Guerres

La France passe son temps à faire la guerre :

– guerre de cent ans (1337-1453)
– guerres d’Italie (1494-1559)
– guerres de religion (1562-1598)
– guerre de Trente ans (1618-1648)

Nous avons traité les guerres de religion qui débouchent sur l’imposition du catholicisme romain au pays par la monarchie. Les réformes tridentines sont passées, mais le gallicanisme (subrogation de l’organisation de l’Eglise à l’Etat) est la règle, aussi la présence d’un cardinal italien comme Mazarin au poste de premier ministre est-il sans doute un bon prétexte, dans un pays où la chevalerie templière est encore puissante, pour reprendre le combat. Clovis et Saint-Louis sont des créations littéraires, des rois très chrétiens basés sur le roi Louis XIV, personnifiant la victoire de la cause catholique romaine après 1648. C’est aussi une déformation de Jovis / Jupiter, le dieu au nom duquel tous ont combattu. C’est Jovis qui est la forme latine attestée sur les traités d’astronomie de l’époque. Ceci tend à prouver que beaucoup de termes latins sont des versions latinisées de l’hébreu (Jacobus plutôt que Jacquus).

C’est aussi l’époque de la dynastie Stuart, qui en Ecosse et en Angleterre concentra les espoirs de la cause templière entre 1598 (fondation de la maçonnerie) et 1688 (la glorieuse révolution). La politique en Grande-Bretagne et notamment le règne de Charles II ont beaucoup à voir avec les guerres de religion en France, même si l’histoire ne les met pas vraiment en rapport. Quid des revirements religieux curieux de ces rois, qui sont parfois favorables aux protestants, parfois aux catholiques, parfois « anglicans ». Ils ont beaucoup moins varié qu’on ne le dit, les retournements s’expliquant par des inversions de sens des mots « catholique » (qui désigne d’abord les fidèles à la cause unitarienne) et « réformé » (qui suivent en réalité la réforme catholique). Quant à l’anglicanisme, il s’agit probablement d’une invention tardive hanovrienne. L’habitude curieuse qu’avaient ces rois et reines de changer la religion du royaume en fonction de leurs inclinations personnelles et subséquemment de massacrer tous ceux qui ne se trouvaient pas alors dans le bon camp a une raison simple : on ne se battait pas pour une lignée mais pour une foi.

Pour commencer, il y avait les guerres d’Italie, basées sur les prétentions des rois de France de l’époque sur certains territoires italiens. Charles VIII voulait absolument le royaume de Naples et le royaume de Jérusalem. Puis François Ier voulut absolument être duc de Milan. Dans le même temps, ils prenaient d’autres villes et se les attribuaient. Ces prétentions assez désordonnées, pas toujours les mêmes, avaient pour résultat mystérieux de toujours les envoyer se battre en Italie plutôt qu’ailleurs (d’où le nom de guerres d’Italie). Dans l’historiographie française, on notera la singulière discrétion du rôle de l’empereur du Saint-Empire, alors qu’il est au centre de l’histoire d’Italie. Egalement curieux est ce besoin de se battre pour des territoires, qui est une préoccupation relativement moderne, propre aux Etats-nations. On sait que c’est Napoléon Ier qui consolide le pouvoir central en France. Louis XIV était relativement sans pouvoir dans les provinces lointaines. Ce qui explique d’ailleurs en grande partie la récurrence des guerres civiles. Il était assez compliqué à Charles VIII , Louis XII ou François Ier de conserver Milan ou Naples, car leurs armées devaient venir de loin et traverser les Alpes.

En 1494 Charles VIII prend Florence où il est accueilli comme le messie par Savonarole (???) puis Rome où Alexandre Borgia lui prête allégeance. Rappelons qu’au départ, Charles VIII n’avait de prétention que sur le royaume de Naples et le royaume… de Jérusalem, occupé par les Mamelouks. Ces « Mamelouks » semblent un reflet des troupes ottomanes bien plus tardives qu’a rencontrées Napoléon. Le « royaume de Jérusalem » semble désigner Rome. Rappelons aussi que Savonarole est un dévôt. Il serait surprenant que Charles VIII représente seulement les intérêts du roi de France et non une cause religieuse. En 1511, Louis XII qui était simplement venu prêté main forte au pape contre Venise avant un retournement d’alliances contre lui organise un concile à Pise en même temps que le pape organise le concile du Latran ! En 1516, alors qu’il combat en Italie pour obtenir des terres, François Ier… signe le concordat de Bologne qui met en place le gallicanisme en France. L’accord tiendra jusqu’au concile Vatican I.

Dès 1495 la Ligue de Venise unit Venise, le pape et l’empereur contre la France. Venise ne fait rien, l’empereur Frédéric III non plus et Rome est prise. Mais Charles VIII a du avoir peur et est retourné en France. Tout ça pour ça ! Ce qui n’empêcha pas Louis XII de reprendre Milan en 1499 et le royaume de Naples en 1501, partagé avec l’Aragon.

Un autre fait étonnant est l’absence totale de désignation des Etats de l’Eglise, censés exister depuis leur création par Pépin le Bref au 8ème siècle. En fait, les cartes ne mentionnent les Etats des Eglise qu’à partir du concile de Trente. Il n’y a pas de nom pour désigner les possessions papales. Il y a aussi un « roi des Romains », mais ce nom désigne l’héritier au titre d’empereur des Romains (du Saint-Empire). Cette affirmation est contestable. Sur la lithographie d’Aix la Chapelle, Carolus Magnus est désigné comme roi des Gaulois et empereur des Romains. Par ailleurs, il s’agit du seul cas où le titre de « roi » désigne un dauphin et un non un souverain de plein droit. Le « roi des Romains » désigne plus probablement le roi du territoire de Rome ou « royaume de Jérusalem ». Il règne sous le regard du pape, qui agit comme le grand-prêtre des récits bibliques.

Le plus probable est que le titre d’empereur n’est créé qu’à partir du couronnement de Maximilien en 1508, voire de Charles « Quint » en 1530 à Rome. Maximilien s’est « proclamé » tout seul empereur élu à Trente, mais n’avait pas été couronné. Quant à Charles-Quint, il avait déjà été couronné « empereur » en 1520 à Aix-la-Chapelle ! Quel besoin avait-il d’un nouveau couronnement à Rome ? D’ailleurs, ces couronnements à Trente et à Aix sont assez surprenants pour des empereurs « romains ».

Les cartes du 16ème siècle ont cette étonnante propriété de proposer les mêmes territoires pour Carolus magnus et ceux de l’empire romain. Elles divisent parfois l’empire romain en diocèses. On ne trouve aucune carte du « Saint empire » ou de « Charles Quint » en revanche. Carolus magnus est donc l’empereur connu comme Charles Quint, et son autorité concerne l’Europe entière et non un petit Saint-Empire entre la France et la Pologne.

Orbis_romanus_seu_divisio_romani_[...]_btv1b5963688n(1)L’empire romain et ses diocèses. Il y a un empire oriental, mais leur présentation est liée. La distinction apparaît plus fonctionnelle que doctrinale.

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L’empire de Charlemagne, avec la marque de Louis XIII. Il correspond à l’empire romain. Germania est en dehors de l’empire, très à l’est par rapport au supposé « Saint-Empire romain germanique ».

 

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Extrait de la carte de Cornelius de Jode, 1592 « La Gaule ou Francie occidentale ». Les rois de France sont pourtant mentionnés sur le tour de la carte.

Quant à Pépin, il s’agit certainement de son père Philippe be Beau, duc de Bourgogne. Il donne aussi probablement son nom à Philippe le Bel roi de France qui a mis fin à l’ordre templier en 1307, dans un autre parallélisme surprenant.

Charles VIII de France aurait rétrocédé en 1493 la « Haute-Bourgogne » ou Franche-Comté au Saint-Empire et donc à Philippe le Beau. C’est assez absurde, la Franche-Comté étant située de l’autre côté de la Bourgogne par rapport à la France. Par ailleurs, la carte de Cornelius de Jode de 1592 appelle la France « Gallia ou Francia orientalis » sans aucune mention de « Franche-Comté ». Voilà ce qui s’est probablement passé : la Franche-Comté est une invention d’historiens pour justifier l’apparition de la « Francia » ou comté de Francie dans les possessions de Charles « Quint ». A cette époque, la France est encore Gallia.
François Ier et Henri VIII étaient également candidats au titre d’empereur des Romains attribué en 1520 à Charles-Quint. Comment cela aurait-il été possible s’ils n’avaient pas été électeurs de l’empire, si la France et l’Angleterre n’en faisaient pas partie ?

Ceci suggère que les actions du roi de « France » sont peut-être un reflet des actions de l’empereur « germanique ». Charles « Quint » a pour langue maternelle le français. Carolus magnus est roi des Gaulois sur une lithographie du 17ème siècle, et Charlemagne empereur des Francs.

Charles « Quint » est bien Carolus magnus dans les documents de l’époque. Il a pour surnom « Augustus ». Charles VIII amène le nom d’ « Octavius », par lequel est connu le premier empereur romain, avant un surprenant changement de nom dont il n’existe pas d’équivalent dans la littérature romaine.

Voyons le parallèle :

1494 Charles VIII prend Rome
63 av JC : Pompée met fin au royaume hasmonéen de Jérusalem et rétablit le Sanhédrin (delta 1551 ans)

1526 destruction de la basilique Saint-Pierre (dont la statue « antique » est celle de Jovis renommée), Pompeo Colonna redevient cardinal
1527 Charles « Quint » prend Rome
70 AD Titus conduit la destruction du Temple de Jérusalem (Charles de Bourbon ?)

1495 Ligue de Venise avec l' »empereur » et le « pape » contre Charles VIII, qui abandonne l’Italie sans combattre
1526 Ligue de Cognac contre Charles « Quint », qui prend Rome et devient empereur

1499 Louis XII fait annuler son mariage par le pape
1533 Henri VIII fait annuler son mariage. Pour ce faire il s’allie à Charles-Quint contre le pape, puis crée sa propre religion

Il sera parfaitement montré – et nous en parlerons en temps utile – que le récit entourant l’Eglise catholique de 1527 à 1870 est l’exact parallèle de l’histoire de l’Empire romain depuis le couronnement d’Auguste en 27 BC jusqu’en 314. Ceci a une vraie logique pour nous si l’Empire romain n’est fondé qu’au couronnement de Charles « Quint » en 1530 (Rome est conquise en 1527), les précédents rois de Rome n’ayant été que les rois entourant le pape, et l’empereur un titre inconnu. L’Eglise catholique romaine est fondée par un concile réclamé par Charles « Quint » (Trente). Le parallèle se termine lors d’un second concile, Vatican I en 1870, dont le parallèle est le concile fondateur de Nicée en 325.

Mais faisons un retour en arrière. La conquête de Constantinople en 1453 passe pour avoir ébranlé le monde et avoir mis un terme à l’empire byzantin. C’est assez curieux parce que les ottomans avaient déjà occupé la ville.

Musa Chelebi fils de Bayezid Ier le sultan ottoman, est libéré de sa captivité par Tamerlan en 1403 et revint pour prendre le trône à Bursa. Il avait trois frères qui le lui contestaient : Isa, Mehmet et Suleymane. Suleymane avait ses quartiers à Andrinople la capitale européenne. Le wiki anglais dit que l’empire byzantin était « faible » et permettait aux ottomans d’avoir une capitale chez eux !

Mehmet devint le dirigeant en Anatolie, Suleymane en Europe. Mehmet s’allia alors à Musa qui devait conquérir pour lui la partie européenne de l’empire, où il s’allia avec Mircea de Valaquie. Musa ne prit Andrinople qu’en 1411 et se déclara sultan d’Europe. Il assiégea Constantinople pour avoir soutenu Suleymane. Manuel II Paléologue demanda de l’aide à Mehmet contre Musa. Avec l’aide du roi de Serbie, également bey turc, Mehmet vainquit Musa en 1413 en Bulgarie.
Le roi de Serbie est donc un bey. Il semblerait que le grand empire byzantin (mille fois mort) se réduisait à un petit territoire croupion autour de Constantinople. Andrinople au contraire était la capitale d’une moitié d’empire, qui s’étend déjà jusqu’à Venise. Mehmet Ier était solidement implanté en Europe après sa victoire contre Musa. Remarquez que « bey » sur la plupart des portraits d’époque se dit « cham » (khan), ce qui est le terme pour les chefs des hordes tartares. La subite agression musulmane de 1453 par Mehmet II semble donc assez douteuse.

Possiblement Constantinople n’était pas la capitale d’un présumé empire byzantin, mais devient alors la capitale de l’empire ottoman, qui constitue une nouvelle puissance, dont les frontières s’arrêtent à Venise. Etant donné que l’empire romain de 1530 inclut tous ces territoires orientaux, on peut suggérer deux choses: d’une part il s’agit d’un schisme avec l’empire romain d’occident, d’autre part, il a lieu bien après 1453, et même après 1530. La carte de l’empire des « Turcs » dessinée par Jodocus Hondius vers 1600 désigne le sultan comme Mahomet sans lui donner de numéro. Il existe plusieurs versions de cette carte, qui montrent les progrès de ses conquêtes. La première traduction latine du Coran est celle de Bibliander de 1543. Comme nous l’avons dit ailleurs, il est manifeste que la dispute qui mène au schisme de 1054 entre « catholiques » et « orthodoxes » (sur le « filioque ») est une dispute entre trinitaires et unitariens. C’est précisément sur cette base que le concile de Trente (1545-1563) va voir la transformation de l’Eglise d’occident en Eglise trinitaire. Il est visible que le projet est antérieur : François Ier refuse un concile à Charles « Quint » en 1535. Le schisme pourrait dater de 1535.

Fomenko rapporte que le pape était prêt à reconnaître Mehmet II comme empereur de Rome, à la condition qu’il se convertisse. Il aurait du à cet effet être élu par les nobles électeurs, et être lui-même électeur. Ceci renforce l’idée d’un schisme. Mais cette proposition vient sans doute après l’éclipse de Charles « Quint » vers 1550.

La Gallia est une province rebelle. Elle s’est justement alliée aux Turcs cette année 1535, puis à nouveau en 1542. C’est-à-dire avec l’ « autre » empereur, le sultan. Henri VIII Tudor au contraire est un allié de l’empereur. La « Grande Bible » catholique romaine est publiée en Angleterre en 1539. Il n’y a pas d’équivalent en France.
Il est peu probable que l’anglicanisme date de cette période. C’est au contraire la France qui est gallicane. François Ier s’allie aussi aux protestants allemands de la Ligue de Smarkalde. Ces protestants-là sont unitariens (les « luthériens » d’aujourd’hui sont des unitariens qui ont accepté l’autorité du pape pendant la Guerre de Trente ans), contrairement aux protestants de l’Histoire de France qui désignent en général les partisans de la nouvelle Eglise de Rome.

Scanderbeg, le véritable Alexandre le Grand, est surtout connu pour avoir défendu l’Albanie contre l’empire ottoman. C’est très peu pour un héros national (Scanderbeg) encore moins pour un grand conquérant (Alexandre). Les récits autochtones sont probablement un peu plus prolixes. Il se dit que lorsque Mehmet II conquit la ville de Constantinople en 1453, le pape avait envisagé que Scanderbeg puisse mener la croisade. Mais Pie II meurt et le projet est abandonné. Le wiki français ne dit plus rien de Scanderbeg ensuite jusqu’à sa mort en 1468, juste qu’il était toujours un allié du pape. En 1454, la ligue italique unit tous les territoires de la péninsule pour la protéger des menaces éventuelles. Etait-ce pour se prémunir d’une attaque turque ? Auraient-ils alors maintenu Scanderbeg dans son rôle ?

La Ligue italique de 1454 est plus probablement postérieure à la Ligue de Cognac de 1526 dirigée contre Charles « Quint », une fois que celui-ci a eu triomphé en Italie. Scanderbeg aurait alors été un allié de Rome contre le sultan.

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