbe dit qu’elle reproduirait la pensée de Paul, tout en étant écrite par un autre, car d’expression plus complexe. La lettre de Clément de Rome aux Corinthiens reprend beaucoup de formules de l’Epître aux Hébreux. Pour Origène, l’épître aux Hébreux contient les idées de Paul. Il écrit que certains la disent écrite par Clément de Rome, d’autres par Luc. Pour Clément d’Alexandrie l’Epître aux Hébreux est bien de Paul mais elle aurait été écrite en hébreu. La version grecque est une traduction de Luc, dans le style des Actes aux Apôtres. Il dit que Paul n’y mit pas son nom car les Juifs ne l’aimaient pas.

L’auteur de l’Apocalypse pour Eusèbe n’est pas l’auteur de l’Evangile et de la première épître de Jean. Il est en désaccord avec Origène et Clément d’Alexandrie sur ce point. Le Jean de l’Evangile et de l’épître ne se nomment jamais, contrairement à l’auteur de l’Apocalypse. Le grec de l’épître et de l’Evangile est très bon tandis que celui de l’Apocalypse contient des erreurs de tournure. C’est Papias cité par Irénée qui écrit qu’il a suivi les enseignements d’un Jean à Ephèse mais qu’il ne s’agissait pas de l’évangéliste. Il dit aussi qu’il y a deux tombeaux de Jean à Ephèse.

Géographie

Les édits de Galère et Constantin n’ont jamais été retrouvés sous leur forme originelle d’édit. On suppose que Lactance les a reproduits dans leur latin original, et qu’Eusèbe les a traduits en grec. Eusèbe reconnaît qu’il maîtrise mal le latin et on suppose qu’il traduit comme il le peut. Néanmoins, tous les auteurs qu’Eusèbe cite écrivent en grec, à l’exception de Tertullien qui a déjà été traduit en grec. Je suggère que les édits originaux sont en grec ou syriaque, et que c’est Lactance qui les traduit en latin.

Eusèbe en tant que « grec » ne connaît pas d’autre église en occident que celle de Rome, mais en nomme de nombreuses en orient. Les épîtres de Paul s’adressaient aux communautés chrétiennes de Grèce et d’Asie mineure, mais curieusement aussi à celle de Rome. Il est possible que Paul désigne sous le nom de Rome la ville de Constantinople, et sous le nom de Jérusalem la ville de Rome. Ceci correspond à notre géographie antique, où les Juifs correspondent aux Celtes en occident et les Grecs aux Européens du sud-est. Une telle ambiguïté n’existe pas chez Eusèbe, qui écrit clairement que Rome est une ville en Italie. Le texte a peut-être été arrangé pour donner cette identité italienne à Rome. HE dans son principe-même semble être une histoire arrangée.

Eusèbe est un grec qui vit dans un milieu autrefois juif, dont les Juifs ont été expulsés, et colonisé par les Grecs. C’est le cas de l’Italie : la ville de Jérusalem est renommée Rome et désormais le siège d’une église romanisée (grécisée). La ville de Césarée de Palestine ou Tour de Straton aurait été fondée par Hérode le Grand, dotée d’un port « grand comme le Pirée ». Elle est la porte de Jérusalem « entre la Phénicie et l’Egypte ». Saint-Pierre y a converti le centurion Corneille, son premier évêque, et Saint-Paul y fut prisonnier un an avant d’être amené à Rome. La ville Césarée est la ville d’Ostie, le port de Rome. Constantin consacre Ostie à Pierre et Paul, et on y trouve la trace d’une noble famille du nom de Straton.

A l’époque de la Renaissance latine, écrivaient les auteurs grecs que nous situons dans l’antiquité. La signification des mots et la géographie ne correspondent pas aux réinterprétations tardives des historiens occidentaux. Les évêques d’Eusèbe sont déjà des princes séculiers. On parle de princes-évêques en Allemagne au 17ème siècle, mais les archives désignent les ducs de Rohan en Bretagne également comme des princes-évêques. Leur charge ecclésiastique a été effacée pour les appeler des rois et des ducs, alors qu’on inventait de faux évêques mythiques. Les diocèses que mentionne Eusèbe sont bien plus grands que les évêchés modernes. Les cartes occidentales du 17ème siècle montrent que le patriarcat d’Alexandrie correspond à l’Egypte entière. Toutefois pour un grec, Alexandrie semble correspondre à Moscou. Un certain Basilide au 3ème siècle est nommé comme évêque de la Pentapole. Au 17ème siècle, deux empereurs de Moscovie sont appelés Jean-Basilide sur les cartes. La Pentapole peut correspondre à l’anneau d’or de la Volga dont parle Fomenko.

Il y aurait eu plusieurs villes nommées Antioche dans l’antiquité. La principale aurait été située en Syrie sur un fleuve nommé Oronte. La Syrie ou Russie à cette époque correspond à l’Ukraine. Antioche peut être Kiev ou Kharkov. Le rattachement des personnages de l’antiquité à des villes comme Alexandrie ou Antioche a fait toutefois l’objet de falsifications. La plupart des scientifiques grecs sont aujourd’hui rattachés à Alexandrie, alors que les écrits du 18ème siècle mentionnaient bien d’autres villes.

Dans l’édit de Galère de 311 reproduit par Eusèbe, la titulature de Galère est empereur Germanique, Egyptiaque, Thébaïque, Sarmatique, Persique, Carpique, Arménique, Médique, Adiabénique. Il règne donc sur la Germanie, la Sarmatie (Pologne et Russie), l’Egypte (Autriche-Hongrie et Roumanie ?). La Thébaïde est sans doute l’Egypte nilotique : les cartes du 17ème siècle placent la ville de Thèbes dans le delta du Nil et non en amont. La Perse, la Médie, l’Adiabène (censée être au nord de l’Assyrie) correspondent à de grands territoires en Asie, même si leur localisation est imprécise. Galère est présenté comme un « empereur romain d’orient ». Cet Empire romain d’orient est censé être établi dans l’Empire que nous appelons byzantin. Or aucun des territoires nommés n’appartient à l’Empire romain. Certains d’entre eux appartiennent au Saint-Empire romain médiéval, mais l’empire de Galère est bien plus vaste, notamment en Asie. En 324, l’empereur d’occident Constantin finit par « réunifier » l’ancien Empire romain tel qu’il était sous Auguste. Il n’y a sans doute pas de réunification : l’Empire d’occident correspond à l’« ancien » Empire romain, l’Empire dit d’orient correspond au Saint-Empire élargi à l’est. On retrouve le décalage temporel observé pour les auteurs scientifiques dans un rapport inversé : ici c’est l’empire « grec » (ou allemand) qui est médiéval, et l’empire latin qui est repoussé dans le passé. Dans la Bible, ces deux territoires sont respectivement Israël et Juda. L’opposition religieuse entre Israël et Juda – qui accuse Israël de suivre les prêtres de Baal, se retrouve entre Galère et Constantin : un empereur est païen, l’autre chrétien.

Calendriers

Eusèbe cite les calendriers des Juifs. Aristobule écrit que […] pour la fête des sacrifices de la Pâque, le segment équinoctial est traversé non seulement par le soleil, mais aussi par la Lune (en opposition, pleine lune). « Que le premier mois chez les Hébreux était aux environs de l’équinoxe, c’est ce qu’établissent aussi les enseignements donnés dans le Livre d’Hénoch ». Ainsi la Pâque juive pour Aristobule est lors d’un équinoxe et à la pleine lune. C’est en effet aujourd’hui le principe de la Pâque juive de Pessah, qui se tient le 14 Nisan après l’équinoxe de printemps. Mais ici Aristobule s’inspire du Livre d’Hénoch, qui est un livre des Hébreux et pas nécessairement un livre des Juifs. Les Juifs occidentaux auraient en effet déplacé leur Pâque du 15 décembre au 15 mars au moment de l’introduction du calendrier de Jules César.

Philon écrivait que « d’après l’écriture, il est tout à fait convenable de calculer le cycle des mois à partir de l’équinoxe de printemps. « Ces auteurs, quand ils donnent des solutions aux questions que pose le livre de l’Exode, disent que tous également doivent offrir le sacrifice de la Pâque après l’équinoxe de printemps au milieu du premier mois, et que cela se trouve quand le soleil traverse le premier segment de l’écliptique ou du cercle du zodiaque [en Bélier]. C’est sans doute Jules César qui introduit également le zodiaque et un cycle. Auparavant, les Juifs ajoutaient un mois lunaire certaines années par l’observation du ciel. On évoque ici Aristobule et Philon car Eusèbe les cite. Les Juifs nomment Hillel l’Ancien le fondateur de ce calendrier.

Eusèbe donne des précisions sur les calendriers chrétiens. Le calendrier du concile de Césarée et le calendrier d’Hippolyte correspondent à ce qui en est dit par ailleurs. Césarée impose le dimanche pour date de Pâques, après la pleine lune qui suit l’équinoxe de printemps, vers 190. Hippolyte propose un cycle de 16 ans en 222 la première année de Sévère Alexandre pour calculer cette date de Pâques. Montucla avait donné également cette information.

Néanmoins Isidore de Séville a écrit qu’Hippolyte avait été le premier – ou du moins le premier de sa liste – à calculer la date de Pâques, et que Théophile d’Alexandrie et Eusèbe vinrent après lui. Eusèbe n’évoque jamais son propre comput de Pâques, présenté au concile de Nicée en 325, car son récit s’arrête juste avant. Mais quand il en arrive à Hippolyte, il a déjà évoqué les conciles régionaux de Césarée, Rome, etc. de 190, où on a fixé les principes pour fixer la date de la Pâques chrétienne.

Eusèbe évoque Denys d’Alexandrie au 3ème siècle sous Valérien (253-260) ou Galien, qui écrit des lettres festales à Flavius, Dométius et Didyme – sans doute des évêques de sa région – où il propose un cycle de huit ans. Je n’ai pas entendu parlé avant de ce cycle de Denys. On sait en revanche que les Egyptiens ont créé un cycle de huit ans associant une année de 365 jours et cinq révolutions de Vénus. Mais ce cycle a été documenté par Ptolémée dès le 2ème siècle ! Denys précise qu’il ne faut pas fêter Pâques avant l’équinoxe de printemps, ni avant le sabbat de Pâques. On suppose qu’il veut dire la Pâque des Juifs.

Eusèbe écrit qu’Anatole de Laodicée fonda à Alexandrie l’école de la succession d’Aristote (268-280). Il créa un cycle de 19 ans cité par Montucla. On dit ailleurs – pas chez Eusèbe – que cet Anatole fonda l’ère de Dioclétien. Ce dut être un peu plus tard car Dioclétien n’arrive au pouvoir qu’en 284. Ce choix est curieux car Dioclétien aurait persécuté les Chrétiens. Eusèbe donne des précisions qu’on ne trouve pas ailleurs. Anatole prétendrait que son comput est celui des Juifs avant le Christ. Le premier mois commencerait à la nouvelle lune qui serait le premier quartier.  Il citerait à cet effet Musée (Moïse ?), les deux Agathobolles ( ?), maîtres d’Aristobule le Grand, qui fit partie des rédacteurs de la Septante, et plus tard Philon et Flavius Josèphe. Dans le calendrier d’Anatole, La nouvelle lune tomberait le 26 Phaménoth (mois égyptien) ou le 22 Dystre (mois macédonien) ou encore le 11 des calendes d’avril (22 mars). Anatole prétend que ceux qui placent le premier mois un mois avant (en mars ?) et placent Pâques le 14 de ce mois se trompent.

Eusèbe s’explique mal. Les Juifs placent précisément leur Pâque le 14 mars et le début de l’année le 1er mars. Anatole ne leur emprunte que le cycle, et non le calendrier. Il s’attaque aussi aux Chrétiens quartodécimains qui eux suivent précisément le calendrier des Juifs, commencent l’année le 1er mars et fêtent Pâques le 14 mars. De même si la nouvelle lune tombe le 22 ou le 26 du mois, c’est que la nouvelle lune dans le calendrier d’Anatole ne survient pas au début du mois, mais dix jours plus tôt. On aura ajouté neuf ou dix jours au calendrier. C’est ce qui arrive en octobre 1582 quand la France adopte le calendrier de Aloysius Lillius, dit calendrier grégorien. Ce Lillius est précisément réputé utiliser l’ère de Dioclétien. La France n’a pas conservé ce calendrier, le remplaçant par le calendrier de Clavius vers 1600. Anatole étant responsable d’une école à Alexandrie, sans doute son calendrier a-t-il été utilisé en Egypte (ici Moscovie). Nous apprenons que l’année dans ce calendrier commençait le premier avril.

Contenu

Les livres II à VII couvrent la période 30 à 300 à l’aide de citations d’auteurs ayant précédé Eusèbe. Elle s’arrête en réalité vers 270, avant un dernier paragraphe mentionnant les persécutions de Dioclétien à partir de 303. L’exégète TD Barnes prétend que les livres ont été composé vers 270, et ce paragraphe ajouté ensuite.

Le livre VIII est un témoignage d’Eusèbe relatif à la persécution de Dioclétien et Galère (303-311). Le livre IX parle de la persécution de Maximin Daia (311-313) neveu de Galère en orient et en Egypte. Le livre X décrit la victoire de Licinius et Constantin, contient l’apologie d’Eusèbe en faveur de Paulin de Tyr et 6 décrets et lettres de Constantin. Il se termine par la trahison de Licinius et la victoire finale de Constantin en 324. Il n’aborde pas le concile fondateur de Nicée de 325. Je présenterai ces livres en premier.

Les livres VIII et IX présentent la persécution de Dioclétien et Galère, puis celle de Maximin contre les Chrétiens. Les historiens disent qu’à l’époque, l’Empire romain est dirigé par une tétrarchie. L’Empire romain d’occident est alors dirigé par Dioclétien, auguste, secondé par Constance, césar. L’Empire romain d’orient est dirigé par Maximien, auguste, secondé par Galère, césar. Eusèbe écrit que Constance et Galère avaient été désignés Césars en 293 pour l’occident et l’orient. Constance était « notre ami », si bien qu’il n’y eut aucun martyr en Gaule. Il fut le premier empereur élevé au rang des dieux ( ???).

En 299 – la date est donnée en note – Dioclétien avait commencé par épurer l’armée de ses chrétiens. La 19ème année du règne de Dioclétien (303) peu avant Pâques, Dioclétien publia son édit de persécution : brûler les livres chrétiens, raser leurs églises, les emprisonner. Le chambellan du palais Dorothée et son second Gorgonius furent martyrs. Pierre, autre serviteur impérial, refusa de sacrifier et fut dédié au fouet. On accusa les Chrétiens de l’incendie du palais impérial de Nicomédie. Des chrétiens furent noyés dans des barques, ou se jetèrent dans les flammes. On jeta les cadavres à la mer pour éviter le culte des martyrs. La persécution eut lieu en Maurétanie, Afrique, Thébaïde, Egypte, Palestine et Phrygie. Les Egyptiens ( ?) de Tyr en Phénicie furent martyrs. Eusèbe fait le récit du martyr de Philéas à Alexandrie. Comme le précise Eusèbe par ailleurs, il y eut peu de persécutions en occident. Ce n’est pas logique : Dioclétien est présenté comme empereur d’occident, mais son palais est à Split. Les lieux cités suggèrent que Dioclétien s’est attaqué à des pays étrangers qui suivaient une autre foi.

Eusèbe n’évoque pas l’incendie de 66 dont Néron aurait fait accuser les Chrétiens. Eusèbe aurait recopié le récit de Tacite sur Néron. Même la polémique sur l’origine de l’incendie est présente : Lactance écrit que l’incendie fut causé par Galère, Constantin suggère que la foudre est responsable. Ou alors Galère est un alter ego de Néron, et Eusèbe a reproduit plusieurs fois le même récit.

Eusèbe écrit que la deuxième année Dioclétien tomba malade et abdiqua, obligeant Maximien à faire de même (305). Il mourut en 306. Constantin qui dirigeait les légions britanniques avait remplacé son père Constance comme césar. Constantin fut alors désigné auguste par ses soldats en occident. La nouvelle tétrarchie était composée de Galère et Licinius, auguste et césar pour l’orient, Constantin et « Maximin », auguste et césar pour l’occident. Maximin était le beau-père de Constantin, et ourdit de le tuer alors qu’il vivait chez son gendre.

Eusèbe écrit que Maxence, le fils de Maximien qui était à Rome, se prétendait chrétien mais massacrait le peuple gratuitement, violait les femmes mariées, et persécutait les Chrétiens. C’est pourtant un « Maximin » qui est césar pour l’occident.

Selon Rufin, Maximin, tyran d’orient, était « l’ami secret » de Maxence, tyran de Rome. Ainsi selon les historiens, Maximin est césar d’occident, mais Rufin en fait un tyran d’orient. Rufin écrit que Maximin éventra des femmes enceintes pour pratiquer la magie quand survint une famine à Rome. Il cacha cela pendant longtemps et il était pire que Maxence. Il rétablit des prêtres de cultes idolâtres dans chaque ville et un grand-prêtre dans chaque province. Il accorda à tous les sorciers des gouvernements, et ne faisait rien sans un oracle. Pour financer sa guerre, il extorquait un tribut. Une note dit que cette façon de faire gouverner par des religieux se retrouve également plus tard chez Julien l’Apostat. Ivrogne, Maximin était frappé de démence sous alcool, il violait les femmes et introduisit le relâchement dans l’armée. Sa persécution contre les Chrétiens ralentit la 8ème année et cessa la 10ème. Maximin fut capturé par Constantin en 310.

Ce qu’écrivent Eusèbe et Rufin n’a pas de sens : comment Maxence peut-il se prétendre chrétien s’il persécute les Chrétiens ? Comment Maximin peut-il feindre la vertu, alors que juste ensuite on lui attribue des comportements si dépravés qu’il était impossible de dissimuler quoi que ce soit ? Il est vraisemblable que ces individus se disent chrétiens, mais d’un christianisme différent de celui d’Eusèbe. Sans doute sont-ils ceux qui prêchent « un autre évangile » dans les épîtres de Paul.

Par ailleurs, l’auguste d’orient Maximien disparaît et un césar d’occident nommé Maximin surgit brusquement dans le récit. Il semble que cette subtilité d’orthographe ne fonctionne qu’en français.

Une note signale qu’Eusèbe ne fait au mieux qu’un survol des événements, et donne une histoire différente. Il faut toujours se méfier des historiens qui à 1700 ans de distance prétendent corriger un historien contemporain des événements. En 306, Galère césar d’orient nomma Sévère auguste et Constantin césar pour l’occident. Maximien l’ancien auguste vivait mal sa mise à l’écart et soutint les prétentions de son fils Maxence en occident, qui se déclara princeps à Rome. Sévère marcha contre Maxence et Maximien, mais Maxence assassina Sévère en 307 contre l’avis de son père et se désigna Auguste. Les anciens augustes Maximien et Dioclétien, et Galère le nouvel auguste d’orient désignèrent alors Licinius comme césar pour l’orient cette même année. A un autre endroit Licinius est dit avoir été nommé directement auguste. On ne voit pas pourquoi Galère qui était déjà césar aurait accepté que Licinius sorti de nulle part devienne son auguste.

Eusèbe écrit : «  Ceux qui naguère avaient fait la guerre contre nous changèrent d’opinion de manière très extraordinaire. » . L’édit de Galère de 311 rend leurs biens aux chrétiens et interdit de les persécuter dans l’Empire. L’édit est censé associer à Galère le principal auguste, le petit auguste Constantin et les deux césars Licinius et Maximin (que Constantin vient pourtant de faire prisonnier en 310). On n’a pas retrouvé de version d’affichage de l’édit, mais les livres de Lactance et Eusèbe le contiennent. Lactance fournit le texte de l’édit en latin. Eusèbe propose le texte en grec, en ajoutant les titulatures de Galère et Constantin. Aucun codex d’Eusèbe ne fait mention de Maximin dans le texte de l’édit, la plupart ignorent même Licinius. Une note de bas de page prétend qu’on a « effacé » dans l’édit la trace de Licinius et Maximin pour les méfaits qu’ils avaient commis. Mais il n’y a aucune raison qu’Eusèbe, qui vient de parler de Maximin et va bientôt évoquer Licinius, déforme le texte de l’édit dans son propre ouvrage. Maximin est supposé être un subordonné de Galère, qui n’est pas cité dans le contexte de la guerre contre Constantin. Quand Eusèbe fait une périphrase juste après avoir parlé de Maximin avec « l’auteur de nos maux », la note de bas de page précise qu’il s’agit de Galère !

Dans le texte de l’édit chez Eusèbe, Constantin est appelé César Flavius Valérius Constantin. Galère est César Galère Valérius Maximianus. Galère, Maximien, Maximin et Maxence sont un seul et même individu. Ceci explique la curieuse apparition d’un « Maximin » qui est César et complote contre Constantin, alors que c’était Maxence qui était l’adversaire en occident. Eusèbe passe brutalement de Maxence à Rome à Maximin le tyran d’orient, et néglige même de parler de la fin de Maxence. Les grands-bretons en font un grand empereur nommé Magnus Maximus, totalement inconnu à Rome. La tétrarchie romaine est une invention des historiens. Constantin et Galère/Maximien se partagent l’Empire romain.

Eusèbe écrit que « l’auteur de nos maux » mourut d’une fistule et de son obésité, des vers dévorant sa graisse. Il rendit alors hommage à Dieu, fit bâtir des églises (note : le texte latin parle d’autoriser les assemblées). Il s’agirait de la description de la mort de Galère la même année 311. Cet épisode est également donné par Lactance. Ce récit d’un ennemi pourri par les vers et qui se repentit au moment de sa mort est identique à ce que les Livres des Maccabées attribuent au tyran grec Antiochos.

L’édit de Galère de 311 a montré que Maximin/Galère règne sur l’Europe du nord, la Russie et une partie de l’Asie, aucun des territoires connus de l’Empire romain d’orient. Maximin/Galère se prétend chrétien, mais persécute les vrais chrétiens pour Eusèbe. Maximin est possiblement une traduction latine pour Mahomet. Nous avons vu que les auteurs dits grecs écrivent en réalité en arabe. Les versions orientales du livre d’Eusèbe sont en « syriaque » et non en grec. David Ewing montre également que les livres et notamment les corans en arabe se retrouvent en grand nombre en Allemagne. Fomenko avait signalé l’usage de l’arabe en Allemagne et en Russie.

Eusèbe écrit que le césar Maximin n’a pas publié l’édit de Galère, se contentant de relâcher la guerre militaire. Une note précise qu’en 311 à la mort de Galère, Maximin était venu d’Antioche s’emparer des provinces de Galère avant Licinius. Visiblement Galère n’est pas mort de maladie, et continue d’affronter Constantin et Licinius. Six mois plus tard, toujours en 311, Maximin interdit aux chrétiens de se réunir dans les cimetières (il n’y a donc plus d’églises), pousse les citoyens de différentes villes dont Antioche, menée par Théotecne, à demander l’expulsion des Chrétiens. Théotecne fait alors ériger une statue de Zeus Philios, fait rédiger des Actes de Pilate, qu’il expose partout et fait apprendre aux enfants à l’école. Des chefs locaux font témoigner des prostituées sur les pratiques glaçantes des chrétiens, et de nombreux nouveaux martyrs apparaissent. Les ordres impériaux sont imprimés sur des stèles de bronze. Eusèbe écrit que Maximin fit la guerre aux Arméniens, qui étaient chrétiens et amis des Romains. Il est le seul à en parler. Ceci renforce l’hypothèse Maximin = Mahomet. Une famine et une peste tombe alors dans le camp de Maximin.

Une note vient préciser que Zeus est alors le principal dieu des Romains, « dieu suprême du paganisme de la fin de l’antiquité ». J’ai toujours appris que Zeus était le Dieu des Grecs, et il préfigure évidemment le Dieu de Constantin. Une telle inversion est également présente dans les versions des guerres des Hasmonéennes (ottomans) données par le Livre I des Maccabées et Flavius Josèphe. Josèphe écrit correctement qu’Antiochos Epiphane a fait remplacer Yahvé par Zeus. Le Livre I des Maccabées dit faussement qu’Antiochos a remplacé Dieu par Jupiter.

A Rome en 312, Maxence qui avait réduit l’Italie en esclavage tombe devant Constantin. Maxence avait fait un pont de bateaux pour traverser le fleuve mais ses hoplites et lanciers s’enfoncèrent dans l’eau comme l’armée de pharaon. Les hoplites – troupe en théorie grecque et ici romaine – correspondent aux janissaires des turcs, soldats à pied. Il est peu probable que cette Rome soit en Italie et que le fleuve soit le petit Tibre. Il s’agit plus probablement d’Istanbul et du Bosphore, voire de Novgorod et de la Volga, pour lesquels Fomenko documente l’existence historique au Moyen-Age de tels ponts de bateaux. Néanmoins Constantin est dit s’emparer ensuite de Rome après avoir vaincu Maxence et marché sur l’Italie depuis la Gaule. Dans l’histoire de France, ce récit forme les guerres d’Italie de François Ier (1515-1547). Maxence/Maximin/Maximien est le fondateur du Saint-Empire en 1493 l’empereur Maximilien Ier.

Le Livre X est dédié à Paulin, évêque de Tyr, dont Eusèbe fait une apologie en décrivant la reconstruction de son église. On nous dit que Paulin fut un arien par la suite. Mais bien que le concile de Nicée soit très proche dans le temps, Eusèbe semble encore tout ignorer de l’hérésie d’Arius, censée émerger en 318. Eusèbe présente des degrés d’initiation dans l’Eglise et des Mystères chrétiens. Il décrit le nouveau temple de Tyr comme une église gothique. Paulin est décrit comme un « nouveau Salomon » un nouveau Zorobabel, un nouvel Aaron et un nouveau Melchisédek, pareil au Fils de Dieu. Eusèbe relie la restauration des églises à la fin d’une captivité et de l’abomination de la désolation, comme si Paulin était lui-même Zorobabel.

Le reste du chapitre est consacré aux ordonnances et lettres de Constantin et Licinius, puis à la trahison de Licinius et la victoire finale de Constantin et son fils Crispus César en 324. En note il est précisé que Constantin fit exécuter Crispus en 326, et aucune mention n’est faite du concile de Nicée de 325, ce qui montrerait qu’Eusèbe arrête net son récit et le fait publier aussitôt. 6 documents sont intégrés, qui ne figurent pas dans certains exemplaires, et sont dans d’autres exemplaires présentés au livre IX et non au livre X.

Fin 312 Eusèbe cite une lettre de Maximin à Sabinus, où il prétend n’avoir mené les persécutions que 6 mois et à la demande de Galère (lettre inventée par Eusèbe). Ayant, comme Dioclétien avant lui, constaté que presque tous les hommes abandonnaient les dieux pour se faire chrétiens, il choisit alors la persuasion politique plutôt que la persécution. Comme ils étaient devenus trop nombreux, il dit avoir également renoncé à la persuasion. Maximin prétendait ne pas répondre favorablement aux vœux des païens d’expulser les Chrétiens de leur ville. Eusèbe remarque que le culte chrétien n’était pas devenu légal pour autant. Maximin aurait repris ensuite la guerre contre Licinius, mais ses gardes du corps le trahissant pour Licinius il s’enfuit et se cacha. De retour dans ses provinces, il mit à mort les prophètes des dieux – visiblement égyptiens – qui s’étaient trompés en lui promettant la victoire et publia une loi complète pour les Chrétiens (le Coran ?). Ici Eusèbe le nomme César Gaius Valère Maximin Germanique, Sarmatique, Pieux Heureux Invincible Auguste. Ce sont à peu près les qualificatifs qu’emploie « Galère » dans son édit commun avec Constantin. Maximilien Ier est également Augustus et Pius.

Or si Maximin s’était emparé des provinces de Galère au détriment de Licinius, il aurait conservé dans ses titres les provinces d’Asie. Eusèbe écrit qu’il fut frappé par le fouet de Dieu, rongé par la faim, il brûla de l’intérieur. Confessant le Seigneur il expira. Ceci reprend peu ou prou le récit de la mort de Galère. Lactance dit au contraire que Maximin mourut païen. Zosime dit simplement qu’il mourut à Tarse. Licinius tortura et exécuta les magiciens dans les villes de Maximin, notamment Théotecne à Antioche. Eusèbe écrit que Maximin « fut le premier empereur dont on détruisit les inscriptions honorifiques, statues et dédicaces. » (c’est faux : c’était arrivé à Caligula, Néron et Domitien).

La note de bas de page dit simplement qu’en 313 Licinius vainc à son tour Maximin (la même bataille que celle de Constantin et Maxence, racontée une seconde fois). Constantin et Licinius se rencontrent à Milan (autre ville chère à François Ier). Licinius épouse Constantia la demi-sœur de Constantin. L’ordonnance à leurs deux noms est promulguée dans les seuls provinces que Licinius a prises à Maximin. Constantin aurait pris Licinius de cours sur le Danube pour s’installer à Constantinople !

Eusèbe, par contraste avec les notes de bas de page, écrit que Constantin et Licinius fondent une « loi parfaite » pour les Chrétiens. Maximin alors se disait encore leur ami, ce qui veut dire qu’il n’est pas encore mort. Plus vraisemblablement, ce sont Constantin et Maximin qui se rencontrent à Milan. Le terme de « parfait » est une expression propre aux cathares et aux musulmans.

Les cinq documents suivants que présente Eusèbe ne concernent que l’Eglise d’occident, et dateraient de la même année 313. Il s’agit de lettres relatives au conflit avec les donatistes en Afrique. Le diocèse d’Afrique aurait rassemblé 7 provinces. Le trésorier des provinces Ursus et le vicaire des préfets Patricius se seraient trouvés à Carthage. L’Afrique appartenait alors à Maxence (Mahomet). C’est sans doute ce que recouvre cette appellation de donatistes.

Il y a notamment

  • une lettre à Annulinus proconsul d’Afrique,
  • une lettre à Miltiade évêque de Rome et Marc demandant un synode à Rome, mentionnant les documents – ajoutés en annexe – où Annulinus dit que Cécilien (Licinius ?) évêque de Carthage est blâmé par d’autres évêques africains. Constantin demande qu’il se rende à Rome avec dix évêques de ses partisans et dix évêques opposés.

Les notes disent qu’il s’agit de régler la querelle avec les donatistes. Une lettre de Constantin à Chrestus évêque de Syracuse demandant un second synode pour régler le conflit en Afrique. Le concile de Latran ayant été contesté par les donatistes, il s’agirait du concile d’Arles en 314.

  • Une lettre à Cécilien où Constantin dit avoir écrit à Ursus et Patricius, dit qu’il lui a été remis le mémorandum d’Ossius.

Ossius aurait été évêque de Cordoue et conseiller religieux de Constantin. Une lettre dispensant les clercs de charges publiques, confirmée dans le code de Théodose. J’ajoute que Cassiodore écrit qu’Ossius était chargé de convaincre les Egyptiens sur le culte à suivre, et les quartodécimains de respecter la date de Pâques. L’échec d’Ossius a entraîné le concile de  Nicée. Constantin de 313 à 315 aurait eu sa capitale à Trèves. La ville se prétend encore aujourd’hui antérieure à Rome.

Enfin Eusèbe fait le récit du conflit de Constantin avec Licinius. Eusèbe prétend que soudainement Licinius devint hostile aux Chrétiens et à Constantin. Il fit lever des taxes, ce qui est naturel s’il devait financer une armée. Il prétend aussi qu’il fit expulser les chrétiens de son administration, força les soldats à sacrifier aux démons, forçait les épouses à divorcer et prostituait les épouses, interdisait aux hommes et aux femmes de prier ensemble, abrogeait les anciennes lois romaines. Malgré l’absence d’édit de persécution générale, il fit tuer des évêques dans le Pont. Il était interdit de porter secours aux chrétiens en prison, sous peine de subir leur sort. Ces descriptions sont tout à fait identiques à celles qu’Eusèbe fait pour décrire les persécutions de Dioclétien et de Galère. Ceci montre la ficelle qu’emploie Eusèbe : il accuse toujours de persécutions religieuses le parti impérial qu’il ne soutient pas. Mais Licinius n’a aucune raison de persécuter les Chrétiens s’il veut simplement s’emparer de l’Empire de Constantin. C’est d’ailleurs Constantin qui porte la guerre chez lui.

Les notes dénoncent le récit du conflit avec Licinius que fait Eusèbe comme partisan et très imprécis. Il y aurait eu une guerre en 316-317 suivie d’une réconciliation au détriment de Licinius, puis une nouvelle guerre en 324 où Licinius trouve la mort. Après avoir reçu l’occident en 312, Constantin reçoit l’orient en 324.

Sans doute Licinius ne prostituait pas les épouses, mais autorisait le divorce, et interdisait bien aux hommes et aux femmes de prier ensemble. Licinius serait simplement le successeur de Maximin dans son empire, et également musulman.

Débuts de l’Eglise

Fomenko fait de Constantin un alter ego du premier empereur Auguste. Constantin à la fin du récit d’Eusèbe correspond donc à Auguste, qui occupe le début de son récit. Constantin a vaincu Maximien, comme Octave a vaincu Marc-Antoine. Octave et Marcantonio sont les prénoms des généraux de la bataille de Lépante (1571) contre les Ottomans, qui est le reflet de l’antique bataille d’Actium.

Pour Eusèbe, Auguste a régné 57 ans. Aujourd’hui on reconnaît 41 années de règne à Auguste, et à Constantin 27. Sans doute 57 ans inclut-ils les trente années de Jules César. 41 serait l’addition des règnes de Constantin (27) et Théodose (14).

Or Eusèbe fait naître Jésus la 42ème année d’Auguste et la 28ème année après la mort des ennemis d’Auguste, Antoine et Cléopâtre ! Il s’agit ici non pas de la naissance de Jésus, mais de celle de l’Eglise catholique après la destruction du culte des « égyptiens », avec l’avénement de Théodose.

Les notes disent qu’Auguste commence son règne en 30 av JC – habituellement on donne 27 av JC – donc que Jésus serait né en – 2. Apparemment, les éditeurs retoquent l’affirmation d’Eusèbe sur la naissance de Jésus la 42ème année d’Auguste, et retiennent la mort de Marc-Antoine comme le début du règne d’Auguste. 2 av JC ne correspond pas aux données de l’Evangile de Luc. Ce dernier fait naître Jésus sous Hérode (mort en 4 av JC) – ce qui fait qu’on crédite parfois Hérode « le Jeune » dit Hérode Antipas – bien que l’Evangile ne le précise pas. Il le fait également naître pendant le premier recensement de Quirinius le gouverneur de Syrie, qui aurait eu lieu en l’an 6. Ces imprécisions viennent sans doute en grande partie des micro corrections que les historiens apportent régulièrement aux dates et qui les font se déplacer de quelques années en avant et en arrière, créant plus de désordre qu’autre chose. L’éruption du Vésuve fut placée en 72 et en 77 avant d’être fixée en 79.

Josèphe dit que ce recensement vit l’insurrection des Galiléens, menés par Juda le Gaulonite d’une ville nommée Gamala qui prit avec lui le pharisien Saddoc (AJ), pour ne pas avoir à payer la taxe. Les Actes des Apôtres disent que Juda le Galiléen périt et « tous ceux qui avaient eu confiance en lui furent dispersés ». Josèphe dit de Juda et Saddoc qu’ils furent les fondateurs de la quatrième philosophie des Juifs, qui est clairement celle des Zélotes. L’insurrection de Juda le Galiléen serait aussi celle de Juda Maccabée pour les Hasmonéens (Ottomans). Ce Juda inspire le personnage du traître dans les Evangiles. Sous Constantin, ce Juda correspond à l’empereur Galère.

Africanus dit que Antipater était le fils de Hérode d’Ascalon, hiérodule du Temple d’Apollon. Le petit Antipater fut enlevé par des pirates iduméens (ottomans ?) qui l’élevèrent. Plus tard, Pompée avait violé le Temple, emmené le grand-prêtre Aristobule en captivité et nommé Hyrcan à sa place. Antipater était devenu l’ami de Hyrcan, qui le choisit pour ambassadeur auprès de Pompée. Hyrcan ayant été enlevé par les Parthes, Antipater fut nommé procurateur de Palestine. Antipater ayant été assassiné par jalousie, son fils Hérode lui succède comme procurateur, avant qu’Antoine et Auguste le nomment roi de Juda sous le nom d’Hérode le Grand. Hérode fit alors brûler les généalogies des prêtres (Josèphe dit qu’il cacha la robe du grand-prêtre), mais celle-ci est préservée dans le Livre des Jours ou des Chroniques. A ce moment survint la visite des rois mages. Hérode retrouve la prophétie de Michée, et perpétra le massacre des Innocents. Dans sa biographie « païenne », Hérode vers la fin de sa vie tua sa femme, deux de ses enfants et se retrouva incapable de manger, souffrant d’une infestation de vers. Il alla de l’autre côté du Jourdain à Callirhoé bénéficier des eaux thermales qui coulent vers le lac Asphaltée puis rentra à Jericho. Il fit enfermer les notables de Juda à l’hippodrome, désireux qu’on pleura au moins quelqu’un le jour de sa mort, mais on n’exécuta pas ses ordres. A l’annonce de la mort d’Hérode, la famille de Jésus en Egypte ne rentra pas à Jérusalem mais partit en Galilée par crainte d’Archélaos, le fils et successeur d’Hérode.

Le roi Antipas fait décapiter Jean-Baptiste en 30 ( ?), épouse Hérodiade la femme de son frère Philippe et doit subir une guerre contre Arétas le père d’Hérodiade que la situation rend furieux. Tibère dépose alors Antipas et le fait exiler en Gaule (AJ dit Vienne, puis Lyon, GJ dit qu’il meurt en Espagne. D’autres sources disent que c’est Gaius qui le congédia). Eusèbe cite ensuite le Testimonium flavianum dans le texte de Josèphe. Ce passage court présente Jésus comme le Fils de Dieu, qui apparut à cette époque. Mais le commentaire est bien trop court pour un tel personnage qui ne revient pas ensuite dans le texte, et les historiens sont d’accord pour considérer qu’il s’agit d’une interpolation dans le texte. Ceci est toutefois très problématique, car toute la chronologie du christianisme est basée sur l’existence de Jésus à cette époque, et ses interactions avec Jean-Baptiste. L’interpolation est bien citée par Eusèbe, ce qui montre qu’elle existe déjà à son époque.

Un texte nommé Mémoires, publiées vers 311 prétend que le Christ fut persécuté en l’an 7 de Tibère. Eusèbe s’insurge en citant Flavius Josèphe : Antiquités judaïques précise que Pilate n’arriva pas en Juda avant l’an 12 de Tibère (26-36), ce que retiennent les historiens. Mais selon les données de l’autre livre de Josèphe, Guerre des Juifs, Pilate arrive en Judée dès le début du règne de Tibère et y reste de 14 à 20. Germanicus fut assassiné en Judée sous Pilate en 19. Germanicus ferait un excellent Jésus. L’an 7 de Tibère serait plutôt l’année 20, mais à ce détail près, ces Mémoires donneraient l’information correcte. Un inquisiteur du 15ème siècle en Espagne – Benoît de Sainte-Foi – se plaint que Antiquités des Juifs a été falsifié par rapport à son souvenir. Eusèbe utilise cette version falsifiée.

Eusèbe donne le récit d’Abgar, roi d’Osroène à Edesse qui échangea des lettres en syriaque avec Jésus. Vraisemblablement, le syriaque et l’Osroène désignent la Russie et Edesse la ville d’Odessa. Abgar précise ne pas avoir pu lever une armée contre les Juifs car l’Empire romain l’en empêchait. En effet, entre la Russie et la Gaule, il y a toute l’Allemagne à traverser. Eusèbe cite même la lettre de Jésus à Abgar, qui dit ne pas pouvoir venir le guérir, mais lui envoie quelqu’un. Après l’ascension de Jésus, Thomas enverra Thaddée en Osroène.

Ces lettres sont datées de 340. La note associée dit qu’il s’agit de l’ère séleucide, qui aurait commencé le 1er octobre 312 av JC, ou de l’ère de Babylone qui commence le 1er avril 311. Cela permettrait de dater les lettres de l’année 28 29 ou 30. Il est évident qu’il s’agit d’une datation circulaire, et qu’il n’existe pas d’ère séleucide ou d’ère de Babylone. On veut trouver l’année 28 29 ou 30, on croit lire une date de 340, et on invente l’ère qui fera coïncider les deux dates. Le 1er avril et le 1er octobre correspondent aux deux débuts de l’année dans le calendrier tardif d’Anatole au 3ème siècle, bien après le temps de Jésus.

L’auteur chrétien Justin suppose que Pilate fit un rapport à Tibère. Tertullien fait de cette hypothèse une certitude et se convainc que Pilate était chrétien, et que Tibère leur était favorable. Tibère aurait soumis le cas de divinité de Jésus au Sénat, qui ne donna pas suite. Il est étonnant que comme exemples de divinités désignées par le Sénat, Eusèbe mentionne Arbulus, mais ignore que Jules César a été élevé au rang de dieu par le Sénat et Antoine fait son flamine. Eusèbe ne mentionne d’ailleurs jamais César. Son histoire commence avec Auguste, qui règne un peu trop tôt. Guerre des Juifs mentionne au contraire que Pilate avait introduit les enseignes (images de César) dans le Temple sous Tibère, qui étaient interdites dans la ville, et vola le corban (trésor) pour fabriquer un aqueduc.

L’empereur Gaius dit Caligula projette de placer dans le Temple sa propre statue sous le nom de sanctuaire de Gaius Nouveau Zeus Epiphane. Gaius aurait évincé Antipas – parfois Tibère en est crédité – et aussitôt nommé Agrippa en Judée, qui était suzerain des tétrarchies de Philippe et Lysanias (Licinius ?). Wiki considère différemment qu’après Antipas il n’y a pas de roi en Juda pendant trente ans avant Agrippa. Philon d’Alexandrie (20 av JC-50) dit avoir été convoqué devant Gaius pour se défendre des accusations d’Apion qui accuse les Juifs de ne pas vénérer Gaius. Il se dit furieux de ne pas même avoir pu défendre son point de vue.

Gaius règne 4 ans puis Claude 13. Agrippa règne 7 ans (1593-1600 ?) dont trois sous Claude. Les monnaies d’Agrippa trouvées en Judée contemporaines sont probablement de fausses pièces, ou de vraies pièces déplacées. Sous Claude, il s’empare de la tétrarchie de Philippe. Actes des Apôtres parlent d’une famine en Juda, avec une aide alimentaire apportée depuis Antioche par Paul et Barnabé (46-48). Josèphe mentionne à la place Hélène d’Adiabène qui acheta du blé en Egypte, et avait un palais à Jérusalem où elle est enterrée. Elle aurait une stèle à son nom à Aelia (Jérusalem) selon Eusèbe. A Jérusalem, Agrippa décapite Jacques le frère de Jean et met Pierre aux fers, qui sera libéré par un ange (Actes). Le roi meurt à Césarée pendant un discours pour les fêtes de César. L’empereur Claude nomma Agrippa fils d’Agrippa. En Actes cet Agrippa est nommé roi, le titre qu’il porte sur ses monnaies.

Les Evangiles après l’arrestation de Jean-Baptiste ne mentionnent que les pontificats d’Anne et Caïphe. Antiquités des Juifs cite Anne, Israel, Eleazar fils d’Anne, Simon puis Joseph appelé Caïphe. L’Evangile de Matthieu cite parmi les frères de Jésus un Joseph. Les Epîtres de Paul nomment parmi les piliers de l’église de Jérusalem les mêmes noms, mais Joseph est renommé Céphas. Il s’agit sans doute du Caiphas des Evangiles et de Flavius Josèphe. Paul accuse ce Céphas d’être retourné au judaïsme. Flavius Josèphe se présentait lui-même comme un grand-prêtre, et est peut-être bien ce Josèphe dit Caïphe. Se présentant comme pharisien, il appartient au Temple de Jérusalem, mais n’est clairement pas de la faction des chrétiens. Beaucoup d’exégètes ont résolu d’identifier Céphas à l’apôtre Pierre, que Paul accuse également de revenir au judaïsme. Toutefois dans un même passage des épîtres de Paul (Galates ?), Céphas est clairement distingué de Pierre. D’ailleurs Pierre était déjà un surnom : son vrai nom était Simon. Clément d’Alexandrie dans Hypodyposes ajoute à la confusion : il dit que Céphas n’était pas Pierre, mais était un « homonyme » de l’apôtre Pierre. Eusèbe cite 1 Corinthiens, qui dit que le Christ ressuscité le troisième jour est apparu à Céphas, puis aux douze, puis à plus de cinq cent frères. Luc dit qu’il apparut d’abord à Simon. Et les autres disent Pierre, mais les Evangiles sont écrits après les épîtres de Paul, et participent de la volonté de confusion.

Caïphe et Anne ne sont grand-prêtres et Pierre évêque que bien après la mort de Jésus. Paul ne mentionne Céphas et Pierre que comme piliers de l’église de Jérusalem. C’est Jacques dit le frère de Jésus qui est l’évêque et non Anne. Les épîtres de Paul, l’Evangile de Pierre, le Proto évangile de Jacques et Hypodyposes (Clément d’Alexandrie) confirment que Jacques est le premier grand-prêtre de l’Eglise de Jérusalem. Hypodyposes précise bien qu’il y eut deux Jacques, le frère de Jean et apôtre, qui fut décapité par Agrippa, et Jacques le Juste frère de Jésus et grand-prêtre qui fut jeté du haut du Temple et battu à mort (distinction que je n’ai pas faite jusqu’ici). Clément d’Alexandrie dit que les apôtres Pierre, Jacques et Jean avaient choisi Jacques le Juste comme évêque, mais que ce furent Jacques le Juste, Pierre et Jean qui reçurent la gnose à enseigner aux apôtres. (Peut-être l’apôtre Jacques était-il déjà mort). Flavius Josèphe ne mentionne pas Jacques dans les versions actuelles de ses livres. Mais les fragments reproduits par Origène donnent une version différente du texte de Josèphe où Jacques est bien le grand-prêtre.

Hégésippe dans ses Mémoires dit que le Juste (Jacques le Juste), également nommé Oblias, ne prenait pas d’alcool, pas de viande, ne se rasait pas, ne prenait pas de bain. Il portait un vêtement de lin, non de laine, et était seul à entrer dans le sanctuaire. Hégésippe dit qu’il y a 7 sectes juives (4 pour Josèphe), et que seule la secte de Jacques croyait à la résurrection. Eusèbe joue sur les mots car on ne sait pas si la secte de Jacques croyait à la résurrection après trois jours ou à la résurrection à la fin des temps de l’Apocalypse. C’est la seconde idée qui semble la plus probable.

Premières Hérésies

Dans Actes il est dit que tous les disciples vendent leur bien, ce qui est requis de l’Ordre des Hospitaliers au 12ème siècle (17ème). Il s’agit donc d’un texte chrétien romain, et non judéochrétien (templier). Il faut donc être réservé sur le témoignage biaisé de ce livre.

Les Actes des Apôtres écrivent « Gamaliel dit que Theudas s’est soulevé et a été tué avec ses amis. Josèphe ajoute que ce Theudas poussa la foule à le suivre au Jourdain et qu’il ouvrirait le fleuve. Les cavaliers romains tuèrent ses partisans et le décapitèrent.

AJ dit qu’à Jérusalem les grands-prêtres et les premiers du peuple volaient les prêtres. Ils s’insultaient et se lançaient des pierres. Des brigands tuaient ceux qu’ils rencontraient. Ils avaient assassiné le grand-prêtre Jonathan et bien d’autres après lui. Ce grand-prêtre ne semble pas attesté ailleurs.

GJ parle d’un faux prophète égyptien qui amena 30 000 personnes au Mont des Oliviers. Les soldats romains et le peuple le chassèrent. Il y est fait référence dans Actes où il est dit à Paul « n’es-tu pas l’égyptien qui s’est soulevé et a envoyé dans le désert 4000 sicaires ? » Paul et Aristarque sont alors envoyés enchaînés à Rome, où il prêche deux ans. En 41 ou 49 Claude chassa les Juifs de Rome. Il y eut 30 000 morts à la Pâque juive. On peut se demander si les 30 000 morts de la Pâque juive à Jérusalem sont les disciples de l’égyptien à Jérusalem qui étaient également 30 000. Claude aura persécuté le culte égyptien. Le prophète égyptien est peut-être le grand-prêtre Jonathan mentionné en AJ. Félix est procurateur de 52 à 60 en Samarie, Galilée et Pérée.

Dispersés en Judée-Samarie, les disciples ne prêchaient qu’aux Juifs. En Samarie, Philippe le diacre baptisa Simon le Mage. Le premier gentil baptisé fut un officier éthiopien. Les Psaumes (du roi David !) le confirment : l’Ethiopie est la première nation chrétienne. Les premières églises après Jérusalem sont créées à Césarée (Ostie) et surtout Antioche où sont Paul et Barnabé. Dans les Livres des Maccabées, Antioche est la capitale de l’empire des Grecs séleucides et se trouve en Syrie. Vraisemblablement il ne s’agit pas de Constantinople, que Paul appelle Rome. Possiblement il s’agit de Kiev.

Justin dans son Apologie à Antonin écrit « Après l’ascension, les démons poussèrent certains hommes à dire qu’ils étaient des dieux ». Justin ne nomme pas Theudas, mais Simon le Samaritain de Gitthon comme le premier d’entre eux. Il dit qu’à Rome sous l’empereur Claude, Simon fit des prodiges. Justin prétend qu’il a sa statue comme divinité sur un pont du Tibre (une note dit que ce n’est pas Simoni deo sancti mais Semo sancus). Justin présente Simon comme le dieu des Samaritains, et qu’Hélène – une prostituée de Tyr – l’accompagnait partout.

Irénée dans Contre les Hérésies appelle Simon le Mage – le même que Justin – le premier des hérétiques, simulant la philosophie des chrétiens mais se prosternant devant les livres. Ses adeptes se prosternent devant les images de Simon et Hélène et les honorent par des sacrifices, et abusent des femmes chargées de vices. Il répète qu’une statue de Simon est érigée à Rome.  Selon Irénée, Pierre aurait forcé Simon à un voyage en occident. Cela semble improbable aux éditeurs, car Pierre arrive à Rome de l’orient au début du règne de Claude. Le grand-prêtre des Samaritains serait le Simon Maccabée de Josèphe. Sa philosophie proche de celle des Chrétiens est l’islam.

Néron règne de 54 à 68. Tertullien dit que Néron est le premier persécuteur des Chrétiens (mais ils furent persécutés déjà sous Tibère). Denis de Corinthe dit que Pierre et Paul étaient ensemble à Corinthe avant de venir à Rome. Pierre bien qu’il prêche aux Juifs le fait chez les Grecs en orient… et à Rome, tout comme le fait Paul aux Gentils, ce qui suggère que Rome est ici Constantinople. En 2 Timothée Paul annonce son second procès. A Rome, Paul est décapité, Pierre crucifié. Selon le prêtre romain Gaïus écrivant au phrygien Proclus leurs reliques sont à Rome (il cite même le Vatican). Josèphe dit qu’après le soulèvement des Juifs la 12ème année de Néron (65) ils furent massacrés dans chaque ville de Syrie et crucifiés à Jérusalem. La persécution de Néron contre les Juifs – selon Josèphe – comme celle qu’il mène contre les Chrétiens semble une seule et même persécution, celle menée contre les premiers chrétiens, juifs. Il y a une confusion entre Pierre, crucifié à Rome, et ces Juifs crucifiés à Jérusalem, la persécution en occident et celle qui a lieu en Syrie.

Paul étant parti à Rome, Clément d’Alexandrie écrit que scribes et pharisiens vinrent voir Jacques le Juste et lui dirent de parler du haut du Temple contre la messianité de Jésus. Il confirma au contraire du haut du Temple que Jésus était le messie, et fut jeté du haut du Temple, lapidé puis battu par un individu avec un bâton et en mourut. Jacques le Juste étant en général confondu avec l’apôtre Jacques, décapité par Agrippa, on considère en général qu’il est mort plus tôt, du temps de Claude. Eusèbe cite Isaïe qui écrit « enlevons le Juste parce qu’il nous est insupportable », ce qui suggère bien qu’Isaïe est un contemporain des débuts de l’Eglise. Hégésippe écrit que Jacques est assis à la droite de Dieu au ciel (!). Dans la version des fragments d’Origène, Flavius Josèphe dit que la ville fut détruite en châtiment pour la mort de Jacques. Lui aussi écrit qu’il était seul à entrer dans le sanctuaire. D’une part, Hégésippe l’auteur latin semble être identique à Josèphe qui écrit en grec, puisqu’ils évoquent Jacques de la même façon. D’autre part, le fait que Jacques entre seul dans le sanctuaire montre bien qu’il est le grand-prêtre du Temple de Jérusalem, qui est alors tenu par les Chrétiens, et que le Temple est identique à « l’Eglise de Jérusalem ».

Dans Antiquités des Juifs version Origène, Josèphe écrit que c’est Anne le Jeune (62), sadducéen, qui était le grand-prêtre à Jérusalem, et était dans ses jugements le plus cruel de tous les Juifs. Il accusa Jacques de transgresser les lois et le condamna à la lapidation. Albinus menaça Anne de prison et Agrippa nomma à sa place le grand-prêtre Jésus. Cette version est différente de celle de Clément d’Alexandrie, Hégésippe et des fragments d’Origène, et sert à dissocier Jacques du Temple de Jérusalem. Sans doute Jacques est déjà mort quand Anne est désigné grand-prêtre par les Sadducéens (chrétiens romains). Il est le seul grand-prêtre nommé Anne, et a été placé plus tôt dans les Evangiles, et doublonné dans Antiquités des Juifs.

Dans l’église d’Alexandrie, Anianus en 61 a succèdé à Marc. Il est possiblement aussi Anan ben David, le rabbin de « Babylone » (Le Caire), fondateur au 8ème siècle de la religion qaraïte. Hégésippe écrit que Siméon fils de Clopas succède à Jacques le Juste à Jérusalem et que Clopas est le frère de Joseph le père de Jésus. Ce faisant il distingue donc désormais entre le « Temple de Jérusalem » dirigé par un grand-prêtre Anne, et l’Eglise chrétienne de Jérusalem, dirigée par ce Siméon.

Eusèbe prétend que qu’une prophétie poussa les Chrétiens de Jérusalem à partir à Pella en Pérée pour éviter le sort réservé aux Juifs par Vespasien (68-79). Etonnamment Pella est aussi le nom de l’ancienne capitale d’Alexandre le Grand en Macédoine. Eusèbe ne mentionne la Guerre juive (66-70) et la destruction de Jérusalem de 72 que comme une persécution contre les Juifs, pas contre les Chrétiens. Siméon est à l’abri à Pella. Eusèbe écrit que la justice de Dieu fit disparaître les Juifs de la Terre. Il dit que le châtiment est dû au crime contre le Christ. Josèphe l’attribue au crime contre Jacques, et annonce 1,1 million de morts la deuxième année de Vespasien (69). Pour Eusèbe, il s’est alors écoulé 40 ans depuis la mort du Christ, ce qui fait que l’éditeur donne 73 comme seconde année de Vespasien, ce qui ne correspond pas à l’histoire enseignée. Eusèbe dit que Flavius Josèphe applique la prophétie du messie à Vespasien mais qu’il se trompe car Vespasien ne commande pas à toute la Terre. Les Psaumes et l’épître aux Romains disent bien que c’est au Christ qu’est donnée la Terre. L’Abomination de la Désolation annoncée par les prophètes fut installée dans le Temple même de Dieu et sa totale destruction par le feu. 3 millions d’individus furent enfermés à Jérusalem pendant la Pâque juive et subirent une famine à nulle autre pareille. Il est surprenant que Dieu accomplisse des prophéties où son propre Temple est détruit. Eusèbe, contrairement à Marc, considère que le Dieu de l’Ancien Testament est identique à celui du Nouveau.

Eusèbe relie l’Abomination de la Désolation, mentionnée dans le livre de Daniel et l’Apocalypse de Jean à la destruction du Temple de 70 par Titus. On considère que Daniel se référait – par anticipation ! – à la profanation d’Antiochos Epiphane en 168 av JC, et que l’Apocalypse évoque une profanation à la fin des temps. L’Evangile de Luc fait également prophétiser Jésus à ce sujet. A la différence d’Eusèbe, la profanation d’Antiochos fait dire aux Maccabées que Dieu a été remplacé par Jupiter, et à Josèphe – qui dit ici la vérité – que Yahvé a été remplacé par Zeus (Dieu) : le dieu des Juifs a été remplacé par celui des Grecs. Le Nouveau Testament est publié comme Novum Organum par Erasme en 1616 (1516). La destruction du Temple semble correspondre à la profanation de Charles Quint de 1625 (1526), ce qui suggère que le Novum Organum est encore antidaté de quelques années.

Eusèbe écrit pourtant que Vespasien recherchait activement les descendants de David, soit la famille de Jésus, dont Siméon l’évêque de Jérusalem faisait partie. Ce sont les Judéo-chrétiens dirigés par Jacques de Molay qui ont été évincés à Paris. Vespasien a installé à Paris l’évêque catholique (sadducéen) d’Alexandrie Anianus (Anne de Montmorency), et déporté les judéochrétiens dirigés par Siméon (Simeon Bekboulatovitch) à Pella en Europe de l’est.

Eusèbe dit qu’après Pierre, les évêques de Rome furent Lin (69-80), mentionné en 2 Timothée, suivi par Anaclet (80-92), et Clément de Rome en 92 (1592), mentionné dans l’épître aux Philippiens. D’autres listes n’attestent pas l’existence de Lin et Anaclet. A noter que les épîtres à Timothée et aux Philippiens sont contestées aujourd’hui et ne l’étaient pas du temps d’Eusèbe. Un certain Crescent serait le premier évêque de Gaule. C’est un John Crescentius au 11ème siècle, qui prend la tête d’une révolte contre l’empereur Otton III et le pape français Sylvestre. Denys l’Aréopagite – selon Denis de Corinthe – est le premier évêque d’Athènes. On peut ajouter que ce même Denys l’Aréopagite est curieusement aussi crédité d’être le premier évêque de Paris.

  • Domitien (81-95) mena alors la seconde persécution.

Hégésippe avec Tertullien disent que Domitien voulait supprimer les descendants de David, et que ceux de Jude le frère de Jésus furent dénoncés. Clément d’Alexandrie prétend que l’apôtre Jean fut exilé sur l’île de Patmos. Eusèbe n’est pas d’accord et dit que le Jean qui vit à Patmos et écrit l’Apocalypse n’est pas l’évangéliste, et Jérôme suit l’opinion d’Eusèbe. Irénée écrit que Jean a eu la vision de l’Apocalypse vers la fin du règne de Domitien. Suétone écrit que Domitien fit exécuter Titius Flavius Clemens. Don Cassius écrit que son épouse Flavia Domitilla est exilée sur l’île de Pandeteria. Eusèbe dit qu’il s’agit de sa nièce et de l’île de Pontia (95). Comme Hérode, Domitien craignait la venue du Christ (?). On répondit à Domitien que le royaume de Dieu n’était pas de ce monde et viendrait à la fin des siècles. La persécution cessa alors très vite.

Vespasien aussi recherchait les descendants de David, et Eusèbe pourtant prétend qu’il n’avait persécuté que les Juifs. La persécution ne s’était pas arrêtée et les Juifs avaient été effacés de la Terre.

Hégésippe dit aussi qu’il y avait eu une sédition à Corinthe, et une lettre de Clément de Rome aux Corinthiens est lue partout. Il y a un lien apparent entre la révolte de Corinthe et la persécution de Domitien, qui craignait un retour imminent du Christ. Or selon les interprétations du texte de l’Apocalypse, la fin des temps pouvait être imminente, ou dans un lointain futur.

Un certain Cérinthe, selon Gaius, dit avoir reçu la révélation d’un apôtre, et que des anges la lui ont montrée. Selon lui, le Royaume du Christ après la résurrection des morts sera terrestre et voué aux plaisirs et aux sacrifices, avec mille ans de fêtes nuptiales. Irénée prétend que Polycarpe quitta les bains car Cérinthe s’y trouvait. Une note dit que certains attribuaient à Cérinthe l’Apocalypse de Jean. A vrai dire, la doctrine de la résurrection de la chair, tirée de l’Apocalypse, figure dans le credo de Nicée. Il est difficile d’opposer à Cérinthe l’idée qu’il aurait mal compris la doctrine de la résurrection, quand elle apparaît identique à Rome. On peut se demander si la lettre de Clément de Rome aux Corinthiens en révolte n’est pas une lettre aux Cérinthiens. Clément de Rome est ainsi un pape romain, opposé aux interprétations basées sur l’Apocalypse des judéo-chrétiens.

Les Actes des apôtres mentionnent Philippe, un des 7 diacres (donc pas le Philippe des 12 apôtres), et ses quatre filles comme prophétesses à Césarée. Gaius dans son Dialogue avec Proclus le phrygien dit que les quatre filles de Philippe lui succèdent comme prophétesses à Hiérapolis, et non Césarée. C’est ce Philippe que suit Simon le Mage. Un siècle plus tard ( ?), Polycrate d’Ephèse écrit à Victor, évêque des Romains. Il écrit que Philippe et deux de ses filles reposent à Hiérapolis, une troisième à Ephèse, et que Jean, martyre et didascale à Ephèse, a porté le petalon des grands-prêtres.

  • Pour le règne de Trajan (98-117), Eusèbe ne cite que des auteurs ayant écrit près d’un siècle plus tard (Irénée) ou plus (Clément d’Alexandrie).

Irénée dit que Jean fut en vie jusqu’au temps de Trajan. La tradition dit qu’à la mort de Domitien Jean revint à Ephèse. Ephèse était une église fondée par Paul. Clément d’Alexandrie dit qu’il revint de Patmos. La Chronique pascale et Irénée disent que Jean vint aussi à Smyrne chez Polycarpe. Irénée écrit que Polycarpe se rendit à Rome chez Anicet (Innocent ?) pour débattre de la date de Pâques. Polycarpe dans son épître aux Philippiens cite 1 Pierre. Il écrit que sont avec lui à Smyrne Ignace, Zosime, Paul, Rufus et joint les lettres d’Ignace. Irénée mentionne aussi Ignace chez Polycarpe.

Irénée est le seul à mentionner l’ouvrage de Papias Exégèse des discours du seigneur. Papias cite une tradition orale où le Christ régnera mille ans sur Terre, ce qui suggère une familiarité avec l’Apocalypse. Il s’agit de la tradition de Cérinthe que nous avons déjà vue. Eusèbe rejette cette idée, qui a malgré tout beaucoup de succès. Eusèbe trouve Papias lourd d’esprit (il l’est) et regrette qu’Irénée l’ait cru (alors qu’il dénonce Cérinthe).

Irénée mentionne que Papias, qui vit à Hiérapolis, est un compagnon de Polycarpe et un auditeur de Jean. Or Papias prétend que le Jean qu’il a entendu n’était pas l’apôtre, et dit bien qu’il y a deux tombeaux de Jean à Ephèse. Papias dit qu’il a aussi entendu Aristion le successeur de Marc (et non Ananias) et les filles de Philippe. Il écrit que Marc suit la tradition de Pierre mais n’a pas donné les événements dans le bon ordre. Il prétend que la femme adultère se trouve dans l’Evangile aux Hébreux, alors qu’elle se trouve dans l’Evangile de Jean. Les filles de Philippe lui apprirent qu’un mort avait ressuscité et que Justus Barsabas avait été protégé du poison. Les Actes des Apôtres nomment comme successeur possible de Judas parmi les apôtres Josèphe appelé Barsabas et surnommé Justus, et Matthias.

Jamais Papias ne mentionne avoir connu Polycarpe, comme le prétend Irénée. De même, Polycarpe ne mentionne pas Papias, et ne mentionne d’ailleurs pas non plus Irénée, bien qu’Eusèbe et Irénée lui-même prétendent qu’il a été son disciple.

Hérésies

Hégésippe dit que les hérésies commencèrent après les apôtres, ignorant Theudas et Simon le Mage. Sans doute Irénée confond dans l’hérésie de simples erreurs de doctrine et ce que l’évangile nomme de faux prophètes, tandis qu’Hégésippe insiste sur les erreurs de doctrine.

L’hérésie des Nicolaïtes aurait existé très peu de temps. Nicolas était un autre des sept diacres désignés pour le service des indigents aux premiers temps de l’église. Clément d’Alexandrie dans Stromate dit que sa femme était belle et qu’on le disait jaloux. Il l’aurait abandonné au milieu de l’assemblée pour qui voudrait l’épouser. Clément précise qu’il témoignait ainsi de sa fidélité à Dieu et que Matthieu enseignait de même. Les nicolaïtes auraient compris ses paroles comme un appel à partager les femmes. Inversement, Clément dit de ne pas respecter une continence absolue. Pierre et Philippe avaient eu des enfants, la femme de Pierre fut même martyre, et Paul était marié selon une interprétation de l’épître aux Philippiens où il salue sa compagne.

Les Ebionites disent qu’il faut observer la Loi juive pour être sauvés et rejettent Paul. Jésus est le fils d’un homme – il ne disent pas qu’il s’agit de Joseph – et de Marie, non du Saint-Esprit et de la Vierge. Ils valident la théologie du Verbe, mais celui-ci ne préexiste pas à l’incarnation. Ils fêtent les sabbats mais aussi les dimanches en souvenir de la résurrection. Ils ont un Evangile selon les Hébreux. Justin parle de ces ébionites au 2ème siècle, alors que c’est le dimanche ne semble pas s’imposer avant les conciles de 190. Une note montre que Eusèbe réutilise un vocabulaire de Justin daté de 150, ce qui suggère qu’il en est plus proche dans le temps. Irénée dénonce Théodotion d’Ephèse et Aquila du Pont qui écrivent « jeune fille » en parlant de Marie, alors que « le Seigneur nous a sauvés en nous donnant lui-même le signe de la Vierge ». Je pense en effet que le zodiaque remplace les 24 astérismes des Celtes sous Jules César.

Ménandre, était samaritain et magicien comme Simon et du bourg de Carapattée (les Carpathes ?) Il se disait le Sauveur, descendu des éons pour le salut des hommes. Ceux qu’il baptisait surpassait les anges et devenaient immortels. Justin le situe à Antioche (Kiev).

En 115 les Juifs d’Alexandrie et Cyrène (Russes) se révoltent contre les Grecs. Les Juifs de Cyrène et d’Egypte avec Loucouas dévastent le pays. A Alexandrie les Grecs se vengent sur les Juifs. Lucius Quietus (Loucouas ?) nettoie la Mésopotamie et est nommé gouverneur de Judée selon Dion Cassius.

Siméon bar Clopas l’évêque de Jérusalem à Pella fut alors dénoncé par des hérétiques comme de la race de David et chrétien. Il fut crucifié à 120 ans sous Trajan. Pline le Jeune est fâché de devoir les persécuter et écrit à Trajan qu’ils n’ont commis aucune faute. Selon Tertullien, Trajan émit un décret pour ne pas chasser les chrétiens mais de les châtier si on en trouvait.

  • Sous Hadrien (117-138), Quadratus et Aristide font une apologie du christianisme.

Sous Hadrien, Rufus gouverneur de Judée affronte le « bandit et tyran » Simon bar Khokba, qui subit en 135 le siège de Bethéra. En 1 Maccabées, il s’agit de Simon Maccabée et du siège de Bethura ou Beth Horon. Justin dans son Apologie à Antonin (138-161) dit que Bar Khokba faisait subir aux chrétiens de terribles supplices s’ils refusaient de renier et blasphémer Jésus-Christ. Il prétend être venu de la philosophie grecque au christianisme ayant été convaincu par les martyrs ( ?). Les Juifs sont alors expulsés de Jérusalem et de Judée. Jérusalem est rebâtie, prend le nom d’Aelia et est habitée par des Gentils. Les Juifs ont le droit de revenir un jour par an le 9 Ab. La fête sera peu observée à partir de Septime Sévère. L’Eglise de Jérusalem qui était à Pella se reforme à Jérusalem avec des non-juifs.

Cela n’a pas de sens : l’église de Pella était l’église juive de Jérusalem en exil. Le premier évêque « non juif » de Jérusalem se nomme Marc. Justin cite un auteur nommé Aristion de Pella. Il s’agit de l’évangéliste Marc évêque d’Alexandrie et de son successeur Aristion. Ainsi Siméon fils de Clopas et Simon bar Khokba ne font qu’un. Siméon n’a pas fui à Pella, ce sont les Gréco-macédoniens de Pella/Alexandrie qui sont venus chasser les Judéo-Chrétiens de Jérusalem. Le christianisme de Marc remplace le christianisme de Jacques et Simon à Rome.

Parmi les hérésies, Irénée mentionne en ce temps Saturnin d’Antioche, qui copie Ménandre. Basilide d’Alexandrie dont Agrippa Castor dit qu’il écrivit 24 livres sur l’évangile et inventa des prophètes comme Barcabbas et Barkoph. Comme Pythagore, Basilide imposait à ses disciples un silence de cinq ans. Il prétendait que renier la foi était acceptable dans certaines circonstances, ainsi que de manger des viandes consacrées. Or les chrétiens ne consacrent pas la viande en l’absence de sacrifice : Irénée est un judéo-chrétien, et dénonce des hérésies grecques. Jean-Basilide est le nom de plusieurs tsars de Russie au 17ème siècle selon les cartes.

Selon Irénée, Carpocrate était le père des Gnostiques. Il copiait la magie de Simon mais l’exerçait en pleine lumière. Ses disciples vénéraient des filtres et des démons. Carpocrate est certainement Harpocrate, un des noms grecs d’Horus. Carpocrate aurait dit qu’on n’échappe aux princes de ce monde (les démons) qu’en leur accordant leur dû. Mais c’est en substance ce qu’écrit Marc qui fait dire à Jésus de donner à César ce qui est à César.

Hégésippe écrit qu’Hadrien bâtit une ville et un culte à son amant Antinoos, lui consacra des prophètes et des jeux. Justin le mentionne aussi. Les évêques de Rome de son temps étaient Alexandre, Xiste et Télesphore.

Le gouverneur d’Asie Serenius Granianus aurait écrit à Hadrien en faveur des chrétiens. L’empereur écrivit à son successeur Minucius Fundanus de ne juger personne sans accusation fondée. Ce gouverneur renvoya la lettre à son successeur Antonin le Pieux (138-161), qu’Eusèbe traduit en grec. Jérôme écrit qu’entre Hadrien et Constantin (180 ans) on avait placé sur le lieu de la Résurrection une image de Jupiter et sur le rocher de la croix une statue de marbre de Vénus.

L’auteur chrétien Justin écrivit une Apologie à Antonin et ses fils Marc-Aurèle et Lucius Verus, soit « à Titus Aelius Hadrien Antonin le Pieux, César, Auguste, à Verissimus son fils, et Lucius son fils adoptif ». Il est très curieux que ce soit Marc-Aurèle et non Lucius Verus qui soit nommé Verissimus. Visiblement on cherche à créer de la confusion. Aelius étant aussi un des surnoms d’Hadrien, Hadrien et Antonin le Pieux, voire Titus sont pour moi un seul et même empereur. Les textes de la Renaissance présentent Titus comme un chrétien. Pour Eusèbe, Justin est le premier à se servir du langage des philosophes pour défendre la foi chrétienne.

Justin dans son Apologie à Antonin mentionne les martyres de Ptolémée et Urbicius. Il prédit son propre martyre. Comme il avait repris Crescens le cynique en public, il affirma que son martyre serait causé par ce Crescens qui l’accusait d’athéisme. Il est impossible qu’il s’agisse de Crescens le premier évêque de Gaule. Ou est-ce possible ? Justin fut condamné par le stoïque Rusticus, alors préfet de Rome. Tatien dans Discours aux Grecs écrit que Crescens était pédéraste, aimait l’argent et déchaîna la mort qu’il prétendait mépriser sur Justin.

Justin venait de Flavia Neapolis en Syrie-Palestine (Naples ?). Il attribue l’Apocalypse à l’apôtre Jean. Il a écrit un Contre Marcion cité par Irénée, un Discours aux Grecs, un Dialogue à Ephèse avec Tryphon le plus éminent des Juifs, qu’il accuse de complot contre le Christ, et d’avoir retiré des paroles des prophètes de l’Ecriture. En effet, la version des livres de l’Ancien Testament que cite Eusèbe en fait clairement des livres chrétiens. Le Talmud cité par l’inquisiteur Benoît de Sainte-Foi (1410) est tout aussi clairement un livre chrétien. C’est le même Sainte-Foi qui se plaignait des falsifications apportées aux livres de Flavius Josèphe. Notre « Ancien Testament » est probablement une version hébraïque traduite une seconde fois pour faire disparaître les aspects chrétiens.

  • Antonin (138-161) = Marc Aurèle (161-180) = Mikhail (1613-1645)

Marc-Aurèle et Lucius (161-169) auraient été conjointement Augustes.

Dans la lettre d’Antonin au Conseil d’Asie à Ephèse il se nomme lui-même « César Marc-Aurèle Antonin Auguste Arménique, Grand pontife » et instaure la règle de juger aussi les accusateurs en matière d’hérésie. Une note de bas de page prétend qu’Eusèbe s’est trompé et qu’il s’agit d’une lettre de Marc-Aurèle et non d’Antonin, voire d’un faux, avec des arguments hors sujet. En effet, les noms de cet empereur sont différents de ceux qu’utilise Justin dans son Apologie. Possiblement Antonin est le nom dynastique et il n’y a pas d’empereur Antonin.  Plus tard, Caracalla (211-217) puis Héliogabale (217) portent également le surnom d’Antonin.

Irénée écrit que Télesphore évêque de Rome mourut martyr sous Antonin, et fut remplacé par Hygin suivi de Pie et Anicet, et que sous ces « papes » vivaient les gnostiques Valentin et Cerdan, qui bien que prêtre était proche de Simon le Mage. Cerdan enseignait que le dieu de l’Ancien Testament n’était pas le père de Jésus-Christ car le premier est connu et le second inconnaissable. Il baptisait et avait une chambre nuptiale pour célébrer des mariages spirituels. Cerdan aurait été le maître de Marcion. La doctrine choquait Eusèbe mais trouve un écho de l’Evangile de Marc (Marcion ?) qui voit Jésus dire aux Pharisiens « vous avez pour père le diable ». Justin dit de Marcion qu’il était né dans le Pont et vivait à Rome de son temps, et que les marcionites se présentaient comme chrétiens. 

Irénée prétend que Polycarpe s’opposait à Valentin et Marcion, qu’après Cérinthe il traita Marcion de « premier né de Satan ». Comme Siméon à Jérusalem, ce Polycarpe est doté d’une longévité exceptionnelle, qui ne s’achève que dans le martyre. La datation de Marcion fluctue chez les exégètes entre le premier et le deuxième siècle, parce que des personnages du premier siècle semblent toujours présents un siècle plus tard. Les quartodécimains sont ainsi condamnés par Clément en 90, et à nouveau par Victor en 190.

Irénée mentionne les Encratites, qui s’inspirent de Saturnin et Marcion, se disent contre le mariage et prêchent l’abstinence. Musanus en parle également. Irénée dit que Tatien élève de Justin, devint hérétique et inventa des éons comme Valentin. Il prétendit qu’Adam n’était pas sauvé, et écrivit un ouvrage nommé Diatesserion, collage de différents évangiles. Il écrivit aux Grecs en affirmant que les prophètes juifs étaient antérieurs à tous les Grecs, ce dont Eusèbe ne disconvient pas. Après lui vint Sévère qui rejetait Paul et les Actes des Apôtres, Bardesane le syrien (russe) converti à Edesse, qui fut valentinien avant de se convertir à l’orthodoxie. La note de bas de page conteste ce jugement et dit que Bardesane semble avoir toujours été orthodoxe.

Hégésippe cite les sectes de Simon, Cléobios, Dosithée, Gertaios et les Masbothéens. Parmi les Masbothéens il nomme Ménandre, Marcion, Carpocrate, Valentin, Basilide, Saturnin.  Il cite sept sectes juives : les Sadducéens, les Pharisiens, les Esséniens, les Galiléens, les Samaritains, les Masbothéens, les Hémérobaptistes. Par rapport aux quatre sectes de Flavius Josèphe, seules trois sont en commun : Sadducéens, Pharisiens et Esséniens. Les Galiléens sont les Zélotes de Josèphe. Les Masbothéens d’Hégésippe sont les Gnostiques d’Irénée qui n’existent pas du temps de Josèphe. Chez Josèphe, les Samaritains sont étrangers et non juifs. Les Samaritains modernes prétendent avoir été fondés en 1613 – leur premier grand-prêtre Schelemiah est Mikhail de Russie – et se disent Israélites et non Juifs, bien que la Torah soit leur texte sacré. Les Hémérobaptistes sont peut-être les Anabaptistes allemands du 17ème siècle. Hégésippe prétend que les sectes juives complotaient contre la tribu de Juda et le Christ. La Tribu de Juda est le Temple judéo-chrétien. Comme Hégésippe venait du judaïsme (comme Josèphe ?), il citait l’Evangile des Hébreux en syriaque, non canonique. Le texte syriaque signifierait qu’Hégésippe était russe. Comme Irénée, Hégésippe citait les Proverbes de Salomon ou le Fils est nommé Sagesse pleine de toutes les Vertus.

Irénée ne dit rien en revanche des persécutions contre sa propre église de Lyon sous Marc-Aurèle. Néanmoins Lyon et Vienne écrivent en 177 aux églises d’Asie et de Phrygie pour évoquer leurs persécutions. L’évêque Pothin étant martyr, la lettre recommande Irénée, le porteur de la lettre, à l’évêque de Rome qui est alors Eleuthère. Etant adressée aux églises d’Asie et de Phrygie, Rome est donc en Asie.

Rufin fait une traduction de la lettre des martyrs de Lyon en latin, Grégoire de Tours dans De Gloria Martyrum précise que 48 moururent dans l’amphithéâtre et les autres en prison. La lettre des martyrs de Lyon formule un jugement « prudent » sur Montan et ses disciples Alcibiade et Théodote en Phrygie, responsables de l’hérésie phrygienne ou cataphrygienne. Cette digression est très surprenante, et on se demande comment les martyres lyonnais pouvaient se préoccuper d’une controverse sur le dogme très loin de chez eux. Possiblement la Phrygie désigne la France ou Ile-de-France.

La Grande Assemblée de Gaule avait lieu chaque année le 1er août à Lyon, avec des délégués des 60 cités des trois Gaules. Ils étaient accusés d’athéisme et d’impiété, de cannibalisme (Thyeste), d’inceste (Œdipe). Leur persécuteur était un légat de Rome. Le légat est le nom de l’inquisiteur dans l’église romaine au 17ème siècle. Il s’agit d’un récit de la persécution des Cathares. Ils citent l’Evangile de Jean : « l’heure viendra où celui qui vous aura tué croira rendre un culte à Dieu », ce qui suggère que le légat se présente également comme chrétien. Et Actes « comment pourraient-ils manger les petits enfants ceux à qui il n’est même pas permis de se nourrir du sang des animaux sans raison ». La note de bas de page suggère que la Gaule suivait un culte judéo-chrétien comme les premiers apôtres dans Actes à la réunion de Jérusalem. Je suis évidemment en accord avec cela, car la Gaule est l’ancienne Judée. Tertullien mentionne que l’Eglise de Carthage suivait la même pratique. C’est précisément l’Eglise de Carthage sous l’évêque Cécilien qui est accusée plus tard par Constantin de donatisme (islam).

On notera les références à la littérature grecque en Gaule. Les noms des martyrs « judéo-chrétiens » sont aussi très grecs. On cite Attale, Pontique, Alexandre, Alcibiade… Une note de bas de page précise que les martyrs juifs de la persécution d’Antiochos (167-164 av JC) ont été regardés par les chrétiens des premiers siècles comme des précurseurs et des modèles. Il y eut des églises dédiées aux sept frères Maccabées à Lyon, Vienne et Antioche. Il est plus probable qu’Antiochos et Marc-Aurèle sont beaucoup plus proches dans le temps.

La lettre de l’Eglise de Smyrne aux églises d’Asie raconte le martyr de Polycarpe et comment par trois fois ce dernier s’est déclaré chrétien quand on lui demandait de jurer par la Fortune de César. Il est surprenant qu’Eusèbe ne signale pas le parallèle avec l’apôtre Pierre qui renie Jésus par trois fois dans les quatre évangiles. Le feu ne put consumer le corps de Polycarpe, qui sentait bon. Percé du glaive, son sang éteignit le feu.

Méliton de Sardes écrit à Marc-Aurèle sur la Pâque, texte mentionné dans Sur la Pâque de Clément d’Alexandrie. Eusèbe n’en précise pas le contenu. Mais si Marc-Aurèle est intéressé aux dates des fêtes chrétiennes, c’est sans doute qu’il est chrétien. Et pourquoi écrire des apologies chrétiennes à des empereurs qui ne sont pas chrétiens. Pourtant il y a de nombreux martyrs sous Marc-Aurèle. Il aurait écrit « libérez ceux qui renient, suppliciez les autres ». C’est exactement ce qui a été mis en œuvre contre les Cathares.

Méliton de Sardes écrit aussi à Verus une apologie où il mentionne des rescrits d’Antonin. Ce Verus serait Marc-Aurèle : sans doute il s’agit de Lucius Verus et Antonin est Marc-Aurèle. Méliton cite trois cités de Grèce et de Macédoine. Il conseille au Conseil d’Achaïe de suivre la législation de Trajan et Hadrien concernant les Chrétiens. Une note dit qu’il y a confusion car le Conseil d’Asie n’est pas le Conseil d’Achaïe. Heureusement que les historiens corrigent les étourdis contemporains des faits !

Selon une note, Eusèbe nomme « à tort » Antonin comme l’empereur de la persécution pour épargner Marc-Aurèle. Tertullien et Apollinaire prétendent que Marc-Aurèle protégeait les Chrétiens. On cite un miracle le concernant. Marc-Aurèle étant en guerre contre les Germains et les Sarmates, la légion Mélitène faillit périr de soif, mais un orage vint les sauver de la soif et mit en fuite ses ennemis. Dion Cassius attribue ce miracle au magicien égyptien Harnuphis. Trois autres auteurs l’attribuent à la piété de Marc-Aurèle. Eusèbe parle lui de la piété des Chrétiens priant pour Marc-Aurèle. Tertullien évoque une lettre de Marc-Aurèle attribuant ce miracle aux chrétiens. Les éditeurs disent qu’Eusèbe a déjà cité ce même Marc-Aurèle comme commanditaire des persécutions. Il n’y a en réalité aucune tentative d’épargner un empereur païen. Pourquoi des auteurs chrétiens le feraient-ils ? Ces auteurs se coupent car ils tentent de falsifier l’histoire avec des doublons. Comme ils se prétendent victimes des persécutions qu’ils ont eux-mêmes déclenché, un même empereur se trouve parfois bon chrétien et parfois persécuteur des chrétiens. Marc-Aurèle combattant contre les Germains et les Sarmates est le tsar chrétien Mikhail (1613-1645) combattant en Pologne et en Allemagne contre les Cathares.

Eusèbe cite huit lettres de Denis de Corinthe. Dans sa Lettre aux Athéniens, il évoque les évêques Denys l’aréopagite, Publius (martyr) et Quadratus. Il écrit une lettre aux Romains, où Soter (168) a succédé à Anicet, avant Eleuthère et Victor.

  • Commode (180-192)

L’alexandrin Pantène, chrétien et stoïcien, fut envoyé aux Indes, où il découvrit que Barthélémy l’avait précédé et y avait prêché l’Evangile de Matthieu. Ils possédaient en effet ce livre en hébreu. Par la suite, Pantène dirigea le premier l’école chrétienne d’Alexandrie. Clément d’Alexandrie lui succède.

Rhodon, disciple à Rome de Tatien, écrit – comme tout le monde – contre Marcion. Il accuse le vieux Apelle de blasphémer contre la loi de Moïse. Ce dernier défendait l’idée d’un seul principe, mais ne savait pas le démontrer. Il avait été persuadé par une vierge nommée Philomène que les prophéties venaient d’un esprit adverse (ce qui est très raisonnable). Rhodon dénonce également les défenseurs de deux principes : Marcion dit « le matelot » ou « le loup du Pont », Potitus, Basilicus, ou 3 natures : Synéros.

En Asie et Phrygie était l’hérésie des Cataphrygiens que Sérapion nomme « la Nouvelle Prophétie ». Montan – leur Paraclet – et ses prophétesses Priscilla et Maximilia. Claude Apollinaire d’Hiéropolis dit que peu de Phrygiens étaient dupes des prophéties de Montan, que Montan et Maximilia se pendirent comme Judas, et que Théodote emporté dans les cieux finit projeté à terre. Maximilia avait prédit une guerre, et 13 ans après sa mort, il n’y en avait eu aucune. Ils prétendaient avoir des martyrs, ce qui ne prouverait rien, et c’était faux. Miltiade disait qu’aucun prophète de l’Ancien Testament ne parlait en état d’extase comme ils le faisaient. Que les vrais prophètes étaient les filles de Philippe, Agabus, Jude, Silas, Ammia et Quadratus. Les prophètes phrgyiens prétendent tenir leur don d’Ammia et Quadratus, qui a hérité de celui de Maximilia ?

Apollonius écrit que Montan a baptisé Pépuze et Tymion, petites villes de Phrygie, du nom de Jérusalem. Il défaisait les couples et légiférait sur le jeûne. Tertullien qui fut montaniste le confirme et parle de nourriture sèche et sans boisson. Les prophétesses avaient quitté leur mari, et ils présentaient néanmoins Priscilla comme vierge. Ils recevaient des offrandes, ce que l’Ecriture interdit aux prophètes, jouaient aux tablettes et aux dés et prêtaient à intérêt. Thémison et Alexandre payèrent pour leur libération et se vantèrent malgré tout d’être des martyrs.

Irénée écrivit aux hérétiques de Rome : il écrit une lettre à Blastus sur le schisme (sur la date de Pâque), une lettre à Florinus Sur la monarchie ou Que Dieu n’est pas l’auteur du mal (Florinus pensait comme Valentin à ce sujet). Et Sur l’ogdoade, contre Valentin. Ce dernier avait sévi sous Antonin, et Irénée a toujours les mêmes sujets.

Une note dit qu’Irénée avait demandé à l’évêque de Rome Victor d’intervenir contre Florinus, prêtre à Rome, mais ancien disciple de Polycarpe à Smyrne, qui diffusait ses écrits jusqu’en Gaule. Le fragment signalé est écrit en syriaque. Ce n’est pas logique si Victor est l’évêque de Rome en Italie : il est donc évêque d’une Rome orientale. Irénée écrit qu’Apollonius dut faire sous Commode son apologie devant le Sénat, ce qui impliquait son martyr prochain car la loi disait que ceux qui ne se rétractaient pas ne pouvaient être pardonnés, bien qu’un décret impérial stipulait que son dénonciateur aurait les jambes brisées, ce qui fut fait.

Victor devint évêque de Rome en même temps que Demetrios devenait évêque à Alexandrie ( !). Pour moi Victor est l’empereur séleucide Demetrios Nicator, qui a la même signification en grec que Victor en latin, et le héros de l’histoire russe Dimitri Donskoi. Il est le tsar Dimitri de l’histoire russe (1605, en réalité 1605-1620). Il est empereur de Constantinople (Rome) et Moscou (Alexandrie).

Eusèbe mentionne le synode de Césarée, vers 190, alors que Théophile était évêque de Césarée. Les travaux d’Olivier de Solan disent que Hermann Zoest à Bâle en 1435 (1635) a Eusèbe de Césarée pour seule source et présente le concile qui précède Nicée comme celui d’Alexandrie. En 1437, il reçoit une autre documentation et corrige le nom d’Alexandrie par Césarée. Mais on voit que dans Histoire ecclésiastique, Eusèbe n’a fait aucune confusion. Non seulement il mentionne bien un synode à Césarée, mais il mentionne qu’il y eut plusieurs synodes régionaux et non un seul, et chacun donna lieu à la publication d’une lettre. A Césarée, on se réunit autour de Théophile de Césarée et Narcisse évêque de Jérusalem. A Rome, on se réunit autour de Victor. En Gaule, autour d’Irénée. Dans le Pont autour de l’évêque Palmas. Il y eut une réunion dans l’Osroène (Russie), et encore d’autres. Les sources étudiées en 1437 à Bâle et que produit Solan ne permettent pas de comprendre qu’il y a plusieurs conciles. Il y a bien une lettre de Victor, une lettre de Théophile, mais il n’y a que le décret de Césarée et celui d’aucun autre concile de l’époque, à l’exclusion du concile de Nicée qu’Eusèbe ne mentionne pas. Mais Zoest ne pouvait pas ignorer ce qu’Eusèbe écrivait à ce sujet. Olivier de Solan déclare que le concile de Césarée est fictif, au motif que le Livre des Conciles d’Isidore de Séville serait un faux – et on ne voit pas pourquoi, puisqu’aucun auteur ne contredit son contenu.

Ce qui est flagrant, c’est que les conciles de 190 traitent du même sujet que le concile de Nicée de 325 : la question des quartodécimains, et celle de la date de Pâques. Les réponses données sont même identiques : il faut tenir compte de la Résurrection et fêter Pâques un dimanche.

Eusèbe écrit ainsi que toutes les communautés d’Asie célébraient Pâques le 14ème jour de la Lune, qui correspondait à la fin des jeûnes (Carême). Eusèbe produit une lettre de Polycrate d’Ephèse à Victor, où il affirme que Philippe, ses filles, Jean qui repose à Ephèse, Polycarpe, Méliton de Sardes et d’autres suivaient le 14ème jour de la Lune. Les églises de tout le reste de la Terre suivaient la tradition apostolique et arrêtaient le jeûne le jour de la Résurrection. Eusèbe ment-il ? Il contredit formellement Isidore, qui affirme que les apôtres respectaient la Pâque juive, soit le 14ème jour de la Lune. Voilà sans doute pourquoi le Livre des Conciles fut déclaré faux.

Eusèbe ajoute que ces synodes (de 190) portèrent le décret de l’Eglise et fixèrent Pâques le dimanche. Victor excommunia ces églises, mais Irénée et d’autres prirent leur défense, tout en assurant respecter eux-mêmes le dimanche. Une note de bas de page précise que Victor leva bien l’excommunication. Irénée précise que leur manière de jeûner est également différente, qu’ils jeûnent 1 jour, 40 heures, 2 jours ou plus. Il précise qu’avant l’évêque Sôter à Rome, qui suivait la règle du dimanche ( ?), la pratique pouvait varier à Rome même. Anicet restait en bons termes avec Polycarpe, bien qu’ils aient pratiqué différemment, même si leurs lettres se sont perdues ( ?).

Cette présentation pose quelques soucis. Eusèbe ne le précise pas, mais Augustin et d’autres avaient fixé Pâques le jour de la Résurrection, sans qu’il s’agisse d’un dimanche. Eusèbe cite une Lettre de Théophile dans laquelle il précise qu’à Alexandrie aussi on célèbre le dimanche. Néanmoins Théophile lui-même suivait le jour de la Résurrection le 25 mars, quel que soit le jour de la semaine où ce jour tombait. Il n’était donc pas un défenseur du dimanche, du moins avant ce concile de Césarée. Eusèbe a l’excuse de ne pas bien connaître les églises d’occident. Il est néanmoins évident que la France avant la réforme calendaire de 1582 est quartodécimaine, et non l’Asie seule. Une tradition présente Irénée lui-même comme un quartodécimain. C’est d’ailleurs le concile de Nicée en 325 qui est dès l’époque du concile de Bâle crédité pour avoir introduit le dimanche comme jour de Pâques. Possiblement les conciles orientaux antérieurs n’avaient pas d’impact sur la pratique en Europe de l’ouest. Quand Constantin devient empereur, il aura imposé en occident les pratiques grecques.

Eusèbe arrête son récit en 324. Il ne dit rien du concile de Nicée de 325. En revanche, il évoque les conciles de Rome (dit le « premier concile de Latran ») de 311 et d’Arles en 314. Dans notre chronologie il peut s’agir du concile de Rome (1611-1612) et de « Constance » (1614-1618). Le concile de Rome (1611-1612) est peut-être le concile de Rome où participe l’évêque Victor, cité donc deux fois par Eusèbe en 190 et 311. Constance peut désigner l’empereur du même nom, et non la ville où le concile s’est déroulé.

  • Sévère (193-211) = Sévère Alexandre (222-235)

Jude écrit une chronologie jusqu’à la dixième année de Sévère (202) qu’il rapproche des 70 semaines de Daniel. Jude prétend que la parousie de l’antéchrist est proche. Jérôme le cite et l’annonce également. Hippolyte de Rome dans son commentaire sur Daniel mentionne la croyance en une imminence de la fin du monde, à laquelle il ne croit pas lui-même. Il y eut une persécution sous Sévère en Egypte et en Thébaïde, où Demetrios était évêque d’Alexandrie.

L’évêque Clément d’Alexandrie se nomme Titus Flavius Clemens, comme le martyr sous l’empereur Domitien. Parmi ses écrits, on trouve un Contre les Judaïsants. Dans Stromates des mémoires gnostiques selon la véritable philosophie, il écrit sur le règne passé de Commode. Il donne son opinion sur les Grecs, les Barbares, les hérésiarques. Il cite les ouvrages la Sagesse, Jésus fils de Sirach, les Epîtres aux Hébreux, de Jude, de Barnabé, de Clément, mais aussi le Discours aux Grecs de Tatien. Le terme Gnostiques ici n’a pas le caractère péjoratif que lui donne Irénée. Hypotyposes est un résumé de l’Ecriture, où il cite Jude, Barnabé, l’Apocalypse de Pierre.

Origène surnommé Adamantius encouragea son père Léonide au martyr, et resta avec sa mère et ses six frères plus jeunes alors qu’il n’avait que seize ans. Il trouva refuge chez une riche femme qui hébergeait également l’hérétique Paul de Samosate, avec lequel il refusa toujours de prier, et qui fut plus tard évêque d’Antioche. Origène assistait les martyrs, et dirigea l’école d’Alexandrie dès ses 18 ans, succédant à Clément, où il enseigna aux frères Plutarque, futur martyr, et Héraclas. Origène finit par abandonner ses cours de grammaire pour conserver la catéchèse aux étudiants avancés, Héraclas prenant la classe des débutants.

La légende donnée par Eusèbe est qu’Origène vendit ses livres et vécut à la manière des philosophes, étudiant la nuit, jeûnant, se reposant à même le sol, portant un seul vêtement et pas de chaussures. Il s’abstenait de viande et de vin comme les pythagoriciens et les ascètes chrétiens. Origène se castra, interprétant mal une écriture. Demetrius ne lui en tint pas rigueur longtemps, mais comme il devint jaloux (bien plus tard), il commença à diffuser l’information et à l’en blâmer. Une note de bas de page précise que Demetrios avait des raisons de se plaindre : Origène avait reçu le sacerdoce – il n’était pas prêtre jusque là – d’un autre évêque sans son accord. Il lui retira cette charge, mais la plupart des évêques ne le suivirent pas. Origène acheta les traductions grecques des livres hébraïques pour mieux connaître leur histoire, et publia ces traductions polyglottes.

Eusèbe dit qu’Ambroise était un valentinien avant d’être converti par Origène. Rhossos et les Docètes suivent à l’époque l’Evangile selon Pierre. (ce n’est pas tout ce qui est dit des docètes de nos jours). L’orthodoxe Sérapion dit que cet évangile contient la vraie doctrine mais que certains passages ont été ajoutés.

Eusèbe mentionne sous Sévère les hérésies de Théodote (successeur de Montan), Artémon et plus tard Paul de Samosate. Un anonyme écrit que dans l’hérésie d’Artémon le Sauveur n’est qu’un homme, que c’est ce que les apôtres enseignaient et que cette vérité a été conservée jusqu’à Victor. Elle ne fut altérée que par son successeur Zéphyrin. Eusèbe rappelle que Victor a excommunié Théodote, et que les Evangiles eux-mêmes, Justin, Miltiade, Tatien et Clément désignaient le Christ comme Dieu. Et que faire des Cantiques sur le Verbe de Dieu ? Eusèbe écrit que les disciples de Théodote le corroyeur, un autre Théodote, banquier, et Asclépiodote ne s’intéressaient qu’à Euclide et Aristote au lieu de religion. Asclépiade (ce même Asclépiodote ?), Théodote, Hermophile, Apolloniade, auteurs hérétiques, se contrediraient eux-mêmes ainsi qu’entre eux.

L’évêque de Jérusalem Narcisse changea l’eau en huile le jour de Pâques. Eusèbe ne rapproche pas cet événement de l’Evangile de Jean où est relaté l’épisode des noces de Cana. Comme on prétendait en jurant par des serments qu’il n’était pas chaste, Narcisse s’enfuit de la ville. Les serments firent périr deux de ses accusateurs par le feu et la maladie, le troisième devint aveugle. Quand Narcisse revint on demanda à Alexandre évêque en Cappadoce de le soutenir comme second évêque, comme Narcisse était âgé. Une lettre d’Alexandre aux Antinoïtes confirme ce fait.

  • Un autre empereur important est Sévère Alexandre, empereur de 222 à 235.

Origène est alors toujours actif. Il y avait beaucoup de chrétiens dans la famille de cet empereur, qui semble également chrétien. On soupçonne aisément que les deux Sévère n’en font qu’un. De plus, l’évêque de Jérusalem Alexandre et l’empereur Sévère Alexandre présentent des similitudes. Eusèbe dit que l’évêque Alexandre constitua une bibliothèque à Aelia (Jérusalem). Africanus dit que Sévère Alexandre fit bâtir une bibliothèque à Rome. Il peut s’agir de la constitution de la bibliothèque du Vatican, mais celle-ci est datée de 1612 par Wilhelm Kammeier, encore plus tardivement que Fomenko.

La première année de cet Alexandre (222), Hippolyte écrit « Sur la Pâque » où il propose un cycle de 16 ans.

Julius Africanus – Eusèbe le nomme seulement Africanus – écrit à cette époque une Chronologie, dont il est dit qu’elle inspire celles d’Hippolyte de Rome et d’Eusèbe. Celle d’Eusèbe certainement puisqu’il cite Africanus. Une note précise que la chronologie d’Africanus s’étend de 5500 av JC à 221, et suggère qu’il s’agit d’un autre Hippolyte que celui qui conçoit le calendrier d’Hippolyte, sans argument clair.

La lettre d’Africanus à Aristide signale le désaccord entre les généalogies de Jésus chez Matthieu et Luc, et reprise par Eusèbe. Martin Luther dans « Du Shem ha-meforash et de la généalogie du Christ », officiellement publié en 1543, sans doute bien plus tardif, signale son désaccord avec Eusèbe sans mentionner sa source Africanus. Africanus écrit aussi une lettre à Origène où il demande si l’histoire de Suzanne dans le livre de Daniel est apocryphe. Origène aurait répondu, mais on ne sait pas quoi.

La mère de Sévère Alexandre, Mommaea aurait demandé la présence d’Origène à Antioche. Origène se rendit un temps aussi à Rome, puis en 232 il s’installe définitivement à Césarée. Demetrios dénonça le fait qu’un laïc fasse l’homélie en présence d’évêques, mais les évêques de Césarée (Théocriste) et Jérusalem (Alexandre) rappellent nombre de cas où cela s’était déjà vu. Ce cas de figure ne se voit plus dans l’Eglise de nos jours.

A la mort de Demetrios, Héraclas devient évêque d’Alexandrie. Héraclas est pour nous l’empereur Héraclius de Byzance et aussi Charles-Quint (1620-1666). Denis d’Alexandrie devint responsable de l’école. Origène par deux fois et Denis furent experts lors de colloques épiscopaux pour examiner la doctrine. Il est dit qu’Origène ramena à la foi l’évêque Bérylle de Bostra (dit évêque des Arabes), qui prétendait que le Sauveur ne préexistait pas à son incarnation et n’avait pas de divinité propre, ne la recevant que du Père. Mais c’est à peu près comme Bérylle que les catholiques actuels comprennent la divinité de Jésus.

  • L’empereur suivant Maximin (235-238) persécuta la famille de Sévère Alexandre et les Chrétiens.

Ce Maximin semble être un reflet de Maxence/Maximin qui fit assassiner le Sévère auguste d’occident mentionné dans les notes – mais pas par Eusèbe – du temps de Constantin. A Césarée, Origène reçoit Théodore dit Grégoire et son frère Athénodore qui deviendront plus tard évêques du Pont.

  • Après Gordien (238-244), Philippe « l’Arabe » et son fils Philippe (244-249) auraient été des empereurs chrétiens.

En 246, Denis devint évêque d’Alexandrie à la place d’Héraclas. Eusèbe écrit qu’Origène mit fin en ce temps aux hérésies des Arabes et des Helkésaïtes. Pour les Arabes, l’âme meurt avec le corps, et ressuscitera avec lui. Une conversation suffit à corriger l’évêque des Arabes.

L’hérésie des Helkésaïtes aurait également été très courte. Origène en parlerait dans son commentaire du Psaume 82. Selon une note, les Helkésaïtes rejetaient Paul et considéraient qu’apostasier en parole n’avait pas d’importance. Ils auraient possédé un livre de révélation « tombé du ciel ». Celui qui l’entendait recevait la rémission des péchés. Il y a un gros problème ici : l’Epître de Clément de Rome 150 ans plus tôt mentionne déjà les Helkésaïtes du temps de Pierre et Paul. La première idée qui vient est que cette « hérésie » n’a pas été courte du tout, et que le Livre de révélation dont il est question est le Coran.

  • L’empereur Dèce (249-251) a été égorgé avec ses fils mais a le temps de relancer une persécution contre les Chrétiens.

Dèce serait un fantôme de Dioclétien.

Un certain Porphyre de Sicile écrit Contre les Chrétiens, où il calomnie Origène. Il prétend que l’Ancien Testament est à prendre au sens littéral, et qu’il n’existe pas de Mystères cachés comme le pensent les chrétiens. En note, on lit qu’il aurait écrit 47 ans après la mort d’Origène. On comprend – ce que nous confirme le web – qu’il a été assimilé au platonicien Porphyre de Tyr (234-305). Les historiens adorent modifier la provenance des auteurs antiques.

Porphyre prétend qu’Origène avait été élevé dans la pensée grecque, mais se retrouva dans la croyance des Barbares (le christianisme des Juifs) qu’il hellénisa. Son maître Ammonios aurait lui été élevé dans le christianisme avant de s’en détourner pour la pensée grecque. Origène aurait appliqué l’allégorie des Mystères grecs aux écritures juives. Eusèbe s’insurge : Ammonios comme Origène ont été élevés dans le christianisme et restèrent chrétiens. Il ne fait pas ici de commentaire sur le fond, mais il l’a déjà fait plus tôt : Eusèbe est partisan de l’interprétation allégorique de l’Ancien Testament de Philon d’Alexandrie. Philon a d’ailleurs raison et Porphyre tort : cette allégorie est expliquée en profondeur par nombre d’auteurs, tel David Warner Mathisen. On voit donc chez Porphyre qu’en ce temps, ce sont les Chrétiens – après Philon – qui se réclament de la Kabbale, alors que les Juifs – derrière Flavius Josèphe – font une interprétation littérale des textes. On retrouve cette opposition au 17ème siècle en Europe de l’est : les Sabbatéens – qui sont des Chrétiens – soutiennent la Kabbale, alors que les « autres » Juifs la refusent.

Denis d’Alexandrie dans une Lettre à Germain dit qu’il était en prison « avec Pierre et Paul » ( ?), chrétiens anonymes, mais que Timothée s’est échappé, et qu’il fut libéré par des paysans égyptiens. Timothée est le nom d’un des compagnons de Saint-Paul. Dans une Lettre à Fabius évêque d’Antioche, Denis écrit que la persécution commença un an avant l’édit de Dèce. A Jérusalem, Alexandre meurt en prison. A Rome, l’évêque Fabien meurt en martyr. Il est remplacé par Corneille, homonyme du tout premier évêque de Césarée, nommé par Pierre. Origène fut supplicié à Césarée, relâché et mourut peu après à 69 ans.

En ce temps, l’hérésie des Purs est dirigée par Novatien, prêtre à Rome. Il prétendait qu’il n’y avait pas de salut pour les apostats. Les synodes de Rome (avec Corneille), d’Afrique (avec Cyprien) et d’Asie (avec Fabius d’Antioche) condamnent cette idée. On a une lettre de Denis d’Alexandrie à Fabius l’évêque d’Antioche qui inclinait pour Novatien, et une lettre de Denis à Novatien pour l’inviter au synode d’Antioche. Eusèbe cite beaucoup les lettres de Denis d’Alexandrie, notamment celles qu’il écrit aux prêtres de Rome.

Novatien aurait réussi à se faire nommer évêque de Rome en enivrant des évêques sans importance. Eusèbe prétend qu’il faisait jurer contre Corneille au lieu de rendre grâces pendant l’Eucharistie. Il se prétendait pur alors qu’il avait nié qu’il était prêtre. Il n’aurait d’ailleurs pas dû l’être car il n’était pas baptisé régulièrement : il avait reçu le baptême par infusion (celui des malades) mais pas le Saint-Chrême ou sceau de l’évêque.

  • Gallus (251-253) est tué avec ses fils, comme Dèce avant lui. Comme Dèce, il expulsa les Chrétiens de son entourage. Il s’en trouvait donc encore.
  • Valérien (253-260) est empereur avec son fils Gallien. Il était profondément chrétien, mais il fut influencé par l’archisynagogos Macrien des magiciens d’Egypte, qui le poussa à expulser les Chrétiens, et à sacrifier des enfants pauvres.

Cette volte-face n’a aucun sens. Une note prétend que Sévère Alexandre, Philippe l’Arabe et Valérien ne pouvaient être chrétiens malgré ce que prétend Eusèbe. Sans cela on n’explique pas les persécutions.

Constantin et Maximien ont tous les deux dans leur nom Valerius. Ceci expliquerait qu’on trouve la trace d’un Valérien chrétien et d’un Valérien qui persécute les Chrétiens. A noter que le culte des ennemis des Chrétiens est le culte égyptien, certainement le culte d’Osiris.

Denis écrit à Philémon prêtre de Rome que tous les évêques sont appelés papes.  Une note précise que l’évêque de Rome prévaut. Ainsi non seulement Eusèbe déforme l’histoire du christianisme au profit du catholicisme impérial. Mais ses exégètes lui font aussi dire ce qu’il ne dit pas. Eusèbe lui-même n’a jamais affirmé que l’évêque de Rome – du moins dans HE – prévalait sur les autres, et n’utilise pas lui-même le mot de pape. Quand il l’introduit, c’est dans cette lettre de Denis d’Alexandrie. Et Denis précise lui-même que le terme de pape s’applique à tous les évêques.

Emilien le vice préfet d’Egypte poussa Denis d’Alexandrie à apostasier et adorer Valérien « et les dieux que tout le monde connaît ». Il déporta les Chrétiens d’Egypte à Képhro en Libye, les interdit de messe et de cimetière (comme les Cathares). Denis fit des assemblées malgré tout et convertit nombre de païens. Emilien les envoya ensuite à Kollouthion, qui était plus proche de la ville (la note dit qu’une ville de ce nom se trouve à 20 km d’Alexandrie, mais le terme « la ville » désigne en général Le Caire). Gaius, Pierre et Denis furent enfermés dans un endroit désert de Libye. Des prêtres étaient aussi cachés dans la ville. Denis écrit que les martyrs ne sont « parfaits » qu’après leur mort (encore une terminologie cathare). Vraisemblablement Denis d’Alexandrie n’est allé qu’une seule fois en prison en Egypte, sans doute sous Valérien (Galère, Maximien…) et pas sous Dèce.

Sous Gallus et Valérien, une nouvelle question avait surgi : Cyprien à Carthage, Firmilien en Cappadoce, et Hélénos à Tarse baptisaient les hérétiques repentis. Denis d’Alexandrie écrivit au nouvel évêque de Rome, Etienne (253-257), qu’il était recommandé de se contenter de leur imposer les mains. Cette question du baptême des hérétiques ressurgit au 4ème siècle dans le contexte de l’hérésie donatiste. Sabellius à Ptolémaïs de la Pentapole aurait pour sa part nié l’Esprit-Saint et confondu le Fils et le Père. On reconnaît aussi ici des similitudes avec l’arianisme du 4ème siècle.

Denys évoque le schisme de Népos évêque d’Egypte. Une note dit qu’il était évêque à Arsinoé. Il interprétait l’Ancien Testament à la « manière juive », c’est-à-dire au sens littéral. Il rejetait également l’interprétation allégorique de l’Apocalypse et annonçait mille années de jouissances corporelles. Il fut responsable d’une fausse lecture d’Origène et de sa condamnation post mortem selon Eusèbe ( ?). Eusèbe ne précise pas qu’il s’agit des idées défendues bien plus tôt par Cérinthe. Il écrit en revanche que certains prétendaient que l’Apocalypse avait été écrite par Cérinthe. On suppose qu’il s’agit des Cérinthiens eux-mêmes ou des proches de cet évêque Népos. Eusèbe pour sa part reconnaît que sa signification est cachée mais que « ses conceptions dépassent notre propre intelligence » (sic). Un certain Korakion fut convaincu par les explications de Denys.

Eusèbe raconte qu’à Panéas ou Césarée de Philippe en Phénicie, près des sources du Jourdain au Mont Panéion, on trouve le « trône » de Jacques le Juste et un statue de bronze d’un couple dont l’homme a les traits de Jésus. Un miracle païen avait eu lieu à cette époque aux sources, car une victime immolée disparaissait de la vue quand on la jetait dans la source. Le chrétien Astyrius pria et le miracle disparut ?

En 260 Valérien fut capturé par les Perses. Macrien étant estropié ne pouvait être empereur et fit proclamer empereurs ses deux fils, qui furent reconnus dans l’est de l’Empire jusqu’en 261. Quand Denys revint à Alexandrie, Emilien avait trahi Gallien pour Macrien. Théodotos en 261 s’empara d’Alexandrie pour Gallien en 261. La peste suivit la guerre et la ville fut dépeuplée. En 262 Gallien avait vaincu tous les usurpateurs, sauf en Gaule.

Macrien semble encore être une copie de Maximien, ses deux fils étant sans doute Maxence et Maximin.

  • Gallien (261-268)

Le nom complet de Gallien est Publius Licinius Egnatius Gallienus. Valérien était un doublon de Galère. Gallien est un doublon de Licinius. Anatole de Laodicée fonda à Alexandrie l’école de la succession d’Aristote (268-280).

Eusèbe prétend que Sixte II fut évêque de Rome pendant 11 ans. Une note corrige en 11 mois : Sixte aurait été martyr en 258 sous Valérien et non en 266. Le terrain est mouvant et on se méfie d’une telle correction. Denys de Rome lui succède. 

La Chronique de Seert dit que Demetrianus l’évêque d’Antioche est mort en captivité chez les Perses (Valérien ?). Paul de Samosate devint l’évêque et croyait comme Artémas que Jésus était un homme ordinaire. Paul interdisait les Psaumes pour Jésus car il les considérait comme trop récents et il fait chanter les femmes à Pâques dans l’église, ce qui semble une abomination pour Eusèbe. Denys d’Alexandrie écrivit une lettre prétextant sa santé pour ne pas se rendre à un synode prévu à Antioche en 264, où on mit néanmoins la doctrine de Paul en question.

A Alexandrie, la 12ème année de Gallien (265), Maxime succède à Denys d’Alexandrie. Un autre synode se tient en 268 et Paul est excommunié. Il est remplacé par Domnus fils de Demetrianus.

  • Aurélien (270-275)

Le nom complet d’Aurélien serait Cæsar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Augustus, Germanicus Maximus, Gothicus Maximus, Carpicus Maximus, Dacicus Maximus, Arabicus Maximus, Palmyrenus Maximus.

Aurélien règne sur des territoires qui n’ont jamais appartenu à l’Empire romain, comme Maximien. Il est d’ailleurs le « Maximus » d’Allemagne, Gothi, Carpique, Dacie, Arabie et Palmyrène, après avoir vaincu la reine Zénobie. Il est possiblement le Maxime qui est évêque d’Alexandrie en 265. Eusèbe écrit que Paul de Samosate n’avait pas quitté Antioche. Aurélien arbitra et choisit Domnus, car il suivait la doctrine de « Rome » et des églises d’Italie. Eusèbe écrit aussi qu’Aurélien changea brusquement d’avis et avait presque signé les édits de persécution contre les Chrétiens sans s’y résoudre. Lactance confirme ce point de vue d’Eusèbe.

En ce temps fleurirent en Perse les Manichéens. Mani que Eusèbe appelle le « maniaque » se nommait lui-même le Paraclet (comme Montan avant lui). Eusèbe prétend qu’il empruntait à différentes hérésies et s’était doté de douze apôtres pour contrefaire le Christ.

A Alexandrie, à Maxime succéda Théonas et l’école d’Anatole échut à Achillas, puis l’évêque fut Pierre, qui fut décapité. A Césarée de Palestine, à Théotecne succéda Agapius et Pamphile était prêtre. A cette époque surgissaient du sol de vastes et larges églises (une des premières occurrences du mot pour désigner le bâtiment), qui furent aussitôt détruites pendant la persécution de Dioclétien. Nous pensons que ces églises sont les églises gothiques et toujours debout.

2 Commentaires

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2 réponses à “Histoire ecclésiastique

  1. Higuera

    Brillant ! Tout comme votre article sur l’histoire des mathématiques. Merci et bonne année 2024 (depuis allez savoir quoi…)

    • Merci. Il faut encore trouver un récit raccourci. Intégrer le schisme de Paul avec l’Eglise de Jérusalem, qu’Eusèbe ignore puisqu’il dit que Pierre et Paul étaient copains. Meilleurs voeux

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