Le johannisme de Paul Le Cour

Je poursuis ma recherche sur l’église johannite. Paul Le Cour, fondateur en 1926 de la revue Atlantis – dirigée plus tard par Jacques Grimault – est venu tardivement à la pensée johannite comme un résultat de ses propres recherches. Il a écrit en 1950 « L’Evangile ésotérique de Saint-Jean », réédité avec un commentaire de Jacques d’Arès.
Le johannisme ici se base sur les seuls textes attribués à Jean (Evangile, Epîtres, Apocalypse), met de côté l’Ancien Testament, l’essentiel de synoptiques, et ce qu’il considère comme des interpolations. Le Cour ne connaît pas l’Evangile « secret » de Jean, amputé des épisodes de la résurrection que défend l’Eglise johannite de France, et détecte beaucoup plus d’interpolations que nos néotempliers.
La thèse principale de Le Cour est que le christianisme authentique, celui de Jean, est l’héritier de la pensée grecque, à savoir le pythagorisme, le platonisme et les Mystères. Il inclut dans son hellénisme le monde celte, calque spirituel du monde grec. L’Eglise romaine y compris dans sa version traditionaliste est corrompue par des éléments judaïsants : l’Ancien Testament, et les Evangiles synoptiques principalement. Ainsi les catholiques dits « traditionalistes » qui défendent la messe en latin et s’insurgent contre les innovations du concile Vatican II s’appuieraient eux-mêmes sur une version corrompue d’un christianisme plus ancien.
Le Cour relie avec les preuves nécessaires les « deux Jean » à Janus, à l’Agni des Rose-Croix (l’eau), à Ganymède l’échanson des dieux, au Verseau, à Poséidon (comme je l’ai moi-même fait), à Déméter, la mère des dieux (initiés), à Lucifer, aux deux baptêmes des gnostiques, au Saint-Esprit, à Jeanne d’Arc.
Il peut s’appuyer sur de nombreux auteurs anciens et modernes qui partagent sa conviction. Edouard Schuré, parlait de « refondre dans leur unité primitive et radicale, le christianisme et l’hellénisme. » Justin et Denys l’aréopagite admettaient le caractère grec du christianisme. Clément d’Alexandrie reconnaissait que Platon était inspiré par le Logos (Jean) et Saint-Augustin dira la même chose de son successeur Plotin. La masse des éléments apportés par l’auteur emporte l’adhésion : les Pères de l’Eglise, les premiers papes, tous étaient grecs. L’ensemble du vocabulaire du catholicisme vient du grec. Ce n’est pas avant le 5ème siècle que Jérôme imposera la Vulgate, traduction latine des Evangiles. Cependant, les mots importants de la doctrine et de la liturgie sont restés grecs.
Jacques d’Arès évoque la découverte des manuscrits de Qumran, attribués aux esséniens, assimilés aux johannites, que Le Cour n’aurait pas manqué de mentionner s’il les avait connus à temps. Cependant les textes de Qumran sont essentiellement des extraits des livres de l’Ancien Testament, en hébreu et rarement en grec, ainsi que quelques textes apocryphes comme le livre des Jubilés ou le livre d’Enoch (que les gnostiques modernes aiment bien en effet). Les gnostiques samaritains, ou alexandrins, ou encore les Cathares auxquels Le Cour rattache – à raison – le johannisme, étaient frontalement opposés au judaïsme et à l’Ancien Testament. Le rattachement des Manuscrits de la Mer morte à une communauté essénienne semble donc un lieu commun qui a diffusé largement après leur découverte, mais semble manquer cruellement de substance.
Jean présente des allégories et non des paraboles, ce qui témoignerait d’un degré d’initiation plus élevé. Le commandement y est « aimez-vous les uns les autres », et rejette la loi de Moïse. Il présente en permanence les juifs et les pharisiens comme les ennemis de Jésus, qui veulent le tuer, et les Juifs eux-mêmes désignent Jésus comme un Galiléen, ou un Samaritain, jamais un des leurs. Jésus dit des Pharisiens qu’ils ont pour père le Diable, meurtrier et père du mensonge. Lorsqu’il évoque le Père, il ne dit jamais « Jehovah ». On trouve des propositions similaires en Paul qui écrit par exemple « Jésus-Christ nous a délivrés de la loi de Moïse. ».
Le Prologue de l’Evangile de Jean est constitué de ses 18 premiers versets, et est conforme à la cosmogonie des gnostiques d’Alexandrie, au point qu’on a cru qu’ils étaient les véritables auteurs de Jean. Il commence par « Au commencement était le Logos, et le Logos était avec Dieu, et le Logos était dieu. » Il y a un parallèle évident avec le début de la Genèse, traduit par « Au commencement était le ciel et la terre ». Dans les deux cas il existe une erreur de traduction et « par le principe » est remplacé en français par « au commencement ». C’est très surprenant s’agissant d’une même erreur de traduction alors que les langues d’origine sont le grec pour l’Evangile de Jean, et l’hébreu pour la Genèse ! (Mais est-ce si sûr ?). Le premier Dieu est « O Theos » et désignerait le Dieu suprême, en général assimilé au soleil. Le second Dieu est « theos » et désigne le Logos, la première émanation de Dieu, qui sera le fils plus loin dans cet évangile.
Je pense donc comme lui que le christianisme est pleinement grec, et aussi que ce qui est grec est celte. Il montre tout du long que la gnose hellénique est identique à l’ésotérisme celte. Il en montre peu de preuves. Mais je suis pour ma part convaincu de leur identité. Espagnolle avait bien montré que les patois romans d’Europe de l’ouest étaient identiques aux dialectes grecs doriens. Il croyait à une migration depuis l’est de la Méditerranée mais il s’agit simplement de l’ajout d’un alphabet (grec) et de déclinaisons pour permettre d’écrire ces langues vernaculaires. A la Renaissance, le grec serait abandonné et Montaigne ou Rabelais utiliseraient l’alphabet latin et la langue réellement parlée pour écrire dans leurs patois respectifs. Pour Le Cour, la pierre de l’autel présente les mêmes caractéristiques que le dolmen.

Mais je ne valide pas son récit d’une église johannite primitive éclipsée dès les premiers siècles par une église de Pierre revenue aux principes du judaïsme, en acceptant notamment l’Ancien Testament, des Evangiles synoptiques et des interpolations que Le Cour qualifie de judaïsants. Cette lecture est liée à sa croyance en l’existence d’un Jésus historique et à la chronologie des conciles telle que donnée par l’Eglise catholique.

1 – Paul Le Cour et Jacques d’Arès croient que Jésus est un personnage réel et que la chronologie est correcte.
Ni Le Cour ni Arès ne sont de purs gnostiques. Leur soutien à l’Evangile de Jean et le fait d’en discuter les principes pied à pied avec la doctrine romaine leur impose un cadre de discussion théologique encore trop proche des cultes chrétiens contemporains pour pleinement saisir la réalité du gnosticisme historique.
Le Cour croit que Jésus a vraiment existé. Il croit aussi à la seconde venue du Christ qui viendra pour instaurer son pouvoir temporel. Il est le premier propagateur de l’idée d’une « Ere du Verseau » prochaine, et de la théorie des cycles qui pollue toute la réflexion de Jacques Grimault. Il ne rejette finalement pas les influences protestantes ou juives jusqu’au bout, puisqu’il en adopte les tendances messianistes. Il valide l’idée de réincarnation que partageaient les chrétiens primitifs et des pères de l’Eglise comme Origène ou Clément, mais il passe à côté de la résurrection symbolique de l’initié « born again » contenue dans les Evangiles.
Jean serait proche de Philon, en ce qu’il propose une interprétation allégorique des textes, et non des paraboles comme les synoptiques. Mais en ce cas, pourquoi Le Cour fait-il une interprétation aussi littérale de ce qu’il lit ? Le Cour est convaincu du retour corporel imminent du Christ, parce que les Evangiles, le premier Epître de Jean et l’Apocalypse le disent. Je pense qu’une interprétation astronomique – comme le fait Fomenko – et – justement – allégorique serait beaucoup plus valable. Quant à Jacques d’Arès, il ne croit pas en la réincarnation, mais à la résurrection des corps à la fin des temps ! Singulière gnose !
Jacques d’Arès fait savoir son désaccord avec les idées de Le Cour concernant l’Eucharistie et la transsubstantiation. A mon avis, les deux débats se mélangent au point de créer de la confusion dans leurs arguments respectifs. Le Cour montre très bien que le Christ, comme Horus, représente le Soleil. Si l’incarnation, c’est l’action du soleil sur le blé (pour le pain) et le raisin (pour le vin), le principe de la transsubstantiation est parfaitement acceptable. Ce que Le Cour fait remarquer à raison, c’est que les premiers chrétiens ne faisaient que partager un repas, des agapes. Ni la Didachê, ni les épîtres de Paul, ni ceux de Jean ne parlent du sacrifice de Jésus, ni d’un sacrement comme l’Eucharistie. Clément (1er siècle) et Ignace (2ème siècle) ne parlent que de rompre le pain. Jean-Chrysostome et Augustin (5ème siècle) disent que le pain est la chair du Christ, mais toujours pas du sacrifice de Jésus. Quant à l’action du prêtre qui par son action propre change le pain et le vin en le corps et le sang de Jésus (chez les orthodoxes, c’est l’Esprit-Saint qui agit), il s’agit pour lui d’une innovation tardive, que Paul Le Cour a du mal à fixer dans le temps : il propose le 4ème siècle, puis le 9ème. Le mot « transsubstantiation » daterait du 12ème siècle. Les Cathares se seraient opposés à la transsubstantiation au 13ème siècle. Finalement le rite aurait été institué définitivement au 16ème siècle. A notre avis, la dernière date est toujours la plus plausible.
Le Cour ne dénonce pas l’idée même de transsubstantiation, mais le fait qu’elle finisse par désigner le sacrifice de Jésus (dans les Evangiles), puis un sacrement de l’Eucharistie (dans l’Eglise romaine). Jacques d’Arès, plus proche de Rome, dit que c’est le Christ qui instaure l’Eucharistie. Les synoptiques disent en effet que le sang du Christ sera « répandu pour beaucoup en rémission des péchés » (sacrement). Et Luc ajoute « vous ferez ceci en mémoire de moi » (commémoration du sacrifice). Cela n’aura eu guère de valeur pour Le Cour, qui ne reconnaît pas les synoptiques. Ce que Le Cour comme Arès n’ont pas vu, c’est que non seulement la Didachê, les Epîtres de Paul et de Jean, les pères de l’Eglise que sont Clément, Origène et Ignace ne connaissent certes pas l’Eucharistie, mais ils ne connaissent pas Jésus non plus ! La rédaction tardive des Evangiles a créé un Jésus historique et par le fait-même créé un sacrifice et un sacrement. Le Cour comme Arès sont prisonniers de leur croyance en un Jésus historique. L’histoire ecclésiastique dit que la transsubstantiation fut une question majeure de la doctrine, qui aboutit au schisme arien et johannite au concile de Nicée en 325, car les ariens s’y refusaient. Ces schismes et excommunications permanents d’hérétiques au fil des siècles sont des inventions destinées à faire croire qu’ils s’accordaient sur l’essentiel : un Jésus historique.

2 – Les Evangiles synoptiques sont également gnostiques et hellénisants
Les Evangiles synoptiques ne sont pas « judaïsants. » D’une part, seul Matthieu aurait un original en araméen, cependant que les autres auraient été écrits en grec. Chacun d’entre eux s’inspire entre autres de maximes stoïciennes que l’on dit tirées d’un document appelé Q selon un axe de la recherche académique. Marc et Luc auraient été rédigés en s’inspirant des épiques d’Homère (Dennis MacDonald). Enfin le récit de la vie de Jésus contenu dans les synoptiques reprend les drames joués lors des cérémonies d’initiation des différents cultes grecs des Mystères. Cette facette du gnosticisme est absente de Jean.
Jésus en Jean est le Logos, la lumière, la connaissance, la première émanation de l’être suprême, à savoir le soleil. Logos est une « grécisation » du Lug celte, qui donnera en latin Lux. Logos est en effet la lumière, la connaissance, la première émanation de l’être suprême, Dieu, assimilé au soleil. Cette assimilation au soleil est plus claire dans la religion égyptienne – Horus est un autre Jésus – mais la naissance de Jésus un 25 décembre, le même jour que l’empereur Auguste, Mithra et Sol invictus, montre bien qu’ils sont autant de noms désignant une divinité solaire.
Le Jésus de Jean triomphe des épreuves alors que le Jésus des synoptiques subit la tentation dans le désert et semble flancher plus d’une fois. Dans les synoptiques Jésus représente donc tout autre chose : le candidat à l’initiation, qui passe par les épreuves, meurt et renaît à nouveau après avoir sacrifié son faux moi. Le Jésus des synoptiques est proche des dieux mourants des Mystères, qu’il s’agisse de Mithra ou de Dionysos.
Le mot de « theos », le dieu, qui désigne le Logos dans Jean, désigne aussi l’initié dans le pythagorisme et les Mystères grecs. Dans les mythes grecs ou celtes, la mort hermétique du candidat dure trois jours. Le Cour pense que les dolmens servaient de tombeaux initiatiques aux druides. Ces pratiques sont présentes dans la société « chrétienne » du Moyen-Age. Dans le compagnonnage, mais aussi dans les rites cénobites où le moine allongé au sol voit les autres moines réciter la prière des morts avant de recevoir un nouveau nom. Le Cour dit que Jean inspira le docétisme, où Jésus n’est mort qu’en apparence.
Les Mystères grecs contenaient déjà ces deux aspects, le drame de l’initiation et le récit de la création par le Logos, et utilisaient le même mot de « theos » pour désigner le Logos et l’initié. Jean, non seulement dans le Prologue mais par de nombreuses allégories, insiste beaucoup sur l’aspect Logos de Jésus, mais il est aussi un récit humanisé, guère différent des autres Evangiles. Les synoptiques, à travers le récit de la Passion, héritent des Mystères grecs le drame de l’initiation. Ils ne présentent donc aucune rupture avec l’hellénisme, et ne sont pas « judaïsants » à cet égard. Le Cour connaît pourtant ces références à la mort hermétique, mais il choisit de les ignorer. Il confond la résurrection de l’initié avec la thèse de la réincarnation, qu’il dévoile chez les premiers pères de l’Eglise.

Le gnosticisme des Evangiles est différent de celui des évangiles apocryphes. Le Logos ou démiurge de Jean est la première émanation du Dieu suprême. Celui des apocryphes, d’un esprit plus dualiste, est un dieu créateur mauvais, nommé parfois Ialdabaoth (dans l’Apocryphon de… Jean), reflet du Jehovah de l’Ancien Testament. Le dualisme étant, à mon avis, lié à une mauvaise compréhension de la notion de dualité, je préfère le gnosticisme non dualiste de Jean et Paul. Il reste que, sans clé de lecture, leur contenu gnostique est difficile à percevoir. On y trouve principalement un personnage réel dont trois ans de la vie sont racontés. Ce Jésus là n’est guère différent de celui des synoptiques. Le Cour veut croire que l’Evangile de Jean est le plus ancien (1er siècle). Il suppose les évangiles synoptiques écrits à partir de Jean, avec l’ajout de l’enfance de Jésus en Luc et Mathieu, bien inutile pour des nestoriens qui ne croient à la mission divine du Christ qu’à partir de son baptême.
3 – Qui a créé les interpolations ?
Il est vrai que les Evangiles synoptiques appuient l’idée d’un Jésus qui serait issu du peuple juif. Les Evangiles de Matthieu et Luc font naître Jésus à Bethléhem, et proposent deux généalogies – contradictoires – qui le font descendre du roi David. C’est précisément ce que les Juifs attendaient d’un messie national. Matthieu et Luc ont donc été falsifiés pour désigner Jésus comme le Messie des Juifs. Mais les juifs n’acceptent justement PAS cette interprétation et si falsification il y a eu elle ne peut leur être imputée. Tournons plutôt nos regards vers les Jésuites de la Renaissance qui souhaitaient créer une religion œcuménique réunissant juifs et chrétiens.
Par ailleurs, les synoptiques ne sont certainement pas plus favorables aux juifs que ne l’est l’Evangile de Jean. Tout le chapitre 23 en Matthieu est une mise en accusation des juifs et des pharisiens. Le Cour traduit « Je ne suis pas venu pour détruire la loi mais pour la parfaire » et montre que dans chacun des exemples donnés ensuite – les serments, la vengeance, la haine des ennemis, la femme adultère… – Matthieu contredit la loi juive. Et on a déjà évoqué le contenu « grec » des synoptiques.
D’ailleurs, il y a aussi des interpolations « judaïsantes » en Jean (« car le salut vient des Juifs ») malgré un sens général totalement à l’opposé.

4 – Le johannisme n’a pas été persécuté depuis les premiers siècles
Le Cour relie le courant johannite à diverses sectes antiques, dont la pluralité de noms pourra faire croire à une filiation, dont il se charge de donner la chronologie : pythagoriciens, orphites, druides, sabéens ou samaritains, esséniens et nazaréens, les prêtres « essènes » d’Ephèse, thérapeutes, juifs puis chrétiens d’Alexandrie, ariens, manichéens (dont le symbole est un CROISSANT DE LUNE), mandéens ou chrétiens de Saint-Jean en Iran, nestoriens, catholiques orthodoxes, néoplatoniciens. Puis viennent les Templiers, les Compagnons, les Rose-Croix, les Francs-Maçons.
Le johannisme aurait fait scission de l’Eglise romaine en 325 lors du concile de Nicée, lorsque les Ariens ont refusé la divinité de Jésus, la transsubstantiation et la doctrine de la Trinité. La transsubstantiation (du soleil) est pourtant un principe gnostique. Seule la transsubstantiation par l’action du prêtre est une innovation romaine, mais Le Cour la date du 16ème siècle.
Les nestoriens ont été excommuniés en 431 lors du concile d’Ephèse car ils refusaient l’Immaculée conception et pensaient que Jésus n’était qu’un homme ordinaire avant son baptême (comme les samaritains elkasaïtes), et qu’il n’avait donc rien pu faire de remarquable pendant son enfance. Ceci conduit à exclure les passages sur l’enfance de Jésus en Matthieu et Luc. Mais ni Saint-Bernard (12ème siècle) ni Thomas d’Aquin (13ème siècle) n’acceptaient non plus l’Immaculée conception.
Le Cour nous affirme que la doctrine de la Trinité s’accommode d’une Eglise de Pierre judaïsante. C’est curieux. Les exégètes modernes, souvent de bons catholiques romains, pensent au contraire que cette dégradation du rang de Jésus fait de ces églises – arienne, nestorienne, nazaréenne – des cultes « judéo-chrétiens ». Ce contresens empêche de voir leur origine johannite et non pas juive. Il est vrai en revanche que ces cultes ont eu une influence sur l’islam, comme l’a remarqué Edouard-Marie Gallez. Le Cour affirme que la doctrine nestorienne se retrouve dans le Baghavad Gita et aurait inspiré l’hindouisme et le bouddhisme. Krishna et Arjuna seraient la version sanskrite du Christ et de Jean. C’est en effet à noter, mais l’hindouisme ajoute au nestorisme la doctrine des avatars. Krishna serait ainsi le 9ème avatar de Vichnou. Par transition, cette doctrine des avatars était discutée au 19ème siècle par les savants de l’islam. Godfrey Higgins montre que ceux-ci défendaient l’idée que Mahomet était le 10ème avatar !
Mais on notera que ces discussions sont très tardives. Quant aux excommunications des sectes johannites primitives, elles se font sur des interprétations littéralistes qu’aucun gnostique ne prendrait au sérieux. L’enchaînement de doctrines censées servir de « courant secret » au fil des siècles n’a guère de sens. Toutes ces églises sont des copies les unes des autres sous un nom différent. Le johannisme est la religion des élites de la nation française au moins jusqu’à la Révolution. Il n’avait jamais été persécuté.
Les nazaréens étant le nom des hauts initiés de la secte essénienne, les uns sont sans doute identiques aux autres. Les Evangiles mettent en scène le baptême essénien tel que le décrit Flavius Josèphe. Les nazaréens adoraient le soleil, subissaient des initiations de trois ans (il y a trois ans entre les deux baptêmes en Jean) et portaient des vêtements de lin blanc. Ils croyaient en une âme incorruptible ; qui allait au paradis au-delà de l’océan, ou sous Terre, où elles enduraient d’éternels supplices. C’est certes proche des mythes grecs, mais guère différent des idées médiévales. L’Eglise catholique orthodoxe réalise encore aujourd’hui des baptêmes par triple immersion, pour des adultes.
On mentionne encore des mandéens ou chrétiens de Saint-Jean en grand nombre en Iran au 17ème siècle. Manda signifierait « gnose » cependant que Paul nommait le Christ « Kyrios » (Seigneur). On rappellera que Mandane est la mère du Cyrus perse. Ils connaissent le bon berger, la prière sacerdotale (Jean 27), rejettent l’Ancien Testament et la rémission des péchés.
Les similitudes entre la doctrine johannite et la doctrine hermétiste sont également signalées. Le soleil y est décrit comme le plus grand de tous les dieux. Le Corpus hermeticum que « traduit » Marsile Ficin apparaît sous sa forme actuelle au 15ème siècle, supposément traduit de « l’égyptien ». Il distingue Zoroastre le Perse, Hermès l’égyptien, Orphée le Thrace, Pythagore, et distingue même les alter ego Platon et Plotin ! Pour ma part, je pense que le néoplatonisme les a tous inventés. Que fait le Agni des zoroastriens dans la doctrine Rose-Croix et johannite ? Le concile de Ferrare-Florence de 1438 n’était pas un concile catholique romain, puisque ses participants étaient platoniciens.
On a vu que le sacrement de nouveaux moines était calqué sur les Mystères antiques. Le second baptême est une imposition des mains des maîtres sur les adeptes. Paul le réalise sur les disciples de Jean en Actes, comme les Thérapeutes, les Cathares, mais aussi les Bénédictins, un ordre qui serait donc grec ! Ils sont nommés ainsi car ils pratiquaient la Bénédiction, et il n’existait probablement aucun Saint-Benoît. La colombe ionah devient en grec « ion », la couleur violette. On trouve encore aujourd’hui dans le reiki un souffle violet, qui est une composante de l’initiation à la maîtrise.
Dante, johannite avoué, n’a été nommé damnatio autore que par une Eglise postérieure. Il reste malgré tout très révéré dans l’Italie du 19ème siècle.
Les peintres de la Renaissance, Vinci et El Greco peignaient des thèmes johannites. Aujourd’hui on parle beaucoup de « courant ésotérique » caché aux yeux des profanes. Bien entendu puisqu’il s’agit d’une religion à degrés, et qu’en tant que peintres de cour, Léonard et El Greco avaient certainement bénéficié d’initiations poussées. Mais en aucun cas il ne s’agissait d’un culte persécuté ou en lutte avec l’Eglise romaine. Ils peignaient sur les sujets religieux de l’époque ! Il est d’ailleurs très significatif qu’à un moment de la Renaissance, les thèmes hermétiques grecs (Boticelli) ont été remplacés par des thèmes bibliques.
Il est évident que le johannisme n’a pas été persécuté avant une période tardive. Le compagnonnage, les élites de l’Etat, templières puis maçonniques s’en réclamaient avec fierté. Les peintres de cour de la Renaissance ont peint les Mystères johannites. Il s’ensuit que le récit ecclésiastique des conciles où des hérésies – reprenant certaines caractéristiques de la gnose johannite – se voyaient l’une après l’autre exclues de l’Eglise catholique, est certainement faux.
Les cathédrales gothiques sont dédiées à des représentations alchimiques, rarement bibliques. Les serments des compagnons qui les bâtirent, comme ceux des maçons du 18ème siècle, se faisaient sur l’Evangile de Jean. Le Lambda et le Gamma majuscules du Logos sont le compas et l’équerre des compagnons et des maçons. Fulcanelli affirme dans « Le Mystère des cathédrales » que seuls les initiés avaient le droit de pénétrer dans les cathédrales sous peine de mort. Il est ici démontré qu’au Moyen-Age, l’Eglise a encore ses degrés d’initiation.
Le Cour écrit que les Esséniens n’avaient pas accès au Temple de Jérusalem, réservé aux juifs. C’est à mon avis une fausse interprétation. Comment les johannites peuvent-ils se nommer Templiers s’ils ne sont pas les héritiers du Temple ? Comment les Alaouites (Nazaréens) peuvent ne pas être Lévites ? Les Nazaréens étant les Maîtres de l’Eglise essénienne, ou les « Prêtres Essènes » de l’Eglise de Jean, ils sont les initiés de Haut rang. Lorsqu’il est dit que les « Esséniens » n’avaient pas accès au Temple de Jérusalem, cela signifie que des initiés au seul baptême de l’eau ne pouvaient entrer dans la Temple.
C’est aussi ce que vivaient les juifs ordinaires, interdits de pénétrer dans le Temple. Un reflet des Juifs et des Lévites se retrouve dans les Esséniens et leurs prêtres nazaréens. Les Evangiles, bien que prenant leurs distances avec les Juifs, n’attaqueront pas le Temple. Au contraire, Jésus chasse les marchands d’animaux et les changeurs qui souillent le parvis du Temple et s’en fait le champion. La nouveauté dans le Nouveau Testament consiste à relativiser l’importance du temple dans l’optique de proposer une religion plus universelle.
Le Cour lui propose l’idée que l’Eglise de Pierre a été judaïsée par les Evangiles synoptiques, l’ajout de l’Ancien Testament et des références au péché originel de la Genèse, l’utilisation du pain azyme – les orthodoxes utilisent le pain levé. Cependant il trouve essentiellement comme preuves des déclarations de papes récents, autour des conciles Vatican I et Vatican II.
Avant Vatican II, le prêtre congédiait ses assistants après la messe, et lisait pour lui seul le Prologue de l’Evangile de Jean. Cela est une rémanence tant du rite johannite que de degrés d’initiation dans le rite catholique romain. Jan Huss en son temps s’était opposé au fait que le pain (Jésus, l’amour) était donné pour la communion, cependant que le prêtre se réservait le vin (Jean, la connaissance). Que savent les prêtres que nous devrions savoir ? Tout cela montre bien que le johannisme était encore récemment enseigné dans l’Eglise catholique romaine.
Le Cour signale en passant que le Consolamentum des Cathares comprend les 17 premiers versets de Jean, cependant que le Prologue lu avant Vatican II contient les dix-huit premiers. C’est donc le même texte, traduisant une tradition commune.
Rome elle-même héberge les deux cultes de Pierre et des deux Jean avec ses deux cathédrales, l’une – Saint-Pierre de Rome – dédiée au culte exotérique, l’autre – Saint-Jean de Latran – dédiée aux deux Jean et au culte ésotérique. Avant Vatican II, le prêtre congédiait ses assistants après la messe, et lisait pour lui seul le Prologue de l’Evangile de Jean, et se réservait le vin. Ainsi persista dans l’Eglise catholique tant le culte johannite que les degrés d’initiation. Mais Paul Le Cour écrit que l’instauration de la lecture du Prologue et de l’élévation du pain et du vin lors de la messe datent du 14ème siècle. Le 14ème siècle n’est donc pas la fin du johannisme templier, mais l’époque à laquelle le nouveau culte chrétien remplace le platonisme et les cultes des Mystères.
Comment les Templiers auraient-ils pu être persécutés par Philippe le Bel et Clément V ? Jusqu’à la Révolution française, les églises johannites et templières hébergent les élites intellectuelles et aristocratiques de France. On dit des Templiers qu’ils avaient deux doctrines. Mais c’est aussi le cas de l’Eglise romaine. Essentiellement, l’Eglise catholique et l’Eglise templière sont deux grades d’une même organisation religieuse.
La maçonnerie qui supplantera le Temple en ce qui concerne l’influence politique à partir de la Révolution française ne propose pas un culte différent de l’antique johannisme à ses débuts. Sans doute les forces politiques qui sont derrière la maçonnerie diffèrent en revanche de la sociologie aristocratique de l’Eglise templière.

Synthèse
Si l’Eglise romaine avait voulu faire disparaître la gnose, pourquoi aurait-elle mélangé des éléments gnostiques avec des textes littéralistes, et procédé à de simples interpolations au lieu de faire disparaître les textes ? Pourquoi conserver le Nouveau Testament si antijudaïque si la faction judaïsante avait le pouvoir à Rome ? L’abandon de la lecture du prologue par le prêtre après la messe ne date que du début du XXème siècle (Vatican I).
L’Eglise romaine n’a pas souhaité éliminer le gnosticisme mais le voiler aux masses. Comment autrement expliquer que les deux Eglises soient présentes à Rome ? Saint-Pierre est la basilique exotérique, Saint-Jean-de-Latran, dédiée aux deux Jean est la basilique du culte caché. Si l’Eglise romaine avait persécuté les johannites, elle aurait fait raser leur basilique. Par ailleurs, l’Eglise templière s’enorgueillit d’être l’héritière d’une société de chevaliers qui regroupaient les plus éminents personnages du royaume avant la Révolution française. Tout cela montre bien qu’il s’agit d’un culte d’élite et qu’aucune persécution ne les concernait, du moins avant 1789.
Le mot de « grec » est parfois traduit par « gentil » (dans l’Evangile « secret » de Jean de l’Eglise Templière par exemple), montrant bien que le culte « grec » ou platonicien est exercé par les nobles.
On pense souvent que Paul a voulu offrir la religion de « Jésus » aux non-juifs. C’est tout l’inverse. Paul propose une religion universelle unique pour les juifs et les grecs, mais elle est inspirée essentiellement des Mystères grecs et en conserve les degrés d’initiation. Ce désir de synthèse est manifesté dans les Epîtres de Paul et ceux des premiers Pères de l’Eglise.
Paul écrit « l’évangélisation des incirconcis m’était confiée comme à Pierre celle des circoncis [les serfs]. » En Galates, Paul écrit aussi que Pierre ayant obéi à Jacques (qui désigne les judéo-chrétiens) en était devenu l’esclave. Ceci est absurde si on pense que Pierre était bien l’évêque de Rome. Que désigne Pierre au juste ?
Pierre, pour les gnostiques, comme l’ont bien montré Timothy Freke et Peter Gandy, désigne le fidèle qui n’est pas encore initié. Ainsi l’Eglise de Pierre, comme Paul nous le dit, est destinée aux non initiés. Pour en témoigner, des interpolations « judaïsantes » seront insérées dans les quatre Evangiles, et l’Ancien Testament accolé sans autre forme de procès aux nouveaux textes canoniques. Mais Paul et les premiers Pères de l’Eglise ne connaissent pas encore Jésus, qui sera introduit plus tard par les Evangiles.
Certaines légendes circulaient dans le peuple. Celles-ci donnaient une explication des origines de l’humanité. Peut-être avaient-elles la forme des mythes sumériens, peut-être étaient-elles plus proches des récits bibliques. On y avait ajouté des interdits et des règles destinées à s’assurer le contrôle social. C’était le culte des petites gens, ou juifs, qui priaient dans des maisons qui étaient des succédanés du véritable temple, cependant que les aristocrates se réservaient l’accès au véritable Temple, la cathédrale. Le culte populaire avait pris un tour incontrôlable depuis les catastrophes naturelles qui s’étaient abattues sur l’Europe (Rome). On appelait les populations qui causaient ces troubles les « protestants ». Les auteurs du 17ème siècle les appelaient huguenots ou « juifs ». Dans le reflet que nous offrent les récits en latin des auteurs flaviens, ils sont les juifs de Rome qui causaient des troubles. Ceci explique bien leur surprenante disparition alors qu’ils étaient une personne sur dix dans l’empire romain.
La solution de Paul et des premiers pères de l’Eglise fut donc de réaliser la synthèse des cultes, pour redonner aux aristocrates la main sur la religion du peuple. Lorsqu’il écrit que Pierre sera l’apôtre des circoncis, cela signifie qu’il ne leur offrira pas les degrés ultimes de l’initiation !
La première version du culte universel est peut-être le culte néoplatonicien, qui ressemble tant aux 14ème et 15ème siècles à l’Eglise primitive. A ce stade Paul écrit ses épîtres authentiques (Galates, Romains…), et les premiers pères de l’Eglise remplacent les dieux grecs des Mystères par une figure unique, dont le nom est déjà utilisé dans la plupart des centres d’initiation, le Christ. Ceci explique la grande similitude entre les cérémonies et symboles associés aux premiers chrétiens et aux pythagoriciens, par exemple.
C’est le même objectif que se fixeront les Jésuites de la Renaissance, qui apparaît dans leurs utopies où l’Eglise catholique est perçue comme l’Eglise du culte universel qui appuiera un imperium temporel. Leur nom de Jésuites témoigne du fait que c’est un nouveau personnage du nom de Jésus, emprunté au Josué de l’Ancien Testament, qui fera la synthèse des dieux grecs des Mystères. Les Jésuites produisent alors un Evangile, appelé Evangile de Jean.
Les Jésuites ajoutèrent ensuite au canon des livres qui reprenaient les légendes et l’appelèrent « Ancien Testament », et créèrent une filiation artificielle entre les deux Canons. Pour mieux la faire accepter, ils créèrent trois autres Evangiles, dont la composition savante permet de déceler de nombreuses références croisées entre eux, et avec d’autres textes dits « antiques ».
Jésus se vit désigné comme un descendant du roi David dans deux Evangiles, et des interpolations viendront assurer que le Nouveau Testament est la suite de l’Ancien, par des références à des prophéties de celui-ci que Jésus aurait réalisées. Les Jésuites inventent un nouveau symbole, le crucifix, pour remplacer la croix johannite.
Un mot sur les églises protestantes. L’histoire selon laquelle ces églises auraient fait scission de l’Eglise catholique manque de logique. Il est peu probable qu’une église unique opérant une scission se retrouve aussitôt émiettée en de si nombreuses chapelles. Et on rappellera que l’objectif des Jésuites au 16ème siècle était l’unification du pouvoir spirituel au service d’un pouvoir temporel. C’est plus probablement l’inverse qui s’est passé. Les Eglises dites « protestantes » sont antérieures à l’Eglise catholique romaine. Francis Bacon, en 1621, leur donnait le nom de « juifs qui acceptent le Christ ». En effet, leur attachement à l’Ancien Testament les oppose de front aux gnostiques hellénisants. Il est clair de ce que dit Bacon que certains juifs n’ont à l’époque pas accepté le Christ. Ce sont donc les juifs d’aujourd’hui.
Il apparaît que l’on a rattaché de façon abusive Martin Luther aux Eglises protestantes contemporaines. Qu’écrit ce dernier ? Que Paul est son apôtre. Que « Jean est l’évangile par excellence, nous pouvons nous passer des autres. » Paul et Jean sont des chrétiens grecs et les références des gnostiques, certainement pas des juifs. Comment le protestantisme si lié à l’Ancien Testament a-t-il pu être attribué à Luther ?

On met souvent en avant la querelle des indulgences pour origine au schisme protestant. Luther, un moine catholique ne l’oublions pas, ne reproche pas à Rome son goût du faste et la corruption, il se sert des « indulgences » comme d’un argument pour dénoncer le salut par les œuvres et à quelles extrémités ridicules celles-ci conduisent. Il défend le salut par la foi seule. Est-ce là le discours d’un protestant pour qui le respect du décalogue ne se discute pas ?
Certaines églises juives acceptèrent donc la synthèse proposée, mais restèrent en dehors de l’Eglise. Ce sont les Eglises protestantes. Certains juifs n’ont à l’époque pas accepté le Christ. Ce sont donc les juifs rabbiniques d’aujourd’hui. Cependant, certains ont récupéré des enseignements issus du néoplatonisme. Ainsi les émanations des néoplatoniciens, et la hiérologie johannite se retrouvent dans les sephiroth de la kabbale juive. Non initiés, les kabbalistes juifs de Palestine vont vite corrompre les enseignements de la kabbale primitive.
D’autres n’ont pas accepté les dernières innovations des Jésuites. Les différentes églises gnostiques avaient été les chevilles ouvrières de la transformation des cultes des Mystères en culte du Christ suite aux conciles néoplatoniciens du 15ème siècle. Ils forment ce qu’on peut nommer des johannistes exclusifs. On peut citer les groupes gnostiques d’Alexandrie, ou encore les Cathares. Le Prologue de l’Evangile de Jean est constitué de ses 18 premiers versets. Il est identique au Consolament des Cathares, et reprend la cosmologie des gnostiques d’Alexandrie.
L’intégration de l’Ancien Testament et de nouveaux Evangiles plus littéralistes afin de contrer l’influence des mouvements messianistes populaires ne leur plaisait pas. Ils n’étaient pas opposés à l’existence de degrés d’initiation – il y en a chez les Cathares – mais ils rejetaient le fait que le peuple n’avait plus connaissance de leur existence et se voyait assigné à une religion extérieure tyrannique. Souvent les gnostiques opposés à l’Ancien Testament se réclamaient de Paul, mais ils idéalisaient ses objectifs. Ce dernier avait bien assigné l’église de Pierre aux circoncis. Aucun serf ou juif ne devait recevoir les initiations les plus hautes. A moins qu’il ne s’agisse là d’une interpolation tardive.
S’il existe au 17ème siècle des chrétiens de Saint-Jean en nombre en Iran, c’est que les innovations des Jésuites n’y avaient pas encore cours : l’Ancien Testament n’y était pas reçu, pas plus que la rémission des péchés.
Il existait deux voies d’accès aux enseignements johannites, soit par les ordres catholiques, soit par des ordres extérieurs à l’Eglise, qui permettaient aux élites de la nation de recevoir les initiations sans s’afficher ecclésiastique.
Les églises Templières de l’Ancien Régime hébergeront les élites intellectuelles et aristocratiques de France. Le compagnonnage sera certes interdit après la disparition des anciennes corporations, simplement parce qu’il démocratisait le culte johannite désormais réservé aux élites d’une nouvelle maçonnerie, dite spéculative. La maçonnerie hérite des symboles du compagnonnage, du culte johannite, et c’est bien pour cela qu’il est si semblable dans sa symbolique au culte catholique romain, auquel il prétend aujourd’hui s’opposer. Leur origine est identique, et date de la réunification des cultes des Mystères, en même temps que leurs degrés se donnaient dans des églises distinctes : Pierre et le catholicisme romain pour la masse, la Rose-Croix ou la maçonnerie pour les élites.
Ceci explique l’incroyable retournement des oecuménistes à la sortie de la Renaissance. Les Jésuites avaient porté à bout de bras le projet d’unification religieuse à travers l’Eglise catholique romaine, une religion soutenant un imperium mondial. Les Rose-Croix et autres Frères moraves ont appuyé plus tard un projet en tout point identique, mais en s’appuyant sur une Eglise « protestante », et s’opposaient absolument au catholicisme romain. Les deux églises avaient fini par rompre pour de vrai, et Rome était devenue autonome !

1 commentaire

Classé dans Uncategorized

Une réponse à “Le johannisme de Paul Le Cour

  1. Bonjour,
    C’est au milieu de la préoccupation générale du premier siècle de notre ère qu’une femme s’éleva qui vint prêcher le retour à l’ancienne doctrine israélite et la restitution de la science antique.
    Cette femme s’appelait Johana ; ses disciples s’intitulent eux-mêmes Mandaïe de lohana.
    Les Mandaïtes sont ceux qui croient au Manda de hayyé (esprit de vie), littéralement connaissance de la vie.
    On dit aussi « Chrétiens de saint Jean », depuis qu’on a masculinisé le nom de cette femme.
    Suite, si vous le souhaitez : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/origines-et-histoire-du-christianisme.html
    Cordialement.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.